Dessin (maladroit) de Biche dans "Charlie-Hebdo" - 2 sept.
+ Les frères Kouachi, assassins des caricaturistes de "Charlie-Hebdo", ont été liquidés par la police, ce qui ne n'empêche pas la justice française d'organiser un très médiatique et très politicien procès.
Dans un numéro revanchard, spécialement consacré à ce procès (2 sept.), Philippe Lançon (grièvement blessé lors de l'attentat) ose espérer que le procès apportera des... explications (!?). Comment un hebdomadaire plutôt anticolonialiste, d'abord contre la guerre d'Algérie, puis celle d'Irak, a-t-il pu finir par se rallier à la politique du Pacte atlantique et ses méthodes... expéditives ? Voilà qui mériterait en effet une explication.
Le dessin (ci-dessus) de Biche est particulièrement maladroit, parce qu'il suggère une connivence entre la puissance financière de Manhattan et le minuscule "Charlie-Hebdo".
Et suis-je le seul à trouver que "Charlie-Hebdo" s'est "gentrifié" depuis Cavanna et Choron, pour parler pudiquement ? Sans doute pas.
- Curieusement la rédaction de "Charlie-Hebdo" éprouve plus de rancune vis-à-vis de ceux qui, à gauche, les auraient trahis (E. Plenel, E. Todd, Delfeil de Ton...) que vis-à-vis des frères Kouachi.
Quand on n'aime pas les traîtres et la trahison, mieux vaut ne pas s'avancer sur le terrain de la politique (cette leçon est déjà dans Shakespeare).
Dans sa double page sur "Les charognards du 7 Janvier 2015", "Charlie" cite le rappeur Abd Al Malik : "lorsqu'on défend la liberté de la presse, (...) il ne faut pas oublier le rapport de force entre celui qui l'exerce et celui qui la subit." N'est-ce pas parfaitement résumer l'affaire des caricatures de "Charlie-Hebdo" ?
- "Résilience" est un mot que je déteste." : cette citation de Cabu comme pour rappeler que "Charlie-Hebdo" fut naguère "à contre-courant" médiatique. La "résilience" n'est rien d'autre que l'état d'esprit des citoyens d'un régime totalitaire dont les médias diffusent en boucle le fameux slogan : "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles."
Picasso dans un dessin d'humour (de Maurice Henry).
+ Retour sur l'expo. (peu fréquentée pour cause de paranoïa nationale) "Picasso et la BD" (jusqu'au 3 janvier au musée Picasso à Paris) ; dans "Le Figaro" (1er sept.), Etienne Sorin explique que l'expo. joue surtout sur la sympathie entre Picasso et la BD, nés en même temps.
Picasso appréciait particulièrement le genre du "comic strip" (le plus "pur").
De leur côté, les auteurs de BD n'ont pu manquer de faire référence au pape de l'art moderne (de E.P. Jacobs à Gotlib en passant par Maurice Henry).
Il reste que l'art de Picasso, qui repose surtout sur le dessin, est le plus éloigné de la bande dessinée, dans lequel le dessin compte peu. Le récent succès d'un Riad Sattouf le prouve encore, car il s'agit d'un succès surtout "littéraire". "Peanuts" est un chef-d'oeuvre littéraire, non plastique ; idem pour "Calvin & Hobbes".
Pour cette raison, il est plus juste de rapprocher Reiser de Céline que de Picasso ; Reiser et Céline sont tous deux "géniaux" : l'un réinvente la manière de faire de la caricature, l'autre d'écrire des romans. Picasso est d'abord et surtout un travailleur acharné, de 7 à 77 ans.
+ Il aurait eu cent ans cette année ; on peut définir le poète satirique Charles Bukowski comme un pavé dans la vitrine du rêve américain, ou encore comme le seul musicien de rockn'roll authentique.
La misogynie de "Hank" Bukowski lui est comptée comme un péché, mais pas son alcoolisme ; pourtant, qu'est-ce qui traduit mieux que l'alcoolisme la violence de la société américaine, latente ou intériorisée, qui n'attend qu'une étincelle pour éclater en pogroms ?
En lisant Bukowski, on comprend que l'enfer est le terminus de la civilisation occidentale.