Le caricaturiste britannique Wilbur Dawbarn dessine régulièrement un poisson en guise de soutien à "Eaten Fish".
+ Un jeune immigré iranien, connu sous le nom de "Eaten Fish", reçoit le soutien de dessinateurs du monde entier depuis qu'il a entamé une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention dans l'île de Manus (depuis 2014), en compagnie de près d'un millier de demandeurs d'asile comme lui.
"Eaten Fish" s'est plaint de mauvais traitement et de sévices sexuels. Le jeune homme avait dessiné une petite BD pour alerter l'opinion sur son sort et celui de ses compagnons d'infortune. Craignant de mourir, "Eaten Fish" a interrompu sa grève de la faim. Le gouvernement australien de Malcolm Turnbull s'est montré jusqu'ici inflexible.
+ Après avoir étrillé le dernier "Blake & Mortimer", "Le Testament de William S." (succès de librairie tiré à plusieurs centaines de milliers d'ex.), "l'Express" évoque la manière dont les albums de "Blake & Mortimer" sont fabriqués. L'entreprise de reprise de cette série d'Edgar Jacobs, fort lucrative, a déjà usé plusieurs bédéastes. L'un d'entre eux est même décédé pendant qu'il dessinait un nouvel opus (R. Sterne), sans qu'un lien de cause à effet ait pu être mis en évidence. Un bouquin, "L'Héritage Jacobs" (Dargaud), traite de cette opération commerciale.
Le marketing intensif ne suffit pas à expliquer le succès d'une série aussi désuète, plutôt mystérieux ; peut-être est-il dû à l'atmosphère de complot qui règne dans les aventures de "Blake & Mortimer", ainsi que dans la plupart des séries cinématographiques produites aujourd'hui à la chaîne aux Etats-Unis, flirtant avec la paranoïa ambiante ?
+ François Forcadell (agence Iconovox) dans un billet d'humeur intitulé "Quel dessin de presse ?", s'en prend aux associations et sites internet qui mélangent les dessinateurs de presse professionnels et amateurs, les accusant de pourrir le métier : "(...) Problème de ce type d’association, comme d’ailleurs celui de quelques sites et festivals, c’est celui de mélanger allègrement les professionnels qui gagnent leur vie avec ce métier (de plus en plus mal) et la cohorte de dessinateurs "de presse" autoproclamés (surtout depuis le 7 janvier 2015) ne publiant nulle part mais qu’on voit beaucoup sur les réseaux sociaux, et qui, lorsque ils sont sollicités, acceptent des tarifs de parution défiant toute concurrence."
La presse satirique va mal, c'est entendu ; "Charlie-Hebdo" est l'arbre qui cache la forêt (l'hebdo de Riss est financé par des dons faisant suite au massacre) ; mais il est plutôt mesquin d'accuser les amateurs qui pratiquent le dessin de presse, avec plus ou moins de sérieux, de gâcher la fête.
Le déclin de la presse satirique n'a pas une cause distincte du déclin de la presse française en général ; les lecteurs ne sont pas stupides au point de ne pas voir qu'on leur vend de la publicité, le plus souvent. Ils boudent les kiosques. Par conséquent les dessinateurs de presse pros et F. Forcadell se préoccupent beaucoup de la liberté d'expression en Iran ou en Russie, mais ils sont assez indifférents au progrès de la censure dans leur propre pays.
F. Forcadell évoque vaguement "l'inculture des médias" ; il faut préciser que le métier de rédacteur en chef a changé, en même temps que le but assigné aux journaux, d'être désormais des tracts publicitaires et politiques. La presse gratuite distribuée à la sortie du métro est le modèle vers lequel la presse tout entière tend : un produit industriel dans lequel la satire, dessinée ou non, n'a pas sa place. Le succès d'internet auprès des Français vient peut-être de ce que la presse française est la plus nulle au monde ?
Ajoutons encore ceci : "Hara-Kiri", du temps de son succès dans les années 1970 visait déjà, non pas tant la classe politique que la presse et les journalistes. Le Pr Choron a précisé que sa fameuse Une censurée "Bal tragique à Colombey...", ne visait pas particulièrement de Gaulle ou sa famille, mais la presse française, véritable gabegie de papier imprimé, qui ramène l'écrit au rang de culture orale. Le ministre de l'Intérieur Marcellin, en charge de la censure, était trop con pour le comprendre, mais pas assez pour renouveler contre "Charlie-Hebdo" la sanction qui venait de frapper "Hara-Kiri".
+ Si l'on insiste autant sur la dimension satirique de la caricature, c'est parce qu'elle peut avoir une fonction plus vile, polémique ou de propagande (le communiste et censeur J.-P. Sartre parle d'"art engagé" pour dissimuler la fonction religieuse de l'art stalinien, dans la droite ligne de la propagande catholique). La caricature peut aussi être mise au service d'une vengeance privée. Ainsi de quelques caricatures exécutées par la sculpteure Camille Claudel, afin de se venger de son amant Auguste Rodin qu'elle souhaitait épouser; on aperçoit l'une de ces caricatures dans un documentaire (41'50'') consacré principalement à Rodin et à la "Porte de l'Enfer", chef-d'oeuvre inachevé de l'artiste (d'après Dante), dont la plupart des oeuvres célèbres sont extraites... jusqu'à la fameuse statue en pied de Balzac, commandée par la Société des gens de lettres, avant de se rétracter devant le résultat. De fait si Rodin en était fort satisfait, son Balzac a un aspect caricatural, proche de l'art de Daumier (documentaire en replay jusqu'au 07/04 compris).
+ "Siné-Mensuel" d'avril publie en Une un dessin de... Siné. Il faut dire que pour ce type de publication, la Une est capitale pour promouvoir le numéro. Egalement affichiste, Siné excellait dans ce registre (d'où son emploi post-mortem) ; mais aussi Cabu, très polyvalent ; Reiser, avec ses formules cinglantes, faisait de bonnes unes ; ou encore Willem, Wolinski, Gébé (pour les amateurs d'art abstrait)...
"Charlie-Hebdo" essaie quelques petits nouveaux, afin de remplacer Cabu et Charb, comme Félix dans le dernier numéro (qui ose les crayons de couleur).