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  • Revue de presse BD (268)

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    + Tout ou presque oppose l'humour de Wolinski, prolixe, à celui de Bosc, muet. Dans ses Mémoires dessinés ("Le Bonheur est un métier"/Glénat), Georges Wolinski raconte pourtant son intérêt, voire son admiration pour Bosc, qu'il faillit embaucher à "Charlie-Hebdo".

    A la page 19, Wolinski reprend cette tarte à la crème du suicide, plus fréquent chez les humoristes en raison de leur "lucidité". Ce poncif repose sur quelques cas mémorables. Les caricaturistes de "Charlie-Hebdo" (Cabu, Wolinski, Honoré), eux, étaient bien partis pour fêter leur cent ans.

    D'ailleurs on sait que les cas de suicide sont nombreux parmi les lycéens ou les policiers, espèces qui ne brillent pas spécialement par leur humour ou leur esprit satirique, mais se contentent le plus souvent de blagues potaches.

    Remarquons en outre que l'optimisme est le carburant indispensable des idéologies modernes les plus meurtrières: optimisme des 7 vierges au paradis d'Allah, mais aussi optimisme des "lendemains qui chantent", optimisme du darwinisme social, optimisme de l'égalité entre les hommes et entre les peuples, optimisme de l'entrepreneur, etc.

    Le site internet dédié à Bosc reprend un échange de lettres entre les deux humoristes.

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    + Dans un entretien avec Tewfik Hakem diffusé par "France-Culture", Jean-Jacques Sempé dit son amour de la musique, sujet de nombre de ses dessins, et son horreur de la bande-dessinée.

    - La mort rôde toujours dans les chansons de Trenet.

    + Dans "Siné-Mensuel" de mars 2018, l'humoriste musulman Yassine Belattar, qui se produit dans des cabarets ou des théâtres, répond à la question : - Pourquoi refusez-vous de dire tout simplement "Je suis Charlie" ? Ce qui dans le contexte actuel prête à confusion...

    - Je n'ai pas l'impression que Charb ou les autres auraient voulu qu'on utilise un des moments les plus pénibles de l'histoire de notre pays pour le transformer en slogan, en image pieuse interdite de toute critique.

    Dans l'ensemble, Yassine Belattar fait des réponses très patriotiques, ce qui s'explique sans doute par son implication dans les campagnes électorales de F. Hollande et E. Macron.

    Avant que Philippe Val n'écrive un essai sur la grandeur de l'Occident, les dessinateurs de "Charlie-Hebdo" étaient peu, voire pas du tout nationalistes ; il faut dire que certains avaient participé aux guerres d'Algérie ou d'Indochine. Or la guerre soigne généralement du nationalisme, comme le cocufiage soigne de l'amour.

    + En marge du trophée "Presse-Citron" de la caricature amateur, organisé par les élèves de l'école Estienne, se déroulera à la BNF jeudi 22 mars une série de conférences sur le thème du rapport de la bande-dessinée avec la caricature ; il faut souligner que cette série de conférences aura lieu sous haute protection policière : ne s'agirait-il pas d'un traquenard afin de procéder à l'arrestation de quelques anarchistes ?

    Le rapport entre la BD et la caricature n'est pas apaisé mais conflictuel. La querelle entre Goscinny ("Pilote") et Cavanna ("Charlie-Hebdo") n'était pas une simple querelle de personnes. Auquel cas, Goscinny aurait mieux digéré des critiques qui visaient aussi le contenu "infantilisant" de "Pilote".

    Tandis que la caricature satirique s'efforce de dépasser le niveau du simple divertissement, la BD tend au contraire au pur divertissement (et se trouve ainsi peu à peu remplacée par de nouveaux modes de divertissement encore plus stupéfiants).

    Quelques contre-exemples confirment la règle : le magazine américain "Mad", qui parodiait les "comics" pour souligner leur stupidité ; on peut aussi mentionner quelques BD de Franquin, qui avait fini par être dégoûté par son métier de bédéaste ; et encore Goscinny lui-même quand il souligne certains aspects ridicules du chauvinisme français.

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    Max l'Explorateur, par Guy Bara.

    + Les strips de BD, surtout appréciés par le public germanique ou américain, sont à mi-chemin entre satire et BD. Ils permettent exprimer une forme d'humour qu'il est assez vain d'essayer de transposer au cinéma.

    Le webzine BD-Zoom annonce la réédition prochaine en album chez Dupuis des strips de "Max l'Explorateur" par le dessinateur belge (d'origine lettone) Guy Bara.

    Ces strips furent publiés dès la fin des années 50 dans "France-Soir", puis dans le quotidien belge "Le Soir", jusqu'au début des années 90.

  • Revue de presse BD (249)

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    + BD-Zoom signale la publication d'un album d'Harvey Kurtzman (1924-1993) (aux éds Wombat), cofondateur de la revue satirique américaine "Mad", qui exerça une certaine influence sur les humoristes français ("Fluide-Glacial", "Pilote"...).

    L'auteur de l'article mentionne au passage le lancement par Kurtzman d'un (éphémère) magazine baptisé... "Trump", et financé par le patron de presse pornographique Hugh Hefner ("Play-Boy").

    Commentant l'article de Franck Guigue, un lecteur de BD-Zoom fait remarquer la difficulté de traduire l'humour d'Harvey Kurtzman en français.

    + Une récente dépêche AFP mentionnant la hausse des profits des éditeurs de BD au cours de la décennie écoulée a déclenché le mécontentement d'une partie des auteurs, dont le nombre s'est multiplié et les revenus sont, en moyenne, très bas (inférieurs au smic dans plus de 50% des cas).

    L'industrialisation de la production est en cause ici ; elle ne date pas d'aujourd'hui et l'on peut s'étonner que ses conséquences suscitent la désapprobation d'une corporation restée globalement muette et passive devant ses causes. Toute la question est de savoir si la production et le marketing finiront par nuire aux éditeurs eux-mêmes.

    Quant aux éditeurs et aux auteurs les plus indépendants, ils auraient peut-être plus à gagner qu'à perdre dans la faillite de cette petite industrie du divertissement (faillite ou absorption par l'industrie du divertissement).

    On discerne ici également l'arnaque de la reconnaissance par les pouvoirs publics de la BD comme "un art à part entière" (à coup de médailles et de discours creux). Cet argument essentiellement commercial a l'inconvénient d'unifier artificiellement des pratiques parfois aux antipodes. Cette opération de "gentrification" de la BD rappelle l'histoire plus ancienne du droit de la propriété intellectuelle, systématiquement présenté comme une avancée et un progrès pour les auteurs, mais dans lequel les moins naïfs d'entre eux ont souligné un gain pour les éditeurs, principalement.

    + Guillaume Doisy ("Caricatures & Caricature") aborde le problème de lawebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,octobre,2017,guillaume doisy,drumont,antisémitisme,nazisme,antidreyfusard,communisme,dreyfus,judas,harvey kurtzman,mad,hara-kiri,bd-zoom,wombat,trump caricature et de l'antisémitisme dans un long article truffé de références portant sur la presse illustrée de la fin du XIXe siècle. L'auteur pose la question de savoir si la caricature fut une figure majeure du discours antisémite ? Son étude est focalisée sur la gazette "La Libre Parole illustrée" du pamphlétaire antisémite Edouard Drumont.

    Comme la caricature a servi au cours des derniers siècles à la promotion des idéologies occidentales les plus sinistres et meurtrières (nationalisme, communisme, nazisme, etc.), la question posée par G. Doisy revient à se demander s'il y a un lien spécial entre l'antisémitisme et la caricature. G. Doisy conclut que "S’il ne faut pas minorer l’extrême violence de certaines caricatures diffusées par "La Libre parole illustrée", il faut souligner néanmoins leur rareté."

    Précis et bien documenté, l'article entretient néanmoins le préjugé qu'il y a, entre le discours antisémite et le massacre des Juifs au cours de la seconde guerre mondiale, un lien de cause à effet. L'étude historique approfondie de cette période consiste en effet à élucider la ou les causes véritables du conflit ayant entraîné les massacres, par-delà le(s) prétexte(s) invoqué(s) par les élites politiques pour mobiliser les masses.

    En se limitant au prétexte, on déduirait que la haine du riche, sur quoi repose largement la démagogie communiste, est la principale cause des massacres perpétrés par le régime soviétique (on passerait ainsi complètement à côté du mobile nationaliste très puissant, sous-jacent au communisme d'Etat...).

    Une autre source de confusion consiste à présenter l'antisémitisme comme une sorte de "golem" puissant et unifié, alors même que l'antisémitisme se présente plutôt comme une nébuleuse idéologique, dont certaines tendances se combattent parfois entre elles. On mesure par exemple l'écart entre l'antisémitisme contemporain de l'affaire Dreyfus et l'antisémitisme plus tardif du régime nazi au fait que, du point de vue antidreyfusard, "Juif" et "Allemand" sont quasiment synonymes.

    Il est assez évident que l'émergence récente du nationalisme juif a nettement modifié la perspective de l'antisémitisme, mais aussi de ses détracteurs, qui ont tendance à minimiser dangereusement l'importance du mobile nationaliste sous-jacent, auquel l'antisémitisme fournit un argument démagogique supplémentaire, populiste ou moderniste (dans le cas de l'antisémitisme nazi, appuyé sur un darwinisme racial pseudo-scientifique).

    En affirmant que "(...) la caricature politique en cette fin de XIXe siècle fait généralement preuve d’une violence extrême, intégrée dans les mentalités collectives", G. Doisy ne fait que répéter le poncif qui assimile l'outrance de la caricature à la violence, poncif véhiculé afin de stigmatiser un genre populaire et incriminer a posteriori le "populisme". Si l'on songe aux manifestations à la fois les plus extrêmes et les plus modernes de la violence, on constate qu'elles sont souvent conçues et élaborées dans des ambiances feutrées, avec beaucoup de précautions de langage. Le "politiquement correct", en traquant la violence des mots, n'a pas effectivement aboli la violence.

    (Ci-dessus : portrait d'E. Drumont en "Une" de "La Libre Parole illustrée" en guise d'autopromotion - l'hebdo se vante ici d'avoir épinglé le traître Dreyfus huit ans à l'avance.)

  • La Crème de Crumb****

    L’Américain Robert Crumb, réfugié politique en France* depuis une vingtaine d’années, a acquis grâce àwebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,robert crumb,cleveland,cornélius,crème de crumb,fritz the cat,mad,harvey kurtzman,garry groth,féminisme,brueghel,charles bukowski,comics,jack kerouac,lsd,self made man,américain l’exposition de son travail au Musée d’art moderne en 2012 le statut d’artiste international. On a senti alors une certaine réserve de la part de cet iconoclaste, passé de l’ombre de l'underground à la lumière du musée. La muséographie est l’art de l’éclairage et de la mise en valeur, et occulte le plus souvent les zones d’ombre de la contre-culture. Il faudrait une histoire de l’art non-académique pour traduire le véritable sens de la contre-culture.

    L’intérêt de la longue interview biographique de R. Crumb, qui tient lieu de préface aux nombreux extraits de son travail, vient de ce que cet artiste est né, a grandi et a vécu dans la nation où la culture de masse est la plus étouffante. R. Crumb ne se prive d’ailleurs pas de citer en modèle Brueghel et de dénigrer les « comics » :

    - Gary Groth : Qu’est-ce que tu as contre le romantisme ?

    - Robert Crumb : Je ne sais pas quel est le problème exactement. Tout ça s’est prolongé dans Superman, les super-héros et les bandes-dessinées d’aventure « réalistes », tous ces trucs d’évasion.

    - Gary Groth : Tu te sens encore étranger à ta culture ?

    - Crumb : Oh, putain, oui. Le seul moment où je n’ai pas eu cette impression, où j’ai même commencé à me dire que je faisais peut-être partie du truc, c’était à la fin des années 1960, pendant la période hippie. Même si je ne me sentais pas tant que ça en phase avec le mouvement hippie (…).

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