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  • Revue de presse BD (137)

    Extraits de la revue de presse illustrée publiée dans l'hebdo Zébra.

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    + Critiquer "Charlie-Hebdo" ou Cabu, comme on ne s'interdit pas de le faire dans "Zébra", permet au moins d'éviter la récupération ou l'amalgame. Ainsi le dernier magazine "Lire" (mars 2015), dont la couverture est signée Cabu, n'hésite pas à titrer : "Rire, provoquer, écrire... de Rabelais à Charlie, avec Elisabeth Badinter, Michel Onfray, Umberto Eco". S'il y a sans doute quelque affinité entre Rabelais, Charlie et Cabu, bien qu'on peut penser que Rabelais est plus subversif (car raillant la religion dominante), en revanche je ne me souviens pas d'un seul trait d'humour chez Elisabeth Badinter, Michel Onfray ou Umberto Eco. A moins que ce ne soit la tradition, à "Lire", de faire traiter tel ou tel sujet par des spécialistes qui n'y entendent rien ?

    + Richard Malka, avocat de "Charlie-Hebdo" et scénariste de BD (pour Catherine Meurisse, notamment), a maladroitement exercé des pressions pour que ne paraisse "Charpie-Hebdo", pastiche de l'hebdo dont il assure la défense. Maladroitement, parce qu'on ne peut pas se revendiquer du mauvais goût et le refuser aux autres en même temps ; ensuite parce qu'il risque ainsi de faire de la publicité à cette publication.

    + Ne ménage pas non plus ses critiques à l'égard de "Charlie-Hebdo" le philosophe Alain Badiou. Dans un article paru dans le "Monde", intitulé "Le Rouge et le Tricolore" (28 janvier)Badiou s'attaque notamment aux valeurs républicaines et à la laïcité, notions à géométrie variable derrière lesquelles "Charlie-Hebdo" s'abritait parfois, et qui ont servi à fédérer le mouvement des "Tous Charlie" : "Dans cette guerre des identités, la France tente de se distinguer par un totem de son invention : la "République démocratique et laïque" ou "le pacte républicain". Ce totem valorise l'ordre établi parlementaire français - au moins depuis son acte fondateur, à savoir le massacre, en 1871, par les Adolphe Thiers, Jules Ferry, Jules Favre et autres vedettes de la gauche "républicaine", de 20.000 ouvriers dans les rues de Paris. Ce "pacte républicain" auquel se sont ralliés tant d'ex-gauchistes, parmi lesquels "Charlie-Hebdo", a toujours soupçonné que se tramaient des choses effrayantes dans les faubourgs, les usines de la périphérie, les sombres bistrots banlieusards. La République a toujours peuplé les prisons, sous d'innombrables prétextes, des louches jeunes hommes mal éduqués qui y vivaient. Elle a aussi, la République, multiplié les massacres et formes neuves d'esclavage requis par le maintien de l'ordre dans l'empire colonial. Cet empire sanguinaire avait trouvé sa charte dans les déclarations du même Jules Ferry - décidément un activiste du pacte républicain -, lesquelles exaltaient la "mission civilisatrice" de la France.(...)"

    On peut cependant s'étonner que, dans le même article, rappel historique de faits opposés à un catéchisme scolaire, A. Badiou qualifie Jeanne d'Arc "d'héroïne sublimement chrétienne", alors même que Jeanne d'Arc est l'exemple flagrant d'un détournement de la religion à des fins politiques ; personnage mystérieux et légendaire, Jeanne d'Arc incarne la continuité entre l'ancienne morale catholique religieuse et la nouvelle éthique républicaine, officiellement neutre.

    + Le trophée "Presse citron" 2015 du dessin de presse, organisé par l'école Estienne et la BNF sera décerné dans deux catégories distinctes, "étudiants" et "professionnels", le 26 mars, à la mairie du XIIIe arrondissement (dessins à envoyer avant le 16 mars), dans le cadre de la semaine de la presse et des médias. "Professionnel du dessin de presse" est un libellé qui fait un peu froid dans le dos. Qui sait s'il y a en face, dans les camps d'entraînement pour les terroristes, des trophées remis aux "pros" et aux "bizuts", par exemple pour récompenser le tir de précision au fusil d'assaut ? Ou bien s'ils font ça "à la bonne franquette".

    + Plus modestement, la firme japonaise "Posca" offre une mallette de ses marqueurs à qui dessinera la meilleure caricature de Marine Le Pen (à rendre avant le 2 mars) ; Loïc Sécheresse et Thibaut Soulcié ("La Revue dessinée") désigneront le gagnant.

    + La mode est, dans les festivals-BD, aux concerts dessinés. A force de vivre en ville, on peut finir par trouver la musique de vil prix en comparaison du silence ; il n'est pas vrai que la musique adoucisse les moeurs ; seule la chanson à texte satirique est vraiment désarmante ; ça tombe bien, puisque c'est la spécialité de Philgreff et son complice Monsieur Pyl, qui font profiter le public, notamment vendéen, de leurs talents convergents de portraitistes, à travers une série de concerts. Derrière l'étiquette des "Jean Quelque-chose", collée à leurs chansons, ils croquent les deux France, la profonde et la superficielle, avec impertinence mais sans méchanceté. Les compères ne manquent pas non plus d'idées variées pour distraire le public de leurs blogs respectifs, comme cette série de pastiches du (présumé) portrait de Gaby d'Estrées et sa frangine dont voici un extrait (ci-contre).

    + Le festival de BD d'Aix-en-Provence, qui s'étale du 23 mars au 23 mai, c'est assez rare pour le souligner, propose une programmation logique d'auteurs plus ou moins "underground", et une affiche bien dessinée par Sergio Mora (ce qui est loin d'être le cas de tous les festivals, y compris les plus prestigieux). Outre diverses expositions consacrées à "Fluide-Glacial", Dimitri Planchon, Gus Bofa, le point culminant sera le week-end des 10,11 et 12 avril permettant de rencontrer de jeunes auteurs talentueux, dont Joan Cornella, Marion Fayolle, Pluttark, Terreur graphique, Simon Roussin, Miroslav Sekulic-Struja, etc. (entrée gratuite). Programme complet disponible sur le blog dédié.

  • Revue de presse BD (131)

    Extraits de la revue de presse publiée dans l'hebdo Zébra.

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    + Le dessin de presse ci-dessus est du dessinateur cubain (résidant au Chili depuis l'an 2000) Alen Lauzan.

    + Le site "Töpfferiana" regroupe de courtes études, non seulement sur Rodolphe Töpffer, mais aussi les précurseurs du genre, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle où se développe la presse illustrée. Gustave Doré se distingue par l'expressivité et l'inventivité de son dessin, comme on peut le constater dans divers épisodes des aventures de "l'homme aux cent mille écus", alias Narcisse Pomponet, publiées dans le "Journal pour rire" de C. Philipon.

    + La BD ne redonne pas seulement des couleurs à la culture, ces derniers temps, mais aussi à la presse littéraire française, souvent bien fade. Le magazine « Lire » propose un "hors-série" soigné (n°19-12 déc.), consacré à André Franquin et son oeuvre. Les amateurs de satire placent Franquin au-dessus d'Hergé au panthéon de la BD franco-belge, quand les grammairiens font l'inverse. Goscinny dit très bien : "Le snobisme s'est mis de la partie pour faire de la BD un art honorable." Pas ou peu de snobisme dans ce n° spécial, qui montre bien le goût accru de Franquin pour la satire au fil des années, formé d'abord à dessiner le groom "Spirou", figure de proue des éds. Dupuis, puis s'affranchissant petit à petit de cette servitude. Au sommaire de cet épais magazine de 124 p., certains papiers ou interviews nous renseignent sur la manière assez artisanale de travailler de Franquin. Ce côté artisanal explique bien des choses : non seulement une forme de résistance modérée à l'esprit du temps (Julien Bisson compare l'esprit des BD de Franquin à celui des films de Tati), mais aussi la difficulté des éditeurs aujourd'hui à faire émerger de fortes personnalités, préférant traiter les auteurs comme des employés, surfant sur la mode (manga, comics), plutôt que cherchant de nouvelles idées. Réputé conservateur, Charles Dupuis permit la publication du  « Trombone illustré », supplément à « Spirou » vendu avec, malgré son ton anticonformiste. Plus encore que la tolérance de Dupuis, cette bienveillance traduit un rapport de forces moins déséquilibré.

    Petit bémol : le hors-série ne dissipe pas tout à fait le préjugé qui consiste à prêter aux auteurs d'humour noir (Franquin fut encouragé par Gotlib à dessiner ses "Idées noires" dans "Fluide Glacial") un tempérament dépressif. C'est exactement l'inverse, comme le montrent de nombreux exemples dans le domaine des lettres ou des arts plastiques ; généralement les personnes mélancoliques ne supportent pas l'humour noir et produisent elles-mêmes des oeuvres teintées d'espoir (et non satiriques) ; la mélancolie est beaucoup plus palpable dans « Tintin », voire l'asthénie sexuelle de son auteur, que dans « Gaston Lagaffe ». Franquin était peut-être le plus français des auteurs belges.

    + Interviewé à l'occasion de la sortie de son nouveau roman de politique-fiction, « Soumission », dans lequel il imagine malicieusement Marine Le Pen battue par un candidat musulman aux élections de 2022, M. Houellebecq tient, comme on pouvait le prévoir, à se démarquer du "Suicide français" d'Eric Zemmour. H. dit voir au contraire dans la démographie française, plus forte que dans les pays voisins, une volonté française de résistance au suicide.

    En réalité les deux idées ne sont pas aussi opposées ; Zemmour a rédigé son essai, non pas pour contribuer au « suicide », mais pour tenter d'y résister. De surcroît Houellebecq voit comme Zemmour dans le mouvement islamique un mouvement comparable au communisme dans l'après-guerre, c'est-à-dire une révolte contre les valeurs occidentales. Peu plausible de son propre aveu, l'hypothèse de Houellebecq ne choquera sans doute pas beaucoup les Français. La crise a eu pour effet de les convaincre, semble-t-il assez largement, que les étiquettes politiques ont une signification limitée.

    Il reste que, la réalité dépassant la fiction, des bouleversements plus grands que l'élection d'un président musulman et l'application de la charia peuvent se produire. Parfois la réalité prend des libertés avec la science-fiction.

    + Le petit fanzine de BD « Cabot Comics » est entièrement basé sur l'autodérision. « Archie », quasi seul aux commandes  fantasme sa vie de dessinateur de BD débutant. Pour la pus grande joie du lecteur, il n’hésite pas à faire passer sa compagne pour une chieuse et ses potes pour des débiles mentaux. Plusieurs numéros de ce petit fanzine photocopié, comme il n’en existe plus beaucoup, sont disponibles dans deux ou trois librairies parisiennes (je l'ai acheté pour ma part à "Super-Héros"), ou directement sur le blog du fanzine, pour une somme modique.