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bnf - Page 4

  • Revue de presse BD (184)

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    + La bibliothèque nationale de France (BNF) publie trois fois par an une petite revue luxueuse distribuée gratuitement, "Chroniques", où le détail de l'activité de cette copieuse institution est exposé. Sous une couverture reproduisant un dessin de Willem, le n°76 de "Chroniques" annonce que la grande bibliothèque abritera bientôt une exposition dédiée à la franc-maçonnerie, pour tenter d'élucider le mystère de cette institution mystérieuse (presque autant que l'Eglise catholique).

    Comme le laisse entendre Pierre Mollier, conservateur du musée de la franc-maçonnerie, on ne peut définir nettement l'idéologie ou la philosophie maçonnique ; ainsi de tous ceux qui opèrent dans les coulisses du pouvoir : ils s'adaptent à ses règles changeantes. Une planche de Hugo Pratt ("Corto Maltese") figure parmi les objets exposés (du 12 avril au 24 juillet), mais il n'y a sans doute dans la référence d'Hugo Pratt à la franc-maçonnerie guère plus que la volonté de faire planer un parfum de mystère.

    + Encore dans le dernier n° de "Chroniques", Inès Villela-Petit consacre un article à une forme originale de propagande satirique : la frappe de médailles en bronze. De fabrication allemande, ces médailles visent la politique française à travers les caricatures par Karl Goetz de Clemenceau et Poincaré. Clemenceau est représenté comme un tigre effarouché pendant le bombardement de Paris ; dénoncée aussi par ce biais l'occupation brutale de la Ruhr par les troupes françaises après la victoire de 14-18.

    La médaille en Une de cette revue de presse représente une femme attachée à un phallus, surmonté d'un casque français. A travers l'inscription en allemand, "La honte noire", K. Goetz stigmatise le viol de femmes allemandes imputées du côté allemand aux troupes françaises issues des colonies, comme la propagande française imputa aux troupes allemandes diverses atrocités allant du viol au cannibalisme.

    + A Pâques, on ne récolte pas que des oeufs, mais aussi des médailles. L'auteur de BD Joann Sfar figure ainsi sur une liste de personnalités issues de la société civile qui viennent d'être décorées de la Légion d'honneur. L'actrice Sophie Marceau a, pour sa part, refusé cette médaille afin de protester contre la récente distinction du prince saoudien et ministre de l'Intérieur Mohammed Ben Nayef par ce moyen. Apparemment le chef de l'Etat n'a pas trop mal pris les dessins légèrement moqueurs de Joann Sfar, publiés dans le "Huffington Post", à propos des rendez-vous galants du président de la République.

    La réponse de Napoléon Bonaparte à ceux qui lui reprochaient de perpétuer la monarchie à travers la Légion d'honneur, est fameuse : - Je vous défie de me montrer une république, ancienne ou moderne, qui savait se faire sans distinctions. Vous les appelez les hochets, eh bien c’est avec des hochets que l’on mène les hommes.

    + Disponible sur Youtube, le documentaire "Choron dernière" (Pierre Carles et Martin, 1h38, 2008) regroupe des bribes d'archives où l'on peut voir le truculent Georges Bernier, alias Pr Choron, cofondateur de "Hara-Kiri" et "Charlie-Hebdo" : participations à des shows télés, témoignages, chroniques provocatrices délirantes, interviews... où Choron avoue par exemple avec délectation ses pratiques sodomites avec un sergent-chef des parachutistes ; ou bien improvise un concours de bites fraternel avec le dessinateur Charlie Schlingo.

    Au tempérament burlesque de cet humoriste, issu d'un milieu très modeste et qui s'imposa comme le premier bouffon de France, le documentaire oppose la figure plus conventionnelle de Philippe Val, qui traîna le documentaire en justice (avec Cabu et Wolinski) pour cette raison. L'aspect polémique est secondaire, bien qu'éclairant sur l'évolution de la presse au cours du demi-siècle écoulé.

    + Le concours Libé Apaj de carnets de voyage (réservé au moins de 30 ans) est doté de 6.000 euros. On peut concourir dans plusieurs catégories : dessin, audio, texte, photo. Le thème de cette année : "Regards sur le travail".

    + "Lucky Luke" est au programme du festival "Pulp" organisé à la Ferme du Buisson (Marne-la-Vallée) (8-10 avril) ; il sera le thème d'une conversation entre l'actrice Stéphanie Cléau, Blutch et l'acteur Denis Podalydès. Un album-hommage signé Mathieu Bonhomme, "L'Homme qui tua Lucky-Luke", paraîtra en outre bientôt chez Dargaud. Les meilleurs albums de la série - cinq ou six - reposent sur le mélange de l'humour de Goscinny et Morris, d'une part, et l'inspiration de faits réels tirés de la chronique du Far West.

    + "Le Secret des Cailloux qui brillent" est une websérie en BD, qui tente de se financer grâce à ses lecteurs en ligne, à travers un site qui permet de faire un don. Deux épisodes ont d'ores et déjà été mis publiés, dessinés par Tarmasz et Emmanuel Espinasse. Il est trop tôt pour se prononcer sur l'intrigue, mais elle évoque les jeux vidéos ou les mangas en vogue chez les ados.

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    Illustration de Tarmasz pour la websérie "Le Secret des Cailloux qui brillent"

     

  • Prix Presse-Citron 2016

    - Dernière minute : notre collaborateur l'Enigmatique LB remporte le 1er prix "Enfant terrible" de la 23e édition du Trophée "Presse-Citron/BNF" de la caricature, avec le dessin que nous republions ci-dessous pour l'occasion ; une soixantaine de dessinateurs composaient le jury, qui a dû faire un choix parmi sept-cent dessins environ.

    - Tous les dessins seront exposés à la mairie du XIIIe arr. (Paris).

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    - Dans la catégorie "professionnels", le trophée a été décerné à Walter Foolz ("Charlie-Hebdo") par les étudiants de l'école Estienne.

  • Revue de presse BD (181)

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    + Tintin peut passer pour un précurseur de la "théorie du genre", quasiment une théorie de l'adolescence ou de l'indécision sexuelle. L'illustration ci-dessus, signée Hergé, est elle aussi pleine d'ambiguïté, traduisant la crainte des femmes, mêlée de respect pour leurs revendications spécifiques.

    + Le dessinateur Willem vient de vendre à la bibliothèque nationale de France les 20.000 dessins originaux qu'il détenait, soit la plus grande part de son oeuvre : "J'ai essayé d'en vendre à une époque, mais on ne vous achète que les dix meilleurs, et les autres vous restent sur les bras (...)." ("Le Monde", 27 février). Le dessinateur batave (Holtrop de son vrai nom), désormais installé à Groix en Bretagne, continuera d'enrichir le fonds Willem de la BNF "tant qu'il ne sera pas gaga. Jusqu'à 100 ans s'il le faut, en tout cas jusqu'à ce que ma femme estime que mes dessins ne valent plus rien."

    Willem explique que sa méconnaissance de la langue française l'a forcé à rendre son dessin le plus explicite. Frédéric Potet, du "Monde", le range aux côtés des dessinateurs qui "actionnent une mécanique humoristique basée sur le dessin : Vallotton, Jossot, Chaval, Bosc, Topor, Ungerer et autres Sempé." Que les termes de "mécanique" et celui "d'humour" vont mal ensemble ! La notion de mécanique s'applique mieux à l'art dit "abstrait". Du reste, l'humour de Sempé tient largement aux légendes de ses dessins. L'ironie individualiste de Jossot ou Vallotton est assez éloignée de Willem. La faiblesse de Willem tient à ce qu'il hésite entre le genre de Cabu et celui de Chaval ou Bosc ; l'acclimatation du Batave à l'humour français n'est pas entièrement convaincante.

    Le caricaturiste, qui dit s'être toujours refusé à caricaturer Mahomet pour ne pas risquer de vexer l'épicier arabe du coin [?], s'accommode bien de la menace terroriste qui pèse sur lui. L'alcool, la drogue et les accidents de la route font, il est vrai, mille fois plus de victimes en Bretagne que l'islam.

    + Le chanteur Renaud, que l'on ne présente plus, va disperser une partie de sa collection de BD, dont quelques albums rares de "Tintin" qui seront vendus aux enchères prochainement. Par ailleurs on annonce la reprise par Renaud de son activité de chroniqueur à "Charlie-Hebdo". De 1992 à 96, il fut employé par l'hebdomadaire dirigé par Philippe Val, lui aussi chansonnier. Mais le ton familier de star proche du peuple employé par Renaud n'a peut-être pas bien vieilli.

    + Sale coup pour un dessinateur de BD, Eric Hübsch, qui s'est fait dérober vingt planches originales de son album "Topaze" (adaptation de M. Pagnol) pendant le festival d'Angoulême. Le dessinateur a laissé quinze jours au voleur pour restituer le produit de son larcin avant de déposer plainte.

    + Les éditeurs de BD, petits et gros, menacent de boycotter le prochain festival d'Angoulême (FIBD), vitrine de cette petite industrie et outil de promotion de cette ville naguère déclarée en faillite à cause des dépenses somptuaires de son député-maire (J.-M. Boucheron). Ces éditeurs ont exigé d'être reçu par la nouvelle ministre de la Culture Audrey Azoulay. Comme les producteurs de lait bretons, les producteurs de BD risquent de connaître le marasme en raison d'une surproduction qu'ils ont eux-mêmes organisée, en espérant de lucratives retombées. Contrairement à ce que l'on peut lire ici ou là, la preuve n'est pas faite des "retombées positives" de ce festival pour la ville d'Angoulême, pas plus que la preuve de ses retombées positives pour la BD.

    + Le site Artsy.com, dédié au business de l'art, publie une étude sur le "Marché de l'art en 2015" ; les statisticiens sont les thuriféraires de la culture bourgeoise. Il apparaît que le marché de l'art a stagné en 2015 ; que Picasso a été d'un meilleur rapport cette année-là que Warhol, et autres points de repères aussi subjectifs. On constate que jamais la définition de l'art n'a autant compté que depuis qu'il est devenu chose indéfinissable. Qu'est-ce qui distingue un fusil d'assaut ou un éclair au chocolat d'une toile de Warhol ? Cet artiste ne suggère-t-il pas qu'il n'y en a plus ? Ainsi l'arbitraire devient la norme sous couvert de rapports techniques.

    + On annonce la sortie prochaine en librairie d'un nouveau "mook" (mi-book, mi-magazine), suivant une formule à la mode. Baptisé "Pandora", ce mook dont Benoît Mouchart sera le rédac-chef proposera de courts chapitres de bande-dessinée, par des signatures réputées dans le domaine de la "BD pour adultes". Le titre serait une allusion au prénom d'une adolescente qui allume Corto Maltese ("La Ballade de la Mer salée") ; Hugo Pratt, tentant d'introduire la mythologie dans la bande-dessinée (Corto Maltese peut passer pour un ersatz d'Ulysse, ou plutôt Jason), sachant le symbolisme négatif de Pandora, montrait son héros échapper à cette jeune femme-piège pour poursuivre ses aventures. Chez Homère la femme, ou plus exactement la sexualité, est caractéristique de la passivité.

    + L'université de Yale à New Haven dans le Connecticut dispose d'une collection de dessins numérisés, dont une partie sont "tombés dans le domaine public", selon l'expression consacrée ; cette université met à la disposition des internautes de bonnes versions numérisées de ces images. Parmi les caricatures (environ 80) se trouve la série de peintres français (Picasso, Picabia, Laurencin, Matisse, Gleizes...) caricaturés par le caricaturiste mexicain Georges de Zayas.

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    Caricature de Picabia par G. de Zayas (image libre de droits)

  • Revue de presse BD (178)

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    Dessin de Damien Glez paru dans le "Journal du Jeudi" (Ouagadougou).

    + L'entreprise actuelle de réhabilitation de "Tintin" passe par plusieurs canaux. De manière significative, on voit quelques intellectuels tenter de faire passer l'oeuvre de Hergé pour ce qu'elle n'est pas, à savoir une oeuvre d'art "populaire" ou une mythologie.

    Le populisme et la culture de masse ont rendu difficile la définition de "l'art populaire". On peut exclure "Tintin" de l'art populaire, dans la mesure où il émane de la bourgeoisie belge, et tient un discours pédagogique, fait pour persuader les enfants des bienfaits de la civilisation belge. Hergé s'est approprié peu à peu "Tintin", au fil des albums ; la série vire à l'auto-justification assez creuse, dès lors que Hergé finit par se lasser des valeurs de son milieu, sans toutefois parvenir à se débarrasser de "Tintin" (comme Franquin s'était débarrassé de "Spirou").

    Il est inexact de dire que "Tintin" est une littérature dépourvue de caractère sexuel, comme probablement toute littérature "de genre", en particulier celle destinée aux enfants ; la sexualité, dans "Tintin", est sublimée, ainsi qu'elle l'est dans la littérature ou l'art puritain. La littérature libertine, à caractère explicitement sexuel, a d'une certaine façon plus de recul sur la sexualité que la littérature de Hergé ou la Comtesse de Ségur, son équivalent pour les petites filles. A contrario la culture populaire tourne habituellement le motif sexuel en dérision.

    Amaury Hauchard a rédigé récemment dans "Le Monde" un article sur la réception de "Tintin" au Congo. Celui-là s'avère ambigu puisqu'il montre que les Congolais-Zaïrois, en général, apprécient les aventures de "Tintin au Congo" et n'y voient pas le racisme fustigé par certains ; mais, dans le même temps, l'article explique que "Tintin" a été propagé par le régime dictatorial du maréchal Mobutu. La culture occidentale est donc véhiculée par la dictature au Zaïre et en Afrique ; Riad Sattouf explique même dans "L'Arabe du Futur" (avec un culot invraisemblable), que c'est le cas des valeurs laïques et républicaines.

    L'angle du "racisme", c'est-à-dire de la moraline judéo-chrétienne, est sans doute le pire angle pour critiquer Tintin. Celui-ci occulte que la propagande coloniale, à laquelle "Tintin" participa, présente aussi les populations indigènes colonisées sous un jour favorable, et non seulement péjoratif, afin de mieux convaincre des bienfaits de la colonisation. L'éloge des troupes coloniales composées d'indigènes est parfaitement antiraciste, mais c'est une façon de prolonger sournoisement la propagande colonialiste.

    + On relie un peu vite l'attentat contre "Charlie-Hebdo" en 2015, à la seule "Une" du n°712 de cet hebdomadaire mettant en scène Mahomet, dessinée par Cabu et pensée par Philippe Val. Neuf ans séparent ces deux événements. On peut penser que la répétition des charges de "Charlie-Hebdo" contre les "intégristes musulmans", qui ne furent pas toutes humoristiques, a joué un rôle dans la décision de prendre l'hebdomadaire satirique pour cible.

    Quoi qu'il en soit, le reportage intitulé "Charlie 712, histoire d'une couverture", où la rédaction du journal finit de composer le désormais fameux n°712, fourmille de détails intéressants ; en effet on y apprend pelle-mêle : - que Luz fut réticent à rebondir sur les caricatures du prophète publiées par la presse danoise ; - que Charb était absent (en vacances) lors de l'élaboration de ce n° crucial ; - que Philippe Val se croit "chimiquement pur" (sic) sur le plan éthique (ce qui n'est pas loin d'une forme de fondamentalisme religieux), et investi d'une mission assez nébuleuse, distincte de la satire ; - que Caroline Fourest faisait office d'experte sur les questions religieuses auprès de "Charlie-Hebdo", à peu près la seule femme à prendre la parole dans ce milieu viril ; - que le risque de représailles violentes fut évoqué, certes avec ironie, mais évoqué tout de même ; - que le soutien du ministre de l'Intérieur N. Sarkozy aux caricaturistes ne dérange pas plus que ça des dessinateurs en principe dévoués à faire entendre une voix discordante des rengaines politiques ; - que Wolinski était plus drôle dans la vie que dans ses dessins, et Cabu l'inverse.

    Avec le recul, ce reportage fait paraître le "Charlie-Hebdo" de P. Val une sorte de troufion innocent, la fleur au fusil, embringué dans une guerre à l'échelle mondiale entre l'Occident et ceux qui le haïssent, et dépassé par le choc des propagandes croisées. Ce n'est sans doute pas la première fois qu'un humoriste se retrouve transformé en soldat de première ligne, comme pris dans l'angle mort de son esprit satirique. A aucun moment, ni Philippe Val ni ses dessinateurs ne semblent s'apercevoir du ridicule de cette prétention à la "pureté éthique".

    + L'école Estienne (Paris XIIIe) et la BNF organisent cette année encore le "trophée "Presse Citron" du dessin de presse. Il est possible de concourir jusqu'au 15 mars dans deux catégories, "étudiants" et "professionnels", en envoyant quelques dessins aux organisateurs. Le trophée avait été remis l'année dernière en présence de nombreux dessinateurs de presse réunis sous protection policière.

    Il n'est pas inutile de rappeler ici que les industriels et patrons français s'efforcent d'étouffer la caricature et le dessin de presse depuis la Libération ; ceux-ci doivent en effet surtout leur persistance à de rares titres de presse indépendants, puisque la plupart des titres de la presse française relèvent de la double tutelle de l'Etat et de quelques industriels. Comme le déclin du dessin de presse et de la presse française coïncident, on comprend qu'il ne s'agit pas d'un "effet de mode" comme certains font croire, mais d'une volonté de censure sournoise et efficace.

    + Le site "Iconovox" propose le téléchargement gratuit du "Pire de l'année 2015" en caricatures, à savoir les meilleures caricatures de Cambon, Soulcié, Berth, Deligne... pour ne citer que quelques-uns des "poulains" de François Forcadell.

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    Dessin de Michel Cambon (pour Urtikan.net)

  • Revue de presse BD (159)

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    Le client sérieux, par E. Degas

    + Le musée d'Orsay consacre une exposition à la place des "femmes vénales" dans la peinture du XIXe (jusqu'au 17 janvier). La distinction entre "modèle" et "prostituée" n'est alors pas nette, et la mode naturaliste fit que certains peintres choisirent de peindre leurs modèles "dans leur jus", plutôt que de les idéaliser.

    Le quotidien démocrate-chrétien "La Croix" (Sabine Gignoux) déplore certains aspects racoleurs de l'expo. Mais, après tout, le racolage n'est-il pas un aspect essentiel de l'art désormais ? Cependant il est à la fois ambigu et abusif d'attribuer aux prostituées un rôle actif dans la "révolution de l'art moderne". Si la beauté, disons au sens antique du terme, a été dévaluée au profit du "charme", les modèles des peintres n'en sont pas directement responsables. On pourrait citer le cas de peintres qui ont préféré souligner la laideur et le côté sordide de la vie bourgeoise bien rangée (Degas, Valloton). La pornographie occupe désormais dans la culture occidentale une place prépondérante, et les peintres du XIXe n'ont pas contribué à cette libéralisation de l'esclavage. Baudelaire souhaitait que les peintres traitent de la prostitution afin d'illustrer la sauvagerie de la civilisation.

    + Après une interruption, le Festiblog revient le week-end prochain à Paris. Ce festival créé en 2005 permet aux blogueurs-BD de rencontrer leurs fans, plus ou moins jeunes, lors de séances de dédicaces qui font le succès de ce type d'événement. Dans l'intervalle, le Festiblog a été rebaptisé "We Do BD" ; ça semble presque un contresens, puisque le phénomène est très franco-français ; la liste des blogueurs-BD en dédicace en témoigne.

    Parmi eux, Laurel a récolté onze fois les 10.000 euros qu'elle réclamait sur Ulule.com (site de financement participatif) afin de pouvoir publier le récit de son expatriation en Californie. L'auteur a déclaré que le surplus servirait "à améliorer la qualité du papier et de la couverture de son album". Il est probable que l'édition traditionnelle, en crise plus ou moins larvée depuis des années, soit affectée par ces nouveaux modes de financement "directs" des auteurs.

    + Les amateurs de caricatures ne doivent surtout pas manquer, sur le site Gallica (Bnf), l'expo de 69 "portraits sans concession" dessinés et mis en couleurs par le portraitiste Lagneau (1590-1666). "Portrait sans concession" est, certes, un euphémisme pour dire "caricature", mais elle permet de rappeler que l'aptitude à saisir la psychologie et l'expression caractéristique du modèle rendent la frontière entre caricature et portrait incertaine. Auteur d'un mémorable "portrait sans concession" de la reine Marie-Antoinette, J.-L. David était également un portraitiste de grand talent.

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    Portrait d'homme et sa gourde, par Lagneau

  • Revue de presse BD (137)

    Extraits de la revue de presse illustrée publiée dans l'hebdo Zébra.

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    + Critiquer "Charlie-Hebdo" ou Cabu, comme on ne s'interdit pas de le faire dans "Zébra", permet au moins d'éviter la récupération ou l'amalgame. Ainsi le dernier magazine "Lire" (mars 2015), dont la couverture est signée Cabu, n'hésite pas à titrer : "Rire, provoquer, écrire... de Rabelais à Charlie, avec Elisabeth Badinter, Michel Onfray, Umberto Eco". S'il y a sans doute quelque affinité entre Rabelais, Charlie et Cabu, bien qu'on peut penser que Rabelais est plus subversif (car raillant la religion dominante), en revanche je ne me souviens pas d'un seul trait d'humour chez Elisabeth Badinter, Michel Onfray ou Umberto Eco. A moins que ce ne soit la tradition, à "Lire", de faire traiter tel ou tel sujet par des spécialistes qui n'y entendent rien ?

    + Richard Malka, avocat de "Charlie-Hebdo" et scénariste de BD (pour Catherine Meurisse, notamment), a maladroitement exercé des pressions pour que ne paraisse "Charpie-Hebdo", pastiche de l'hebdo dont il assure la défense. Maladroitement, parce qu'on ne peut pas se revendiquer du mauvais goût et le refuser aux autres en même temps ; ensuite parce qu'il risque ainsi de faire de la publicité à cette publication.

    + Ne ménage pas non plus ses critiques à l'égard de "Charlie-Hebdo" le philosophe Alain Badiou. Dans un article paru dans le "Monde", intitulé "Le Rouge et le Tricolore" (28 janvier)Badiou s'attaque notamment aux valeurs républicaines et à la laïcité, notions à géométrie variable derrière lesquelles "Charlie-Hebdo" s'abritait parfois, et qui ont servi à fédérer le mouvement des "Tous Charlie" : "Dans cette guerre des identités, la France tente de se distinguer par un totem de son invention : la "République démocratique et laïque" ou "le pacte républicain". Ce totem valorise l'ordre établi parlementaire français - au moins depuis son acte fondateur, à savoir le massacre, en 1871, par les Adolphe Thiers, Jules Ferry, Jules Favre et autres vedettes de la gauche "républicaine", de 20.000 ouvriers dans les rues de Paris. Ce "pacte républicain" auquel se sont ralliés tant d'ex-gauchistes, parmi lesquels "Charlie-Hebdo", a toujours soupçonné que se tramaient des choses effrayantes dans les faubourgs, les usines de la périphérie, les sombres bistrots banlieusards. La République a toujours peuplé les prisons, sous d'innombrables prétextes, des louches jeunes hommes mal éduqués qui y vivaient. Elle a aussi, la République, multiplié les massacres et formes neuves d'esclavage requis par le maintien de l'ordre dans l'empire colonial. Cet empire sanguinaire avait trouvé sa charte dans les déclarations du même Jules Ferry - décidément un activiste du pacte républicain -, lesquelles exaltaient la "mission civilisatrice" de la France.(...)"

    On peut cependant s'étonner que, dans le même article, rappel historique de faits opposés à un catéchisme scolaire, A. Badiou qualifie Jeanne d'Arc "d'héroïne sublimement chrétienne", alors même que Jeanne d'Arc est l'exemple flagrant d'un détournement de la religion à des fins politiques ; personnage mystérieux et légendaire, Jeanne d'Arc incarne la continuité entre l'ancienne morale catholique religieuse et la nouvelle éthique républicaine, officiellement neutre.

    + Le trophée "Presse citron" 2015 du dessin de presse, organisé par l'école Estienne et la BNF sera décerné dans deux catégories distinctes, "étudiants" et "professionnels", le 26 mars, à la mairie du XIIIe arrondissement (dessins à envoyer avant le 16 mars), dans le cadre de la semaine de la presse et des médias. "Professionnel du dessin de presse" est un libellé qui fait un peu froid dans le dos. Qui sait s'il y a en face, dans les camps d'entraînement pour les terroristes, des trophées remis aux "pros" et aux "bizuts", par exemple pour récompenser le tir de précision au fusil d'assaut ? Ou bien s'ils font ça "à la bonne franquette".

    + Plus modestement, la firme japonaise "Posca" offre une mallette de ses marqueurs à qui dessinera la meilleure caricature de Marine Le Pen (à rendre avant le 2 mars) ; Loïc Sécheresse et Thibaut Soulcié ("La Revue dessinée") désigneront le gagnant.

    + La mode est, dans les festivals-BD, aux concerts dessinés. A force de vivre en ville, on peut finir par trouver la musique de vil prix en comparaison du silence ; il n'est pas vrai que la musique adoucisse les moeurs ; seule la chanson à texte satirique est vraiment désarmante ; ça tombe bien, puisque c'est la spécialité de Philgreff et son complice Monsieur Pyl, qui font profiter le public, notamment vendéen, de leurs talents convergents de portraitistes, à travers une série de concerts. Derrière l'étiquette des "Jean Quelque-chose", collée à leurs chansons, ils croquent les deux France, la profonde et la superficielle, avec impertinence mais sans méchanceté. Les compères ne manquent pas non plus d'idées variées pour distraire le public de leurs blogs respectifs, comme cette série de pastiches du (présumé) portrait de Gaby d'Estrées et sa frangine dont voici un extrait (ci-contre).

    + Le festival de BD d'Aix-en-Provence, qui s'étale du 23 mars au 23 mai, c'est assez rare pour le souligner, propose une programmation logique d'auteurs plus ou moins "underground", et une affiche bien dessinée par Sergio Mora (ce qui est loin d'être le cas de tous les festivals, y compris les plus prestigieux). Outre diverses expositions consacrées à "Fluide-Glacial", Dimitri Planchon, Gus Bofa, le point culminant sera le week-end des 10,11 et 12 avril permettant de rencontrer de jeunes auteurs talentueux, dont Joan Cornella, Marion Fayolle, Pluttark, Terreur graphique, Simon Roussin, Miroslav Sekulic-Struja, etc. (entrée gratuite). Programme complet disponible sur le blog dédié.

  • Revue de presse BD (93)

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    + La dernière enquête de Spirou et Fantasio, signée Schwartz & Yann, qui paraît en feuilleton dans l'hebdomadaire "Spirou", mène ces deux héros à Saint-Germain-des-Prés, au "Café de Flore", où ils ne manquent pas de croiser Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Comme quoi il n'y a pas qu'en Ukraine qu'on déboulonne de vieilles statues...

    + Toujours dans le magazine Spirou (12 mars 2012), la scénariste de "Pablo", biographie en BD de Picasso dont le dernier tome va paraître chez Dargaud, Julie Birmant explique qu'elle a voulu "donner sa revanche" à Fernande Olivier, dont Picasso fit interdire la parution de ses mémoires. Fernande révélait notamment que Pablo consommait régulièrement de l'opium. Julie Birmant conclut que l'art de Picasso plaît peut-être beaucoup aux enfants parce qu'il était comme eux : gai, vivant, et parfois un peu cruel (troisième tome prépublié dans lemonde.fr).

    + L'association Artémisia, dont la vocation est de promouvoir la bande-dessinée féminine, s'offusque de la faible proportion de femmes au Panthéon, et à demandé à neuf dessinatrices de protester par un dessin. S'il y a bien un lieu où la paix et l'égalité devraient régner entre les sexes, ce sont les cimetières, columbariums, mausolées, et autres espaces cinéraires !

    + Un trophée "presse-citron" du dessin de presse, ou plutôt deux, l'un pour les professionnels, l'autre pour les amateurs, sera décerné dans le cadre d'une biennale du dessin de presse organisée à la BNF. Candidature jusqu'au 17 mars.

    + Lors des obsèques du cinéaste breton Alain Resnais, son portrait en BD par Floc'h, également auteur d'affiches pour des films de Resnais, a été placardé sur la facade de l'église Saint-Vincent-de-Paul (Paris, Xe).

    + Fred Wayne, rédac-chef du fanzine "Rien-à-voir", raconte sur son blog-BD sa vie aux "Restaus du coeur" où il travaille comme bénévole.

    "Comment ce but serait atteint, il n'en savait rien. Il attendait seulement son heure, comme fait la jeunesse ; il savait seulement qu'il appartenait à cette vieille famille de la terre dont le destin, dont une responsabilité, était de jouer un rôle dans l'histoire (...)" : "La Vie Hantée" (The Haunted Life), roman inédit de Jack Kerouac, vient de paraître aux éditions Penguin ; le manuscrit, rédigé par l'écrivain à 22 ans, et ensuite perdu dans un taxi new-yorkais, a été retrouvé. Dans cette oeuvre largement autobiographique, Kerouac s'interroge sur son destin de rejeton d'une vieille famille française émigrée au Canada.

    + Le dessin de la semaine est de Tamia Baudoin qui collabore au fanzine "Le Loyer".

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