Fanzine Schtroumpf, mars 1978, illustration de couverture par F'murr.
+ L'éditeur Vincent Bernière (Delcourt) a racheté "Les Cahiers de la BD" à son propriétaire Glénat ; tout du moins il a racheté le titre, puisqu'il y a belle lurette que cette publication ne paraît plus. Les amateurs de BD connaissent bien "Les Cahiers de la BD", fanzine qui parut d'abord sous le titre un peu moins snob "Schtroumpf", à l'initiative du (très) jeune Jacques Glénat.
Si le magazine n'a jamais réussi à toucher un public assez large et fini par péricliter, en revanche J. Glénat a fondé une maison d'édition de BD florissante.
Depuis les années 70-80, la BD a beaucoup changé ; en devenant un art, elle a perdu une partie de son charme "underground" ou artisanal, suivant le type de production. "Schtroumpf" publiait notamment de longues interviews des auteurs de BD, que l'on peut trouver désormais sur internet.
En mars 1978 (n°17), "Schtroumpf" interviewe F'murr ("Le Génie des Alpages") :
-Cervantès n'a certainement pas eu conscience de ce qu'il venait de faire en créant Don Quichotte. Son propos était de ridiculiser les romans de chevalerie, et en fait il a créé un mythe. J'aimerais qu'il existe une chose semblable dans la bande-dessinée.
- Il y a Tintin...
- Non. Tintin n'est pas un mythe pour la bonne raison qu'il ne véhicule rien du tout. Il est totalement neutre. On pourrait à la rigueur parler des personnages américains style Superman, mais ce sont des ressucés de personnages mythologiques anciens et en plus minables. Un mythe doit correspondre à quelque chose, dans l'inconscient du lecteur. (...)
+ A partir de la fin septembre, le musée d'art et d'histoire du judaïsme rendra hommage à René Goscinny, 40 ans après sa disparition (1977), à travers l'expo. de nombreuses planches et scénarios originaux, ainsi que des documents d'archives entre les mains des ayant-droit ; R. Goscinny avait en effet entamé une carrière de dessinateur de BD, avant d'y renoncer pour se consacrer exclusivement au scénario.
Si des témoignages concordants (Gotlib, Jijé, Mouminoux) font état d'une personnalité complexée et susceptible, il n'est pas moins vrai que R. Goscinny fait partie des auteurs qui ont contribué à tirer la BD vers le haut. En raison de son succès, on mentionne toujours "Astérix et Obélix" en premier lieu, mais Goscinny a sans doute fait preuve d'un humour plus subtil dans quelques "Lucky-Luke" (satire de l'époque de la colonisation de l'Amérique parfois inspirée de Mark Twain), et surtout dans "Le Petit Nicolas" où il fait preuve d'un certain talent littéraire et satirique.
Voir R. Goscinny rattaché au judaïsme peut surprendre, car on ne retrouve nulle part mention dans son oeuvre du discours identitaire juif à la mode aujourd'hui (discours débile puisque en contradiction avec la Bible - autant se réclamer du veau d'or directement).
(Ci-contre caricature de Goscinny par Jean Ache.)
+ Le festival Lyon-BD, qui a lieu ce week-end, expose le bédéaste Jérôme Jouvray dans le parking de la Place de la République. L'auteur dispense des conseils sur la manière de fabriquer une BD. Le choix d'un parking souterrain est sans doute fait pour rappeler les origines ténébreuses de la BD, et qu'elle est un art "séquentiel" parallèle à l'automobilisme.
Dessin humoristique de J. Jouvray en hommage à "Charlie-Hebdo"
+ Rappel : Waner et quelques-uns de ses confrères de "Siné-Mensuel" mettront en vente leurs dessins originaux au marché du livre ancien, square G. Brassens (Paris 15e) le week-end prochain (17-18 juin).