Gouache par Burlingue
gouache
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Vaches qui rient
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Farandole contemporaine
Gouache de Burlingue
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Revue de presse BD (235)
+ Revue de presse tout en images cette semaine, à commencer par une caricature de Bobika (ci-dessus), dont le webzine "Zébra" publiera de temps en temps un dessin original. Bobika publie aussi dans "Siné-Mensuel" du mois de mai.
+ On peut se fendre comme Bernard-Henri Lévy dans "Le Point" d'une longue chronique pour raconter la campagne présidentielle dans ses moindres détails, ou bien la résumer en un seul dessin comme l'Enigmatique LB (qui expose ses caricatures en ce moment à Lyon avec quelques confrères).
+ Le dessinateur et peintre satirique Xavier Bureau, alias "Burlingue", peint régulièrement dans son petit atelier parisien de petites gouaches très vives, comme celle-ci. De temps en temps il expose son travail à Paris ; en temps ordinaire, on peut en avoir un aperçu sur son site internet.
+ Daniel Dugne, sur le site "Caricatures & Caricature" reproduit plusieurs caricatures du célèbre ténor italien Caruso (1873-1921), qui prenait son violon d'Ingres très au sérieux, déplorant de n'être pas invité au dîner offert par Mark Twain à une brochette de caricaturistes : - Peut-être Mark Twain ne me connaît-il que comme ténor ? fit Caruso (le chanteur s'était formé aux Beaux-Arts de Naples).
+ "Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, des cafés tapageurs aux lustres éclatants..." : non seulement les vers de Rimbaud, mais quelques contes cocasses d'Alphonse Allais ont immortalisé les cafés parisiens, où se réfugiait autrefois la bohème des artistes.
On peut se désennuyer des débats et slogans politiques en se plongeant dans la somme que Gérard-Georges Lemaire consacre au phénomène des cafés littéraires (éds de la Différence, 2016) ; le bouquin, abondamment illustré, ne se limite pas à Paris mais explore les principales capitales européennes. Ci-dessus, le caricaturiste tchèque Antonin Pelc a représenté l'écrivain Hasek au café "Union".
+ La BNF a mis en ligne sur son site Gallica plusieurs hebdos satiriques, comme "Le Chat Noir" ou "L'Assiette au Beurre", souvenirs du temps (pas si lointain) où la presse populaire existait encore ; le dessin ci-dessus signé Grandjouan est tiré de "L'Assiette au Beurre" du 13 janvier 1906.
+ Le musée Peynet de la caricature à Antibes expose jusqu'au 10 septembre prochain 140 dessins de Bosc, maître défunt de l'humour noir.
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Paris, Travel Book L. Vuitton
Non, Paris n’est pas grise, comme nous le prouve cette balade « sous acide » de Brecht Evens à travers la capitale ; son recueil d’images s’intègre dans la série de « Travel Books » commandée par Louis Vuitton à divers artistes. Ainsi le peintre congolais Chéri Samba a déjà peint la capitale française.
Des auteurs de bande-dessinée ont participé, dont le mangaka Jiro Tanagushi qui propose son regard sur Venise, et l’Italien Lorenzo Mattoti, sur le Vietnam ; toujours des artistes étrangers à la ville, même si le jeune auteur flamand Brecht Evens est installé à Paris depuis 2013.
Les lecteurs Français découvrent Brecht Evens en 2011 quand, à 25 ans, il reçoit le prix de l’audace au festival d’Angoulême pour « Les Noceurs », projet de fin d’études (école supérieure des arts Saint-Luc de Gand).
Paris s’anime sous le pinceau de l’auteur en une centaine de pages représentant ses monuments emblématiques, mais aussi la vie quotidienne dans les passages parisiens, aux terrasses des bistrots, dans les parcs urbains, sur les bords de Seine…
Brecht Evens croque aussi les Parisiens sous toutes les coutures, avec un sens de la narration venant de la bande-dessinée. Du sportif à la parisienne branchée, en passant par les flâneurs, les prostituées ou les touristes, la vie trépidante est décrite par chapitre, d’arrondissement en arrondissement.
Les Parisiens reconnaîtront-ils Paris ? Le Flamand propose parfois une vision très personnelle ; ainsi le Passage des Panoramas ressemble à un souk marocain, et la sévérité du Trocadéro ou la quadrichromie austère de Beaubourg disparaissent sous un nuage coloré.
Les couleurs chatoyantes, les tonalités froides ou chaudes toujours harmonieuses parsèment le recueil. Les accords colorés osés de Brecht Evens évoquent la peinture fauve. On retrouve cette fascination pour la couleur des peintres du Nord, Vlaminck, Matisse, voire Van Gogh.
Mais il utilise les moyens de l’illustration car, dans son pays, on ne dénigre pas la bande-dessinée et l’illustration.
L’aquarelle est principalement utilisée, en jouant des accidents heureux, des superpositions et des transparences permises par cette technique. D’autres techniques s’y ajoutent, comme la gouache qui donne un aspect plus dense et crayeux, l’encre ou le feutre qui offre des respirations dans des images très souvent saturées en couleur.
Les compositions audacieuses, les perspectives tronquées, évoquent les compositions architecturales futuristes de Severini ou de l’Allemand Otto Dix ; et là, un clin d'oeil au peintre français Balthus.
L’intention novatrice de l’artiste, qui fait fusionner peinture, illustration et bande-dessinée, rend sa démarche fascinante et donne envie de tourner les pages une à une.
(Aurélie Dekeyser)
« Paris », Travel Book par Brecht Evens, Louis Vuitton, 2016, 45 euros (vendu dans les boutiques Louis Vuitton, sur le site officiel et dans une sélection de librairies).
Le cimetière du Père Lachaise, par Brecht Evens.
Vue nocturne de Paris, par Brecht Evens.
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Revue de presse BD (96)
+ Tomasz Kowalski (ci-dessus - sans titre) a remporté cette année le prix du dessin 2014 décerné par la (riche) fondation F. et D. Guerlain, au cours de la dernière semaine du dessin.
+ Billet humoristique de F. Forcadell sur le thème : quel dessinateur en Une du "Figaro" ? Le dessinateur de BD Blutch y donna naguère quelques dessins d'humour allemand ou américain. F. Forcadell ne mentionne pas Cabu, pourtant très bon connaisseur des tics de gauche, et qui nous dit cette semaine que Valls = Sarkozy, ce qui signifie peut-être que "Le Figaro" n'est pas tout à fait un journal d'opposition. Quoi qu'il en soit, un dessinateur de presse "de gauche" ou "de droite" est forcément borgne, une sorte de cyclope.
+ "Les Petits Miquets" est un nouveau blog-bd publié par LeMonde.fr ; on peut y retrouver Y. Frémion, qui signe un article sur l'humoriste argentin Copi. Moins convaincant, un article signé Cédric Piétralunga fait l'éloge de "Lastman", la série de mangas made in France produite par Casterman et Bastien Vivès & ses potes. Les détracteurs du manga y sont ainsi traités de "bien-pensants", cela même alors que la culture japonaise est la plus moderne du monde, c'est-à-dire la plus conformiste.
+ Le grand mufti d'Arabie saoudite, c'est-à-dire l'équivalent de notre ministre de l'Intérieur et du culte, a mis à l'index une BD, "Les 99", précédemment recommandée par Obama, et dont les (super-)héros sont de confession musulmane, afin de satisfaire les besoins de la communauté musulmane américaine en fictions édifiantes (pléonasme). "Les 99" sont accusés par le grand mufti d'être l'oeuvre du diable et, à son crédit, on note que le fait de censure a été immédiatement rapporté par le quotidien américain The Daily... Beast. De façon moins anecdotique, on remarque que la religion n'est qu'un prétexte, dans les deux cas, pour ou contre "Les 99", afin de dissimuler des intérêts nationaux sonnants et trébuchants. Le caractère providentiel de ces super-héros, qu'ils soient au service du culte ou d'un Etat laïc, en est une preuve supplémentaire. Il est étonnant de constater que la culture grecque antique est moins dévote que la culture de masse américaine. Du point de vue français, le progrès de cette culture providentielle marque un recul inquiétant de l'individualisme.
+ En même temps que la presse française est au bord de la faillite, on cause beaucoup du dessin de presse et de la caricature, notamment à travers divers concours, comme celui ouvert à tous jusqu'au 28 mai, et intitulé suivant une métaphore militaire étonnante "fantassins de la démocratie".
+ Le dessin de la semaine est une gouache de Burlingue, qui expose ses nouveautés à l'atelier RG (Paris 9e) jusqu'au 18 avril. On peut y voir notamment une paire de chimères jouant au badminton, neuf spidermans et pas mal de jocondes, des vaches qui rient, mais encore St-Michel terrassant l'UMP, ou bien des portraits de Leibnitz et Braque... On ne sera pas surpris, sachant que Burlingue, ex-galeriste passé "de l'autre côté", reconnaît pèle-mêle l'influence de Topor, Saul Steinberg, Beckett, Allais, Tomi Ungerer.
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L'Art de Burlingue
J'ai découvert l'art éclectique de Xavier Bureau, alias Burlingue, en flânant autour de la place de Clichy. Si vous voulez en faire autant, il faudra vous dépêcher, vu que son expo-vente à l'Atelier RG s'achève le 30 mai.
La gouache, médium pourtant réputé modeste, plastronne dans les morceaux de Burlingue, où les chimères diaboliques, conservatrices ou plus modernes, font la nique au spectateur ; griffons, centaures, dinosaures, voire homme-araignée, valsent et s'entrelacent dans ces enluminures qui raillent joyeusement l'art déco. Sans doute cet art aurait plu à Baudelaire, qui toujours hésita et ne sut jamais vraiment départager entre Dieu et Satan.
Il y a aussi des caricatures et des portraits, des fauves aux aguets, bref de quoi surprendre les adultes comme les enfants.
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Coeur berbère
Fan-art Zébra par Aïssam, peintre berbère. Gouache sur carton (25x20).