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occupation

  • Revue de presse (135)

    Extraits de la revue de presse illustrée publiée dans l'hebdo Zébra.webzine,gratuit,zébra,bd,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue de presse,hebdomadaire,alexis tsipras,portrait,grec,titina chalmazi,jean-christophe menu,xavier bonnefont,ump,angoulême,festival,luz,charlie-hebdo,elouarn,reportage,denis robert,cavanna,charlie-hebdo,fécocorico,sennep,ballouhey,claude favard,bonnot,vichy,occupation,plantu,dieudonné,new-yorker,versailles,lycée hoche,cabu,marcel cabut,académie julian,pilote

    Alexis Tsipras façon star de ciné ou "rock star" par l'artiste grecque Titina Chalmatzi.

    + Retour sur le 42e festival d'Angoulême qui s'est déroulé le week-end dernier sans attentat terroriste, ni lynchage d'éditeur de BD par les auteurs en colère. Jean-Christophe Menu, ancien directeur éditorial de "L'Association", a été mandaté par Luz pour y recevoir le prix décerné à "Charlie-Hebdo". J.-C. Menu, sans doute inspiré par la "fièvre grecque", a tenu un discours très "mélenchonien", se payant au passage le luxe de traiter de con le maire UMP d'Angoulême, Xavier Bonnefont, présent dans la tribune. Ce dernier n'a pas bronché : on n'est plus en "Mai 68" et le FN est le premier souci de l'UMP désormais, non plus les discours écolo-communistes. Comme la satire n'est pas incompatible avec la vérité historique, signalons que le propos de J.-C. Menu selon lequel la liberté d'expression serait une conquête du peuple contre l'absolutisme relève de la pure propagande. Les grandes révolutions populistes en Europe -française, bolchevique...-, n'ont pas débouché sur des régimes favorables à la liberté d'expression, bien au contraire.

    + Un blogueur, amateur érudit de BD franco-belge, Elouarn, a publié sur son blog ce petit reportage sur le festival. C'est propre, net et sans bavure, comme une notice de guide Michelin.

    + Interwievé par le quotidien gratuit "20 Minutes" à Angoulême (30 janvier), le journaliste Denis Robert, dont le travail d'investigation sur l'affaire Clearstream a été adapté en BD, évoque par ailleurs un documentaire sur François Cavanna ("Cavanna, même pas mort"), qui sortira en avril : "ça me trottait dans la tête avant même sa disparition, alors qu'il était déjà très affaibli (...). L'ironie, c'est que je n'arrivais pas à trouver de distributeur et que depuis les événements de "Charlie-Hebdo", ils se bousculent au portillon." C'est officiel, "Charlie-Hebdo" n'appartient plus à la contre-culture.

    + Le dernier webzine bimestriel "Fecocorico", publié par l'association de caricaturistes français Feco-France, rend naturellement hommage à l'équipe de "Charlie-Hebdo". Curieusement, des portraits photographiques des victimes ont été préférés à l'un des nombreux dessins publiés à l'intérieur. Le dessinateur Ballouhey consacre un article à Claude Favard, alias Bonnot. A la demande des ayants-droits, il a ôté les illustrations de son article. Comme on parle beaucoup des valeurs républicaines, en ce moment, et de les inculquer à l'école avec plus de fermeté, c'est l'occasion de rappeler que la propriété est de loin la plus importante, dont toutes les autres découlent. Quand la propriété fout le camp, tout fout le camp.

    Déjà auteur d'un intéressant article sur l'inspiration des caricaturistes français par les fables antiques, dans le précédent numéro de Fécocorico, JMB se penche cette fois sur la production du dessinateur Sennep (1894-1982) pendant l'Occupation. D'une part des dessins humoristiques commandés à Sennep par les hôteliers de Vichy, réquisitionnés par le gouvernement de Pétain, afin de ne pas se faire oublier de leur clientèle commerciale et la faire patienter (!). D'autre part une série de dessins tournant paradoxalement en dérision le régime de Vichy. L'auteur de l'article mentionne l'anti-intellectualisme parmi les leitmotivs de la propagande de Vichy ; c'est en effet un thème nietzschéen (néo-païen), mais il est également marxiste et donc pas spécialement "vichyste".

    + Le dessinateur Plantu est la cible de plusieurs de ses confrères caricaturistes. Nous-mêmes reproduisions la semaine dernière un dessin de James Van Ottoprod, ironisant sur le manque de mordant des dessins de Plantu, ornant la "Une" du "Monde" depuis des lustres (-1972). Plus vachard, un dessin de Babouse dans le numéro best-seller de "Charlie-Hebdo" suggère que l'hommage de Plantu à "Charlie-Hebdo" n'est pas sincère. Les dessins de Plantu sont dans le goût "américain" - je ne parle pas de l'humour subtil du "New-Yorker" à destination des élites new-yorkaises cultivées, mais plutôt des dessins de presse politiques américains, didactiques, dont le but est de résumer tel ou tel conflit de politique interne le plus souvent. Est-ce son soutien à Dieudonné, sa position avantageuse au "Monde"son style de dessin, sa satire des méthodes de la CGT, qui ont valu à Plantu toutes ces flèches ? (déjà Cabu, de son vivant, ne le ménageait pas). Il y a sans doute un peu de tout ça. Néanmoins, au cours des dernières années, les dessins de Plantu lui ont valu des menaces ou des pressions de la part de lobbys plus puissants, du moins en France, que les partis islamistes radicaux du tiers-monde. Il est en outre plus difficile d'être incorrect en "Une" du "Monde" que de "Charlie-Hebdo" - du moins c'était le cas tant que "Le Monde" avait plus d'abonnés que "Charlie-Hebdo".

    "Versailles magazine" (février 2015) rend hommage à Cabu, qui fréquenta le lycée Hoche de cette ville dans les années 50, venu de Châlons-sur-Marne où son père, Marcel Cabut, était prof (ENSAM). "Il s'installe à Paris en 1954, découvre Trenet à l'Olympia, le jazz, fréquente l'Ecole Estienne et croque des modèles vivants les week-ends à l'Académie Julian." "Versailles magazine" note en outre que, "dans le n°222 de "Pilote", on retrouve les dessins de Cabu, venu faire son reportage 11 ans après son passage au lycée. Caché derrière son personnage, il évoque certains de ses professeurs : Monsieur Hélier, professeur de mathématiques, Monsieur Mazin, professeur d'Histoire-Géographie... Il parle de son 1er prix de gymnastique, confie à quel point les frites du lycée sont bonnes (...)"

  • Ouvrier***

    (Mémoires sous l’Occupation, vol. 1)

    Je reprochais récemment au dernier album de Tardi d’après son père, cet antihéros, le mélange deswebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ouvrier,occupation,bruno loth,jacques tardi,collaboration,louis-ferdinand céline,front populaire,guerre,résistance,bordeaux genres («Moi, René Tardi»). Il n’est pas interdit, comme Louis-Ferdinand Céline, de mêler le drame personnel à la peinture d’histoire, bien au contraire. Mais le drame, Céline l’a vécu, et le péché atroce qu’il a commis, de partir à la guerre la fleur au fusil, et tout ce qui s'ensuit à quoi la légalité n'enlève rien, il s’en accuse d’abord au premier chef ; ça permet à ses meilleurs romans de ne pas verser dans la morale édifiante, voire d’atteindre l’humour humble du cocu qui sait qu’il est cocu et s’en moque autant que possible (Les soldats sont des cocus qui reviennent avec des blessures plus profondes que les blessures d’amour).

    Le drame de Tardi Jr est seulement d’avoir eu un père, ancien prisonnier de guerre aigri et radoteur, s’accusant d’un péché bien différent: celui d’avoir connu la défaite.

    Céline est d’ailleurs un auteur pleinement populaire, et non populiste. Il n’accuse pas seulement les élites «judéo-maçonniques» et cléricales du péché de la Grande Guerre, mais aussi les prolos et les paysans, les employés de son rang, de se laisser conduire systématiquement au néant par le joueur de flûte –de préférer le bar-PMU à l’histoire.

    De populisme on ne trouve pas trace non plus, ou presque pas, dans la BD-témoignage de Bruno Loth d’après son père, et donc pas le «pathos» psychologique sur la relation père-fils. «Mon père avait entre 20 et 25 ans, c’est un témoin direct, et ses souvenirs d’homme ordinaire m’apparaissent aujourd’hui comme une véritable aventure.» C’est assez malin, plutôt que de s’inventer un drame, de tirer de celui, réel, vécu par son père, matière au récit. Mais l’auteur exagère un peu, car ce n’est pas exactement ici un récit d’aventure.

    Jacques Loth, illustré par son fils, nous narre les conditions de la collaboration forcée des ouvriers des chantiers navals de Bordeaux, ô combien stratégiques en temps de guerre. La résistance? Bien peu s’y risquent. Jeunes, sans famille, jugés inconséquents par leurs parents le plus souvent. Travail et nécessité de gagner sa croûte, bien que l’Allemagne porte ces valeurs au pinacle, font loi bien au-delà des frontières de ce pays, et notamment parmi les ouvriers qui, pour ainsi dire, n’en connaissent pas d’autres. La résistance est un luxe. On s’étonne de l’ampleur des représailles, après qu'un officier allemand a été abattu. Lorsqu’un de ses potes est fusillé, Jacques est stupéfait, lui qui est si doux, au point que sa fiancée le largue en cinq sec, si gentil qu’il ne ferait pas de mal à un Allemand. Tout l’intérêt de ce témoignage réside dans la douceur du personnage, selon moi, qui promène un regard étonné parmi ses contemporains plus vifs, occupés dans tous les sens du terme, et rend donc un témoignage moins militant ou moins passionné de cet épisode d’Occupation.

    Le défaut est, a contrario, d’une vision un peu idyllique du monde ouvrier, lisant des bandes-dessinées et partant jouer aux trappeurs l’été au bord de l’eau (au cours du Front populaire), tels des boy-scouts. Pour un peu on pourrait penser que, «si tous les ouvriers du monde se donnaient la main, ce serait la fête à l’humanité, etc., etc .»… suggestion qui aurait certainement fait ricaner Céline, comme les images d’Epinal stalinienne. On sent peu la dureté de la mécanique, imprimée le plus souvent sur l'ouvrier.

    De même on peut supposer que le jeune homme Céline, plutôt agité, s’il avait connu l’Occupation et non joué les héros en 14-18 précédemment, se serait lancé dans quelque coup de résistance saignant, contrairement au héros de la BD. Pourquoi ? Eh bien pour connaître l’aventure, pardi, celle que le destin dicte d’en-haut aux hommes, et contre laquelle ceux qui préfèrent cultiver leur jardin ou astiquer leur moto ne peuvent rien.

    Ouvrier, par Bruno Loth, éd. La Boîte à Bulles, 2012.

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Dans la Nuit la Liberté****

    ... nous écoute.

    J’observe que le cinéma idéalise presque toujours la guerre. Il la rend esthétique. Non seulement les fanzine,bd,bande-dessinée,zébra,illustration,kritik,critique,dans la nuit la liberté nous écoute,vietminh,maximilien le roy,albert clavier,créon,antigone,l.-f. céline,occupation,indochine,lénine,communistefilms de propagande, mais y compris quand c’est l’intention du metteur en scène de souligner la dureté de la guerre et des combats, il n’y parvient pas. Surtout la guerre moderne. Comme si la pellicule était toujours trop sentimentale, incapable d’imprimer des émotions fortes, et le cinéma un art réservé aux soldats et aux militants.

    En revanche j’ai lu quelques BD qui traitent de la guerre de façon crue… "Dans la Nuit la Liberté" est le récit de la guerre coloniale d’Indochine à partir des souvenirs d’Albert Clavier, jeune "patriote communiste" français, engagé dans l’armée française pour échapper à son milieu, très pauvre.

    Pour de jeunes hommes peu avertis, l’armée a en outre souvent le parfum de l’aventure (cf. L.-F. Céline). Un sergent-recruteur jovial et sympathique, et hop, le tour est joué ! Il faut préciser qu’Albert Clavier est seulement communiste, au départ, parce que c’est l’idéologie dans laquelle baignent son milieu et sa famille (Lénine a lui-même admis que le communisme est souvent demeuré aussi superficiel que peut l’être n’importe quelle religion.)

    Très vite écoeuré par les exactions commises par l’armée française sur la population civile ou les prisonniers, se sentant lui-même devenir aussi "nazi" que les Allemands abhorrés de son enfance, sous l’Occupation, Albert va peu à peu basculer dans le camp opposé du vietminh, et devenir peu à peu officiellement un traître et un déserteur. L’inquiétude des conséquences pour sa famille va vite faire place à celle de se retrouver en position de tuer des compatriotes, ou contribuer à planifier leur mort; puis la seule préoccupation de la survie dans une jungle hostile, parmi des terroristes-résistants spartiates, va primer sur tout. Albert Clavier finira donc la guerre dans le camp des vainqueurs, même si ce n’est pas tout à fait la fin de l’histoire.

    Bien que le dessinateur de cette BD, Maximilien Le Roy, soit lui aussi communiste, le propos n’est pas idéologique. Albert bascule surtout parce que, malgré son statut, il n’est pas capable de tuer ni de torturer. "Lâcheté", dira celui dont c’est le métier, tandis que le déserteur objectera sa conscience ou son individualisme.

    L’argent ou l’intérêt, la jalousie, ne sont pas les seuls motifs d'assassinat: le communisme l'a été aussi; c’est donc bien plutôt une histoire comparable à celle d’Antigone et Créon, racontée ici. Dans le choc entre des nations titanesques, dont on voit que les mécaniques ne peuvent s’arrêter avant d’avoir fait un tas substantiel de victimes et de massacres, la capacité d’un seul à s’opposer à l’holocauste de l’homme, par l’homme, pour l’homme, a quelque chose de stupéfiant et d’absurde. Absurde, car la seule raison de s’y opposer, il la trouve surtout en lui-même. Après tout, l’espèce a peut-être besoin de gigantesques saignées, comme ça, de temps en temps, pour fertiliser la terre ou pallier l’absence de prédateur véritablement dangereux pour l’humanité ? Mais l’individu, en conscience, peut refuser de se soumettre à cette loi.

    Un dossier de quelques pages conclut cette BD, évoquant plus en détail le cas de ces soldats français (ou allemands), peu nombreux, qui passèrent dans le camp opposé, et dont peu réchappèrent à la guerre et à la jungle.

    Dans la Nuit la Liberté nous écoute, par Maximilien Le Roy, éd. Le Lombard, 2011.

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)