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critique

  • Diane et Actéon

    Caricature par ZOMBI

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    NB : Vous pouvez suivre les aventures extra-littéraires de Frédéric Beigbeder dans "La Revue Z", en vente sur Amazon (ISBN : 979-8871742525, ou directement en écrivant à zebralefanzine@gmail.com)

  • Autant en emporte la censure

    L’adaptation en BD d’« Autant en emporte le vent », célèbre roman de Margaret Mitchell, prix Pulitzer 1937, confronte son auteur, Pierre Alary, à une triple gageure.

    La première, celle de la fidélité, requise pour une adaptation, en bande dessinée comme au théâtre.

    Nombre de scénaristes se contentent en effet de kidnapper une oeuvre du domaine public, de la triturer dans tous lescritique,margaret mitchell,pierre alary,rue de sèvres,censure,adaptation,sudiste sens, avant d’apposer le nom de l’auteur de l’œuvre originale sur la couverture, puis de proposer, avec la complicité d’un éditeur (le terme de margoulin est ici plus exact), un produit éditorial innommable — une sorte de bourbon vendu pour du single malt.

    Secundo, l’adaptateur a dû affronter le « politiquement correct », qui relègue actuellement « Autant en emporte le Vent » dans l’Enfer de la Culture.

    Puisqu’elle vaut toujours, reprenons la défense de Molière contre ses détracteurs puritains : - « Autant en emporte le vent » ne dit pas ce que la censure dit qu’il dit ; ce n’est pas un roman « sudiste », un roman cultivant la nostalgie des plantations de coton où les noirs s’échinaient à enrichir leurs maîtres.

    Ce n’est pas non plus, d’ailleurs, un roman sentimental, encourageant le bovarysme.

    La censure s’acharne parce que M. Mitchell n’a pas écrit une œuvre engagée, mais réaliste, qui contredit le roman national américain.

    « Le tarif fut seulement un prétexte, écrit alors le président Andrew Jackson, la désunion, la confédération sudiste, l'objet réel. Le prochain prétexte sera le nègre, ou la question de l'esclavage. » écrivait ainsi A. de Tocqueville, dès 1835, prévoyant la guerre civile et le prétexte abolitionniste de l’Union.

    La troisième difficulté de l’adaptation réside dans la concurrence d’une adaptation cinématographique (1939) par Victor Fleming (m. en scène) et Sydney Howard (scénario), si célèbre qu’elle a éclipsé le roman.

    Si le film ne trahit pas le cynisme de M. Mitchell (cynisme assimilé au péché dans la culture américaine), il a l’inconvénient de se focaliser sur l’intrigue sentimentale et de reléguer au second plan la guerre civile (1861-1865), considérée comme « la première guerre industrielle ».

    On ne peut juger de l’effort de P. Alary pour servir intelligemment l’œuvre originale, dans la mesure où un seul volume (144 p). est paru, sur les deux prévus. Cependant, malgré un dessin  « américain », c’est-à-dire un peu trop académique, on peut dire à la lecture du premier tome que P. Alary n’a pas transformé le roman en guimauve sentimentale façon « Titanic ».

    « Autant en emporte le Vent », par Pierre Alary et Margaret Mitchell, éd. Rue de Sèvres, 2023.

  • De surprise en surprise***

    L'humour de Voutch est une sorte de bicarbonate qui aide à digérer une époque difficile à avaler. Ce caricaturiste s'attache surtoutwebzine,bd,zébra,fanzine,caricature,bande-dessinée,critique,voutch,cherche-midi à caricaturer les "élites économiques" - à bon escient puisque la politique est plus que jamais dictée par ces élites-là.

    Voutch souligne l'importance de l'illusion dans ces milieux "hauts perchés" - illusion du progrès technique notamment.

    Voutch est l'un des derniers rescapés de l'humour de type anglo-saxon, éclipsé pendant des années par le style plus virulent de "Charlie-Hebdo". On pense aussi à Jacques Tati, qui réduisit la "complexité moderne" à une série de gags muets (le bavardage est aussi une caractéristique des élites économiques).

    Le dessinateur apporte un soin particulier au décors ; à juste titre car ils traduisent mieux que de longues thèses de sociologie l'esprit du temps, en l'occurrence son fétichisme fanatique.

    NB : En revanche l'humour des strips de Voutch disponibles sur son blog est beaucoup moins "maîtrisé".

    "De Surprise en Surprise", par Voutch, éd. du Cherche-Midi, novembre 2020.

  • La Franc-maçonnerie dévoilée**

    Le projet de démystification de la franc-maçonnerie énoncé en préambule est assez bien atteint par cette BD dewebzine,bd,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,franc-maçonnerie,bercovici,lacroix,barruel,john wayne,mozart,kipling,hugo pratt vulgarisation historique illustrée par Bercovici.

    Cette galerie de portraits de francs-maçons plus ou moins célèbres est assez hétéroclite pour convaincre le lecteur que la franc-maçonnerie n'existe pas en tant que doctrine bien définie : W.A. Mozart, E. Burke, B. Franklin, Mirabeau, R. Kipling, John Wayne, Hugo Pratt ont tous été francs-maçons, pour des motifs et en des circonstances très différents. Sur ce plan, la franc-maçonnerie est aux adultes ce que les boys-scouts sont aux gosses (d'ailleurs le fondateur du mouvement scout, le général Baden-Powell, était lui-même "maçon").

    La franc-maçonnerie est l'objet de nombreux fantasmes, dont ses défenseurs comme ses détracteurs ont souvent su tirer un parti lucratif, en raison du parfum d'ésotérisme qui flotte sur ces clubs élitistes et ultra-sexistes.

    Comme il manque un fil conducteur historique plus solide, on se prend à regretter que l'auteur, Arnaud de la Croix, ne se soit pas attardé sur un personnage-clef, l'abbé Barruel (1741-1820), qui permet de comprendre la place spécifique de la franc-maçonnerie en France, en comparaison de pays anglo-saxons où une idée laïque beaucoup moins polémique prévaut.

    Ce prêtre catholique est en effet l'inventeur du complot "judéo-maçonnique". Plus malin que savant, Barruel prétendit qu'il était lui-même initié, ce qui est fort plausible.

    Si cette théorie du complot a servi à galvaniser un parti catholique déclinant, contribuant à persuader certains catholiques que la Révolution française était le fruit d'un complot satanique, elle a aussi contribué à renforcer l'identité de la franc-maçonnerie française dans ce négationnisme dont l'enseignement scolaire a gardé des traces. Autrement dit les loges maçonniques ne se sont pas empressé de démentir cette légende, la mettant au service de leur propre propagande, enjolivée par l'image d'Epinal progressiste de la Révolution.

    La réalité politique est plutôt d'un passage de témoin des notables catholiques aux notables bourgeois laïcs.

    La plupart des caricaturistes du XIXe siècle ne s'y laissaient pas prendre et englobaient dans leurs caricatures prêtres catholiques et officiers ou magistrats francs-maçons unis par l'intérêt.

    Quant au complotisme, on voit qu'il contribue encore aujourd'hui au crédit des élites ; celles-ci n'ont plus à justifier leurs actions ou leurs entreprises politiques, mais seulement à rapporter la preuve du délire complotiste. C'est notamment le cas aux Etats-Unis où la seule légitimité du nouveau président J. Biden est l'antitrumpisme, ce qui constitue la légitimité la plus idéologique qui soit - typiquement démocratique, en somme.

    "La Franc-Maçonnerie dévoilée", par A. de La Croix et Bercovici. Ed. Le Lombard, 2020.

  • Les Jardins de Babylone***

    Babylone est dans la mythologie des Hébreux le symbole de la civilisation hostile à Dieu (Jéhovah). Un autre symbole, utilisé parwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,nicolas presl,babylone,jardin,atrabile,bagdad Nicolas Presl tout du long de cette longue BD muette, est le symbole de l'eau. Le besoin de cette ressource vitale pour l'homme est encore accru dans le désert où s'étendait Babylone, non loin de l'actuelle Bagdad. Le pétrole ne remplace pas l'eau et l'Irak est tributaire des nations voisines pour l'approvisionnement en eau. 

    On assassine pour des choses bien moins importantes que l'eau. Tuer pour de l'eau, c'est tuer pour vivre, en somme. Et Nicolas Presl de dérouler le fil de la violence humaine, qui fait de l'homme un animal comme les autres, de montrer à quel point la violence est "universelle", comme on dit désormais pour à peu près toute chose, contrairement à la "paix" qui, elle, est exceptionnelle, réservée à une petite élite.

    Le récit muet de Nicolas Presl contraste avec la logorrhée des chaînes d'information, logorrhée parfaitement nihiliste. L'auteur porte un regard d'entomologiste sur l'espèce humaine.

    Il n'y a rien de plus humain que la violence et la mort - sans oublier la cacophonie des chaînes d'info, qui empêche de réfléchir.

    "Les Jardins de Babylone", par Nicolas Presl, ed. Atrabile, 2020. 

  • Revue de presse BD (373)

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    + "Faut pas prendre les cons pour des gens (2)" : Le premier volume de cette série de gags a cartonné ; l'éditeur (Fluide Glacial) s'est donc empressé d'en publier un second.

    Malgré un mauvais titre, qui sonne comme la réplique d'un vieux sketch des années 80, les auteurs E. Reuzé et N. Rouhaud tendent à notre époque un miroir peu complaisant. Ils n'ont eu pour trouver l'inspiration qu'à parcourir la rubrique des faits divers ; la plupart des gags font écho à l'actualité, enrichie en situations ubuesques par le confinement et la politique sécuritaires... sans oublier la mode des idées écologistes adoptées sans hésiter par des peuples qui ont fait du gâchis dans tous les domaines le principal motif de l'existence.

    Le titre "Faut pas prendre les cons..." n'est pas bon car les faits divers et les gags illustrent une forme d'institutionnalisation de la connerie ; "les gens" sont largement entraînés à être cons depuis le plus jeune âge par les différentes institutions auxquelles leurs parents les abandonnent pour courir après l'argent : la télévision, l'Education nationale, l'Université, j'en passe et des meilleures. La disparition du "bon sens" n'est pas le fait "des gens" en général, mais plutôt d'une petite élite perchée. En effet le "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué" est en filigrane de toutes les situations absurdes exploitées ici.

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    "Comédie française" évoque une satire de moeurs enlevée ou une tragédie. Mais rien de tout ça dans l'album de Mathieu Sapin, pesant malgré son style de dessin naïf. Prendre Emmanuel Macron pour sujet, après François Hollande, c'est prendre le risque de se répéter.

    L'actuel hôte de l'Elysée semble persuadé que la BD est un art de courtisan (il invita le bédéaste Jul à l'accompagner en Chine). E. Macron est un génie du marketing politique ; on le sait déjà depuis son élection et son emploi du temps n'est pas bien palpitant.

    Plutôt que sur les manifestations de Gilets jaunes, vite évacuées, l'auteur préfère s'attarder sur la passion qu'il partage avec Brigitte Macron pour l'oeuvre de Jean Racine.

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    Dessin signé Tignous.

    + Où l'on apprend que Gertrude Stein fournissait en funnies (BD) le jeune couple formé par Pablo Picasso et Fernande Olivier. Quelques justifications supplémentaires à l'expo "Picasso et la BD" (musée Picasso) fournies par son commissaire Vincent Bernière ; une expo un peu "tirée par les cheveux".

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    + Rétrospective "Le Rire de Cabu" à l'Hôtel de Ville de Paris (salle St-Jean) (9 oct.-19 déc.).

    Cabu tempérait : - Le rire... ou le sourire. Sachant que le rire peut être gras, ou même sournois.

    Une expo Cabu sous haute surveillance policière où il faut montrer patte blanche : décidément le destin est ironique...

  • Voltaire (très) amoureux*

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    Le portrait de Voltaire par Clément Oubrerie est-il fidèle au modèle ?

    On ne sait si C. Oubrerie a lu Voltaire "in extenso" (ce n'est pas indispensable), mais il a fait un effort documentaire pour resituer la liberté de ton de Voltaire dans son contexte, montrer en quoi la gloire d'un homme de lettres d'origine bourgeoise (mais déshérité par son père) passe, à la fin du XVIIIe siècle, par la fréquentation de Salons littéraires dirigés par des femmes.

    « Voltaire amoureux » : le titre du premier tome cache que Voltaire est d'un tempérament plus cynique que passionné ou amoureux. "Candide" comporte une satire de l'amour que le "beau sexe" inspire au "sexe fort".

    « Voltaire très amoureux » : le titre du second tome cache, lui, que Voltaire n'est pas tant le sujet traité ici qu'Emilie du Châtelet, qui compte Voltaire parmi ses nombreux amants, et dont le titre de gloire est d'avoir traduit les ouvrages d'Isaac Newton en français, et contribué avec Voltaire et d'Alembert (notamment) à répandre la théorie de l'attraction universelle à laquelle l’académie des sciences française, cartésienne, s’opposait.

    Emilie du Châtelet, dès son plus jeune âge encouragée par son père à étudier, est une personnalité qui ne manque pas d’intérêt ; hélas elle se transforme sous la plume d’Oubrerie en une sorte de "pin-up" en dentelles. En porte-jarretelles ou en nuisette, à l’horizontale ou à la verticale, Oubrerie la dessine sous toutes les coutures, ce qui est un peu… réducteur.

    L’adhésion de Voltaire à Newton passe donc par Emilie du Châtelet. Elle est aussi sans doute la conséquence de l’anglomanie de Voltaire affichée dans tous les domaines. Si Voltaire s’était penché lui-même sur Newton, peut-être l’aurait-il trouvé excessivement mystique, puisque le savant anglais mélange religion, théologie et science, de la manière la moins ordonnée qui soit, en recul par rapport à R. Descartes sur ce point.

    Relire Voltaire n’est pas inutile puisque la France est demeurée une monarchie absolutiste (les manuels d’éducation civique préfèrent parler pudiquement de « centralisme »). K. Marx qui jugeait les critiques de Voltaire limitées incite même à voir dans la mondialisation actuelle le prolongement des « valeurs » absolutistes, notamment le culte mystique de l’Etat.

    Voltaire (très) amoureux, C. Oubrerie, ed. Les Arènes, août 2019.