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mark twain

  • Revue de presse BD (377)

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    Déjà défenseur de la veuve et de l'orphelin, Lucky-Luke l'est aussi des noirs dans "Un Cow-boy dans le coton", par Achdé & Jul.

    + Une pleine page accordée au bédéaste Jul dans "Le Monde - Campus" (17 novembre) pour parler de sa scolarité et de ses études. Fils de profs, Jul est bardé de diplômes mais n'a pas enseigné longtemps, par dégoût, dit-il, des rapports hiérarchiques.

    Son passage par l'Ecole alsacienne lui a permis de découvrir que "son racisme antiriches n'était pas entièrement fondé et qu'il y en avait même de sympas." Jul ne va pas jusqu'à préciser s'il est encore plus sympa depuis qu'il est devenu riche.

    Tous ces diplômes expliquent peut-être son humour intello., plein de références à une culture assez délimitée socialement. L'humour de Goscinny & Morris dans "Lucky Luke" était plutôt le fruit de l'observation sociale (dégoût des hommes pour le mariage, duplicité des avocats, poltronnerie des élus locaux...) renforcée par la lecture de Mark Twain et d'autres témoins de l'Amérique en construction.

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    Détournement par Gabriela Manzoni.

    + La dernière grosse production politiquement correcte de Jul & Achdé, "Un Cow-boy dans le coton", fait écho au célèbre roman de Margaret Mitchell qui a la guerre de Sécession et ses prémices pour cadre : "Autant en emporte le Vent" ("Gone with the wind", 1936). Cet ouvrage a récemment été déclaré infâme et raciste par la police de la pensée.

    Disons d'emblée que si la police de la pensée avait une quelconque cohérence littéraire, on pourrait procéder devant la bibliothèque nationale de France au plus grand autodafé de tous les temps. Très peu d'auteurs s'accordent en effet parfaitement avec les décrets de la police de la pensée en 2020 ; même chez le très lisse Proust, on trouve des piques contre le fléau de la presse quotidienne et les journalistes (traits empruntés à Balzac et Baudelaire, mais on pourrait au moins inculper Proust pour "recel").

    Comme le fait observer George Orwell, le but de la police de la pensée est l'incitation à la haine, de sorte que la culture totalitaire a pour seule fonction de satisfaire le besoin de défoulement.

    Bien entendu les planteurs de coton "sudistes" décrits par M. Mitchell sont "paternalistes" puisque les planteurs de coton sudistes se montraient souvent tels. Les industriels nordistes par la suite ont pu se comporter ainsi avec leurs ouvriers, noirs ou blancs, et l'écrire dans un roman ne serait pas infamant pour la classe ouvrière.

    De même l'auteure s'est inspirée pour le personnage principal (Scarlett O'Hara) de sa grand-mère féministe. Que ce personnage déplaise à telle ou telle féministe autoproclamée n'est pas un motif de censure valable. Ce portrait traduit bien la réalité du pouvoir croissant des femmes dans la société nord-américaine de plus en plus industrielle.

    De plus, contrairement à "Tintin au Congo", "Autant en emporte le Vent" n'est pas un ouvrage de propagande, un plaidoyer "pro domo" pour l'esclavagisme. Le roman ne dissimule pas que la victoire des Etats du Nord sur ceux du Sud est avant tout une victoire économique. Quel historien prétendra le contraire ? Le roman ne cache pas non plus, ce qui est moins net dans la fameuse adaptation cinématographique, la sclérose de la petite aristocratie sudiste dont M. Mitchell était issue.

    Encore un mérite de "Autant en emporte le Vent" : on ne devine pas le sexe de son auteur, qui importe peu.

  • Revue de presse BD (239)

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    Fanzine Schtroumpf, mars 1978, illustration de couverture par F'murr.

    + L'éditeur Vincent Bernière (Delcourt) a racheté "Les Cahiers de la BD" à son propriétaire Glénat ; tout du moins il a racheté le titre, puisqu'il y a belle lurette que cette publication ne paraît plus. Les amateurs de BD connaissent bien "Les Cahiers de la BD", fanzine qui parut d'abord sous le titre un peu moins snob "Schtroumpf", à l'initiative du (très) jeune Jacques Glénat.

    Si le magazine n'a jamais réussi à toucher un public assez large et fini par péricliter, en revanche J. Glénat a fondé une maison d'édition de BD florissante.

    Depuis les années 70-80, la BD a beaucoup changé ; en devenant un art, elle a perdu une partie de son charme "underground" ou artisanal, suivant le type de production. "Schtroumpf" publiait notamment de longues interviews des auteurs de BD, que l'on peut trouver désormais sur internet.

    En mars 1978 (n°17), "Schtroumpf" interviewe F'murr ("Le Génie des Alpages") :

    -Cervantès n'a certainement pas eu conscience de ce qu'il venait de faire en créant Don Quichotte. Son propos était de ridiculiser les romans de chevalerie, et en fait il a créé un mythe. J'aimerais qu'il existe une chose semblable dans la bande-dessinée.

    - Il y a Tintin...

    - Non. Tintin n'est pas un mythe pour la bonne raison qu'il ne véhicule rien du tout. Il est totalement neutre. On pourrait à la rigueur parler des personnages américains style Superman, mais ce sont des ressucés de personnages mythologiques anciens et en plus minables. Un mythe doit correspondre à quelque chose, dans l'inconscient du lecteur. (...)

    + A partir de la fin septembre, le musée d'art et d'histoire du judaïsme rendra hommage à René Goscinny, 40 ans après sa disparition (1977), à travers l'expo. de nombreuses planches et scénarios originaux, ainsi que des documents d'archives entre les mains des ayant-droit ; R. Goscinny avait en effet entamé une carrière de dessinateur de BD, avant d'y renoncer pour se consacrer webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,revue,presse,hebdomadaire,juin,2017,actualité,schtroumpf,jacques glénat,cahiers bd,vincent bernière,f'murr,cervantès,mythe,tintin,gotlib,jijé,mouminoux,goscinny,judaïsme,mark twain,petit nicolas,satirique,jérôme jouvray,lyon-bd,séquentiel,waner,siné-mensuel,dessins originaux,square georges brassensexclusivement au scénario.

    Si des témoignages concordants (Gotlib, Jijé, Mouminoux) font état d'une personnalité complexée et susceptible, il n'est pas moins vrai que R. Goscinny fait partie des auteurs qui ont contribué à tirer la BD vers le haut. En raison de son succès, on mentionne toujours "Astérix et Obélix" en premier lieu, mais Goscinny a sans doute fait preuve d'un humour plus subtil dans quelques "Lucky-Luke" (satire de l'époque de la colonisation de l'Amérique parfois inspirée de Mark Twain), et surtout dans "Le Petit Nicolas" où il fait preuve d'un certain talent littéraire et satirique.

    Voir R. Goscinny rattaché au judaïsme peut surprendre, car on ne retrouve nulle part mention dans son oeuvre du discours identitaire juif à la mode aujourd'hui (discours débile puisque en contradiction avec la Bible - autant se réclamer du veau d'or directement).

    (Ci-contre caricature de Goscinny par Jean Ache.)

    + Le festival Lyon-BD, qui a lieu ce week-end, expose le bédéaste Jérôme Jouvray dans le parking de la Place de la République. L'auteur dispense des conseils sur la manière de fabriquer une BD. Le choix d'un parking souterrain est sans doute fait pour rappeler les origines ténébreuses de la BD, et qu'elle est un art "séquentiel" parallèle à l'automobilisme.

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    Dessin humoristique de J. Jouvray en hommage à "Charlie-Hebdo"

    + Rappel : Waner et quelques-uns de ses confrères de "Siné-Mensuel" mettront en vente leurs dessins originaux au marché du livre ancien, square G. Brassens (Paris 15e) le week-end prochain (17-18 juin).

  • Revue de presse BD (235)

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    + Revue de presse tout en images cette semaine, à commencer par une caricature de Bobika (ci-dessus), dont le webzine "Zébra" publiera de temps en temps un dessin original. Bobika publie aussi dans "Siné-Mensuel" du mois de mai.

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    + On peut se fendre comme Bernard-Henri Lévy dans "Le Point" d'une longue chronique pour raconter la campagne présidentielle dans ses moindres détails, ou bien la résumer en un seul dessin comme l'Enigmatique LB (qui expose ses caricatures en ce moment à Lyon avec quelques confrères).

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    + Le dessinateur et peintre satirique Xavier Bureau, alias "Burlingue", peint régulièrement dans son petit atelier parisien de petites gouaches très vives, comme celle-ci. De temps en temps il expose son travail à Paris ; en temps ordinaire, on peut en avoir un aperçu sur son site internet.

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    + Daniel Dugne, sur le site "Caricatures & Caricature" reproduit plusieurs caricatures du célèbre ténor italien Caruso (1873-1921), qui prenait son violon d'Ingres très au sérieux, déplorant de n'être pas invité au dîner offert par Mark Twain à une brochette de caricaturistes : - Peut-être Mark Twain ne me connaît-il que comme ténor ? fit Caruso (le chanteur s'était formé aux Beaux-Arts de Naples).

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    + "Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, des cafés tapageurs aux lustres éclatants..." : non seulement les vers de Rimbaud, mais quelques contes cocasses d'Alphonse Allais ont immortalisé les cafés parisiens, où se réfugiait autrefois la bohème des artistes.

    On peut se désennuyer des débats et slogans politiques en se plongeant dans la somme que Gérard-Georges Lemaire consacre au phénomène des cafés littéraires (éds de la Différence, 2016) ; le bouquin, abondamment illustré, ne se limite pas à Paris mais explore les principales capitales européennes. Ci-dessus, le caricaturiste tchèque Antonin Pelc a représenté l'écrivain Hasek au café "Union".

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    + La BNF a mis en ligne sur son site Gallica plusieurs hebdos satiriques, comme "Le Chat Noir" ou "L'Assiette au Beurre", souvenirs du temps (pas si lointain) où la presse populaire existait encore ; le dessin ci-dessus signé Grandjouan est tiré de "L'Assiette au Beurre" du 13 janvier 1906.

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    + Le musée Peynet de la caricature à Antibes expose jusqu'au 10 septembre prochain 140 dessins de Bosc, maître défunt de l'humour noir.

  • Revue de presse BD (171)

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    Un des plus vieux croquis répertoriés de Walt Disney (1918), vendu récemment aux enchères à New York

    + Visible jusqu'à dimanche prochain sur "Arte-replay", un long documentaire (plus de 3 heures) en deux volets consacré à Walter Elias Disney qui, nous dit le reportage, "transforma le dessin-animé en art". La formule est un peu pompeuse et ne veut pas dire grand-chose. Le documentaire n'est pas assez critique, mais comporte de nombreuses images d'archives et brosse un portrait assez fouillé de ce personnage hors du commun, "self made man" américain sorti apparemment de nulle part. On sait les points communs entre le cinéma d'animation et la BD franco-belge, cette dernière étant un cinéma d'animation "bon marché", du moins à ses débuts. Walt Disney et le Belge Hergé ont d'ailleurs quelques points de ressemblance, dont la soif de reconnaissance et une enfance un peu triste. On aurait aimé un propos plus critique, non pas tant à propos de Walt Disney que de son art emblématique de l'Amérique de la première moitié du XXe siècle ou de la culture de masse. L'usage politique du rêve et du divertissement demeure en effet un sujet d'actualité.

    + Signalons le décès de Jacques Rampal (19 décembre), qui collabora pendant de longues années au journal "Pilote" et publia avec le dessinateur Jean-Claude Morchoisne et Jean Mulatier une série de portraits-charges d'hommes politiques, transformés en animaux, qui fut un succès de librairie ("Ces Animaux qui nous gouvernent", 1984).

    + "Presse-Océan" annonce que la ville de Nantes va se doter d'une maison de la bande-dessinée en 2016, la "maison Fumetti", vaste de 600 m2 et qui sera dirigée par Gwen de Bonneval, Cyril Pedrosa et Tangui Jossic, auteurs de BD. "Fumetti" est le mot pour dire "bandes-dessinées" en... italien ; c'est sans doute pour faire "style".

    + La querelle qui divise la gauche à propos de l'islam et de "Charlie-Hebdo" n'aura connu qu'une courte trêve après l'attentat contre l'hebdomadaire. Cela prouve que l'idéologie, comme la religion, crée un sentiment d'unité superficiel. La militante féministe Caroline Fourest a pris part récemment aux hostilités, rédigeant une tribune dans le magazine "Transfuge" (11 Novembre). Sa prise de position en faveur de Philippe Val a le mérite d'être claire. "(...) Ma bande à moi, celle que j'admirais, venait de la "Grosse Bertha". Les éditos fracassants de Val ; Cabu, notre maître à tous. Et cette ribambelle de dessinateurs, furieusement doués, qu'ils ont mis sur orbite : Charb, Luz, Riss, Tignous, Honoré..."

    Et C. Fourest de qualifier au passage "l'autre "Charlie", l'ancienne version lancée par Cavanna et Choron, de "journal potache, vaguement anar". C. Fourest est libre de préférer Luz, Charb et Riss à Reiser ; d'autres ont témoigné dans le sens contraire, comme Willem. Cabu, dont on peut croire l'avis sérieux, s'est toujours prudemment gardé d'un jugement artistique.

    La militante dit ailleurs : "(...) On se moquait des garçons et de leurs dessins sexistes. Ils le prenaient bien, surtout Tignous, avec des airs d'ourson dépité. (...) Des années plus tard, les voilà convertis aux FEMEN. Quel trajet."

    A juste titre, Caroline Fourest explique dans sa tribune que l'humour permet souvent de surmonter les divisions idéologiques ; en revanche, elle n'a jamais parue plus disposée à plaisanter sur le sujet du féminisme, qui semble lui tenir à coeur au moins autant qu'à raison, que certains musulmans ne semblent disposés à entendre les plaisanteries des Occidentaux concernant Allah. L'humour des sectateurs des valeurs républicaines (parmi lesquelles "l'égalité" paraît aussi improbable que certains principes religieux), est une notion aussi incertaine que l'humour du pape ou de la Reine d'Angleterre. Si C. Fourest prenait la peine de se renseigner sur la presse satirique française, elle pourrait constater que très rares sont les humoristes ou les titres de presse qui ont mis en avant de telles "valeurs républicaines".

    + Le festival d'Angoulême qui se tiendra fin janvier a décidé d'accorder cette année en l'exposant une place d'honneur à Morris et son célèbre "Lucky-Luke", produit largement de conserve avec Goscinny. Les deux auteurs avaient réussi dans quelques albums de la série à faire passer un peu de l'esprit de la conquête de l'Ouest et des pionniers, en y ajoutant une note d'humour.

    Paradoxalement, "Lucky-Luke" est plus réaliste que de nombreux westerns, Goscinny ayant eu la bonne idée de s'inspirer du témoignage d'un authentique pionnier, Mark Twain. On attribue à Morris l'invention de l'expression "Neuvième art", mais Morris a toujours tenu, comme Goscinny du reste, à se démarquer d'un certain intellectualisme : "Non, nous qui les créons, les BD, nous ne prenons pas très au sérieux toute cette très pompeuse littérature." ("Giff Wiff", 1965) - sage méfiance des cacouacs, d'ailleurs, car l'académisme n'est jamais très loin de l'intellectualisme.

     

  • Revue de presse BD (149)

      Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue de presse,hebdomadaire,mai,2015,chérif kouachi,courrier international,reportage,gianluca costantini,kazuto tatsuta,fukushima,ted rall,afghanistan,charlie-hebdo,luz,zineb el razhoui,riss,country life,shakespeare,herball,mark griffiths,william cecil,francis bacon,william rogers,john gerard,freud,mark twain,nietzsche

     

    + Scoop littéraire du siècle, selon le directeur de « Country Life » (19 mai), la publication du premier portrait authentique de Shakespeare, exhumé par l’historien et botaniste Mark Griffiths. Le portrait supposé figure au frontispice d’un ouvrage savant de botanique de près de 1500 pages, rédigé par John Gerard, et vieux de quatre siècles (1598), « The Herball of general Historie of Plantes ». Le fameux poète et tragédien a été dessiné par William Rogers en compagnie de trois autres personnages contemporains du règne d’Elisabeth 1re (dont William Cecil, trésorier de la Reine et politicien de premier plan), qui ont permis à Mark Griffiths, au terme de cinq années d’enquête d’identifier Shakespeare, de même que les différents symboles utilisés par le dessinateur. On peut être surpris par la présence de Shakespeare au fronton d’un ouvrage de botanique, mais c’est ignorer l’esprit humaniste de la Renaissance, qui unit et rassemble les sciences au lieu de les étudier séparément ; de plus les lecteurs de Shakespeare savent qu’à l’instar des poètes antiques, le tragédien anglais possède la botanique et en tire de nombreuses métaphores.

    Jusqu’ici on ne disposait que de portraits fantaisistes de Shakespeare, seulement propices à entretenir le folklore, et la découverte de M. Griffiths, si elle s’avère exacte, pourrait bien avoir un impact considérable. On remarque en effet d’emblée que le portrait de Shakespeare illustrant la page de titre de « The Herball » n’a que très peu de ressemblance avec le personnage au visage poupin et au front dégarni, dépourvu d’expression comme un masque, sur lequel le roman national anglais s’est appuyé pendant longtemps.

    Cette trouvaille pourrait avoir pour effet de redonner de la vigueur à une querelle déjà ancienne à propos de l’attribution à l’acteur natif de Stratford-sur-Avon de l’œuvre monumentale de Shakespeare, qui oppose « grosso modo » l’université ou la science scolastique à quelques francs-tireurs isolés, dont la renommée, à défaut du nombre, suffit à contrebalancer le poids de la scolastique : Mark Twain en tête, mais aussi S. Freud et F. Nietzsche.

    La piste Francis Bacon, notamment, pourrait être relancée, non seulement en raison d’un profil physique similaire, mais du rapport étroit entre Bacon et les autres personnages. Bacon a en outre publié des ouvrages de botanique, de chimie, de diététique et de jardinage.

    L’Angleterre, persuadée d’avoir engendré le Homère des temps modernes se passionne déjà pour cette découverte, qui suscite l’ironie, l’enthousiasme ou la curiosité.

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  • Réduction de tête

    ...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque) :

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  • Kongo***

    Kongo relate l’aventure coloniale de Jozef Korzeniowski, plus connu sous le nom de plume de Joseph webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,kongo,tom tirabosco,christian perrissin,futuropolis,joseph conrad,korzeniowski,zaïre,afrique,kinshasa,congo,belge,léopold,bruxelles,anvers,pizarro,cortez,cameroun,mississippi,mark twain,céline,éthiopie,voyage,civilisation,colonieConrad, au Congo fraîchement acquis par le roi Léopold de Belgique. Cette expérience fut pour Conrad l’occasion d’une cruelle désillusion, puisque parti pratiquement « la fleur au fusil » se mettre au service, comme pilotin, d’une compagnie spécialisée dans le trafic officieux du commerce de l’ivoire d’éléphant, ce marin rentrera bientôt épuisé physiquement et moralement. Ayant pas mal bourlingué auparavant à travers le monde, et traversé plusieurs océans, Conrad ne s’attendait pas un à un tel choc.

    Dans une lettre adressée à un ami (le scénariste fournit quelques pages de précisions à la fin de la BD), Conrad fait cette description : « Léopold est leur Pizarro et Thys leur Cortez. Ils recrutent leurs « lanciers » sur les trottoirs de Bruxelles et d’Anvers, parmi les souteneurs, les sous-off, les maquereaux, les petites frappes et les ratés de tout bord ! »

    Les conditions très dures de la vie coloniale en Afrique en limitent l’accès à des sortes d’aventuriers sans foi ni loi, décidés à tirer le plus grand parti, dans le minimum de temps, des comptoirs qu’ils ouvrent sur les berges du fleuve Zaïre, desservis par des barges à aube du même type que ceux conduits par Mark Twain sur le fleuve Mississippi. Plus gravement encore que la « sélection naturelle » des hommes opérée par ce type de conquête, l’improvisation complète et la négligence des commanditaires sautera aux yeux de Conrad, qui la blâmera ultérieurement au premier chef. Le chiffre de six millions d’indigènes sacrifiés à cette cause lucrative, en une vingtaine d’années, est avancé, c’est-à-dire environ l’équivalent de la population de la Belgique à cette époque. En termes de rendement, le caoutchouc allait devenir quelques années après le départ de Conrad, une source bien plus grande que les défenses d’éléphant.

    L’intrigue montre bien comment les écailles, petit à petit, tombent des yeux de Conrad, à mesure qu’il se rapproche du cœur de l’activité du comptoir de Kinshasa. Le futur écrivain avait beau être, en ce temps, fort éloigné des précautions de langage en usage quand on évoque la colonisation aujourd’hui, encore moins du militantisme antiraciste, il n’en regardait pas moins la colonisation de l’Afrique par l’homme blanc comme une mission civilisatrice et noble. De ce piédestal romantique, la réalité le fit chuter brutalement. C’est donc surtout le rapport de Conrad à ses semblables qui s’est trouvé bouleversé, par conséquent à lui-même.

    Evidemment on ne peut s’empêcher de penser au « Voyage » de Céline, dont la noirceur emprunte aussi à sa propre tentative d’implantation au Cameroun ; ou encore au diabolique roman d’humour noir de l’écrivain britannique E. Waugh, « Magie noire », situé lui aussi en Afrique (Ethiopie), bien qu’à une période ultérieure ; ces ouvrages écrits d’une plume trempée dans le vitriol font paraître l’anthropologie une discipline annexe de l’anthropophagie.

     

    Kongo, Tom Tirabosco et Christian Perrissin, Futuropolis, mars 2013.