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robert crumb

  • Revue de presse BD (447)

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    - Au programme cette semaine :  1. Vaudeville politique ; 2. Robert Crumb cartoone en France  ; 3. L'art de la propagande par A. Stupin  ; 4. L'art de la caricature par Auguste Roubille dans le Canard Sauvage ; 5. Caricature par Zombi ; 6. Le n° de Zébra de juin est paru !

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    Caricature par tOad.

  • Revue de presse BD (431)

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    - Au programme cette semaine :  1. Hara-Kiri et la pandémie de grippe de Hong-Kong en 1969 ; 2. Expo. Robert, Aline et Sophie Crumb à Paris ; 3. Expo. Louis-Léopold Boilly à Cognacq-Jay ; 4. Daumier à Jérusalem.

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  • Revue de presse BD (210)

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    + Dilemme en librairie cette semaine puisque sont proposés simultanément deux gros bouquins, l'un à 20 euros (Les Cahiers dessinés) regroupant un choix de dessins de Tomi Ungerer, l'autre à 30 euros (Taschen) rassemblant un paquet de croquis de Robert Crumb. Il faut choisir, car deux dessinateurs misogynes d'un seul coup, ce serait sans doute une dépense trop difficile à justifier. Sans vouloir influencer le lecteur, la sobriété des dessins d'Ungerer force l'admiration ; il y a peut-être chez Crumb un peu trop de détails. Le plus misogyne des deux n'est pas forcément celui qui dit qu'il l'est (Crumb).

    Marie-Hélène Gatto annonce dans le trimestriel « De ligne en ligne » la prochaine expo. Gaston Lagaffe en chantier à la bibliothèque du Centre Pompidou en soulignant l’astuce éditoriale de son inventeur, Franquin, qui crée un personnage d’antihéros dans un magazine de BD d’aventure pour enfants- dont la première apparition discrète dans « Spirou » date du 28 février 1957. Le personnage ne prend la parole pour la première fois que six semaines après son apparition. Il dévoilera au public les coulisses de la maison Dupuis et du métier d’amuseur pour enfants, qui n’a rien d’aventureux, et que Franquin éprouva parfois de la lassitude à exercer.

    «Pendant plusieurs semaines, entre décembre 1959 et janvier 1960, Spirou paraît sans Gaston. Jusqu’à ce que Fantasio, pris de remords, lance un appel aux lecteurs : - Ecrivez tous, en masse, par milliers, écrivez à M. Dupuis de reprendre Gaston. L’appel est entendu : plus de 7000 lettres seront reçues, et Gaston est réintégré à l’équipe en janvier 1961. Le héros sans emploi est devenu une véritable star.»

    Gaston Lagaffe est précurseur du "Trombone illustré", supplément à « Spirou » lancé par Franquin et Yvan Delporte en 1977, beaucoup plus satirique que le magazine pour enfants dans lequel il était inséré.

    + A propos de "Fluide-Glacial", où Gotlib publia les "Idées noires" de Franquin, perles d'humour noir en BD, Jacques Diament publia en 2010 (L'Harmattan) : "Fluide Glacial, Gotlib... et moi" ; la première moitié est intéressante, décrivant de façon vivante les galères du début, la fabrication d'un journal, les choix éditoriaux, les coups de pouce du destin...), la seconde partie est bâclée.

    + Yves Frémion rédige ici ou là des chroniques sur les ancêtres de la bande-dessinée ; dans le dernier magazine publicitaire "Zoo n°62" (p.53), il nous instruit sur "la BD orale des colporteurs". Avec l'invention de la gravure naquit le métier de colporteurs d'images, religieuses notamment, transportées et vendues de village en village.

    "(...) Très vite s'agglutinent aux images pieuses des images plus profanes (contes de fées, fables, histoires plus ou moins réelles, légendes, chansons...). (...) L'arrivée du colporteur dans un village devient un spectacle. (...) Ces esquisses de BD sont orales. Puisque dans la BD, le "texte" n'en est pas, car il est du son, ce son est alors produit par le colporteur, qui commentait image par image."

    Frémion rapproche ici la BD d'une culture orale, ce qui n'est vrai qu'en ce qui concerne les BD pour enfants. Beaucoup de BD satiriques ou humoristiques ne sauraient se passer du texte.

    + L'essayiste Hannah Arendt ("La Crise de la Culture") est la cible d'attaques dans plusieurs journaux ("Quinzaine littéraire", "Charlie-Hebdo" 9 novembre), faisant suite de la publication d'un ouvrage universitaire peu sobrement intitulé "Arendt et Heidegger, extermination nazie et destruction de la pensée"). Cet ouvrage rappelle que H. Arendt fut, alors qu'elle était étudiante, la maîtresse de Herr Professor Heidegger, membre du parti nazi ; également qu'elle contribua à la réhabilitation de la philosophie d'Heidegger après guerre. Bref, cet ouvrage d'E. Faye ne nous apprend pas grand-chose...

    Le poète Aragon se promena en limousine dans Moscou en compagnie d'Elsa Triolet, bousculant la populace affamée (dixit J. Dutour) ; cependant il continue d'être étudié en classe, et certains établissements scolaires portent son nom. Le racisme de Montesquieu ne l'empêche pas d'être considéré comme un sommet de la science politique française. Etc. (on pourrait ici écrire un ouvrage complet à propos des turpitudes de nos grands hommes).

    Ce qui est le plus choquant chez H. Arendt est sans doute ce qui est le plus véridique, à savoir la mise en évidence que le totalitarisme n'est pas l'apanage du régime nazi, mais un phénomène beaucoup plus large. Si H. Arendt omet de souligner, contrairement à G. Orwell, le rôle particulier joué par les intellectuels dans les régimes totalitaires (Heidegger est loin d'être le seul exemple), en dénonçant la culture de masse en tant qu'instrument d'asservissement et d'abrutissement, elle a bel et bien contribué à la critique des méthodes de gouvernement totalitaires, indépendamment de leur coloration politique, nazie, soviétique ou démocrate-chrétienne.

    + Un carnet de 65 dessins inédits de Van Gogh, détenus par une famille du Nord de la France, et subitement exhumés, vient d'être publié par le Seuil. Seulement les experts du musée d'Amsterdam, sollicités afin d'authentifier ces dessins (non signés), contestent l'attribution au peintre hollandais (tardivement initié au dessin).

    Et pourquoi pas une analyse ADN, tant qu'on y est ? Cette affaire illustre une fois de plus à quel point la technique (ici les avis d'experts) éclipse désormais l'art et la science.

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    par l'Enigmatique LB

  • Revue de presse BD (205)

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    + "Au début je craignais pour la vie de mes enfants, aujourd'hui je me dis que la mort aurait été un sort moins terrible que les épreuves qu'ils traversent maintenant" ; ainsi s'exprime une mère de famille de cinq enfants, retranchée dans la ville de Madaya en Syrie, non loin de Damas. Son témoignage (via un blog) a été transposé en BD, produit par l'éditeur Marvel, puis diffusé gratuitement par la chaîne de télé américaine "Abc News" (propriété du consortium Disney). La famine, la peur des bombardements et des snipers, le deuil, sont le lot quotidien des habitants de Madaya.

    Bien sûr il s'agit là de propagande puisque les Etats-Unis sont engagés dans cette guerre aux côtés des opposants au régime de Bachar-el-Assad, naguère accueilli en grande pompe dans toutes les grandes capitales occidentales ; ce témoignage est néanmoins poignant et l'impuissance des organisations de paix internationales criante.

    L'illustrateur croate Dalibor Talajic a lui-même connu la sanglante guerre civile yougoslave.

    + La Cité de la BD d'Angoulême annonce une prochaine exposition dans ses murs, consacrée à "Charlie-Hebdo", la laïcité et la liberté d'expression : "À la demande de la DRAC, et en partenariat avec le réseau Canopé (réseau de création et d’accompagnement pédagogiques dépendant de l’éducation nationale), la Cité revient aujourd’hui sur ces questions à travers une nouvelle exposition consistant en une série de vingt panneaux didactiques richement illustrés.(...)" Cette formulation indique une volonté institutionnelle de transformer la caricature en art officiel. C'est une situation orwellienne, car cela revient à purger la caricature de son caractère satirique et en faire un instrument de propagande des valeurs républicaines laïques.

    Bien sûr il y a des caricaturistes d'obédience républicaine, comme il y a des humoristes catholiques (le meilleur humoriste anglais du XXe siècle -E. Waugh-, l'était), mais la presse et les auteurs satiriques français ont peu contribué au culte républicain dans l'ensemble, sachant que la République est avant tout un ordre social et judiciaire reposant sur les forces de police et l'armée.

    + La dessinatrice Tanx a publié récemment "Des croûtes aux coins des yeux", recueil de strips publiés régulièrement sur son blog-BD (éd. "6 Pieds sous terre"). Cette sorte d'autoportrait sans concession évoque les BD "underground" de l'Américain Robert Crumb, à un (ou deux) détails près : Tanxxx est aussi féministe que Crumb est misogyne. Par chance Tanx n'adopte pas un ton trop militant et sa BD n'est pas excessivement moralisatrice (même les hommes peuvent la lire).

    Tanxxx s'efforce d'être une artiste ou une artisane (?) indépendante, ce qui n'est pas une sinécure ; elle a ainsi stoïquement refusé la médaille que la ministre de la Culture souhaitait lui décerner en récompense de bons et loyaux services rendus à la cause du féminisme & de la BD.

    Le punk est peut-être mort, mais pas encore Tanxxx.

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    Caricature de Marianne allaitant un CRS-goret, extraite du blog de Tanxxx

     

  • Revue de presse BD (160)

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    + Robert Crumb, le pape de la BD underground américaine est toujours en verve, comme l'atteste une interview donnée récemment à "The Observer" (14 oct-anglais), intitulée "Robert Crumb vous déteste" ;. Il y est beaucoup question de ses fantasmes sexuels et de ses rapports compliqués avec les femmes, mais pas que. Extraits :

    - (...) Un jour en janvier 1967, je me suis tiré à San-Francisco sans le dire à ma femme, laissant tomber mon boulot dans le commerce des cartes de voeux. La culture hippie de Haight-Ashbury [quartier de SF] où tout à commencé pour moi, c'était plein de types ne foutant rien de la journée et attendant que les femmes leur ramènent de la nourriture. La "gonzesse" devait leur procurer un foyer, leur cuisiner des petits plats, et même payer le loyer. C'était pas mal décalqué des moeurs patriarcales de nos ancêtres, sauf que nos ancêtres chassaient, eux, la plupart du temps. "L'amour libre" voulait dire le sexe et la nourriture gratuits pour les mecs. C'est sûr, les femmes aimaient ça aussi, elles faisaient beaucoup l'amour, mais ensuite elles se mettaient au service des hommes. Et même dans les groupes militants de gauche, les femmes étaient toujours reléguées au secrétariat ou aux petits boulots. On était tous sous LSD, donc ça a pris quelques années avant que la fumée ne se dissipe et que les femmes se rendent compte qu'elles avaient passé un contrat de dupes avec leur branleur de mâle hippie. Les types qui dans ces années-là surent se mettre en avant étaient tous des escrocs, des gourous qui disaient "peace and love" du bout des lèvres et ne pensaient qu'à baiser toutes leurs disciples en adoration. Timothy Leary était comme ça. Un charlatan fini. (...)"

    - Avez-vous déjà pensé au suicide ?

    - Oui. La dernière fois que j'en étais proche, c'était en 1986. J'étais au sommet de ma célébrité. La BBC est venue à la maison faire un reportage sur moi et on m'a rendu hommage à ce festival, en France, le festival international de BD d'Angoulême. Tout ça a contribué à ma célébrité. J'avais besoin d'argent, donc j'ai accepté l'offre de la BBC. Ils ont investi ma maison avec leurs caméras, leurs projecteurs et toute leur merde - c'était atroce. Ensuite je me suis rendu à ce gros festival en France, dont j'étais la vedette. Ils ont fabriqué une tête géante à mon effigie, que les badauds pouvaient traverser. Toutes mes BD étaient affichées dans cette tête géante. Une vraie torture. Il y a avait des journalistes, des photographes partout. J'étais dégoûté par cette vie. (...)

    - Le suicide de Charles [frère aîné de Robert] vous a-t-il bouleversé ?

    - Non, ça m'a soulagé. C'était un personnage sombre et tragique. La dernière fois que je l'ai vu, il m'a dit : - Si je n'arrive pas à m'en sortir, je me tuerai. C'était aussi un écrivain fascinant et intéressant. Un grand auteur de BD quand il était jeune, mais il a cessé ensuite de s'intéresser à la BD. Il était très fier de mon succès car j'étais un peu comme son élève.

    - Il y a plein de gens en Amérique qui vivent dans leur lit comme Charles [frère aîné de Robert] ; c'est un truc américain. Il y a plein de gens comme ça, des hommes et des femmes. Il était gay, n'est-ce pas ?

    - Il n'a jamais eu de relation sexuelle. Il aimait les hommes jeunes. C'est en effet un truc américain - cet isolement extrême, cette aliénation, cette solitude. (...)"

    - Mon travail a eu un vaste audience parce que j'ai usé d'une manière très traditionnelle de dessiner pour dire quelque chose d'assez personnel et délirant. (...) Donc j'étais parfaitement conscient d'essayer de toucher un lectorat avec mon travail, de ce qu'il fallait faire et ne pas faire pour que ce soit lisible, pour que ça reste distrayant.

    - C'est très commercial comme procédé pour un auteur de BD underground...

    - Mais il ne s'agissait pas de commerce. C'était une question de communication. J'utilisais mes compétences en BD traditionnelle pour faire part de mes expériences personnelles. La BD était un genre que j'avais adoré toute ma vie. Et c'était la seule manière que je connaissais d'entrer en contact avec l'espèce humaine.

    + La dernière "Université de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme" qui s'est tenue début octobre proposait des interventions d'humoristes : Jul, Ranson, Halévêque, etc., sur le thème : "Faites l'humour, pas la haine". François Forcadell fait remarquer sur son blog que c'est plutôt gonflé de la part de la Licra et Me Jakubovicz, car ils sont à l'origine de l'éclatement de "Charlie-Hebdo" en deux clans rivaux, la Ligue ayant intenté un procès à Siné pour antisémitisme, qui divisa durablement le petit milieu des humoristes et dessinateurs de presse.

    Plus généralement, il faut dire que c'est la politisation croissante de la presse qui a accru les divisions entre artistes. De plus, l'intérêt pour la caricature d'institutions en charge de défendre la morale publique : Licra ou autre ligue de vertu, Education nationale, tel haut fonctionnaire affecté à la Commission européenne, etc., a un côté "orwellien" ; afin de préciser l'adjectif, citons donc Orwell : "Les intellectuels sont portés au totalitarisme bien plus que les gens ordinaires."

    + Rançon du succès, les auteurs de BD sont à leur tour victimes d'escrocs et de faussaires, après les artistes modernes du XIXe et XXe siècles. Sur son blog, l'auteur de BD Li-An ("Boule de Suif") a même créé une petite galerie pour éviter aux collectionneurs de Moebius de se faire arnaquer. On peut voir que les faux exposés sont assez grossiers.

    Plus inspiré ou plus vicieux (au choix), l'artiste britannique Damien Hirst, avait investi sciemment une partie de sa fortune dans de faux Picasso vendus sur e-Bay, afin de doper leur cote pour perturber les collectionneurs et illustrer ainsi le caractère aléatoire du fétichisme (si j'ai bien compris le propos de D. Hirst).

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    Dessin vendu comme une oeuvre originale de Moebius sur le site de vente aux enchères E-Bay.com

  • Revue de presse BD (136)

    Extraits de la revue de presse illustrée publiée dans l'hebdo Zébra.

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    + David Alliot, auteur de plusieurs ouvrages sur L.-F. Céline, explique en détail dans le dernier "Bulletin célinien" (n°371, février 2015), comment il est parvenu à convaincre Cabu, hostile à Céline, d'illustrer un de ses bouquins: "Contacter Cabu tenait du jeu de piste. Est-il besoin de préciser que le dessinateur était réfractaire à toute forme de téléphonie mobile ? (...). Lors de notre première rencontre, je lui explique quel genre de dessin je souhaite obtenir. Dans un premier temps Cabu est dubitatif. Céline, ce n'est pas son auteur préféré. Certes, il avait lu naguère Voyage au bout de la nuit, et Mort à Crédit, mais il était gêné par ses écrits antisémites et l'aspect ratiocineur du personnage. (...) A l'entrevue suivante, il était en train de terminer le deuxième dessin (...). Il m'avoua également qu'il avait longuement hésité avant d'accepter de les faire. "Tu peux dire pourquoi un auteur qui écrit de si belles choses peut aussi vociférer des horreurs pareilles". Et Cabu de terminer le dessin : "Tu vas me faire virer du Canard avec des trucs pareils" me reprocha-t-il, avec un grand sourire et un clin d'oeil."

    On n'est pas obligé de partager l'opinion du rédacteur en chef du "Bulletin célinien" (Bruxelles), M. Laudelout, sur Céline, Cabu et la France. D'après Laudelout, les rédacteurs de "Charlie-Hebdo" abhorrent ce qui est typiquement français. Mais le "beauf" de Cabu n'est pas plus français que le gouailleur Coluche, tel titi parisien ou L.-F. Céline (qui n'a rien d'un beauf ou d'un bidochon). Le beauf est plutôt le produit des "Trente glorieuses". De même on ne voit pas en quoi Céline exalte la "classe moyenne", notion au demeurant assez vague et plus statistique, politicienne que célinienne. Céline exalte les "milieux humbles", persuadé que leur mode de vie fruste constitue une chance de s'élever au-dessus de l'instinct (très loin par conséquent des promesses d'enrichissement faites aux beaufs par les politiciens en échange de leurs suffrages).

    + La presse fête en ce mois de février les cent dix ans de la naissance de Bécassine dans la "Semaine de Suzette". Invention de la rédactrice en chef de cette publication destinée aux fillettes (dessinée par J.-P. Pinchon), Bécassine est encore plus détestée des Bretons que Tintin l'est des Congolais. Bécassine symbolise en effet, au même titre que le tirailleur sénégalais jovial des publicités pour la marque de chocolat Banania, les bienfaits de la colonisation.

    On peut vérifier que l'hostilité des Bretons ne faiblit pas, sur les forums en ligne de la presse magazine, où certains signifient leur désapprobation et semblent rester sourds aux tentatives de réhabiliter Bécassine. On s'y dispute même sur le nombre de soldats bretons morts pour la France en 14-18.

    + Le dessinateur américain Robert Crumb, qui a une passion pour les femmes super-trapues (il est lui-même squelettique), a donné un pastiche inachevé de Bécassine, s'excusant en préambule auprès du dessinateur Pinchon de fantasmer sur un personnage en principe conçu pour ne donner aucune prise aux rêves érotiques).

    Comme R. Crumb s'est exilé en France depuis 1991, le magazine new-yorkais "The Observer" lui a demandé des explications sur "Charlie-Hebdo".

    - Est-ce qu'il y a quelque-chose aux Etats-Unis, dans notre histoire, qui se rapproche un tant soit peu de "Charlie-Hebdo" ?

    - Les comics "underground", dans les années 70. Mais aujourd'hui, je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit de ce genre aux US. Le truc avec "Charlie-Hebdo", c'est que ça a commencé en 1969. La bande de types qui travaillait dans cet hebdo, ils ont tenu le coup pendant des décennies ! Ces types sont plutôt âgés, vous savez, des vieillards pour la plupart. (...) Les auteurs de BD sont pour la plupart d'entre eux des types très âgés. Ils critiquent aussi beaucoup la gauche. Ils disent que la gauche n'est qu'une bande d'hypocrites, d'embobineurs, d'opportunistes, tout ça. Mais de manière générale, ce sont plutôt des sympathisants de gauche à "Charlie-Hebdo". Quoi qu'il en soit, ça paraissait toutes les semaines. Chaque semaine. Et les gens jetaient un coup d'oeil et se marraient (...).

    - Ils avaient des bureaux et du personnel - ils semblaient avoir des moyens financiers corrects...

    - Ouais, j'ai lu récemment qu'ils étaient subventionnés, en particulier après cet attentat de 2011, ils étaient subventionnés par de plus grosses publications. Des trucs "mainstream" à succès. C'était comme une vieille institution assez radicale, vous voyez le genre. Ouais, ça n'existe pas aux US, il n'y a rien dans ce genre. Et ça a duré tellement longtemps, vous savez. Et ils continuent. Ils ne vont pas s'arrêter."

    R. Crumb ajoute qu'il n'a pas hésité une seconde à répondre à la demande de "Libé" de faire un dessin après l'attentat. Il ne voulait pas se dégonfler. Mais il voulait aussi à tout prix éviter de faire un dessin dans le genre "héroïque", comme il y en a eu tant. Il redoute que les autorités françaises en profitent pour durcir leur attitude vis-à-vis des ressortissants de confession musulmane, comme aux Etats-Unis après le 11-Septembre.

    + Dominique-Strauss Kahn, pour le procès du Carlton de Lille, à défaut de Cabu, qui s'adonna quelques fois à ce type d'exercice, est croqué par François Boucq. Il n'est pas rare que les politiciens survivent surtout dans la mémoire du public à travers les caricatures qui ont été faites d'eux, telles les variations de Daumier sur Louis-Philippe, transformé en poire par le roi de la caricature.

    + Joann Sfar, ex-"Charlie-Hebdo", publie désormais ses carnets dans le "Huffington-Post" ; comme Michel Houellebecq ou feu G. Wolinski, Sfar aime bien mêler considérations sur l'actualité & histoires de coeur ; il semble qu'au "Huffington Post", on apprécie tout particulièrement les artistes jaculatoires.

    Le "Huffington Post" ou le site "Euronews" publient quelques images du concours de dessins anti-américains et anti-israéliens organisé par un quotidien iranien en réponse aux caricatures islamophobes. Le niveau est assez faible, tout comme les caricatures du prophète. Les dessinateurs, en majorité iraniens, se contentent de renvoyer à la figure de leurs détracteurs les accusations de fachisme ou de nazisme.

  • Revue de presse BD (127)

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     Larges extraits de la revue de presse de la semaine pour ceux qui préfèrent les bons vieux liens traditionnels au webzine hebdo -mieux illustré- que nous publions chaque jeudi. Prochaine revue de presse le jeudi 11 déc.

    + Dans le dernier "Fecocorico" (octobre-novembre), organe bimestriel de la Feco-France (association de dessinateurs de presse) disponible en ligne, les amateurs de dessin de presse peuvent découvrir les coulisses du métier et le compte-rendus des festivals les plus récents. Sur le thème du "retour de Sarkozy", ce n° rajeunira en outre de quelques années les anciens adeptes du TSS ("tout sauf Sarkozy").

    Mention spéciale à l'article consacré à l'expo Bosc au musée Tomi Ungerer, ainsi qu'à un papier très fouillé (illustré de plusieurs exemples), sur l'importance des fables de La Fontaine, source d'inspiration récurrente pour les dessinateurs de presse français. "Le mérite de la fable est double : elle suscite le rire en même temps qu'elle donne une leçon de prudence." L'auteur de l'article (JMB) suggère que cette définition du fabuliste Phèdre peut s'appliquer à l'art de la caricature aussi. Comment ne pas approuver cette ligne de conduite ? D'autant plus que, par les temps qui courent, la politique a pris l'habitude de promettre bien plus qu'elle ne peut tenir, faisant ainsi courir à ceux qui s'y fient un risque accru.

    Quelques mots cependant pour récuser le mauvais procès fait aux caricaturistes qui, travaillant gratuitement, contribueraient ainsi à aggraver les menaces qui pèsent sur le métier de caricaturiste. Ce procès ressemble au reproche fait parfois aux jeunes auteurs de blogs-BD par des professionnels de la BD, d'accepter des pactes léonins. C'est une façon de nier que le marasme de la presse française est d'abord imputable à ceux, rédacteurs en chef et "sponsors", qui l'ont faite telle qu'elle est. En ce qui concerne le dessin de presse et la caricature, la politisation excessive de la presse a dangereusement rapproché la caricature de la propagande politique, assez loin du motif évoqué plus haut de faire rire et d'inciter à la prudence.

    + Fils et petit-fils d'officiers, Gustave Blanchot alias Gus Bofa (1883-1968) fut guéri de cet atavisme en prenant part au conflit mondial de 14-18 comme simple fantassin, y écopant de sévères blessures. Deux expos, l'une à Reims, l'autre à Paris (mairie du XVIIe) évoquent l'art teinté de cynisme ou de désespoir de Bofa. Sur certains points, Bofa diffère de Céline, non moins décillé par la guerre. En effet les sarcasmes de Bofa à l'endroit des médecins qui trouvent dans les champs de bataille un terrain propice à leurs expériences mi-sadiques, mi-scientifiques, font plutôt penser à Cendrars, également sévère avec cette corporation. A L.-F. Céline il fut permis, en raison de son passé militaire glorieux, d'étudier la médecine ; la correspondance de l'écrivain montre qu'il a foi dans la médecine, ce qui est une marque de positivisme.

    L'éditeur Cornélius a publié un recueil des dessins de Bofa visant les "toubibs", dont cette interview d'E. Pollaud-Dulian au magazine BD "Casemate" (!) rend compte.

    + Si ce n'est "immense", comme l'écrit "En Vue", le magazine des bibliothèques de Paris, à propos de l'écrivain Georges Simenon, mais du moins prolifique, le père du commissaire Maigret a été illustré par Loustal, dessinateur chevronné. Certains critiques n'hésitent plus à dégainer le superlatif comme dans certains polars trop musclés on défouraille à qui mieux mieux ; tandis que chez Simenon, au contraire, vice et crime sont tout ce qu'il y a de plus banals, comme la poussière sur les meubles ou les taches sur les vêtements. La bibliothèque des littératures policières (Bilipo, Paris Ve) propose une exposition de 70 dessins couleur et n&b de Loustal autour de Simenon (-28 février 2015) pour permettre de mieux connaître ces deux auteurs dont le rapprochement n'est pas évident.

    + Beaucoup de bruit pour rien autour de l'Américain Chris Ware qui publie un album de bd-gigogne, une sorte de joujou pour intellos façon Rubik's Cube, s'attirant ainsi les éloges de quelques snobs, fascinés de longue date par les ouvrages de rhétorique pure.

    Le blog-BD du "Monde", "Les Petits Miquets"a récemment interviewé Chris Ware. Celui-ci avoue plier son existence à une forme de déterminisme abstrait. Il exprime ce déterminisme dans un art qui procède d'une sorte de construction froide et millimétrée, vaguement ludique. C. Ware ne semble pas vouloir se révolter contre ce déterminisme, mais au contraire s'enfermer dans ces cases et cette rhétorique sécurisantes bien qu'ennuyeux. Pas d'humour non plus chez Chris Ware, comme dans les films de Jacques Tati, dont l'ironie s'exerce au détriment de l'architecture moderne, créant une brèche dans le système de représentation officiel de la réalité. Pas d'humour, sauf peut-être quand C. Ware conclut que son livre-jouet, lui, au moins, n'a pas besoin de piles pour marcher.

    + Le site belge Actuabd propose une interview de Jean-Luc Fromental, éditeur chez Denoël-Graphic, de Robert Crumb notamment, ou encore Alison Bechdel et Posy Simmonds (Gemma Bovery). Chargé il y a quelques années de créer un label BD au sein d'une maison d'édition ignorant jusqu'ici ce genre, cet éditeur évoque l'intrusion de la bande-dessinée comme une forme de genre littéraire nouveau dans des maisons d'édition généralistes. L'interviewé utilise une expression pour décrire la concurrence accrue des romans graphiques, il dit que la bande-dessinée est en train de "poldériser" le roman. Si l'interview nous fait visiter l'arrière-cuisine éditoriale, en revanche il ne creuse pas le phénomène. S'agit-il d'un phénomène de mode ? La vogue du roman graphique est-elle due aux difficultés croissantes des lecteurs à se concentrer sur une littérature plus ardue ? La formation au dessin de certains auteurs de romans graphiques leur permet-elle de voir et décrire les choses d'une façon alternative ?

    + Bien décidés à manifester leur mécontentement lors de la 42e édition du Festival d'Angoulême, les auteurs de BD mécontents d'une augmentation de leurs cotisations-retraite jugée excessive ont détourné l'affiche du festival (signée Bill Watterson), rebaptisé festival de la bande décimée.