Gilets jaunes à l'oeil, par KROKUS (aussi dans "Siné-mensuel")
+ Caméra au poing, le député F. Ruffin est allé à la rencontre des Gilets jaunes sur les ronds-points dans le but de faire un film et de comprendre ce mouvement qui a surpris plus d'un militant politique.
Il raconte dans "Les Cahiers du Cinéma" (février) avoir reçu un accueil mitigé : - Les syndicats, les politiques, on veut pas vous voir.
Et F. Ruffin de préciser : - J'ai négocié pour commencer le tournage sur un rond-point à Amiens-Nord où il y avait une situation super. Mais nul n'est prophète en son pays : ils ont voté et dit : "Non, il n'y aura pas d'images, s'il veut filmer les gens, il peut, mais seulement chez eux..." J'étais bienvenu à titre personnel mais en tant que député avec une caméra, c'était niet !
Si ce n'est sur les ronds-points, Ruffin a pu filmer certains Gilets jaunes à leur domicile.
- Dans notre film, on arrive sur une rond-point où on voit un immense portrait d'un gilet jaune. C'est le rôle de l'art : une intervention artistique qui donne une fierté aux gens, un espèce de totem qui les symbolise et qu'ils vont défendre. Mais la police a cassé cette oeuvre, c'est un autodafé artistique.
Qu'est-ce qui se passerait si j'allais à la fondation Louis Vuitton de Bernard Arnault pour casser ses oeuvres ? (...)
+ Le couple de sociologues, M. & Mme Pinçon-Charlot, auteurs d'un ouvrage sur la "violence des riches" (2013), a récemment été accusé de "richophobie" par le quotidien "Les Echos".
"Le Monde" à son tour reproche aux Pinçon-Charlot leur manque de "scientificité" (sic). A en croire l'auteur de l'article, Florent Georgesco, leurs ouvrages bafoueraient la méthode sociologique.
A propos de la richesse, Molière a produit une description psychologique d'une grande finesse puisque elle comprend la dimension métaphysique ou fantasmatique de la richesse. L'avare Harpagon ne possède pas seulement une cassette pleine d'or, il est aussi possédé par elle au point de ne plus s'appartenir, comme on disait autrefois des personnes aliénées.
Il y a là une clef importante pour comprendre la violence de la culture bourgeoise. Quelques trissotins du CNRS peuvent bien contester la scientificité de Molière, cela n'enlève rien à la justesse de sa psychologie ni à la fortune critique de Molière.
"Psikopat" d'octobre 2018 et sa couverture prémonitoire (par Carali).
+ Le magazine "Les Inrockuptibles" a demandé à Mélaka de s'expliquer sur la disparition du magazine de BD "Psikopat" qu'elle dirigeait. Il lui a demandé aussi si elle voyait des éléments positifs dans la situation actuelle de la presse écrite.
- Les éléments positifs de la disparition de la presse ? Euh, toute la pollution en moins ? Les routes débarrassées d'un certain nombre de camions ? La possibilité d'avoir les mêmes plaisirs de lecture, mais en dématérialisé ? Par sa tablette, son portable ? Consultable partout, tout le temps ? Non contingenté par aucune contrainte physique ? (...)
- Pour moi, c'est clair, la presse papier n'a pas d'avenir.
Les propos de Mélaka trahissent une forme de dégoût de la chose imprimée. Internet est placé au banc des accusés comme à chaque fois que l'on évoque la faillite de la presse écrite. En réalité la presse écrite était déjà morte avant la naissance d'Internet. Comment reprocher le désintérêt pour "la vie démocratique" aux Français quand il n'y a plus qu'un cadavre agité par des poulies et des courroies de transmission en fait de "vie démocratique" ?
(Hommage par Fred Sochard)
+ Le grand Tomi Ungerer est mort cette semaine dans son sommeil à l'âge de 87 ans. Grand, Ungerer l'était par la taille, mais surtout par la renommée puisqu'il était considéré comme l'un des deux ou trois meilleurs illustrateurs de livres pour enfants en activité. Les catholiques, les protestants, les Français, les Irlandais, les européistes et les érotomanes revendiquent déjà son héritage.
Ce qui n'est pas donné à tous les dessinateurs en vieillissant, Ungerer a pu s'adonner à son art jusqu'à la fin. Il venait juste de s'épancher dans une longue interview donnée à "Libération".