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charlie-hebdo - Page 14

  • Charlie-Hebdo, le jour d'après**

    L'enquête menée par Marie Bordet (« Le Point ») et Laurent Telo (« Le Monde ») sur les jours qui ont suivi la fusillade à webzine,bd,zébra,gratuit,bande-dessinée,critique,kritik,charlie-hebdo,fayard,médiacratie,marie bordet,laurent telo,charb,philippe val,richard malka,anne hommel,dsk,cabu,riss,patrick pelloux,luzla rédaction de « Charlie-Hebdo » remue-t-elle la merde inutilement ?

    En consentant à jouer un rôle politique, la rédaction de « Charlie-Hebdo » a couru le risque de voir la vie privée de ses membres et de leurs proches exposée sur la place publique. Ce déballage public est la contrepartie de l'engouement et de la ferveur plus ou moins spontanés qui ont suivi le massacre perpétré par les frères Kouachi, ainsi que des millions d'euros de dons qui ont afflué sur le compte bancaire de « Charlie-Hebdo ».

    « Charlie-Hebdo » a fait son entrée dans le système médiatico-politique en publiant la Une de Cabu, brocardant le prophète Mahomet. Cette entrée est volontaire, ainsi que l’atteste un reportage télé qui montre Philippe Val justifiant son choix éditorial PAR RAPPORT A LA PRESSE ET AUX MEDIAS FRANCAIS, non pas tant vis-à-vis des lecteurs de « Charlie-Hebdo ».

    M. Bordet et L. Telo qualifient plusieurs fois les « Charlies » de saltimbanques anarchistes, mais cette dénomination ne valait plus depuis la refondation de « Charlie-Hebdo » en 1992et le nouveau projet de Philippe Valque l'on a vu revendiquer plusieurs fois, ainsi que ses confrères, les valeurs républicaines et laïques (on ne peut plus éloignées de l'anarchie).

    « Le Jour d’Après » ne dévoile aucun véritable scandale ; il ne choquera que les quelques naïfs qui prennent les « Charlies » pour d'authentiques martyrs de la « liberté d'expression » (dont Charb estimait qu'elle est quasiment parfaite en France).

    Si les auteurs soulignent que les liens amicaux entre les journalistes et les dessinateurs rescapés se sont peu à peu distendus, l’émotion une fois dissipée, ils distribuent aussi des compliments : « jolie brune trentenaire », « travailleur acharné », « pas intéressé par l'argent », etc. En somme leur description ne constitue pas un  pamphlet. Le sang-froid et la persévérance de Riss, en dépit des blessures, notamment, sont soulignés, et sa légitimité à diriger le journal peu contestée.

    Les « Charlies » sont d'autant plus épargnés que la conseillère en communication Anne Hommel, introduite par Richard Malka, l'un des avocats de "Charlie-Hebdo" (et scénariste de BD), est épinglée. Proche de DSK, ayant assuré sa protection, elle se chargea de mettre les rescapés à l'abri du « pot au noir » médiatique. Sa présence ne tarda pas à indisposer certains « Charlies » (Luz, P. Pelloux), tant la nature de son activité de conseil auprès de grosses légumes de la politique ou du show biz semblait en décalage avec les principes défendus par « Charlie-Hebdo ».

    Le bouquin ne contient pas d'anecdotes croustillantes, mais plutôt des anecdotes amusantes ; on apprend l'avortement d'un projet d'hommage national conçu par le chef de l'Etat et Anne Hidalgo, en comparaison duquel les funérailles de Victor Hugo auraient semblé modestes ; une remise de la légion d'honneur à titre posthume dans la cour des Invalides était envisagée, ainsi que l'affichage tout aussi ubuesque de caricatures de très grand format dans les rues de Paris.

    On apprend aussi que François Hollande en personne avait suggéré un plan de renflouement de « Charlie-Hebdo », au bord de la faillite, quelque temps avant le massacre. Etait-ce un moyen pour F. Hollande d'amadouer Charb et la rédaction de « Charlie-Hebdo » ? On peut le penser, car aucun geste politique n'est gratuit (pas plus n'était désintéressé le soutien de Nicolas Sarkozy à Philippe Val lors du procès intenté par des associations musulmanes).

    Cependant l'enquête est trop superficielle pour que le bouquin vaille le détour ; on met un pied dans les coulisses de notre médiacratie, à travers le portrait de la conseillère-spéciale Anne Hommel, mais le sujet du pouvoir extraordinaire des médias est à peine effleuré.

    On devine que le principe de la « liberté d'expression » est avant tout destiné à consolider ce pouvoir médiatique ; de ce point de vue, l'instrumentalisation politique de « Charlie-Hebdo » est machiavélique et constitue un pied-de-nez à ses fondateurs et principaux artisans. 

    "Charlie-Hebdo", le jour d'après, par Marie Bordet, Laurent Telo, Fayard, 2016.

  • Revue de presse BD (218)

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    Le Pont des fainéants à Châlons-sur-Marne, vu par Cabu.

    + Pour honorer la mémoire du caricaturiste Tignous, deux ans après son assassinat, la mairie de Montreuil en Seine-Saint-Denis a annoncé la création d'un prix Tignous du dessin de presse (ouvert aux seuls professionnels). Condition : envoyer un dessin (sans thème précis) entre le 1er février et le 30 avril.

    "Le Monde" mentionne bizarrement la passion de Tignous pour les "jeux de rôles" ; heureusement pour lui, Tignous ne collectionnait pas les capsules de canettes de bière.

    + Cabu, de son côté, est honoré dans sa ville natale de Châlons-en-Champagne où il a été inhumé. La municipalité va lui consacrer un "espace" (sic), situé dans la maison de l'architecture. Ce choix est plutôt bizarre, car l'architecture et la satire sont deux arts radicalement opposés ; le premier vise à dissimuler ce que l'autre tend à dévoiler. Il est vrai cependant que Cabu a exprimé ses goûts et ses dégoûts en matière d'architecture et d'urbanisme dans plusieurs albums, dont "Revoir Paris" (Arléa, 1996), où son sens de l'observation fait mouche.

    + Deux journalistes, Marie Bordet et Laurent Telo, viennent de publier chezwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,revue,presse,hebdomadaire,actualité,2017,janvier,tignous,montreuil,seine-saint-denis,cabu,chalons-en-champagne,arléa,paris,architecture,charlie-hebdo,marie bordet,laurent telo,fayard,le jour d'après,maiana bidegain,guy delcourt,mathématiques,géométrie algébrique,alain badiou,bibliothèques,cyril bosc,baix,satire,ardèche Fayard un livre-enquête sur les jours qui ont suivi l'attentat perpétré contre "Charlie-Hebdo" ("Charlie-Hebdo, le jour d'après") ; le sujet est relativement tabou, disent les auteurs, malgré le sacro-saint principe de liberté d'expression dont les victimes de la fusillade sont devenues le symbole.

    Nous évoquerons ce bouquin un peu plus longuement dans "Zébra" ; d'ores et déjà on peut dire qu'il a une portée assez limitée, bien qu'il soulève l'épineuse question des rapports entre les "saltimbanques" de "Charlie-Hebdo" et la classe politique et médiatique.

    + Le reportage de Maiana Bidegain, "Sous les Bulles" (2013), diffusé sur Youtube, veut montrer l'envers du décors de la BD franco-belge. Les différents acteurs de la chaîne de fabrication détaillent les étapes de la production des bandes-dessinées, de la planche à dessin au circuit de distribution, en passant par l'imprimerie.

    L'aspect artisanal de la bande-dessinée est utilisé par le service marketing des éditeurs afin de rendre cette industrie plus sympathique. Le reportage souligne que la plupart des auteurs de bandes-dessinées, dessinateurs ou scénaristes, sont moins bien payés que des ouvriers spécialisés.

    En s'attachant à l'aspect économique, l'enquête rend le discours sur "l'art de la bande-dessinée" peu crédible. Il ressort en effet que la BD contribue surtout à la culture de masse. Elle est d'ailleurs menacée à moyen terme par d'autres formes de divertissement plus en vogue dans la jeune génération, ou par des produits bas de gamme (mangas, comics).

    Le discours des capitaines d'industrie est à la fois le plus intéressant et le plus effarant ; hormis Guy Delcourt, patron de l'une des deux plus grosses maisons, qui assume la surproduction actuelle de bande-dessinées, tous les autres "responsables" font comme s'ils n'étaient responsables de rien dans l'évolution de la bande-dessinée au cours des dernières décennies, et qu'ils ne comprenaient ni la cause de la surproduction ni son sens. La surproduction est pourtant une caractéristique de l'industrie capitaliste, observable dans toutes les branches de l'industrie.

    + Le réseau des bibliothèques de Paris organise une opération pour redorer le blason des mathématiques, en train de se ternir selon certaines études. Les différentes bibliothèques proposeront des conférences (mi-janvier-début février) sur l'histoire des mathématiques ou leurs implications sociales.

    Pour être plus précis, il faudrait parler de mathématiques modernes ou de "géométrie algébrique", car il existe en mathématiques plusieurs écoles contradictoires voire opposées.

    Cette opération de promotion est paradoxale car le calcul occupe déjà une très grande place dans l'enseignement aujourd'hui, dès le plus jeune âge (au contraire du dessin, par exemple, complètement négligé). La méfiance ou le dégoût du public ne peut-il pas s'expliquer par les erreurs de calcul commises ces derniers temps par tel ou tel ingénieur, économiste, homme politique... ?

    S'il est normal qu'une technocratie fasse l'éloge de cet instrument merveilleux que sont les mathématiques modernes, il est aussi logique que, du point de vue de l'expérience ou de la science, on se montre sceptique.

    Sceptique par exemple vis-à-vis de l'opinion exprimée par Alain Badiou en exergue du document de promotion, selon laquelle les mathématiques sont simples. Si par "simple", on veut dire "imbécile", c'est sans doute vrai ; mais si par "simple", on veut dire "beau", bon nombre d'édifices modernes semblent plutôt témoigner en faveur de la laideur et de l'uniformité. Plus sérieusement, la sophistication de certaines hypothèses mathématiques modernes sont telles que leurs concepteurs s'avouent parfois incapables de les énoncer en langage ordinaire. Donc, si l'art est le plus souvent un plaidoyer en faveur de la simplicité, les mathématiques modernes, quant à elles, plaident nettement pour la complexité.

    Tout aussi dépourvue de preuve l'opinion d'Alain Badiou selon laquelle "l'indifférence des mathématiques aux opinions dominantes est un modèle de liberté". Pour ainsi dire il s'agit là d'une opinion mystique, voire fanatique.

    + Cyril Bosc a récemment inauguré dans la petite commune de Baix (Ardèche), le CIBPRJSB (Centre international baixois de promotion des revues et journaux satiriques et de BD).

    Cette association s'est donné pour vocation de mettre en valeur toute publication satirique ou de bandes-dessinées existante ou ayant jamais existé et dispose d'un fonds documentaire. La République laïque française accorde officiellement aux auteurs satiriques un place de choix ; mais qu'en est-il vraiment, au-delà des cérémonies politiques officielles ? Ne voilà-t-il pas un beau sujet de thèse à approfondir au CIBPRJSB ?

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  • Pub "Charlie-Hebdo"

    La Semaine de Zombi. Vendredi : Cela se joue à pas grand-chose pour que quelqu'un bascule dans une idéologie meurtrière comme le nazisme, le communisme ou le capitalisme (pour se limiter au XXe siècle).

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  • Revue de presse BD (213)

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    Dessin d'Ulys

    + Pire que la mort s'avèrent parfois les hommages publics que celle-ci vous vaut ; on a pu le voir récemment avec les caricaturistes de "Charlie-Hebdo", dont plusieurs chefs d'états terroristes tinrent à honorer la mémoire.

    Moins violente, la mort de Marcel Gotlib, humoriste et ex-patron de "Fluide-Glacial", n'a pas provoqué le même maëlstrom médiatique. Sobrement, sur le site du quotidien le moins satirique de France, Yves Frémion donne l'extrême-onction à son confrère, en essayant de résumer sa contribution à la "culture française" (expression tout de même un peu pompier). Y. Frémion tente de définir les trois sortes d'humour que Gotlib pratiquait ensemble : - l'humour juif (autodérision), l'humour british (basé sur le sang-froid), et l'humour français (calembour) ; rapprocher l'humour français du calembour, c'est faire fi du mot de Victor Hugo : - Le calembour est la fiente de l'esprit.

    - "Parodiste", le mot est lâché par Eric Aeschimann pour qualifier Gotlib en préambule d'un entretien fleuve sur "France-Culture" (2011, "A voie nue"). L'humoriste y retrace son itinéraire, son parcours professionnel, dit  son admiration pour Hogarth, sa formation aux "Arts appliqués" par Pichard, ses oeuvres méconnues (l'adaptation du "Général Dourakine"), son indifférence vis-à-vis des questions politiques...

    - Un site internet regroupe quelques hommages dessinés rendus à Gotlib.

    + Leur implication dans la vie politique française a indirectement coûté la vie à ses confrères ; on comprend donc que Luz (ex-"Charlie-Hebdo") se montre circonspect vis-à-vis du principe de l'engagement de l'artiste, affirmant dans une interview récente (6 décembre) : "Pour moi, le véritable engagement de l'écrivain est de vous gifler pour vous réveiller. Pas de vous tenir la main." En pratique, les régimes totalitaires soviétique, nazi ou démocrate-chrétien, exigent des artistes, sous prétexte d'engagement, qu'ils se transforment en agents de propagande.

    Comme Luz vient d'illustrer un ouvrage d'Albert Cohen ("Ô, vous, frères humains"), on l'interroge sur ses écrivains préférés. Lisant peu, Luz, préfère botter en touche et évoquer le goût de feu Charb pour Balzac : "Charb était un dévoreur monomaniaque du romancier de Tours, dont je suis originaire." Luz se montre virulent à l'égard de la Bible, qu'il qualifie de "conte pour enfants, que les adultes prennent au sérieux" (décrivant ainsi le principe de la mythologie en général). S'agissant de dessin et de caricature, Luz se montre plus disert, vantant Daumier et surtout Dubout.

    + On a une meilleure idée de la ligne politique et de l'engagement de "Charlie-Hebdo" aujourd'hui à travers les chroniques des journalistes. Ainsi dans l'avant-dernier numéro, Iegor Gran trouve du "panache" (sic) dans la décision du président de la République de renoncer à sa candidature ; un autre plumitif (Guillaume Erner) prend la défense de la corporation des journalistes : "(...) De par leur salaire, ils appartiennent pour la plupart à la petite classe moyenne. Comme elle, ils subissent dégraissages, mutations technologiques et autres changements d'actionnaires. La presse est devenue aussi peu rentable que la sidérurgie, elle est donc soumise au même destin." Après avoir nié que les journalistes ont été "coproducteurs" de l'élection de D. Trump, il avoue néanmoins que les journaux sont "renfloués par des oligarques".

    + A propos de presse non subventionnée, le journal satirique "Zélium" (LB, Gab, Cambon, etc.) a besoin de nouveaux subsides pour continuer de paraître en 2017, cela bien que les contributions de ses caricaturistes soient bénévoles ; très coûteuse et strictement encadrée, la distribution de la presse est un moyen de censure indirect des publications anarchistes ; le prosélytisme politique, coûteux en papier et en fonds publics plus ou moins déclarés, quant à lui ne connaît pas la crise.

    + Contributeur de "Zélium", le caricaturiste Rousso a ouvert un blog qui permet de voir et revoir ses dessins truculents.

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    + Une énième série de conférences sur la caricature et le dessin de presse se tiendra le 14 décembre prochain à la BNF ; on est en droit de s'interroger sur le sérieux de telles allocutions ; beaucoup n'ont fait jusqu'ici qu'entretenir la légende dorée d'une République française protectrice des droits de l'homme et de la liberté d'expression. L'histoire est mise de côté au profit de la démonstration. Sur les causes du déclin de la presse satirique, ces conférenciers demeurent d'ailleurs muet, évoquant tout au plus pudiquement "l'affermissement de la République" pour expliquer le recul de la satire de presse (D. Moncond'huy, in : "Petite histoire de la caricature de presse en 40 images".)

    Exposition prochainement (15-31 déc.) à la galerie Claire Corcia (Paris, 3e arr.) des oeuvres de Burlingue, dessinateur et peintre satirique, en compagnie d'autres artistes.

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  • Revue de presse BD (212)

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    (Volkswagen derrière Merkel : - un nouveau pot et c'est reparti pour 4 ans - dessin de Walter Foolz)

    + On doit se pincer pour y croire : pourtant ça y est, le premier numéro de "Charlie-Hebdo" traduit en allemand vient de paraître.

    Le journaliste allemand Marcel Wagner, qualifiant au passage "Charlie-Hebdo" "d'institution", se demande si les Allemands connaissent assez la politique française pour s'intéresser à ses caricatures et, à l'inverse, si les caricaturistes de "Charlie-Hebdo" ont une connaissance suffisante de la politique allemande ?

    "Charlie-Hebdo" fera-t-il rire les Allemands, s'interroge aussi Marcel Wagner ? A quoi Minka Schneider, responsable de l'édition allemande, répond que "Charlie-Hebdo" se situe plutôt au niveau de l'humour noir que de l'humour gras à se taper sur les cuisses.

    + Van Gogh est à la Une, par suite de la découverte et publication d'un carnet de dessins inédits fournissant des indications précieuses sur la technique de l'artiste.

    La chaîne "Arte" diffuse justement en ce moment un documentaire d'une heure (par Andreas Gräfenstein, 2016, visible en replay juqu'au jeudi 9/12), qui se focalise sur la confrontation entre Van Gogh et Gauguin à Arles, où se dernier se rendit à l'invitation de son confrère néerlandais ; la confrontation des deux artistes, aux personnalités très différentes, s'acheva par la blessure grave de Van Gogh à l'oreille. En faisant valoir la thèse du coup d'épée porté par Gauguin à Van Gogh, tout en faisant planer le doute sur le suicide de Van Gogh, le documentaire laisse entrevoir à quel point l'histoire de l'art est une discipline peu scientifique, c'est-à-dire peu historique, où la légende occupe une large place (VVG est parfois surnommé "le Christ de l'art moderne"). Plus religieuses qu'artistiques d'ailleurs apparaissent les vocations de Van Gogh et de Paul Gauguin, cela bien que les thèmes religieux à proprement parler soient pratiquement absents d'oeuvres très personnelles et largement méprisées du vivant de ces artistes, dont les carrières posthumes constituent une sorte de résurrection.  

    + L'association philanthropique ATD Quart-monde produit actuellement une bande-dessinée contre ce qu'elle appelle la "pauvrophobie", c'est-à-dire la peur des pauvres et les réactions violentes qu'elle entraîne parfois.

    De nos jours, la pauvreté est une notion très mal définie : par des statistiques, qui ne donnent qu'une idée relative de la pauvreté ; la différence s'est estompée entre la notion de pauvreté et celle de misère (la misère est une contrainte, tandis que la pauvreté ne l'est pas nécessairement) ; cela s'explique par le fait que la peur de la pauvreté est devenue dans les pays occidentaux/capitalistes facteur de solidarité sociale. C'est donc tout une culture que ATD Quart-monde devra renverser, non seulement quelques préjugés.

    A noter qu'il existe déjà quelques albums de BD pour lutter contre la "richophobie", notamment la série "Largo Winch".

    + Les tribunaux ont lourdement condamné la société qui a publié dans le courant de l'année 2016 plusieurs numéros d'un journal intitulé "Hara-Kiri", "empruntant" son titre à la publication créée par F. Cavanna et le Pr Choron. On peut rire de tout dans ce pays, mais de là à se moquer ouvertement de la propriété intellectuelle et du droit moral des auteurs !...

    + Exposition prochainement (15-31 déc.) à la galerie Claire Corcia (Paris, 3e arr.) des oeuvres de Burlingue, dessinateur et peintre satirique, en compagnie d'autres artistes.

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    dessin de Burlingue

  • Revue de presse BD (211)

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    + L'éviction prématurée de l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy va priver les caricaturistes français d'une importante source d'inspiration ; ses homologues Alain Juppé ou François Fillon sont beaucoup moins pittoresques. Une nouvelle publication satirique, "Sarko-Hebdo", produite à Montpellier, avait même pris l'ancien président pour mascotte.

    On ne sait pas qui, des magistrats ou des caricaturistes, a eu la peau de Nicolas Sarkozy ? Ou simplement la nécessité de renouveler les acteurs du "show" politique ? Quoi qu'il en soit, les militants de droite viennent de priver ceux de gauche d'un de leurs méchants favoris.

    + Dans le magazine "dBD" (décembre 2016), Nicolas Pagnol, petit-fils du célèbre romancier provençal, évoque les conditions dans lesquelles l'oeuvre de son grand-père est adaptée en bande-dessinée sous sa supervision :

    dBd : Mais des adaptations en bandes-dessinées de "Manon des sources" et "Jean de Florette" existaient déjà chez Casterman avec Jacques Ferrandez aux manettes...

    N. Pagnol : C'est exact ! J'ai même repris naturellement contact avec eux pour continuer, mais ils m'ont éconduit de manière fort cavalière. La directrice de l'époque a, du bout des lèvres, accepté l'idée de continuer mais... avec le même dessinateur. Or ce qui m'intéressait, c'était de faire du Pagnol, pas du Jacques Ferrandez. De là, ils ne m'ont jamais relancé, malgré mes courriers et mes nombreux coups de fil. La grande classe ! Fait amusant, suite au succès des albums chez Bamboo, ils se sont empressés de me rappeler. Je ne suis pas près d'y retourner... Ces grandes maisons sont devenues des usines à gaz.

    + Si nous n'étions pas en hiver, nous aurions pu croire à un poisson d'avril, car une version allemande de l'hebdomadaire "Charlie-Hebdo" devrait voir le jour prochainement. Cette traduction devrait être tirée à 200.000 exemplaires (!). Le succès en Allemagne du numéro suivant l'attentat contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique aurait motivé cette décision. L'entreprise relève néanmoins de la gageure ; l'humour n'est pas le plus facile à traduire dans une autre langue, surtout quand il fait référence à une politique locale ; il faudra aussi que "Charlie-Hebdo" s'adapte à la législation allemande en matière d'injures et de diffamation ; on sait que les procès sont une façon pour le pouvoir politique de réduire au silence des publications satiriques jugées excessivement impertinentes.

    "L'Eulenspiegel" est actuellement un des rares titres de presse satirique paraissant en Alllemagne (né en RDA).

    + Dans la "Quinzaine littéraire" (16-30 novembre), Rafaël Pic rend compte de l'exposition au Petit Palais (-15 janvier) des reliques du nouvelliste et critique d'art Oscar Wilde. L'expo porte sur la biographie d'Oscar Wilde, dont les déboires judiciaires liés à son homosexualité et au procès qu'il intenta au père de son amant (et perdit) sont surtout connus.

    Qui sait, par exemple, que ce dandy lettré alla tôt chercher fortune en Amérique (1882) et parvint à s'y rendre célèbre grâce à une série de 140 conférences (lui ayant rapporté 6000 dollars) ; son effigie accompagna même des réclames pour des tapis et une crème pour raffermir les seins. Mais Wilde mourra à Paris dans la dèche et l'anonymat, fabriquant un des derniers "bons mots" qui ont contribué à son renom posthume ("Je meurs au-dessus de mes moyens.")

    Comme l'exposition de manuscrits lasse vite le public, R. Pic souligne que ce type d'expo est nécessairement orienté vers l'art, la politique ou le scandale.

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    Les deux visages du périple d'Oscar Wilde à travers les Etats-Unis - caricatures parues dans l'hebdomadaire américain "Judge".

  • Revue de presse*

    Si l’initiative de cette «Petite histoire du dessin de presse français» est sympathique, le résultat laissewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,critique,kritik,romain dutreix,toma bletner,fluide-glacial,presse,satirique,française,ancien régime,convention,révolution,1789,napoléon,hara-kiri,charlie-hebdo,choron,cavanna beaucoup à désirer. L’entreprise vient s’échouer à peu près sur tous les écueils qui se présentaient sur son chemin. Etant donné l’angle choisi, très large, le résultat ne pouvait être que docte ou léger ; or il n’est ni l’un l’autre: la volonté didactique et celle de traiter le sujet sur le mode humoristique se télescopent et s’annihilent mutuellement. Résultat : on apprend peu et on ne rit guère.

    Le tandem d'auteurs, Romain Dutreix et Toma Bletner, aurait mieux fait de s’abstenir de traiter la partie historique (en partant de l’ancien régime). Ils ne font qu’accumuler des poncifs, en particulier celui de l’éclosion de la liberté d’expression au cours de la Révolution française de 1789. En réalité, en cette période très troublée, la Convention usa de la caricature à des fins polémique ou de propagande, censurant scrupuleusement tous propos contradictoires, comme c’est le cas en temps de guerre où les auteurs satiriques sont sommés de mettre leur talent au service de la patrie. La Convention entend alors se défendre contre les attaques de la presse satirique anglaise, qui présente le nouveau gouvernement de la France comme un complot de barbares terroristes.

    Quant au XIXe siècle, une fois la dictature de Napoléon Ier renversée, ce fut un véritable âge d’or en matière de presse satirique, dont les raccourcis de cette "petite histoire" ne permettent pas de rendre compte intelligiblement.

    Quand ils traitent, pour finir, de la satire aujourd’hui, les auteurs se départissent de leur ton léger pour donner leur opinion ou mentionner la publication de tel ou tel copain, parfois pas du tout satirique ni humoristique.

    L’époque de «Hara-Kiri» et «Charlie-Hebdo», ni trop ancienne, ni trop récente, est la moins mal traitée. Peut-être ces auteurs auraient-ils mieux fait de se concentrer dessus ?

    Des observateurs plus avisés et plus satiriques font état d’une nette régression de la «liberté d’expression» depuis la Libération. Le constat est facile à faire de l’organisation de plus en plus monopolistique de la presse française, propriété de quelques consortiums industriels et bancaires dont la principale préoccupation n’est pas la satire ou l’humour, mais le marketing. D'une certaine façon le "Charlie-Hebdo" de Cavanna et Choron était, à contre-courant de son époque, le dernier représentant d'une forme de presse que la seconde moitié du XXe siècle, plus policée, a abolie.

    Au demeurant la conception institutionnelle de la «liberté d’expression», défendue par certaines autorités morales républicaines aujourd'hui, frise le ridicule. Comment peut-on brandir l'étendard de la liberté d'expression quand on voit que, un cran en-dessous, la liberté de ton se raréfie.

    Revue de presse, petite histoire de la presse satirique française, par Romain Dutreix & Toma Bletner, éd. Fluide-Glacial, 2016.