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  • Revue de presse BD (147)

     Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.

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    - Je suis climato-sceptique, mon Père. Dessin de Banx.

     

    + Le dessinateur britannique Jérémy Banks, alias Banx a courtoisement consenti à ce que l’un de ses dessins d’actualité (muet) fasse la couverture de notre précédent hebdo. Quelques précisions à propos de cet humoriste confirmé, dont l’ironie et l’efficacité sont typiquement anglo-saxonnes ; le célèbre hebdomadaire « Punch » a bâti sa réputation sur ce type d’humour. Notons que le kiosque virtuel « Scopalto » (diffuseur également de « Zébra ») propose une collection d’anciens numéros du « Punch », que l’on peut télécharger gratuitement (pdf).

    Banx, donc, est né en 1959 à Londres, où il vit encore (Greenwich). L’association « Cartoon Art Trust » l’a élu à deux reprises « meilleur dessinateur de presse de l’année », en 2008 et 2013  Il a collaboré au cours de sa carrière à des titres aussi divers que « Punch »« Penthouse »« The London Evening Standard », « The Daily Express », « The Financial Times » (-1986)…

    A noter que Banx collabore en outre à un webzine, « The Reaper », dont la devise « the magazine about death » annonce clairement l’humour noir. On peut acquérir son dernier e-book (2015), « Frankenthing » (les mésaventures de Franken-machin-chose) sur Amazon.

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  • Sables noirs****

    Sous-titre : 20 semaines au Turkménistan. Le reportage en bande-dessinée est à la mode ; si la pressewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,troubs,sables noirs,turkménistan,turkménie,mer caspienne,futuropolis,reportage,bouygues française était plus libre, on pourrait peut-être même en lire plus dans les journaux, au lieu de BD un peu débiles comme « Blueberry » ou « Largo-Winch » ; en effet les photos ne se prêtent pas bien à la reproduction dans les pages de journaux, en raison du mauvais papier. Le dessin est plus net.

    Un autre obstacle est sans doute la rareté des dessinateurs capables de faire du reportage ; de ce point de vue aussi, Cabu était exceptionnel. La formule de « La Revue dessinée » n’est pas encore très convaincante, qui reprend le modèle des BD pour enfants, tirant vers la fiction et pas assez synthétique.

    L’album de Troubs est un peu entre les deux : il part du récit se son expédition en Turkménie pour y faire traduire et illustrer quelques poèmes de Prévert, mais on sent un effort pour prendre du recul et donner de ce pays une image aussi juste que possible. Ce petit Etat à l’Est de la mer Caspienne, anciennement partie de l’empire soviétique, et officiellement indépendant depuis 1991, est isolé à bien des titres : pas de touristes, et un régime qui n’encourage pas le tourisme ; interdiction de prendre des photographies, que de jeunes gens effectuant leur service militaire sont chargés de faire respecter ; en dessinant ce qu’il y voit, Troubs profite d’un vide juridique. Le législateur n’a pas estimé que le dessin représentait une menace.

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  • Va'a - Une saison aux Tuamotu***

    L’archipel des Tuamotu est un ensemble de 78 îles ou atolls situés en plein cœur de l’océan Pacifique,webzine,bd,fanzine,zébra,gratuit,bande-dessinée,kritik,critique,va'a,tuamotu,benjamin flao,troubs,futuropolis,polynésie,pirogue,hobby catrimbaud,ode,tsunami,nécromancie,pendanx,piatzszek,catamaran,lagon,sumatra à l’Est de Tahiti.

    Cette BD de Benjamin Flao & Troubs, publiée par Futuropolis, est comme une ode à la Polynésie française, un poème de bric et de broc, tout comme le « hobby cat* » rafistolé dont les deux compères poètes-dessinateurs se servent pour se promener entre ces îles-confettis, protégés de l’océan par une barrière de corail. Croquis, caricatures, portraits, camaïeux s’efforçant de rendre les cinquante nuances de bleu, tout ça se mélange de façon un peu hétéroclite, sans doute, mais ça flotte. Et les objets parlent, ce qui ajoute une dose de surréalisme au poème.

    C’est un poème moderne, car il parle d’abord de la mort de la poésie. La Polynésie n’est qu’un beau prétexte. D’ailleurs comme Rimbaud, Benjamin Flao & Troubs sont un peu branleurs. Le « Projet Va’a Motu », utopie écolo qui vise à réapprendre aux Polynésiens à naviguer sur des pirogues traditionnelles les a conduits dans l’archipel. Mais, faute de crédits suffisants, Flao & Troubs se retrouvent réduits à « peindre, manger, dormir, fumer, nettoyer la cocoteraie, pêcher lorsqu’on a faim ou ne rien foutre pendant des heures. Comme ce clebs vautré dans le sable. Heureux de son sort. »

    Les essais nucléaires ont fait basculer les Tuamotu dans le progrès ; la population indigène s’est enrichie, équipée de canots à moteurs plus rapides ; l’art quasi inné de la navigation s’est perdu ; les jeunes générations ont perdu le respect des anciens, l’intérêt pour leurs us et coutumes simples. Bref, la poésie est partie en fumée. Quant à l’argent, il s’est peu à peu évaporé.

    On se remet plus facilement d’un typhon que de la mort de la poésie, et le bleu lagon des aquarelles de nos poètes-vagabonds n’empêche pas leur aubade d’être mélancolique, presque sépulcrale. Heureusement les auteurs évitent, grâce à l’ironie, de tomber dans les pleurnicheries écolo ou la description manichéenne ; dans les troupeaux de touristes qui débarquent en Polynésie, en mal d’exotisme, les autochtones ne voient pas des envahisseurs, mais de braves clients – ils ne comprennent pas la cruauté de nos caricaturistes.

    Ce n’est pas la première BD qui donne l’impression que ces îles lointaines de l’Océan Pacifique empiètent sur l’au-delà et la mort. Située beaucoup plus à l’Ouest, à Sumatra, mais cependant dans des décors semblables, le récent « Tsunami » de Pendanx et Piatzszek (également chez Futuropolis) montrait aussi l’importance de la conversation entre les vivants et les morts dans la culture locale primitive.

    Comme les sociétés modernes ultra-sophistiquées cultivent elles aussi une telle nécromancie, collectant les reliques du passé, en remplissant des musées sans perdre une miette,  numérisant, mémorisant tout, ce grand écart dans le temps paraissant soudain si petit, la fin comme identique à l’origine, on retire de cette ode en BD l’impression que la boucle du temps est bouclée, et que l’humanité a fini son tour de piste.

    *Petit catamaran de loisir moderne dont les clubs de voile sont tous dotés.

     

    Va’a - Une Saison aux Tuamotu, Benjamin Flao & Troubs, Futuropolis, novembre 2014.