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charlie-hebdo - Page 15

  • Revue de presse BD (210)

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    + Dilemme en librairie cette semaine puisque sont proposés simultanément deux gros bouquins, l'un à 20 euros (Les Cahiers dessinés) regroupant un choix de dessins de Tomi Ungerer, l'autre à 30 euros (Taschen) rassemblant un paquet de croquis de Robert Crumb. Il faut choisir, car deux dessinateurs misogynes d'un seul coup, ce serait sans doute une dépense trop difficile à justifier. Sans vouloir influencer le lecteur, la sobriété des dessins d'Ungerer force l'admiration ; il y a peut-être chez Crumb un peu trop de détails. Le plus misogyne des deux n'est pas forcément celui qui dit qu'il l'est (Crumb).

    Marie-Hélène Gatto annonce dans le trimestriel « De ligne en ligne » la prochaine expo. Gaston Lagaffe en chantier à la bibliothèque du Centre Pompidou en soulignant l’astuce éditoriale de son inventeur, Franquin, qui crée un personnage d’antihéros dans un magazine de BD d’aventure pour enfants- dont la première apparition discrète dans « Spirou » date du 28 février 1957. Le personnage ne prend la parole pour la première fois que six semaines après son apparition. Il dévoilera au public les coulisses de la maison Dupuis et du métier d’amuseur pour enfants, qui n’a rien d’aventureux, et que Franquin éprouva parfois de la lassitude à exercer.

    «Pendant plusieurs semaines, entre décembre 1959 et janvier 1960, Spirou paraît sans Gaston. Jusqu’à ce que Fantasio, pris de remords, lance un appel aux lecteurs : - Ecrivez tous, en masse, par milliers, écrivez à M. Dupuis de reprendre Gaston. L’appel est entendu : plus de 7000 lettres seront reçues, et Gaston est réintégré à l’équipe en janvier 1961. Le héros sans emploi est devenu une véritable star.»

    Gaston Lagaffe est précurseur du "Trombone illustré", supplément à « Spirou » lancé par Franquin et Yvan Delporte en 1977, beaucoup plus satirique que le magazine pour enfants dans lequel il était inséré.

    + A propos de "Fluide-Glacial", où Gotlib publia les "Idées noires" de Franquin, perles d'humour noir en BD, Jacques Diament publia en 2010 (L'Harmattan) : "Fluide Glacial, Gotlib... et moi" ; la première moitié est intéressante, décrivant de façon vivante les galères du début, la fabrication d'un journal, les choix éditoriaux, les coups de pouce du destin...), la seconde partie est bâclée.

    + Yves Frémion rédige ici ou là des chroniques sur les ancêtres de la bande-dessinée ; dans le dernier magazine publicitaire "Zoo n°62" (p.53), il nous instruit sur "la BD orale des colporteurs". Avec l'invention de la gravure naquit le métier de colporteurs d'images, religieuses notamment, transportées et vendues de village en village.

    "(...) Très vite s'agglutinent aux images pieuses des images plus profanes (contes de fées, fables, histoires plus ou moins réelles, légendes, chansons...). (...) L'arrivée du colporteur dans un village devient un spectacle. (...) Ces esquisses de BD sont orales. Puisque dans la BD, le "texte" n'en est pas, car il est du son, ce son est alors produit par le colporteur, qui commentait image par image."

    Frémion rapproche ici la BD d'une culture orale, ce qui n'est vrai qu'en ce qui concerne les BD pour enfants. Beaucoup de BD satiriques ou humoristiques ne sauraient se passer du texte.

    + L'essayiste Hannah Arendt ("La Crise de la Culture") est la cible d'attaques dans plusieurs journaux ("Quinzaine littéraire", "Charlie-Hebdo" 9 novembre), faisant suite de la publication d'un ouvrage universitaire peu sobrement intitulé "Arendt et Heidegger, extermination nazie et destruction de la pensée"). Cet ouvrage rappelle que H. Arendt fut, alors qu'elle était étudiante, la maîtresse de Herr Professor Heidegger, membre du parti nazi ; également qu'elle contribua à la réhabilitation de la philosophie d'Heidegger après guerre. Bref, cet ouvrage d'E. Faye ne nous apprend pas grand-chose...

    Le poète Aragon se promena en limousine dans Moscou en compagnie d'Elsa Triolet, bousculant la populace affamée (dixit J. Dutour) ; cependant il continue d'être étudié en classe, et certains établissements scolaires portent son nom. Le racisme de Montesquieu ne l'empêche pas d'être considéré comme un sommet de la science politique française. Etc. (on pourrait ici écrire un ouvrage complet à propos des turpitudes de nos grands hommes).

    Ce qui est le plus choquant chez H. Arendt est sans doute ce qui est le plus véridique, à savoir la mise en évidence que le totalitarisme n'est pas l'apanage du régime nazi, mais un phénomène beaucoup plus large. Si H. Arendt omet de souligner, contrairement à G. Orwell, le rôle particulier joué par les intellectuels dans les régimes totalitaires (Heidegger est loin d'être le seul exemple), en dénonçant la culture de masse en tant qu'instrument d'asservissement et d'abrutissement, elle a bel et bien contribué à la critique des méthodes de gouvernement totalitaires, indépendamment de leur coloration politique, nazie, soviétique ou démocrate-chrétienne.

    + Un carnet de 65 dessins inédits de Van Gogh, détenus par une famille du Nord de la France, et subitement exhumés, vient d'être publié par le Seuil. Seulement les experts du musée d'Amsterdam, sollicités afin d'authentifier ces dessins (non signés), contestent l'attribution au peintre hollandais (tardivement initié au dessin).

    Et pourquoi pas une analyse ADN, tant qu'on y est ? Cette affaire illustre une fois de plus à quel point la technique (ici les avis d'experts) éclipse désormais l'art et la science.

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    par l'Enigmatique LB

  • Revue de presse BD (208)

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    Message peint par Magritte

    + Un autre musée parisien, le musée Pompidou, rend hommage à un autre artiste Belge : Magritte, dont quelques rébus-peints sont imprimés sur la rétine d'à peu près tout le monde (jusqu'au 23 janvier). De l'art de Magritte comme de l'art d'Hergé n'émane aucune sensualité. C'est là un point commun aux deux artistes belges (wallon et bruxellois), et pourquoi ils sont modernes tous les deux - l'art moderne n'est plus tout à fait de l'art (au sens païen du terme). Le parallèle s'arrête là, car beaucoup de choses sont inconscientes chez Hergé, qui pour différentes raisons (son jeune âge, son tempérament introverti...) n'avait pas la maîtrise de son art, mais se focalisait surtout sur le style. L'expo Magritte nous rappelle, au contraire, que le message délivré par Magritte est consciemment dirigé contre la peinture, qui après l'avoir fasciné, avait fini par lui inspirer du dégoût (la peinture de Chirico réveilla un peu le désir de Magritte de peindre). 

    + Reportage confraternel de Coco au concert de Renaud au Zénith fin octobre ("Charlie-Hebdo" 2 novembre). Renaud dit désormais admirer le candidat Fillon, mais les fans du chanteur à textes mettent sans doute ça sur le compte de la tisane qu'il boit avant le début de son concert pour soigner sa voix. Coco rapporte que Renaud, après avoir avoué : "J'ai embrassé un flic", ajoute : "Mais attention : j'ai pas embrassé un militaire." Il est vrai que, si l'esprit bidasse est de droite, l'esprit flic, quant à lui, est le privilège de la gauche.

    + L'éditeur de BD Bamboo, surtout connu pour sa BD satirique "Les Profs" et quelques titres spécialisés dans la caricature de différents sports, vient de racheter la maison Audie, éditrice de "Fluide-Glacial", l'hebdo humoristique fondé par Gotlib. Et la presse de commenter ainsi la nouvelle : "Bamboo va devenir un poids lourd sur tous les rayons humour, que ce soit en librairie ou dans les grandes surfaces."

    + La Foire internationale d'art contemporain s'est ouverte dans un contexte boursier difficile. Comme chaque année, les organisateurs de la FIAC nous promettent : - Le changement, c'est maintenant ! Cela situe l'art au niveau de l'espoir.

    + Frédéric Hojlo dans Actuabd narre la mésaventure posthume de George Orwell, dont le conte "La Ferme les animaux", inspiré par les purges de Staline (bien que le porc-dictateur se nomme "Napoléon"), fut racheté afin d'être adapté en dessin-animé et en bande-dessinée afin de servir d'arme de propagande anticommuniste (lorsque les intérêts des Etats-Unis et de l'URSS commencèrent de diverger). Il n'est pas rare que des ouvrages satiriques soient récupérés par tel ou tel parti politique ; parfois cela se fait avec le consentement de l'auteur, mais Orwell se distingue par son indépendance. F. Hojlo nous rappelle opportunément que Orwell voyait les "comics" américains d'un mauvais oeil, comme une manifestation de la culture de masse totalitaire.

    Les années ont donné raison à Orwell : en effet on a vu l'Union soviétique devenir capitaliste à toute vitesse, signe que l'esprit critique n'était guère développé à l'Est, mais plutôt une forme de nationalisme déguisée en discours pseudo-marxiste. Orwell, issu du peuple, fit notamment un effort pour rendre l'homme du peuple pessimiste, c'est-à-dire plus lucide. Orwell se montre particulièrement vigilant vis-à-vis de la caste des intellectuels, en charge de l'invention des nouvelles chimères modernes.

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    Le dessinateur britannique Norman Pett, chargé d'adapter La Ferme des animaux, était un auteur de comics de propagande nationaliste ("Jane") comme Milton Caniff (comics contenant la ration d'érotisme destinée à émoustiller l'homme de troupe).

  • Revue de presse BD (206)

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    + L'actualité et ses drames inspirent parfois les auteurs de BD. Le jeune dessinateur italien Armando Genco nous a demandé de publier dans "Zébra" la traduction d'une BD qui dépeint le sort des migrants qui tentent de s'introduire en Europe dans des conditions dantesques.

    + Même si certains soulignent son côté industriel, la bande-dessinée conserve un côté artisanal démodé (l'art moderne ne doit pas sentir l'huile de coude, mais le parfum de la philosophie). Ainsi le dessinateur de la série à succès "Thorgal", Rosinski, travaille depuis quelques années avec son fils Piotr, dont le rôle consiste à faire tampon entre son père et le scénariste avec qui il travaille.

    Artisan accompli, Rosinski est en mesure de poser des conditions et de refuser des scénarios qui lui déplaisent : "Je n'aime pas dessiner la violence et les scènes de sexe. Dans l'album précédent, j'ai refusé les scènes érotiques. C'est mieux quand ce n'est pas montré. Concernant la violence, je déteste quand on place des ralentis dans un film... je n'arrive pas à comprendre qu'un spectateur puisse se délecte de telles scènes (...)" (interview "dBD" novembre 2016)

    + François Forcadell cite une interview de l'éditeur Frédéric Pajak ("Les Cahiers dessinés"), qui déclare à propos des dessinateurs de presse : « Aujourd’hui, la plupart d’entre eux se contentent de faire des petites blagues, en caricaturant à la va-vite tel ou tel homme politique. Ils ne dessinent plus : ils font des crobards. Ils sont souvent incultes, comme leurs rédacteurs en chef, et n’ont plus aucun sens de l’histoire : ils réagissent à l’actualité, ne s’émeuvent que dans l’urgence. Le dessin de presse devrait s’inspirer de Goya, de George Grosz ou de Saul Steinberg. »

    Baudelaire, en son temps, se plaignait déjà de l'inculture des peintres contemporains exposés aux Salons. Cela dit, Baudelaire savait un peu dessiner et caricaturer, lui. En parlant de Goya, c'est plutôt le dessinateur espagnol qui s'est inspiré des dessinateurs de presse anglais, non l'inverse.

    Plus précisément que Pajak, dont on aimerait bien savoir ce qu'il entend par "sens de l'histoire" (Pajak se réclame par ailleurs de Nietzsche, qui nie farouchement que l'histoire ait un quelconque sens), mentionnons deux fléaux convergents : le militantisme croissant des dessinateurs de presse, c'est-à-dire leur obéissance à la ligne politique d'un parti. L'originalité de "Charlie-Hebdo" fut de n'être pas un "journal engagé", quand toute la presse française était mise au service des partis et des industriels les soutenant.

    Deuxièmement, l'américanisation du dessin de presse ; aux Etats-Unis, les "editorial cartoonists" illustrent, expliquent la vie des partis politiques à l'aide de dessins auxquels seuls ceux qui suivent l'actualité politique de près trouvent de l'intérêt. Tandis que la caricature est plus artistique en France, elle est plus (trop) journalistique aux Etats-Unis.

    + "La Terre promise", dernier album de "Lucky-Luke", paraîtra bientôt. Après Daniel Pennac et Laurent Gerra, c'est le caricaturiste Jul qui a été choisi pour remplacer Goscinny. Dans cet album, Lucky-Luke rencontre une famille de colons juifs venus de Pologne ; Jul s'étonne que Goscinny n'y ait pas pensé, étant lui-même d'origine juive. Mais les minorités religieuses ou ethniques sont souvent, dans les albums de Lucky-Luke, prétexte à des blagues jugées parfois douteuses ; les Chinois exercent ainsi systématiquement le métier de blanchisseur.

    Par ailleurs Jul oublie que se revendiquer Juif n'a pas toujours été à la mode parmi les Juifs (non pratiquants), et que beaucoup de Juifs, pour des raisons qui n'ont pas forcément trait aux persécutions subies par cette communauté, rejetèrent leur "identité juive". N'est Juif, écrivait à juste titre Sigmund Freud, que celui qui suit Moïse et sa Loi (ce médecin allemand s'excluait ainsi lui-même de la communauté juive, estimant que Moïse et ses adeptes n'étaient qu'une bande de voyous anarchistes).

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  • Revue de presse BD (205)

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    + "Au début je craignais pour la vie de mes enfants, aujourd'hui je me dis que la mort aurait été un sort moins terrible que les épreuves qu'ils traversent maintenant" ; ainsi s'exprime une mère de famille de cinq enfants, retranchée dans la ville de Madaya en Syrie, non loin de Damas. Son témoignage (via un blog) a été transposé en BD, produit par l'éditeur Marvel, puis diffusé gratuitement par la chaîne de télé américaine "Abc News" (propriété du consortium Disney). La famine, la peur des bombardements et des snipers, le deuil, sont le lot quotidien des habitants de Madaya.

    Bien sûr il s'agit là de propagande puisque les Etats-Unis sont engagés dans cette guerre aux côtés des opposants au régime de Bachar-el-Assad, naguère accueilli en grande pompe dans toutes les grandes capitales occidentales ; ce témoignage est néanmoins poignant et l'impuissance des organisations de paix internationales criante.

    L'illustrateur croate Dalibor Talajic a lui-même connu la sanglante guerre civile yougoslave.

    + La Cité de la BD d'Angoulême annonce une prochaine exposition dans ses murs, consacrée à "Charlie-Hebdo", la laïcité et la liberté d'expression : "À la demande de la DRAC, et en partenariat avec le réseau Canopé (réseau de création et d’accompagnement pédagogiques dépendant de l’éducation nationale), la Cité revient aujourd’hui sur ces questions à travers une nouvelle exposition consistant en une série de vingt panneaux didactiques richement illustrés.(...)" Cette formulation indique une volonté institutionnelle de transformer la caricature en art officiel. C'est une situation orwellienne, car cela revient à purger la caricature de son caractère satirique et en faire un instrument de propagande des valeurs républicaines laïques.

    Bien sûr il y a des caricaturistes d'obédience républicaine, comme il y a des humoristes catholiques (le meilleur humoriste anglais du XXe siècle -E. Waugh-, l'était), mais la presse et les auteurs satiriques français ont peu contribué au culte républicain dans l'ensemble, sachant que la République est avant tout un ordre social et judiciaire reposant sur les forces de police et l'armée.

    + La dessinatrice Tanx a publié récemment "Des croûtes aux coins des yeux", recueil de strips publiés régulièrement sur son blog-BD (éd. "6 Pieds sous terre"). Cette sorte d'autoportrait sans concession évoque les BD "underground" de l'Américain Robert Crumb, à un (ou deux) détails près : Tanxxx est aussi féministe que Crumb est misogyne. Par chance Tanx n'adopte pas un ton trop militant et sa BD n'est pas excessivement moralisatrice (même les hommes peuvent la lire).

    Tanxxx s'efforce d'être une artiste ou une artisane (?) indépendante, ce qui n'est pas une sinécure ; elle a ainsi stoïquement refusé la médaille que la ministre de la Culture souhaitait lui décerner en récompense de bons et loyaux services rendus à la cause du féminisme & de la BD.

    Le punk est peut-être mort, mais pas encore Tanxxx.

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    Caricature de Marianne allaitant un CRS-goret, extraite du blog de Tanxxx

     

  • Revue de presse BD (204)

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    + Difficile d'échapper à Tintin en ce moment ; quelques dessins originaux de Hergé datant des années 1940 -des cartes de voeux- ont été mis en vente aux enchères. La carte ci-dessus montrant Tintin se rendant à la messe de minuit est un des rares exemples où Tintin "assume son catholicisme". On sait que Hergé reçut une éducation catholique, avant de travailler au "XXe Siècle" sous les ordres de l'abbé Wallez, ecclésiastique féru des méthodes modernes de propagande ; cependant Hergé s'éloigna peu à peu au cours de sa carrière des principes qu'on lui avait inculqués dans sa jeunesse. Par ailleurs on sait l'influence sur Hergé du scoutisme, qui enseigne à ses jeunes adeptes le respect de la nature.

    Les influences diverses et contradictions de Hergé ont déteint sur ses BD.

    + Classé parmi les auteurs dessinant "à la manière de Hergé", le scénariste et dessinateur de BD Ted Benoît est décédé fin septembre. Ted Benoît (Thierry Benoît à l'état civil) était peu connu du grand public, travaillant surtout pour la publicité, avant de reprendre en 1996 la série à succès "Blake et Mortimer" créée par Edgar Jacobs. Pour justifier cette reprise, T. Benoît affirmait : "Contrairement à Hergé, dont l'oeuvre est une “comédie humaine” très personnelle qui, sans lui, n'aurait aucun sens, Jacobs appartient à la grande tradition feuilletonesque. (...)"

    C'est inexact ; Hergé s'est efforcé de faire passer "Tintin" pour une oeuvre "personnelle", mais on sait grâce aux témoignages de proches collaborateurs que Hergé a subi diverses influences très nettes, tant sur le plan du dessin que du scénario. Hergé a beaucoup travaillé à polir ses BD, les redessinant méticuleusement, ce qui donne une impression d'homogénéité trompeuse.

    + Le dessinateur Charlie Schlingo était aux antipodes de Hergé, du moins pour ce qui est de la notoriété. Ironiquement, Frédéric Potet, le spécialiste de la BD au "Monde" parle de "ligne crade" pour qualifier le style de Schlingo. C'est un peu exagéré, car Schlingo était aussi très influencé par le savoir-faire américain en matière de BD.

    + Dans une interview donnée mi-septembre à Médiapart, la caricaturiste Coco affirme ne pas avoir changé sa manière de dessiner depuis le massacre de ses confrères de "Charlie-Hebdo". On lit dans cette interview une pique contre Plantu, ainsi que quelques déclarations un peu chauvines : "Je crois que beaucoup de pays nous envient la laïcité" (rien ne prouve que l'on comprend à l'étranger ce que certains Français appellent "laïcité", thème de longs prêches aussi ennuyeux qu'édifiants).

    Mais la remarque la plus intéressante est le point de vue de Coco selon lequel la caricature ne doit pas dépasser les limites assignées par la loi (et par conséquent la police, en charge de l'exécution des lois). Les caricaturistes seraient donc, en France, les seules personnes respectueuses des lois ? Que penserait-on d'un caricaturiste britannique qui dirait : - Je suis prêt à me moquer de tout, sauf de la reine. Ou encore d'un caricaturiste marocain qui dirait : - On peut rire de tout... dans les limites assignées par la charia.

    + La "Une" de "Libération" aujourd'hui nous montre l'ex-président et actuel candidat N. Sarkozy dans le costume d'Astérix, le personnage de Goscinny et Uderzo, escorté d'Eric Zemmour en Idéfix. R. Goscinny avait un certain nombre de points communs avec N. Sarkozy ; on se souvient d'ailleurs que Anne Goscinny a fait récemment partie d'un comité de soutien au président déchu. Jean-Marie Le Pen est surnommé dans son camp "le menhir", ce qui rappelle un autre personnage d'Uderzo.

    "Libération" titre sur l'effort de la droite pour "refaire l'histoire". Mais la droite et Eric Zemmour ne font en cela qu'imiter les idéologues de gauche, qui ont produit et continuent de produire leur propre version du roman national. Que l'on songe, par exemple, à l'extraordinaire opération de blanchiment du terrorisme révolutionnaire par les intellectuels de gauche au cours de la seconde moitié du XXe siècle : cette entreprise négationniste était indispensable pour fonder la mythomanie du "progrès social". Un autre moyen de mesurer à quel point la gauche baigne dans la fiction, c'est de mesurer la distance qui la sépare de Marx (conscient dès le début de l'hypocrisie des "Droits de l'Homme").

    La question est de savoir pourquoi la droite éprouve actuellement à son tour le besoin de produire une version cultuelle de l'histoire de France, au niveau de la bande-dessinée pour les gosses ? La réponse est simple : parce que la gauche se ramène désormais à un point de vue intellectuel et élitiste. Les élites intellectuelles sont fascinées par des fictions et des mécanismes encore plus abstraits, telles que les institutions technocratiques européennes, qui fonctionneraient parfaitement bien si l'homme était un robot.

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  • Revue de presse BD (203)

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    + On a appris cette semaine la mort du dessinateur Fernando Puig Rosado à l'âge de 85 ans ; connu du grand public pour ses illustrations dans la presse enfantine ("Astrapi", "Okapi"...), cet immigré espagnol publiait aussi dans la presse française ("Le Figaro littéraire", "Siné-Hebdo", "Le Canard enchaîné"...) ; il avait fondé la Société protectrice de l'humour, regroupant une cinquantaine de dessinateurs exposant leurs dessins au festival d'Avignon.

    + Avec leurs proverbes absurdes, dont le fameux "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?", les Shadoks résument parfaitement l'esprit du temps, en l'occurrence son intellectualisme. Le musée international des arts modestes (Miam) à Sète consacre une expo (- 6 novembre) aux créatures bizarres de ce dessin-animé créé par Jacques Rouxel pour l'ORTF.

    + A propos de l'expo Hergé-Tintin au Grand Palais, lancée à grand renfort de publicité, Benoît Mouchard, ancien président du festival d'Angoulême, se réjouit que l'événement "confère enfin une dimension un peu institutionnelle à la BD" ("20 Minutes", 28 sept.) ; c'est ignorer que, depuis des siècles, le meilleur de l'art a un caractère anti-institutionnel et anti-académique affirmé ; une fois la contre-culture assimilée par les institutions, elle perd une bonne part de son intérêt et de sa signification. C'est valable pour la peinture impressionniste, mais aussi pour la philosophie des Lumières, plus récemment de "Charlie-Hebdo" transformé en symbole national.

    "Tintin" n'a jamais fait partie de la contre-culture, mais de la littérature de genre (ce qui explique l'indifférence de la critique d'art). Fait significatif, quand Hergé décide de s'initier à l'art abstrait (pour adultes), celui-ci est déjà devenu le support d'un nouvel académisme.

    Töpfferiana est une mine d'informations sur les pionniers de la BD. Le site d'archives numérisées Gallica.fr (BNF) a interrogé Antoine Sausverd, animateur du site Töpfferiana, sur la manière dont il exploite les archives mises à la disposition du public sur Gallica.fr.

    + Jusqu'au 28 octobre, exposition à la bibliothèque Faidherbe (Paris 11e) de Unes de "New-Yorker" dessinées par William Steig (1907-2003) dans les années 30. Plus connu en France pour ses illustrations de livres pour enfants ("Caleb et Kate", "Shrek", dont l'adaptation par le studio Dreamworks est tout bonnement hideuse) ; W. Steig fut auparavant cartoonist et dessina de nombreuses couvertures du "New-Yorker", dont l'humour a un peu vieilli.

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    Couverture du "New-Yorker" (oct. 1935) signée W. Steig

     

  • Quand Charlie recycle Charlie...

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    Entre les Unes de Riss et Vuillemin d'une part, Reiser de l'autre, plus de quarante ans d'écart.