Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

grand palais

  • Revue de presse BD (345)

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2020,blueberry,christophe blain,joan sfar,western,dargaud,indianiste,éric zemmour,racine,cambon,emmanuel macron

    Le personnage de Blueberry réinterprété par C. Blain dans les pages de "Ouest-France".

    + La reprise de la série "Blueberry" par Christophe Blain et Joan Sfar ne va pas faire taire les mauvaises langues qui disent que la bande-dessinée vise un public d'ados attardés, "masturbateurs compulsifs" ajoutent les psys après avoir noté que Blueberry tripote trente-six fois son "colt" dans un album. 

    Ce qui rachète un peu la conduite de Christophe Blain, c'est cette interview donnée à "Ouest-France" (28 janvier) qui prouve qu'il n'a jamais lu un album de la série. Il n'hésite pas à déclarer en effet que le personnage de Blueberry est "moralement inattaquable" (sic) ; alors que toute l'astuce du père de Blueberry, le scénariste Jean-Michel Charlier, fut d'inventer un héros de bande dessinée qui soit un "mauvais garçon", sur le modèle de J.-P. Belmondo, débordant ainsi sur le lectorat féminin.

    On a du mal à comprendre pourquoi l'éditeur (Dargaud) n'a pas confié plutôt cette reprise de Blueberry à Eric Zemmour, qui est une sorte de cow-boy solitaire en costume de journaliste qui prend un malin plaisir à flinguer son prochain. Sans doute parce que les éditeurs - c'est bien connu - n'ont pas de couilles.

    Ici il faut dire que les westerns qui prennent fait et cause pour les Apaches et autres Amérindiens sont les plus "réacs", car la modernité est bien sûr du côté de l'envahisseur blanc et ses armes automatiques.

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2020,blueberry,christophe blain,joan sfar,western,dargaud,indianiste,éric zemmour,racine,cambon,emmanuel macron

    Caricature par Cambon.

    + Quand un haut fonctionnaire nommé Racine pond un rapport sur la condition des artistes-auteurs intitulé : "L'Auteur et l'Acte de création", on est tenté de répliquer :

    - Ah, qu'en termes galants ces choses-là sont dites !

    La publication de ce rapport coïncide avec la visite prochaine d'Emmanuel Macron au Festival d'Angoulême, accompagné de son fidèle ministre de l'Education nationale ; au Salon de l'Agriculture, la coutume veut qu'on flatte les vaches en leur tâtant le cul ; au Salon de la Culture d'Angoulême, on distribue des médailles et des prix aux autrices.

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2020,blueberry,christophe blain,joan sfar,western,dargaud,éric zemmour,racine,cambon,emmanuel macron,le greco,grand palais,guillaume kientz,michel-ange,naturaliste,grand palais,paul,apôtre

    Autoportrait (présumé) du Greco en apôtre Paul.

    + Bien qu'il ait la bouche pleine de néologismes pédants, le commissaire de l'exposition Greco installée au Grand Palais, Guillaume Kientz, explique bien au cours d'un entretien sur "France-Culture" pourquoi on peut qualifier Greco de peintre "naturaliste". Il l'est même plus que les peintres de paysages du XIXe siècle, dont le rapport à la nature sera plus personnel.

    Le commissaire souligne aussi un paradoxe : la gamme de couleurs si particulière du Greco, devant laquelle se sont pâmés bon nombre de littérateurs modernes, doit beaucoup à la peinture de Michel-Ange... réputé surtout pour sa maîtrise renversante du dessin.

    La question de savoir si Greco avait la foi est anachronique. Plus intéressante la question de la propagande. On sait le rôle de l'art dans la propagation de la doctrine catholique, qui préfigure l'usage du cinéma par les régimes totalitaires du XIXe siècle.

    A cet usage s'oppose l'iconoclasme d'Eglises chrétiennes dissidentes, s'appuyant sur l'interdit juif biblique de représenter Dieu, interdit censé contrecarrer le penchant naturel de l'homme à l'idolâtrie.

    La caricature trouve sa place dans cette histoire puisque les partisans de Luther en firent un usage précoce et systématique contre l'Eglise romaine et sa propagande par l'art.

    Pour ces raisons, et pas mal d'autres encore, le concept de "modernité" est un concept fragile, plus religieux que scientifique.

  • Revue de presse BD (344)

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2020,le greco,grand palais,eisenstein,picasso,barrès,cocteau,elie faure,tolède,domenikos theotokopoulos,jésus,apôtres

    Calvaire du Christ par le Greco.

    + Peut-on admirer les oeuvres du Greco exposées au Grand Palais (jusqu'au 10 février) sans culture biblique ? Sans doute puisque Domenikos Theotokopoulos, alias le Greco (1541-1614), n'est pas moins fameux en raison de ses qualités plastiques que de ses représentations de scènes de la vie de Jésus et ses apôtres.

    La réponse serait moins nette en ce qui concerne Rembrandt ou d'autres peintres particulièrement attachés à rendre la foi chrétienne intelligible à travers leurs oeuvres. Un double portrait des apôtres Pierre et Paul trahit peut-être l'origine grecque du peintre, car il suggère la soumission de Pierre à Paul, armé d'une impressionnante "épée de la foi".

    Le Greco a été propulsé assez récemment au rang des grands peintres par ses admirateurs, parmi lesquels on compte Th. Gautier, M. Barrès, Picasso, Cocteau, Elie Faure, ou encore le cinéaste S. Eisenstein. L'originalité de sa gamme de couleurs, mais aussi de ses compositions, ont été prises pour des signes de génie. Il émane aussi de la peinture du Greco une grande vitalité due à la leçon de dessin prise chez Michel-Ange. Avec une connotation positive, le Greco est parfois qualifié de "fantasque" ; il faut minimiser ce caractère, qui tient en partie à l'évolution technique du Greco, peintre d'icône converti à la grande peinture italienne, installé à Tolède et réputé au-delà.

    Eisenstein s'appuie en partie sur la méthode de composition du Greco, qui propose parfois plusieurs angles de vue dans un même tableau, pour bâtir une thèse selon laquelle l'art occidental converge vers le... cinéma ; cette thèse, qui pourrait inclure la bande dessinée, est typiquement technocratique puisqu'elle ne prend en compte que la dimension technique de l'art ; de plus les artistes, y compris les plus modernes, se tournent souvent vers des solutions techniques archaïques ou antiques. Le cinéma est en réalité proche de l'académisme, lié à la virtuosité technique.

    On peut sans doute admirer Le Greco sans culture biblique, mais pas comprendre les débats et les querelles parfois violentes qui agitent l'art occidental depuis plusieurs siècles sans cette culture.

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2020,le greco,grand palais,eisenstein,picasso,barrès,cocteau,elie faure,tolède,domenikos theotokopoulos,jésus,apôtres,festival,angouleme,dumping,victor hugo

    + Les auteurs de BD feront symboliquement grève le 31 janvier lors du festival d'Angoulême ; ils entendent ainsi protester contre les méthodes de "dumping social" mises en oeuvre par les gros éditeurs de BD depuis une quarantaine d'années.

    Il y a fort à parier que cette grève n'aura pas le même impact que celle du métro parisien. Cette corporation est en effet très peu solidaire, en dépit de quelques slogans communs.

    Au point où ils en sont, certains auteurs de BD échangeraient bien leur statut "d'artistes" contre des fins de mois moins difficiles.

    Parmi les revendications des syndicalistes, l'étonnante réclamation d'une taxe "Victor Hugo" sur les oeuvres tombées dans le domaine public afin de favoriser la "création vivante". On confond ici procréation et création artistique : il ne suffit pas d'être en vie pour produire une oeuvre vivante et il y a des tas d'artistes morts dont l'oeuvre vit encore.

  • Revue de presse BD (340)

    webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,décembre,2019,toulouse-lautrec,grand palais,exposition,paris,caricature,satire

    Caricature du peintre Toulouse-Lautrec en train de dessiner sur le motif.

    + L'abstraction, c'est-à-dire la part mystique ou émotionnelle de l'art, n'est pas la seule tendance "lourde" de l'art moderne. La caricature ou la satire sont une autre tendance, non moins marquée, particulièrement nette dans l'oeuvre de Toulouse-Lautrec.

    "Vitalité", le mot est sans doute juste pour parler de l'art de Lautrec, dont la vocation artistique naît à l'occasion d'une terrible maladie qui dévie le cours de son destin. Mais l'aspect caricatural ou satirique de cette oeuvre saute aussi aux yeux et ces adjectifs ne sont pourtant pas prononcés une seule fois par les commissaires de la rétrospective consacrée à l'artiste au Grand Palais (jusqu'au 27 janvier).

    Dans leur présentation, ceux-ci préfèrent insister sur le rôle pionnier de Lautrec, sous-estimé ; ou encore sur la "tendresse" de Lautrec à l'égard des femmes (?) ; une chose est sûre, au contraire de beaucoup de cinéastes Lautrec préférait peindre les actrices sans fards et d'une façon qui ne devait pas encourager leur vanité, bien qu'il a donné aussi quelques belles affiches promotionnelles. 

    - La websérie complètement débile produite par le musée, destinée sans doute à attirer un public plus jeune, en dit long sur l'ambition des autorités culturelles de "démocratiser l'art".

    webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,décembre,2019,toulouse-lautrec,grand palais,exposition,paris,caricature,satire,arènes-bd,philippe bercovici,catherine mory,louis-ferdinand céline

    + Les éditions Arènes-BD publient une "Incroyable histoire de la littérature française", par Catherine Mory (texte) et Philippe Bercovici.

    "Incroyable", cette bande dessinée l'est en effet, puisqu'elle ne mentionne même pas Louis-Ferdinand Céline au nombre des auteurs qui ont marqué le XXe siècle, ce qui revient à oublier Picasso dans un ouvrage sur la peinture de son temps.

    Catherine Mory appartient à l'Education nationale, qui a largement censuré Céline pour des raisons un peu troubles.

    Le critique littéraire Philippe Sollers a indiqué récemment dans une émission de télé la vraie raison de la censure : non pas tant son antisémitisme que l'anticommunisme précoce et virulent de Céline. Confirme cette explication la censure dans une réédition récente de "Féérie pour une autre fois" (1952) d'un passage où Céline met en cause la pureté d'intention de certains résistants communistes montmartrois.

    On recommande plutôt les "Vies littéraires" d'Edouard Sorel, où ce caricaturiste américain prend un malin plaisir à montrer les stars de la littératures mondiales en délicate posture morale, à commencer par les donneurs de leçons.

  • Revue de presse BD (316)

    webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,caricature,revue,presse,hebdomadaire,mai,2019,art,soviétique,grand palais,malevitch,alexandre deïneka,lénine,marxiste

    Spécimens de la jeunesse soviétique peints par Alexandre Deïneka. Le progrès est symbolisé à l'arrière-plan par une locomotive.

    + Le Grand Palais expose l'art totalitaire soviétique (jusqu'au 1er Juillet) ; théâtre, cinéma, photographie, architecture : le régime communiste ne négligea aucune discipline. Même obsession de l'art de la part du régime nazi ; Hitler aimait s'entourer d'architectes, de photographes, de cinéastes... Les régimes libéraux ne sont pas en reste, dans lesquels le marché de l'art a pris des proportions extraordinaires.

    Première observation : "le réalisme socialiste" est un simple slogan : au contraire c'est l'onirisme de la peinture soviétique qui saute au yeux. Le travail et les travailleurs sont idéalisés, ce qui constitue un point commun avec le nazisme et le libéralisme.

    L'art soviétique peut être plus abstrait, selon l'exhortation de Casimir Malevitch : "Le carré est un enfant royal plein de vie (...) Notre monde de l'art est devenu nouveau, non figuratif, pur." Mais, plus abstrait, il n'est pas moins idéaliste. L'intention de "pureté" trahit même le caractère religieux.

    Lénine préfère le cinéma et un art plus figuratif parce qu'ils remplissent mieux leur rôle de propagande que l'art géométrique, plus intellectuel.

    L'art soviétique a largement contribué à transformer l'utopie marxiste, essentiellement dirigée contre la philosophie, en religion prolétarienne comparable à ce que fut le culte orthodoxe pour le monde paysan.

    Deuxième observation : la production artistique entre dans les régimes totalitaires en concurrence avec la production industrielle, de sorte que la frontière entre l'art et l'industrie est pratiquement abolie. L'automobile, pour prendre un produit emblématique, devient plus qu'un véhicule, une véritable oeuvre d'art.

    webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,caricature,revue,presse,hebdomadaire,mai,2019,art,soviétique,grand palais,malevitch,alexandre deïneka,lénine,marxiste,boucq,grand orient,léonard de vinci,courbet

    Léonard vu par F. Boucq.

    + Le musée de la franc-maçonnerie (Grand Orient de France, Paris 9e) consacre à partir du 11 mai une exposition à Léonard de Vinci, vu par le dessinateur Boucq, intitulée "Léonard décodé".

    Pas étonnant que les obsédés de l'équerre et du compas soulignent l'habileté du peintre italien à composer des figures ; mais cette conception "perspectiviste" du dessin est à la fois réductrice et anachronique. On constate que Boucq ne dessine pas comme Léonard ou Michel-Ange.

    Il y a d'autres "mystères" plus intéressants chez Léonard que son habileté technique ou ses machines, comme l'abandon progressif de l'art au profit de la science, ou une spiritualité discrètement dissidente du catholicisme officiel.

    webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,caricature,revue,presse,hebdomadaire,mai,2019,art,soviétique,grand palais,malevitch,alexandre deïneka,lénine,marxiste,boucq,grand orient,léonard de vinci,courbet,frédérique thomas-maurin,courbet,ornans,proudhon,nadar

    + Le cas de Courbet, ramené à un con frisé par la critique contemporaine, évoque ceux de Cavanna et "Charlie-Hebdo", réduits de la même façon au caractère pornographique.

    Le bicentenaire de sa naissance à Ornans (Doubs) donne lieu à divers hommages. "Ses tableaux sont des manifestes, la défense des pauvres, la lutte contre l'injustice sont dans son ADN", explique Frédérique Thomas-Maurin, la directrice du musée, qui confesse en rougissant être une "inconditionnelle" de Courbet : "J'avoue, je l'aime bien." (in : "Le Monde", 21-23 avril)

    Communard et ami de Proudhon, Courbet était néanmoins habile à mener sa barque ; les caricaturistes raillaient notamment la signature de Courbet, très distincte et destinée à promouvoir efficacement son oeuvre. La caricature ci-dessus par Nadar, qui vise surtout le "chantre du réalisme", n'a pas omis la fameuse signature. 

  • Revue de presse BD (203)

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,septembre,2016,puig rosado,siné-hebdo,figaro littéraire,canard enchaîné,astrapi,okapi,humour,caricature,shadoks,jacques rouxel,ortf,miam,sète,exposition,dessin-animé,bibliothèque forney,william steig,new-yorker

    + On a appris cette semaine la mort du dessinateur Fernando Puig Rosado à l'âge de 85 ans ; connu du grand public pour ses illustrations dans la presse enfantine ("Astrapi", "Okapi"...), cet immigré espagnol publiait aussi dans la presse française ("Le Figaro littéraire", "Siné-Hebdo", "Le Canard enchaîné"...) ; il avait fondé la Société protectrice de l'humour, regroupant une cinquantaine de dessinateurs exposant leurs dessins au festival d'Avignon.

    + Avec leurs proverbes absurdes, dont le fameux "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?", les Shadoks résument parfaitement l'esprit du temps, en l'occurrence son intellectualisme. Le musée international des arts modestes (Miam) à Sète consacre une expo (- 6 novembre) aux créatures bizarres de ce dessin-animé créé par Jacques Rouxel pour l'ORTF.

    + A propos de l'expo Hergé-Tintin au Grand Palais, lancée à grand renfort de publicité, Benoît Mouchard, ancien président du festival d'Angoulême, se réjouit que l'événement "confère enfin une dimension un peu institutionnelle à la BD" ("20 Minutes", 28 sept.) ; c'est ignorer que, depuis des siècles, le meilleur de l'art a un caractère anti-institutionnel et anti-académique affirmé ; une fois la contre-culture assimilée par les institutions, elle perd une bonne part de son intérêt et de sa signification. C'est valable pour la peinture impressionniste, mais aussi pour la philosophie des Lumières, plus récemment de "Charlie-Hebdo" transformé en symbole national.

    "Tintin" n'a jamais fait partie de la contre-culture, mais de la littérature de genre (ce qui explique l'indifférence de la critique d'art). Fait significatif, quand Hergé décide de s'initier à l'art abstrait (pour adultes), celui-ci est déjà devenu le support d'un nouvel académisme.

    Töpfferiana est une mine d'informations sur les pionniers de la BD. Le site d'archives numérisées Gallica.fr (BNF) a interrogé Antoine Sausverd, animateur du site Töpfferiana, sur la manière dont il exploite les archives mises à la disposition du public sur Gallica.fr.

    + Jusqu'au 28 octobre, exposition à la bibliothèque Faidherbe (Paris 11e) de Unes de "New-Yorker" dessinées par William Steig (1907-2003) dans les années 30. Plus connu en France pour ses illustrations de livres pour enfants ("Caleb et Kate", "Shrek", dont l'adaptation par le studio Dreamworks est tout bonnement hideuse) ; W. Steig fut auparavant cartoonist et dessina de nombreuses couvertures du "New-Yorker", dont l'humour a un peu vieilli.

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,septembre,2016,puig rosado,siné-hebdo,figaro littéraire,canard enchaîné,astrapi,okapi,humour,caricature,shadoks,jacques rouxel,ortf,miam,sète,exposition,dessin-animé,tintin,hergé,benoît mouchard,grand palais,charlie-hebdo,töpfferiana,antoine sausverd,gallica.fr,bibliothèque forney,william steig,new-yorker

    Couverture du "New-Yorker" (oct. 1935) signée W. Steig

     

  • Revue de presse BD (200)

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,septembre,2016,helkarava,casterman,jérôme berthaut,satirique,banlieue,journal,20h,télé,michel onfray,tintin,trottinette,grand palais,expo,hergé,charlie-hebdo,félix,corriere della sera,latium,séisme,pape,liberté d'expression,siné hebdo,jacques tardi,de gaulle,jean-luc mélenchon,léo malet,nestor burma,communiste

    + Le sociologue Jérôme Berthaut publie chez Casterman, dans une collection qui se donne pour vocation de décrypter la société, "La Banlieue du 20H", une petite BD qui raconte par qui et comment les reportages diffusés par les chaînes de télé sont fabriqués. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le propos n'est pas neuf ; la suspicion qui pèse sur la véracité des infos rapportées par les grands médias alimente largement la "théorie du complot", très en vogue chez les collégiens et lycéens. Néanmoins le propos de J. Berthaut est bien servi par le dessin d'Helkarava, qui lui procure une dimension satirique. La télé n'a pas seulement fabriqué le FN, elle a aussi creusé le fossé avec la banlieue. On voit dans la BD une jeune femme d'origine maghrébine protester contre l'image positive donnée de la banlieue dans un petit reportage, parce qu'il s'agit d'une image d'Epinal fabriquée de toutes pièces, aussi vaine que certaines images effrayantes.

    + Le philosophe Michel Onfray s'est plaint récemment du comportement de plus en plus infantile des adultes ; il en veut pour preuve l'usage de plus en plus répandu de la trottinette chez les personnes ayant atteint l'âge de raison. Cet exemple n'est guère convaincant, car l'usage déjà ancien de l'automobile n'est pas moins puéril que celui de la trottinette ; beaucoup d'automobilistes sont en effet des terroristes inconscients, qui participent au djihad de la consommation de biens inutiles.

    L'engouement actuel pour les albums de Tintin est une bien meilleure preuve d'infantilisme que la trottinette de Michel Onfray. Le Grand Palais s'apprête à célébrer Hergé comme un grand artiste, à travers une exposition de son oeuvre principale et de ses marges. Hergé se disait plus précisément le "reflet de son époque", conscient de véhiculer un certain nombre de clichés ou de préjugés, par conséquent. Il est faux d'écrire, comme on peut le lire ici ou là, que "Tintin" s'adresse aussi aux adultes, à l'instar des fables ou de la mythologie. C'est une littérature de genre qui vise un public enfantin, en dépit de son slogan publicitaire ("de 7 à 77 ans"). Par nostalgie et une sorte de plaisir régressif, certains adultes relisent les BD de leur enfance. Hergé a d'ailleurs connu des épisodes de dépression, dont on peut se demander s'ils ne venaient pas de son enfermement dans un genre de plus en plus étranger à son aspiration.

    + Une polémique ridicule oppose une partie de la presse italienne à "Charlie-Hebdo", qui a récemment publié un dessin de Félix, irrespectueux à l'égard des victimes du séisme qui a frappé la région du Latium. Reprocher à un journal satirique son manque de respect, c'est comme reprocher au pape de manquer d'humour.

    Néanmoins cette énième polémique souligne le statut ambigu de "Charlie-Hebdo" ; cette publication n'est plus, dorénavant, un journal satirique à faible tirage, menacé par la censure ; "Charlie-Hebdo" fait désormais partie du patrimoine national français ; il a été érigé en symbole de la liberté d'expression (strictement encadrée par les tribunaux), ce qui enlève beaucoup à l'impertinence de cet hebdo.

    + La Une du numéro de septembre de "Siné Mensuel", orphelin de Siné, est signée Jacques Tardi. Cet auteur, plus connu pour ses adaptations en BD des aventures du détective Nestor Burma (Léo Malet) que pour ses caricatures, a représenté dans ce dessin tous les jeunes et moins jeunes premiers de la classe politique, ainsi que les cancres ; le képi de de Gaulle figure même au premier plan. Le dessin est presque exhaustif, du coup on remarque plus l'absence de Jean-Luc Mélenchon, représentant du parti communiste ; piètre candidat, celui-ci ferait peut-être un meilleur interprète de Nestor Burma, au cinéma ou au théâtre ?

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,septembre,2016,helkarava,casterman,jérôme berthaut,satirique,banlieue,journal,20h,télé,michel onfray,tintin,trottinette,grand palais,expo,hergé,charlie-hebdo,félix,corriere della sera,latium,séisme,pape,liberté d'expression,siné hebdo,jacques tardi,de gaulle,jean-luc mélenchon,léo malet,nestor burma,communiste

  • Revue de presse BD (195)

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,juin,2016,revue,presse,thomas nast,tomi ungerer,expo,oncle sam,états-unis,editorial cartoon,père noël,harpers weekly,santa claus

    "Une" du "Harper's weekly" par Thomas Nast (représentant le Père Noël, que Nast contribua à rendre célèbre).

    + Le musée Tomi Ungerer de Strasbourg expose (jusqu'à fin octobre) Thomas Nast (1840-1902), considéré comme un précurseur de la caricature américaine et qui inventa le personnage de l'Oncle Sam, personnification des Etats-Unis d'Amérique. Ce dessinateur né en Bavière vint s'installer à New York avec sa mère quand il avait six ans ; beaucoup d'artistes américains, en particulier dans le domaine du dessin de presse et de l'illustration, étaient originaires d'Allemagne ou d'Europe de l'Est.

    On peut se demander si la faiblesse de la caricature aux Etats-Unis aujourd'hui, tant sur le plan du dessin que de la satire, ne vient pas de la culture démocrate-chrétienne de ce pays ; celle-ci confère en effet à la politique une dimension spirituelle qui contribue à ennoblir exagérément l'action politique. Les caricaturistes américains ("Editorial cartoonists") font de la caricature politique, dans la mesure où ils sont eux-mêmes impliqués dans les débats politiques et les stratégies partisanes ; ils se font un devoir de commenter les moindres péripéties de la vie politique ; Plantu est un exemple français de cette manière américaine de caricaturer. Les cartoons américains présentent de ce fait peu d'intérêt pour qui ne connaît pas bien la vie politique américaine. Les caricaturistes en Europe, surtout en Angleterre, en France et en Italie, sont plus "anarchistes" ou du moins méfiants vis-à-vis du personnel politique et des utopies politiques optimistes.

    + Les admirateurs de Hergé connaissent son goût pour l'art contemporain en même temps que les complexes qu'il nourrissait vis-à-vis d'artistes reconnus comme tels. Le commerce de l'art contemporain est le sujet de son dernier album inachevé, "Tintin et l'Alph-Art". On annonce une exposition au Grand Palais après l'été sur ce thème. On a tort de ne pas considérer Hergé comme un artiste abstrait ; la bande-dessinée, destinée aux enfants, ne repose pas tant sur le dessin que sur l'animation des personnages, comme le dessin animé. Hergé n'est pas un grand dessinateur, en revanche c'est un styliste exceptionnel, deux caractéristiques que l'on retrouve souvent chez les artistes modernes dits "abstraits".

    Le moins qu'on puisse dire c'est que Robespierre (1758-1794) n'a plus la cote. Le président de la République préfère même invoquer un autre enfant du Nord, Charles de Gaulle, malgré le penchant de ce dernier pour la monarchie. Le célèbre conventionnel révolutionnaire natif d'Arras est en effet ces derniers temps la cible d'attaques répétées de la part d'intellectuels de gauche en vue, dont Michel Onfray et Raphaël Enthoven ; au micro d'"Europe 1", ce professeur de philosophie a même comparé Robespierre à... Pol Pot. Et d'invoquer dans ce cas-là la Terreur, cruelle et sanglante, dont Robespierre fut un des principaux instigateurs. Mais, tandis que la Terreur fit quelques dizaines de milliers de victimes (40.000 ?), le régime de Napoléon en fit, lui, des millions, et cela n'empêche pas la République française d'entretenir son culte, ni maints plumitifs de continuer d'écrire des hagiographies du tyran corse (heureusement illisibles). Et que dire des Soviets, dont le bilan est parmi les plus lourds, mais dont le régime brutal séduisit néanmoins une bonne partie de l'intelligentsia et des artistes français ? Comme quoi il faut bien distinguer le roman national républicain de l'histoire... et se méfier des professeurs de philosophie.

     + Une exposition consacrée à des illustrateurs russes pendant la période soviétique nous apprend que certains artistes (Vladimir Lebedev) firent le choix, sous Staline, d'illustrer des livres pour enfants afin d'échapper à la répression de la police politique à laquelle d'autres choix artistiques pouvaient les exposer.

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,juin,2016,revue,presse,thomas nast,tomi ungerer,expo,oncle sam,états-unis,editorial cartoon,père noël,harpers weekly,santa claus,vladimir lebedev,soviétique,staline,illustration,hergé,grand palais,alph-art,tintin

    Ill. de V. Lebedev pour un conte de Kipling.