Caricature par ZOMBI
elisabeth badinter
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Grande peur des bien-pensants
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Revue de presse BD (221)
Les auteurs de BD caricaturés par O. Duhamel pour le quotidien publicitaire "20 Minutes".
+ Lors du festival d'Angoulême, la presse française tente de se donner des couleurs en faisant illustrer ses pages par des auteurs de BD. Proche parent du dessinateur de presse, le bédéaste ne maîtrise cependant pas toujours l'art du dessin de presse, dont les règles de composition diffèrent. Rares sont les auteurs qui, comme Cabu ou Willem, sont à l'aise dans les deux genres.
Le quotidien "bobo" "Libération" (Quentin Girard) a reproché au jury d'Angoulême (composé de nombreux auteurs professionnels) un choix "conservateur" pour son Grand Prix, cette année (Cosey) comme l'année dernière (Hermann) ; la Une de "Libé" était illustrée pour l'occasion par un auteur de manga à la mode.
La chaîne "TF1" a beaucoup contribué à l'essor des mangas en France en achetant à la fin des années 80 pléthore de dessins-animés nippons à bas prix pour remplir une grille de programmes destinés aux enfants, dont on sait la vocation principalement publicitaire. Les éditeurs de BD franco-belge ont surfé ensuite sur ce "phénomène de société". La grosse ficelle de "l'ouverture culturelle" est usée jusqu'à la corde.
+ "Prix Charlie Schlingo" 2017, le caricaturiste Gab ("Zélium") jette sur le festival dans ce dessin (ci-contre) un regard plus prosaïque ; le festival repose en effet sur le rituel incontournable des dédicaces.
+ Plus confidentiel que le Grand prix, le prix du fanzine 2017 a été attribué au fanzine "Biscoto", qui vise (en principe) un public d'enfants. Jean-Christophe Menu a décrit dans "Fluide-Glacial" (juin 2014) les modalités de ce petit concours underground qu'il qualifie "d'institution la plus pérenne du festival".
+ Dans "Charlie-Hebdo" de la semaine dernière (25 janvier), le chroniqueur Guillaume Erner, également employé par "France-Inter", s'en prend violemment à feu Jean-Edern Hallier, fantasque rédacteur en chef de "L'Idiot international" et ennemi juré de François Mitterrand (sur lequel un documentaire a récemment été diffusé) : "Pour le dire brièvement, Hallier était à la fois un salaud et un mauvais écrivain." Tout en reprochant à Hallier son style polémique, G. Erner ne se gêne pas pour en user contre lui. "Salaud" par rapport à qui ? "Mauvais écrivain" par rapport à qui ? Après Siné et Dieudonné, Jean-Edern Hallier se fait traiter d'antisémite dans les pages de "Charlie-Hebdo" ; pourtant les Juifs de France n'ont pas été déportés par des polémistes, mais par la police républicaine laïque au service de l'appareil d'Etat.
+ "Charlie" publie en outre un manifeste féministe d'Elisabeth Badinter ; celle-ci y défend le point de vue (contestable) selon lequel l'islamisme serait avant tout une affaire d'hommes, et l'anti-islamisme une affaire de femme, avant de s'en prendre au "féminisme communautariste" (?). Mais on s'amuse surtout de voir le manifeste d'E. Badinter illustré par Vuillemin, dont le style contraste nettement avec celui d'Elisabeth Badinder. Il est vrai que, chez Vuillemin, les hommes et les femmes sont également moches.
+ "La Revue dessinée", qui propose des reportages en BD sur des sujets d'actualité ou de société, vient de s'adosser au gros éditeur Delcourt, qui fait son entrée dans le capital de cette petite publication.
Par ailleurs le même éditeur de BD, Delcourt, vient de s'associer avec les éditions du Seuil afin de publier des adaptations d'ouvrages de sociologie en BD.
+Le trophée Presse-Citron (école Estienne/BNF) du dessin de presse a dévoilé l'affiche de son édition 2017. Deux prix sont remis à des caricaturistes, l'un dans la catégorie "étudiants", l'autre dans la catégorie "professionnels". Pour participer, il faut envoyer ses dessins avant le 1er mars. Le prix étudiant est décerné par un jury de dessinateurs professionnels et le prix professionnel par un jury d'étudiants de l'école Estienne.
Peu après avoir remporté le 1er prix en 2016, l'Enigmatique LB qui contribue bénévolement au fanzine "Zébra", s'est vu proposer de dessiner régulièrement pour "Siné-Mensuel".
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Caricature Elisabeth Badinter
La Semaine de Zombi. Samedi : Entre "être à l'aise" et "être libre", il y a une différence qu'Elisabeth Badinter n'a pas l'air de voir.
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Revue de presse BD (137)
Extraits de la revue de presse illustrée publiée dans l'hebdo Zébra.
+ Critiquer "Charlie-Hebdo" ou Cabu, comme on ne s'interdit pas de le faire dans "Zébra", permet au moins d'éviter la récupération ou l'amalgame. Ainsi le dernier magazine "Lire" (mars 2015), dont la couverture est signée Cabu, n'hésite pas à titrer : "Rire, provoquer, écrire... de Rabelais à Charlie, avec Elisabeth Badinter, Michel Onfray, Umberto Eco". S'il y a sans doute quelque affinité entre Rabelais, Charlie et Cabu, bien qu'on peut penser que Rabelais est plus subversif (car raillant la religion dominante), en revanche je ne me souviens pas d'un seul trait d'humour chez Elisabeth Badinter, Michel Onfray ou Umberto Eco. A moins que ce ne soit la tradition, à "Lire", de faire traiter tel ou tel sujet par des spécialistes qui n'y entendent rien ?
+ Richard Malka, avocat de "Charlie-Hebdo" et scénariste de BD (pour Catherine Meurisse, notamment), a maladroitement exercé des pressions pour que ne paraisse "Charpie-Hebdo", pastiche de l'hebdo dont il assure la défense. Maladroitement, parce qu'on ne peut pas se revendiquer du mauvais goût et le refuser aux autres en même temps ; ensuite parce qu'il risque ainsi de faire de la publicité à cette publication.
+ Ne ménage pas non plus ses critiques à l'égard de "Charlie-Hebdo" le philosophe Alain Badiou. Dans un article paru dans le "Monde", intitulé "Le Rouge et le Tricolore" (28 janvier). Badiou s'attaque notamment aux valeurs républicaines et à la laïcité, notions à géométrie variable derrière lesquelles "Charlie-Hebdo" s'abritait parfois, et qui ont servi à fédérer le mouvement des "Tous Charlie" : "Dans cette guerre des identités, la France tente de se distinguer par un totem de son invention : la "République démocratique et laïque" ou "le pacte républicain". Ce totem valorise l'ordre établi parlementaire français - au moins depuis son acte fondateur, à savoir le massacre, en 1871, par les Adolphe Thiers, Jules Ferry, Jules Favre et autres vedettes de la gauche "républicaine", de 20.000 ouvriers dans les rues de Paris. Ce "pacte républicain" auquel se sont ralliés tant d'ex-gauchistes, parmi lesquels "Charlie-Hebdo", a toujours soupçonné que se tramaient des choses effrayantes dans les faubourgs, les usines de la périphérie, les sombres bistrots banlieusards. La République a toujours peuplé les prisons, sous d'innombrables prétextes, des louches jeunes hommes mal éduqués qui y vivaient. Elle a aussi, la République, multiplié les massacres et formes neuves d'esclavage requis par le maintien de l'ordre dans l'empire colonial. Cet empire sanguinaire avait trouvé sa charte dans les déclarations du même Jules Ferry - décidément un activiste du pacte républicain -, lesquelles exaltaient la "mission civilisatrice" de la France.(...)"
On peut cependant s'étonner que, dans le même article, rappel historique de faits opposés à un catéchisme scolaire, A. Badiou qualifie Jeanne d'Arc "d'héroïne sublimement chrétienne", alors même que Jeanne d'Arc est l'exemple flagrant d'un détournement de la religion à des fins politiques ; personnage mystérieux et légendaire, Jeanne d'Arc incarne la continuité entre l'ancienne morale catholique religieuse et la nouvelle éthique républicaine, officiellement neutre.
+ Le trophée "Presse citron" 2015 du dessin de presse, organisé par l'école Estienne et la BNF sera décerné dans deux catégories distinctes, "étudiants" et "professionnels", le 26 mars, à la mairie du XIIIe arrondissement (dessins à envoyer avant le 16 mars), dans le cadre de la semaine de la presse et des médias. "Professionnel du dessin de presse" est un libellé qui fait un peu froid dans le dos. Qui sait s'il y a en face, dans les camps d'entraînement pour les terroristes, des trophées remis aux "pros" et aux "bizuts", par exemple pour récompenser le tir de précision au fusil d'assaut ? Ou bien s'ils font ça "à la bonne franquette".
+ Plus modestement, la firme japonaise "Posca" offre une mallette de ses marqueurs à qui dessinera la meilleure caricature de Marine Le Pen (à rendre avant le 2 mars) ; Loïc Sécheresse et Thibaut Soulcié ("La Revue dessinée") désigneront le gagnant.
+ La mode est, dans les festivals-BD, aux concerts dessinés. A force de vivre en ville, on peut finir par trouver la musique de vil prix en comparaison du silence ; il n'est pas vrai que la musique adoucisse les moeurs ; seule la chanson à texte satirique est vraiment désarmante ; ça tombe bien, puisque c'est la spécialité de Philgreff et son complice Monsieur Pyl, qui font profiter le public, notamment vendéen, de leurs talents convergents de portraitistes, à travers une série de concerts. Derrière l'étiquette des "Jean Quelque-chose", collée à leurs chansons, ils croquent les deux France, la profonde et la superficielle, avec impertinence mais sans méchanceté. Les compères ne manquent pas non plus d'idées variées pour distraire le public de leurs blogs respectifs, comme cette série de pastiches du (présumé) portrait de Gaby d'Estrées et sa frangine dont voici un extrait (ci-contre).
+ Le festival de BD d'Aix-en-Provence, qui s'étale du 23 mars au 23 mai, c'est assez rare pour le souligner, propose une programmation logique d'auteurs plus ou moins "underground", et une affiche bien dessinée par Sergio Mora (ce qui est loin d'être le cas de tous les festivals, y compris les plus prestigieux). Outre diverses expositions consacrées à "Fluide-Glacial", Dimitri Planchon, Gus Bofa, le point culminant sera le week-end des 10,11 et 12 avril permettant de rencontrer de jeunes auteurs talentueux, dont Joan Cornella, Marion Fayolle, Pluttark, Terreur graphique, Simon Roussin, Miroslav Sekulic-Struja, etc. (entrée gratuite). Programme complet disponible sur le blog dédié.
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Caricature Nabilla
La Semaine de Suzette Zombi. Jeudi : le moins qu'on puisse dire, c'est que Nabilla rompt avec une tradition de féministes issues de la grande bourgeoisie, comme Simone de Beauvoir ou Elisabeth Badinter, lisant Hegel et n'ayant pas tout à fait réglé leur "complexe d'Ophélie". Avec Nabilla, la guerre des sexes sera sanglante ou ne sera pas.