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reportage

  • Revue de presse BD (246)

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    + Accusé par certains de nuire au métier de caricaturiste, l'Internet permet quoi qu'il en soit de découvrir certains dessinateurs talentueux, amateurs ou professionnels, lorsque ces derniers publient dans des titres dont la diffusion est restreinte - ainsi du dessinateur Michel Cambon ("Lettre du Cadre") ou de Delestre ("Est républicain" - ci-dessus).

    + "Arrêtez de manipuler l'Histoire !" titre cette semaine l'hebdomadairewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,octobre,2017,delestre,est-républicain,caricaturiste,jacques ferrandez,elsa charretier,comic con,albert camus,mathieu van overstraeten,premier homme,pied-noir,marianne,histoire,derain,giacometti,france 5,reportage,avant-garde,tanxx,expo,lyon "Marianne" en "Une", accusant la classe politique d'instrumentaliser cette science. C'est un comble de la part d'un magazine placé sous le patronage de "Marianne", emblème d'un culte républicain largement négationniste. La République s'enorgueillit ainsi d'être le résultat d'un processus révolutionnaire émancipateur, alors qu'elle est tout autant, si ce n'est davantage, le terme d'un processus répressif et coercitif.

    L'instrumentalisation de l'Histoire commence à l'école, où la "mémoire" est substituée à l'Histoire, afin de conférer une signification morale (donc religieuse) à l'Histoire. Il est un exemple récent assez probant, c'est la fabrication de la statue du commandeur de Gaulle, en quelques décennies à peine ; le consensus politique sur ce sujet, qui va pratiquement de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, s'oppose à l'exigence d'un bilan critique.

    Ce n'est pas tant à la classe politique que l'on peut reprocher d'instrumentaliser l'Histoire, d'ailleurs. En cela elle ne fait que se comporter comme les générations de politiciens qui l'ont précédée depuis que la France est "laïque", et même avant. Plus inquiétante et plus récente l'instrumentalisation par la presse et les élites intellectuelles. Celle-ci constitue un des symptômes du totalitarisme, repéré à la fois par H. Arendt et G. Orwell ; chacun à sa manière a signalé la confusion du registre scientifique et du registre politique dans la culture totalitaire, alors même que la politique et la science ne répondent pas au même besoin ou attente.

    + Les "comics" échappent rarement au domaine de la culture de masse, cet opium du peuple américain. Elsa Charretier, jeune Française dessinatrice de "comics" invitée à la récente "Comic Con" parle de la dimension "stakhanoviste" de son métier :

    - Le comics US est synonyme de publication hyper-rapide, parfois infernale. Faire vingt-deux pages par mois, c’est difficile. L’endurance, c’est la clé, pour savoir durer dans le métier.

    Caractéristique des ouvrages de pur divertissement, le labeur intense qu'ils réclament. Le divertissement et l'idée moderne du travail ne s'opposent pas, ils sont complémentaires. La religion aurait le grave inconvénient, aux yeux de certains, d'exciter le sentiment de culpabilité: en réalité celui-ci persiste de façon non moins contraignante dans les sociétés sécularisées autour de la notion de travail. Le chômeur est le pécheur des temps modernes.

    + Jacques Ferrandez, après avoir adapté "L'Etranger" de Camus en BD, s'est lancée dans une entreprise plus risquée : la transposition du "Premier Homme", roman inachevé du même Albert Camus, sous la houlette de la fille de Camus, avec qui Ferrandez partage ses origines "Pied-Noir". Ferrandez a été interrogé sur les conditions d'une telle reprise par Mathieu Van Overstraeten.

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    Autoportrait de Derain.

    + On peut encore, à condition de se dépêcher, regarder le reportage que la télévision (France 5) consacre à l'amitié entre le peintre Derain et son cadet le sculpteur Giacometti, deux artistes en proie au doute que leur individualisme entraîna à l'écart de "l'avant-garde", expression de la foi dans l'Avenir.

    Les "cas" de Derain, "fauviste malgré lui" et Giacometti, permettent aussi de comprendre que l'opposition entre l'art abstrait et l'art figuratif n'est qu'une question de degré ou de tendance.

    Ce reportage fait écho à une expo Derain, Balthus & Giacometti au Musée d'Art moderne de Paris (-29 oct.).

    + La bédéaste-linograveuse anticonformiste & cabalistique Tanx expose son travail à Lyon, dans le quartier de la Guillotière (vernissage ce jour). Tanx tranche avec le style feutré des auteurs de BD, explosant en coups de gueule réguliers contre tout ce qui porte des couilles (au sens propre) ou au contraire n'en porte pas (au sens figuré).

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  • Revue de presse BD (219)

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    Dessin de Ted Rall à propos de l'abstention des afro-américains ("Difficile de choisir entre celle qui feint de s'intéresser à nous et nos problèmes, et le type qui dit honnêtement qu'il s'en contrefout").

    + Au long de la récente campagne pour les élections présidentielles américaines, le dessinateur de presse américain Ted Rall ("Passage afghan") a combattu dans ses strips le manichéisme en vogue à Hollywood consistant à opposer la "gentille" Hillary Clinton au "méchant" Donald Trump.

    La presse, britannique cette fois, se montre plus sévère avec B. Obama, à l'heure du bilan, que la plupart des éditorialistes français ; "The Guardian" de Londres publie ainsi une tribune de Gary Younge : "Comment Obama a ouvert la voie à Trump", précisant : "Pendant le crash financier, Obama s'est rangé du côté des banquiers et non des gens expulsés de leur domicile - rendant la victoire de Trump possible."

    + La revue "Fluide-Glacial" vient de publier un numéro spécial "Idées noires", tandis que la bibliothèque duwebzine,bd,fanzine,gratuit,zébra,bande-dessinée,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2017,actualité,michel houellebecq,cahiers de l'herne,pif le chien,fluide-glacial,idées noires,franquin,gotlib,pixel vengeur,hausman,edika,fabrice erre,goossens,ted rall,hillary clinton,donald trump,passage afghan,hollywood,obama,the guardian,gary younge centre Pompidou expose le travail de Franquin. Ce numéro reproduit quelques planches des "Idées noires" (dont les plus antimilitaristes), publiées dans "Fluide-Glacial" par Gotlib, qui présentait Franquin comme son "maître". Produit de la collaboration entre Franquin (dessin) et Gotlib (scénario) quelques planches plus rares figurent aussi dans ce n° spécial ; ainsi que divers hommages rendus par des dessinateurs de "Fluide" : Pixel Vengeur, Hausman, Edika, Fabrice Erre, Goossens... de qualité inégale.

    + Les "Cahiers de l'Herne" consacrent leur dernier numéro au romancier et poète Michel Houellebecq. Ces cahiers sont censés dévoiler des pans peu connus de la personnalité ou de l'oeuvre de tel ou tel homme de lettres. Mais un critique fait remarquer que "plus on s'approche de Michel Houellebecq, plus il paraît flou."

    Extrait : "La bande-dessinée belge n'a rien produit, en matière d'aventures, qui égale la grande période de Pif le Chien. En 1970 je jouais encore aux billes, je lisais Pif le Chien. La belle vie. Puis une série de catastrophes s'est produite, et j'ai plus ou moins cessé d'être un enfant." M. Houellebecq (tiré de "L'Idiot international" n°77, mars 1992) ; on sait que Michel Houellebecq fut plus attaché à Clément, son chien, qu'au restant de l'humanité - comme quoi les lectures d'enfance peuvent marquer durablement.

    + La nouvelle revue "Topo", paraissant tous les deux mois, traite pour les moins de vingt ans de l'actualité, sous forme de petits dossiers ou de reportages BD. Ce magazine, qui entend redonner au journalisme ses lettres de noblesse, est malheureusement très lisse et conventionnel. Ainsi dans le dernier numéro, il est question de sport : des élèves de l'Insep (Institut national du sport) présentent leur entraînement : vu le nombre de tricheurs, de drogués, de masochistes, de dépressifs, pratiquant un sport dit "de haut niveau", on s'attend à plus d'esprit critique de la part d'un magazine destiné aux moins de vingt ans.

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    D'une certaine façon, le complotisme est presque rassurant, car si la mondialisation et le phénomène de concentration des Etats et des richesses ne sont pas le fruit du complot d'une petite élite dirigeante, cela signifie que la mondialisation ne procède d'aucune politique concertée... hypothèse encore plus inquiétante.

     

  • Revue de presse BD (208)

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    Message peint par Magritte

    + Un autre musée parisien, le musée Pompidou, rend hommage à un autre artiste Belge : Magritte, dont quelques rébus-peints sont imprimés sur la rétine d'à peu près tout le monde (jusqu'au 23 janvier). De l'art de Magritte comme de l'art d'Hergé n'émane aucune sensualité. C'est là un point commun aux deux artistes belges (wallon et bruxellois), et pourquoi ils sont modernes tous les deux - l'art moderne n'est plus tout à fait de l'art (au sens païen du terme). Le parallèle s'arrête là, car beaucoup de choses sont inconscientes chez Hergé, qui pour différentes raisons (son jeune âge, son tempérament introverti...) n'avait pas la maîtrise de son art, mais se focalisait surtout sur le style. L'expo Magritte nous rappelle, au contraire, que le message délivré par Magritte est consciemment dirigé contre la peinture, qui après l'avoir fasciné, avait fini par lui inspirer du dégoût (la peinture de Chirico réveilla un peu le désir de Magritte de peindre). 

    + Reportage confraternel de Coco au concert de Renaud au Zénith fin octobre ("Charlie-Hebdo" 2 novembre). Renaud dit désormais admirer le candidat Fillon, mais les fans du chanteur à textes mettent sans doute ça sur le compte de la tisane qu'il boit avant le début de son concert pour soigner sa voix. Coco rapporte que Renaud, après avoir avoué : "J'ai embrassé un flic", ajoute : "Mais attention : j'ai pas embrassé un militaire." Il est vrai que, si l'esprit bidasse est de droite, l'esprit flic, quant à lui, est le privilège de la gauche.

    + L'éditeur de BD Bamboo, surtout connu pour sa BD satirique "Les Profs" et quelques titres spécialisés dans la caricature de différents sports, vient de racheter la maison Audie, éditrice de "Fluide-Glacial", l'hebdo humoristique fondé par Gotlib. Et la presse de commenter ainsi la nouvelle : "Bamboo va devenir un poids lourd sur tous les rayons humour, que ce soit en librairie ou dans les grandes surfaces."

    + La Foire internationale d'art contemporain s'est ouverte dans un contexte boursier difficile. Comme chaque année, les organisateurs de la FIAC nous promettent : - Le changement, c'est maintenant ! Cela situe l'art au niveau de l'espoir.

    + Frédéric Hojlo dans Actuabd narre la mésaventure posthume de George Orwell, dont le conte "La Ferme les animaux", inspiré par les purges de Staline (bien que le porc-dictateur se nomme "Napoléon"), fut racheté afin d'être adapté en dessin-animé et en bande-dessinée afin de servir d'arme de propagande anticommuniste (lorsque les intérêts des Etats-Unis et de l'URSS commencèrent de diverger). Il n'est pas rare que des ouvrages satiriques soient récupérés par tel ou tel parti politique ; parfois cela se fait avec le consentement de l'auteur, mais Orwell se distingue par son indépendance. F. Hojlo nous rappelle opportunément que Orwell voyait les "comics" américains d'un mauvais oeil, comme une manifestation de la culture de masse totalitaire.

    Les années ont donné raison à Orwell : en effet on a vu l'Union soviétique devenir capitaliste à toute vitesse, signe que l'esprit critique n'était guère développé à l'Est, mais plutôt une forme de nationalisme déguisée en discours pseudo-marxiste. Orwell, issu du peuple, fit notamment un effort pour rendre l'homme du peuple pessimiste, c'est-à-dire plus lucide. Orwell se montre particulièrement vigilant vis-à-vis de la caste des intellectuels, en charge de l'invention des nouvelles chimères modernes.

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    Le dessinateur britannique Norman Pett, chargé d'adapter La Ferme des animaux, était un auteur de comics de propagande nationaliste ("Jane") comme Milton Caniff (comics contenant la ration d'érotisme destinée à émoustiller l'homme de troupe).

  • Revue de presse BD (188)

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    Croquis de Bruxelles avant les attentats, par Placid.

    + "Qu'est-ce que c'est barbare le langage juridique !" (Placid dixit) ; peintre et dessinateur de presse, ledit Placid s'est vu condamné à une amende de 500 euros en 2007 pour avoir représenté un policier avec des traits porcins en couverture d'une brochure (plainte déposée par le ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant). Via son blog, Placid publie ses croquis très expressifs de Paris ou d'ailleurs, dans différentes techniques (feutres, crayon graphite).

    + Il y a trente ans, l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine jetait un froid dans toute l'Europe, si confiante dans sa technologie au sortir des "Trente glorieuses". Comme le reportage BD est à la mode, la chaîne de TV "Arte" a envoyé Nicolas Wild accompagner une équipe de télé dans la "zone d'exclusion" autour de la centrale, périmètre où il ne fait pas "bon vivre", dit-on, mais qui suscite bien des fantasmes. Etant donné que la pollution chimique est presque omniprésente désormais, certains prétendent que la zone d'exclusion n'est pas le pire endroit où vivre.

    N. Wild s'en sort en éludant le sujet technique, un peu trop pointu, et qui semble dépasser les spécialistes de la physique nucléaire eux-mêmes, tout comme l'économie échappe aux économistes. Notre reporter BD préfère évoquer plutôt les retombées de la catastrophe sur le plan artistique ou littéraire. Il est étonné d'apprendre par les artistes locaux, moins ignorants de la Bible que leurs confrères de l'Ouest, que "Tchernobyl" se traduit par "absinthe", ce qui permet à certains de relier la catastrophe au passage de l'apocalypse suivant : "(...) et le troisième ange sonna de la trompette; et il tomba du ciel une grande étoile, ardente comme une torche, et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. Le nom de cette étoile est Absinthe; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent de ces eaux, parce qu'elles étaient devenues amères." (ap. chap. VIII) (absinthe = poison dans le langage biblique ; l'apocalypse énumère une succession de fléaux comparables aux fléaux qui frappèrent l'Egypte dans l'Ancien testament attribué à Moïse).

    La culture technocratique "prométhéenne" émancipe l'homme de dieu et/ou de la nature, d'une manière assez superficielle pour que tel ou tel cataclysme extraordinaire l'y ramène subitement. Comme la catastrophe de Tchernobyl est la conséquence d'une défaillance humaine, que le KGB et les services secrets des différentes nations impliquées tentèrent de dissimuler ou de minimiser, elle entraîne naturellement un regain de confiance dans les discours traditionnels "religieux", notamment dans les plus jeunes générations. Un tel "retour en arrière" n'a rien d'étonnant dans la mesure où la confiance en l'avenir, nécessaire au maintien de l'ordre prométhéen, cette confiance était elle-même une forme de superstition, déguisée en science-fiction, quoi qu'il en soit étrangère à l'esprit critique.

    + "Il est prouvé aujourd’hui que la bande dessinée est l’un des médias les plus puissants pour transmettre une idéologie (ce n’est pas pour rien que l’armée américaine l’a utilisé et l’utilise encore)" : le blog confessionnel musulman le-BD-Ouin.com tient à mettre en garde ses lecteurs contre la lecture des aventures des super-héros américains dans un article assez bien documenté intitulé : "Le danger des super-héros pour la jeunesse musulmane". Certains arguments sont néanmoins paradoxaux : si on comprend qu'un musulman mette en garde contre un discours néo-païen explicite, véhiculé par certains "comics" dont les références sont analogues à celles de la culture nazie, en revanche il est plus étonnant de le voir condamner d'autres super-héros (Superman en premier lieu), dont il démontre que les auteurs ont truffé le scénario de références bibliques [?]. Il faut rappeler ici que la Bible est en grande partie elle-même un texte d'ordre mythologique, et non un récit bâti suivant les règles de la fiction moderne.

    Un argument est néanmoins imparable : la propagande moderne est comparable à l'idolâtrie, susceptible par conséquent de déclencher le fanatisme ; on a pu voir dans des reportages télévisés des soldats américains monter à l'assaut en Irak, ivres de sang, écoutant de la musique "heavy metal" pour attiser leur haine et s'encourager. L'Etat américain, en principe de confession "judéo-chrétienne", ferme les yeux sur ces rituels militaires sataniques, ainsi que sur les tortures à base de sévices sexuels ; l'Etat français, en principe anticonfessionnel, ferme les yeux sur les pratiques confessionnelles d'une partie des troupes affectées à sa défense.

    + Après-demain, samedi 30 avril, se tiendra au "Petit Ney" (Paris XVIIIe) le forum du fanzine, qui propose plusieurs "ateliers" destinés à populariser ce type de publications "modestes". Programme complet sur le site des organisateurs.

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    Croquis de N. Wild effectué dans la zone d'exclusion autour de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl.

  • Revue de presse BD (149)

      Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue de presse,hebdomadaire,mai,2015,chérif kouachi,courrier international,reportage,gianluca costantini,kazuto tatsuta,fukushima,ted rall,afghanistan,charlie-hebdo,luz,zineb el razhoui,riss,country life,shakespeare,herball,mark griffiths,william cecil,francis bacon,william rogers,john gerard,freud,mark twain,nietzsche

     

    + Scoop littéraire du siècle, selon le directeur de « Country Life » (19 mai), la publication du premier portrait authentique de Shakespeare, exhumé par l’historien et botaniste Mark Griffiths. Le portrait supposé figure au frontispice d’un ouvrage savant de botanique de près de 1500 pages, rédigé par John Gerard, et vieux de quatre siècles (1598), « The Herball of general Historie of Plantes ». Le fameux poète et tragédien a été dessiné par William Rogers en compagnie de trois autres personnages contemporains du règne d’Elisabeth 1re (dont William Cecil, trésorier de la Reine et politicien de premier plan), qui ont permis à Mark Griffiths, au terme de cinq années d’enquête d’identifier Shakespeare, de même que les différents symboles utilisés par le dessinateur. On peut être surpris par la présence de Shakespeare au fronton d’un ouvrage de botanique, mais c’est ignorer l’esprit humaniste de la Renaissance, qui unit et rassemble les sciences au lieu de les étudier séparément ; de plus les lecteurs de Shakespeare savent qu’à l’instar des poètes antiques, le tragédien anglais possède la botanique et en tire de nombreuses métaphores.

    Jusqu’ici on ne disposait que de portraits fantaisistes de Shakespeare, seulement propices à entretenir le folklore, et la découverte de M. Griffiths, si elle s’avère exacte, pourrait bien avoir un impact considérable. On remarque en effet d’emblée que le portrait de Shakespeare illustrant la page de titre de « The Herball » n’a que très peu de ressemblance avec le personnage au visage poupin et au front dégarni, dépourvu d’expression comme un masque, sur lequel le roman national anglais s’est appuyé pendant longtemps.

    Cette trouvaille pourrait avoir pour effet de redonner de la vigueur à une querelle déjà ancienne à propos de l’attribution à l’acteur natif de Stratford-sur-Avon de l’œuvre monumentale de Shakespeare, qui oppose « grosso modo » l’université ou la science scolastique à quelques francs-tireurs isolés, dont la renommée, à défaut du nombre, suffit à contrebalancer le poids de la scolastique : Mark Twain en tête, mais aussi S. Freud et F. Nietzsche.

    La piste Francis Bacon, notamment, pourrait être relancée, non seulement en raison d’un profil physique similaire, mais du rapport étroit entre Bacon et les autres personnages. Bacon a en outre publié des ouvrages de botanique, de chimie, de diététique et de jardinage.

    L’Angleterre, persuadée d’avoir engendré le Homère des temps modernes se passionne déjà pour cette découverte, qui suscite l’ironie, l’enthousiasme ou la curiosité.

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  • Sables noirs****

    Sous-titre : 20 semaines au Turkménistan. Le reportage en bande-dessinée est à la mode ; si la pressewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,troubs,sables noirs,turkménistan,turkménie,mer caspienne,futuropolis,reportage,bouygues française était plus libre, on pourrait peut-être même en lire plus dans les journaux, au lieu de BD un peu débiles comme « Blueberry » ou « Largo-Winch » ; en effet les photos ne se prêtent pas bien à la reproduction dans les pages de journaux, en raison du mauvais papier. Le dessin est plus net.

    Un autre obstacle est sans doute la rareté des dessinateurs capables de faire du reportage ; de ce point de vue aussi, Cabu était exceptionnel. La formule de « La Revue dessinée » n’est pas encore très convaincante, qui reprend le modèle des BD pour enfants, tirant vers la fiction et pas assez synthétique.

    L’album de Troubs est un peu entre les deux : il part du récit se son expédition en Turkménie pour y faire traduire et illustrer quelques poèmes de Prévert, mais on sent un effort pour prendre du recul et donner de ce pays une image aussi juste que possible. Ce petit Etat à l’Est de la mer Caspienne, anciennement partie de l’empire soviétique, et officiellement indépendant depuis 1991, est isolé à bien des titres : pas de touristes, et un régime qui n’encourage pas le tourisme ; interdiction de prendre des photographies, que de jeunes gens effectuant leur service militaire sont chargés de faire respecter ; en dessinant ce qu’il y voit, Troubs profite d’un vide juridique. Le législateur n’a pas estimé que le dessin représentait une menace.

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  • Revue de presse (135)

    Extraits de la revue de presse illustrée publiée dans l'hebdo Zébra.webzine,gratuit,zébra,bd,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue de presse,hebdomadaire,alexis tsipras,portrait,grec,titina chalmazi,jean-christophe menu,xavier bonnefont,ump,angoulême,festival,luz,charlie-hebdo,elouarn,reportage,denis robert,cavanna,charlie-hebdo,fécocorico,sennep,ballouhey,claude favard,bonnot,vichy,occupation,plantu,dieudonné,new-yorker,versailles,lycée hoche,cabu,marcel cabut,académie julian,pilote

    Alexis Tsipras façon star de ciné ou "rock star" par l'artiste grecque Titina Chalmatzi.

    + Retour sur le 42e festival d'Angoulême qui s'est déroulé le week-end dernier sans attentat terroriste, ni lynchage d'éditeur de BD par les auteurs en colère. Jean-Christophe Menu, ancien directeur éditorial de "L'Association", a été mandaté par Luz pour y recevoir le prix décerné à "Charlie-Hebdo". J.-C. Menu, sans doute inspiré par la "fièvre grecque", a tenu un discours très "mélenchonien", se payant au passage le luxe de traiter de con le maire UMP d'Angoulême, Xavier Bonnefont, présent dans la tribune. Ce dernier n'a pas bronché : on n'est plus en "Mai 68" et le FN est le premier souci de l'UMP désormais, non plus les discours écolo-communistes. Comme la satire n'est pas incompatible avec la vérité historique, signalons que le propos de J.-C. Menu selon lequel la liberté d'expression serait une conquête du peuple contre l'absolutisme relève de la pure propagande. Les grandes révolutions populistes en Europe -française, bolchevique...-, n'ont pas débouché sur des régimes favorables à la liberté d'expression, bien au contraire.

    + Un blogueur, amateur érudit de BD franco-belge, Elouarn, a publié sur son blog ce petit reportage sur le festival. C'est propre, net et sans bavure, comme une notice de guide Michelin.

    + Interwievé par le quotidien gratuit "20 Minutes" à Angoulême (30 janvier), le journaliste Denis Robert, dont le travail d'investigation sur l'affaire Clearstream a été adapté en BD, évoque par ailleurs un documentaire sur François Cavanna ("Cavanna, même pas mort"), qui sortira en avril : "ça me trottait dans la tête avant même sa disparition, alors qu'il était déjà très affaibli (...). L'ironie, c'est que je n'arrivais pas à trouver de distributeur et que depuis les événements de "Charlie-Hebdo", ils se bousculent au portillon." C'est officiel, "Charlie-Hebdo" n'appartient plus à la contre-culture.

    + Le dernier webzine bimestriel "Fecocorico", publié par l'association de caricaturistes français Feco-France, rend naturellement hommage à l'équipe de "Charlie-Hebdo". Curieusement, des portraits photographiques des victimes ont été préférés à l'un des nombreux dessins publiés à l'intérieur. Le dessinateur Ballouhey consacre un article à Claude Favard, alias Bonnot. A la demande des ayants-droits, il a ôté les illustrations de son article. Comme on parle beaucoup des valeurs républicaines, en ce moment, et de les inculquer à l'école avec plus de fermeté, c'est l'occasion de rappeler que la propriété est de loin la plus importante, dont toutes les autres découlent. Quand la propriété fout le camp, tout fout le camp.

    Déjà auteur d'un intéressant article sur l'inspiration des caricaturistes français par les fables antiques, dans le précédent numéro de Fécocorico, JMB se penche cette fois sur la production du dessinateur Sennep (1894-1982) pendant l'Occupation. D'une part des dessins humoristiques commandés à Sennep par les hôteliers de Vichy, réquisitionnés par le gouvernement de Pétain, afin de ne pas se faire oublier de leur clientèle commerciale et la faire patienter (!). D'autre part une série de dessins tournant paradoxalement en dérision le régime de Vichy. L'auteur de l'article mentionne l'anti-intellectualisme parmi les leitmotivs de la propagande de Vichy ; c'est en effet un thème nietzschéen (néo-païen), mais il est également marxiste et donc pas spécialement "vichyste".

    + Le dessinateur Plantu est la cible de plusieurs de ses confrères caricaturistes. Nous-mêmes reproduisions la semaine dernière un dessin de James Van Ottoprod, ironisant sur le manque de mordant des dessins de Plantu, ornant la "Une" du "Monde" depuis des lustres (-1972). Plus vachard, un dessin de Babouse dans le numéro best-seller de "Charlie-Hebdo" suggère que l'hommage de Plantu à "Charlie-Hebdo" n'est pas sincère. Les dessins de Plantu sont dans le goût "américain" - je ne parle pas de l'humour subtil du "New-Yorker" à destination des élites new-yorkaises cultivées, mais plutôt des dessins de presse politiques américains, didactiques, dont le but est de résumer tel ou tel conflit de politique interne le plus souvent. Est-ce son soutien à Dieudonné, sa position avantageuse au "Monde"son style de dessin, sa satire des méthodes de la CGT, qui ont valu à Plantu toutes ces flèches ? (déjà Cabu, de son vivant, ne le ménageait pas). Il y a sans doute un peu de tout ça. Néanmoins, au cours des dernières années, les dessins de Plantu lui ont valu des menaces ou des pressions de la part de lobbys plus puissants, du moins en France, que les partis islamistes radicaux du tiers-monde. Il est en outre plus difficile d'être incorrect en "Une" du "Monde" que de "Charlie-Hebdo" - du moins c'était le cas tant que "Le Monde" avait plus d'abonnés que "Charlie-Hebdo".

    "Versailles magazine" (février 2015) rend hommage à Cabu, qui fréquenta le lycée Hoche de cette ville dans les années 50, venu de Châlons-sur-Marne où son père, Marcel Cabut, était prof (ENSAM). "Il s'installe à Paris en 1954, découvre Trenet à l'Olympia, le jazz, fréquente l'Ecole Estienne et croque des modèles vivants les week-ends à l'Académie Julian." "Versailles magazine" note en outre que, "dans le n°222 de "Pilote", on retrouve les dessins de Cabu, venu faire son reportage 11 ans après son passage au lycée. Caché derrière son personnage, il évoque certains de ses professeurs : Monsieur Hélier, professeur de mathématiques, Monsieur Mazin, professeur d'Histoire-Géographie... Il parle de son 1er prix de gymnastique, confie à quel point les frites du lycée sont bonnes (...)"