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jacques ferrandez

  • Revue de presse BD (246)

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    + Accusé par certains de nuire au métier de caricaturiste, l'Internet permet quoi qu'il en soit de découvrir certains dessinateurs talentueux, amateurs ou professionnels, lorsque ces derniers publient dans des titres dont la diffusion est restreinte - ainsi du dessinateur Michel Cambon ("Lettre du Cadre") ou de Delestre ("Est républicain" - ci-dessus).

    + "Arrêtez de manipuler l'Histoire !" titre cette semaine l'hebdomadairewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,octobre,2017,delestre,est-républicain,caricaturiste,jacques ferrandez,elsa charretier,comic con,albert camus,mathieu van overstraeten,premier homme,pied-noir,marianne,histoire,derain,giacometti,france 5,reportage,avant-garde,tanxx,expo,lyon "Marianne" en "Une", accusant la classe politique d'instrumentaliser cette science. C'est un comble de la part d'un magazine placé sous le patronage de "Marianne", emblème d'un culte républicain largement négationniste. La République s'enorgueillit ainsi d'être le résultat d'un processus révolutionnaire émancipateur, alors qu'elle est tout autant, si ce n'est davantage, le terme d'un processus répressif et coercitif.

    L'instrumentalisation de l'Histoire commence à l'école, où la "mémoire" est substituée à l'Histoire, afin de conférer une signification morale (donc religieuse) à l'Histoire. Il est un exemple récent assez probant, c'est la fabrication de la statue du commandeur de Gaulle, en quelques décennies à peine ; le consensus politique sur ce sujet, qui va pratiquement de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, s'oppose à l'exigence d'un bilan critique.

    Ce n'est pas tant à la classe politique que l'on peut reprocher d'instrumentaliser l'Histoire, d'ailleurs. En cela elle ne fait que se comporter comme les générations de politiciens qui l'ont précédée depuis que la France est "laïque", et même avant. Plus inquiétante et plus récente l'instrumentalisation par la presse et les élites intellectuelles. Celle-ci constitue un des symptômes du totalitarisme, repéré à la fois par H. Arendt et G. Orwell ; chacun à sa manière a signalé la confusion du registre scientifique et du registre politique dans la culture totalitaire, alors même que la politique et la science ne répondent pas au même besoin ou attente.

    + Les "comics" échappent rarement au domaine de la culture de masse, cet opium du peuple américain. Elsa Charretier, jeune Française dessinatrice de "comics" invitée à la récente "Comic Con" parle de la dimension "stakhanoviste" de son métier :

    - Le comics US est synonyme de publication hyper-rapide, parfois infernale. Faire vingt-deux pages par mois, c’est difficile. L’endurance, c’est la clé, pour savoir durer dans le métier.

    Caractéristique des ouvrages de pur divertissement, le labeur intense qu'ils réclament. Le divertissement et l'idée moderne du travail ne s'opposent pas, ils sont complémentaires. La religion aurait le grave inconvénient, aux yeux de certains, d'exciter le sentiment de culpabilité: en réalité celui-ci persiste de façon non moins contraignante dans les sociétés sécularisées autour de la notion de travail. Le chômeur est le pécheur des temps modernes.

    + Jacques Ferrandez, après avoir adapté "L'Etranger" de Camus en BD, s'est lancée dans une entreprise plus risquée : la transposition du "Premier Homme", roman inachevé du même Albert Camus, sous la houlette de la fille de Camus, avec qui Ferrandez partage ses origines "Pied-Noir". Ferrandez a été interrogé sur les conditions d'une telle reprise par Mathieu Van Overstraeten.

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    Autoportrait de Derain.

    + On peut encore, à condition de se dépêcher, regarder le reportage que la télévision (France 5) consacre à l'amitié entre le peintre Derain et son cadet le sculpteur Giacometti, deux artistes en proie au doute que leur individualisme entraîna à l'écart de "l'avant-garde", expression de la foi dans l'Avenir.

    Les "cas" de Derain, "fauviste malgré lui" et Giacometti, permettent aussi de comprendre que l'opposition entre l'art abstrait et l'art figuratif n'est qu'une question de degré ou de tendance.

    Ce reportage fait écho à une expo Derain, Balthus & Giacometti au Musée d'Art moderne de Paris (-29 oct.).

    + La bédéaste-linograveuse anticonformiste & cabalistique Tanx expose son travail à Lyon, dans le quartier de la Guillotière (vernissage ce jour). Tanx tranche avec le style feutré des auteurs de BD, explosant en coups de gueule réguliers contre tout ce qui porte des couilles (au sens propre) ou au contraire n'en porte pas (au sens figuré).

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  • Revue de presse BD (211)

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    + L'éviction prématurée de l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy va priver les caricaturistes français d'une importante source d'inspiration ; ses homologues Alain Juppé ou François Fillon sont beaucoup moins pittoresques. Une nouvelle publication satirique, "Sarko-Hebdo", produite à Montpellier, avait même pris l'ancien président pour mascotte.

    On ne sait pas qui, des magistrats ou des caricaturistes, a eu la peau de Nicolas Sarkozy ? Ou simplement la nécessité de renouveler les acteurs du "show" politique ? Quoi qu'il en soit, les militants de droite viennent de priver ceux de gauche d'un de leurs méchants favoris.

    + Dans le magazine "dBD" (décembre 2016), Nicolas Pagnol, petit-fils du célèbre romancier provençal, évoque les conditions dans lesquelles l'oeuvre de son grand-père est adaptée en bande-dessinée sous sa supervision :

    dBd : Mais des adaptations en bandes-dessinées de "Manon des sources" et "Jean de Florette" existaient déjà chez Casterman avec Jacques Ferrandez aux manettes...

    N. Pagnol : C'est exact ! J'ai même repris naturellement contact avec eux pour continuer, mais ils m'ont éconduit de manière fort cavalière. La directrice de l'époque a, du bout des lèvres, accepté l'idée de continuer mais... avec le même dessinateur. Or ce qui m'intéressait, c'était de faire du Pagnol, pas du Jacques Ferrandez. De là, ils ne m'ont jamais relancé, malgré mes courriers et mes nombreux coups de fil. La grande classe ! Fait amusant, suite au succès des albums chez Bamboo, ils se sont empressés de me rappeler. Je ne suis pas près d'y retourner... Ces grandes maisons sont devenues des usines à gaz.

    + Si nous n'étions pas en hiver, nous aurions pu croire à un poisson d'avril, car une version allemande de l'hebdomadaire "Charlie-Hebdo" devrait voir le jour prochainement. Cette traduction devrait être tirée à 200.000 exemplaires (!). Le succès en Allemagne du numéro suivant l'attentat contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique aurait motivé cette décision. L'entreprise relève néanmoins de la gageure ; l'humour n'est pas le plus facile à traduire dans une autre langue, surtout quand il fait référence à une politique locale ; il faudra aussi que "Charlie-Hebdo" s'adapte à la législation allemande en matière d'injures et de diffamation ; on sait que les procès sont une façon pour le pouvoir politique de réduire au silence des publications satiriques jugées excessivement impertinentes.

    "L'Eulenspiegel" est actuellement un des rares titres de presse satirique paraissant en Alllemagne (né en RDA).

    + Dans la "Quinzaine littéraire" (16-30 novembre), Rafaël Pic rend compte de l'exposition au Petit Palais (-15 janvier) des reliques du nouvelliste et critique d'art Oscar Wilde. L'expo porte sur la biographie d'Oscar Wilde, dont les déboires judiciaires liés à son homosexualité et au procès qu'il intenta au père de son amant (et perdit) sont surtout connus.

    Qui sait, par exemple, que ce dandy lettré alla tôt chercher fortune en Amérique (1882) et parvint à s'y rendre célèbre grâce à une série de 140 conférences (lui ayant rapporté 6000 dollars) ; son effigie accompagna même des réclames pour des tapis et une crème pour raffermir les seins. Mais Wilde mourra à Paris dans la dèche et l'anonymat, fabriquant un des derniers "bons mots" qui ont contribué à son renom posthume ("Je meurs au-dessus de mes moyens.")

    Comme l'exposition de manuscrits lasse vite le public, R. Pic souligne que ce type d'expo est nécessairement orienté vers l'art, la politique ou le scandale.

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    Les deux visages du périple d'Oscar Wilde à travers les Etats-Unis - caricatures parues dans l'hebdomadaire américain "Judge".

  • L'Etranger***

    Nombre d’écrivains ont tiré de l’absurdité de l’existence, résumée par Shakespeare dans la fameuse webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,camus,l'étranger,gallimard,kritik,jacques ferrandez,algérie,shakespeare,hamlet,houellebecq,meursaulttirade de Hamlet («To be or not to be»), matière à des pièces ou des morceaux comiques. L’absurdité de la condition humaine est bien le sujet de «L’Etranger» de Camus, que Jacques Ferrandez vient d’adapter en BD, mais c’est un constat sec, sans humour, presque animal.

    Meursault, le jeune héros de Camus, tue un Arabe, le lendemain des obsèques de sa mère, moitié par réflexe de défense, moitié par hasard. Son manque de foi étonne et indispose ses juges, qui le condamnent à mort. Meursault, en effet, ne gobe ni l’amour, ni l’ambition professionnelle, ni la religion, ni le mariage, ni l’amitié, rien de tout ce qui excite ses contemporains. Comment s’offusquerait-il de sa condamnation, puisque vivre, en définitive, c’est pour mourir ? L’imperméabilité de Meursault à l’espoir surprend même son confesseur, venu pour le sauver in extremis, et que les condamnés à mort on habitué à plus de crédulité. Meursault avoue bien un peu de crainte devant le couperet, mais pas assez pour changer brusquement sa disposition d’esprit.

    Le roman, quand il parut, choqua les apôtres du socialisme par son athéisme. Il est vrai que je me suis toujours demandé quelle philosophie ou quel humanisme on peut bien déduire des romans de Camus ?

    Cela dit, Camus paraît désormais plus moderne que le socialisme ; la société de consommation a triomphé en quelques décennies des envolées lyriques des derniers poètes socialistes ; s’il reste bien encore quelques militants, qui proposent tantôt de s’indigner, tantôt de protéger la couche d’ozone, ce sont eux qui sont devenus des étrangers, quasiment isolés dans un océan d’indifférence. Le monde est devenu camusien, c’est-à-dire plus ou moins épicurien, cherchant dans les petits plaisirs culinaires ou érotiques de l’existence, si ce n’est un but, du moins un mode de vie. Il y a bien eu le grand projet d’Europe unie contre la guerre, il y a quelques années, mais on peut se demander aujourd’hui qui a vraiment cru sincèrement dans ce machin, hormis quelques technocrates ? Puisque la politique consiste à gouverner au centre, n’est-il pas raisonnable que chacun, pour toute direction, choisisse celle indiquée par son nombril ? Ainsi Meursault, centré sur lui-même, se rattache à la vie. Il est «amoral», parce que la vie est physique d’abord, avant d’être bonne ou mauvaise.

    L’adaptation de Ferrandez est fidèle au roman de Camus ; assez plate, mais la platitude est voulue par Camus. Le dessin coloré et chatoyant fait paraître l’Algérie où évolue notre antihéros, une sorte de paradis infernal, puisque sans réponses aux questions que l’homme ne peut s’empêcher de se poser.  Cette ignorance de l’homme, ou sa conformité à ce qui le détermine, Camus ne l’envisage même pas comme le principal forceps vers la tombe ; peut-être se débarrasser de l’espoir socialiste a-t-il pompé toutes ses forces ? Camus, comme Houellebecq, a un côté lézard.

    Le problème avec littérature épicurienne, c’est qu’elle vaut rarement un bon verre de vin blanc frais quand il fait chaud.

    L’Etranger, Jacques Ferrandez d’après Camus, Gallimard, coll. Fétiche (!) 2013.

  • Revue de presse (17)

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    + Avant qu'il ne s'intensifie, le tourisme était l'apanage des seuls aristocrates en mal d'exotisme ; ils lancèrent donc logiquement la mode des carnets de voyage au XIXe siècle, afin de noter leurs souvenirs ou préparer des toiles plus sophistiquées. Les auteurs de BD perpétuent aujourd'hui ce genre, et le magazine "Télérama" propose les vidéos de présentation de huit d'entre eux (Clément Oubrerie, Christophe Blain, Bastien Dubois, notamment, fournissent des conseils techniques utiles).

    Jacques Ferrandez, conscient du lien entre les carnets de voyage et le passé colonial, entend se démarquer de l'idéologie colonialiste arrogante vis-à-vis des populations indigènes. Si je peux me permettre, c'est un peu plus compliqué que ça : d'abord la propagande colonialiste n'était pas seulement arrogante ; elle se devait aussi d'idéaliser les colonies afin de faciliter le peuplement par des colons européens ; c'est ce qu'elle fit suivant le coup publicitaire classique de l'érotisme (façon "sea, sex & sun" et les bananes de Joséphine Baker). En outre, le colonialisme ne se traduit pas seulement par des discours arrogants teintés de racisme, mais par une exploitation bien réelle des ressources des pays conquis. Et, de ce point de vue là, on ne peut pas dire que les choses ont beaucoup changé depuis le XIXe siècle.

    + Plus banalement ou modestement que les carnets de voyage, certains auteurs de BD en cette rentrée nous racontent.. leurs vacances d'été. Ainsi de "La Vie de Vertron", qui se tire pas mal de cet exercice de style.

    + Kate Beaton a reçu plusieurs "Harvey awards" au récent festival de Baltimore, dont celui du "meilleur blog BD". Petit extrait.

    + Une étude statistique récente du cabinet So!Use, consacrée à la lecture à l'aide de supports numériques, semble indiquer que les lecteurs de BD sont, de tous les types de lecteurs, les plus attachés aux versions imprimées.

    + Enfin, l'auteur de cette chronique prie ses lecteurs de bien vouloir l'excuser de faire étalage ici d'un coup de coeur personnel en indiquant une petite vidéo qui l'a littéralement bluffé, voire décillé, puisqu'il croyait impossible, jusqu'ici, le mariage de la BD et de l'art contemporain - et puis non, en fait, il suffisait d'y penser.

    + Le fil des précédentes revues de presse. Voilà, c'est tout pour cette fois.

    Z.