+ "Ces bouffeurs de flics ultra-violents." : Gérard Biard à propos des Gilets jaunes dans "Charlie-Hebdo" de cette semaine.
Cette déclaration sonne étrangement comme celle d'un journaliste gaulliste en "Mai 68". Un esprit satirique y verra la preuve que les étiquettes politiques n'indiquent rien que de très superficiel sur les hommes - des réflexes corporatistes le plus souvent. Les journalistes sont "de gauche" comme les médecins sont "de droite".
- Le progrès du "réflexe", c'est-à-dire de "l'intelligence artificielle" sur la pensée, est sans aucun doute la marque de la technocratie qui s'étend - phénomène inquiétant car tous les régimes totalitaires s'appuient sur l'intelligence artificielle, chose que l'on admire quand on admire la belle organisation d'une fourmilière, l'optimisme inébranlable qui l'anime.
L'intelligence artificielle est un domaine où l'humain est inférieur à l'animal, tandis que l'on dira au contraire que "l'humour est le propre de l'homme".
+ Cabu a les honneurs de la "La Quinzaine littéraire" (15 déc.-15 janv.), qui titre en Une : "Cabu, l'homme libre". Peut-être parce que "La Quinzaine" est un des rares titres de presse où l'on peut répéter l'opinion de Cabu selon laquelle la publicité commerciale tue le journalisme ?
La parution d'un épais volume consacré à Cabu (384 p.), "Une vie de dessinateur" (Gallimard), rédigé par son ami Jean-Luc Porquet et approuvé par son épouse Véronique Cabut, a servi de prétexte à "La Quinzaine".
Si l'on admire "l'artiste Cabu" et non spécialement l'homme, on trouvera l'ouvrage de J.-L. Porquet excessivement hagiographique.
Cabu -à l'instar de L.-F. Céline- est un auteur satirique que l'on peut apprécier indépendamment de ses idées politiques. Les ouvrages polémiques de Céline (pour la plupart prohibés en France à cause de leur antisémitisme) représentent la part la plus politique de son oeuvre.
Cabu se faisait rarement polémiste ; un ouvrage polémique contre la Guerre d'Algérie n'aurait sans doute pas eu autant d'effet que le personnage mi-comique, mi-réaliste, de l'adjudant Kronenbourg, contrepoids à la propagande républicaine vantant l'héroïsme des soldats et des policiers.
De même Reiser se disait "viscéralement d'extrême-droite et raisonnablement de gauche", conscient du rôle de l'instinct dans l'idéologie et de l'effort que la satire exige au contraire pour dominer cet instinct.
+ Le site Retronews.fr (émanant de la BNF) nous apprend que les "fake news" ou "fausses nouvelles" furent considérées et sanctionnées comme un délit dès 1849 en France.
Il s'agissait alors d'encadrer la presse, en plein essor. Dès le début les journaux apparaissent, ainsi que le souligne la caricature ci-dessus (1815), comme un outil à double tranchant, susceptibles de contribuer au progrès comme de lui nuire.
Lorsque un nouveau moyen d'exercer le pouvoir surgit, la possibilité d'en abuser n'est pas loin, tapie dans l'ombre. Depuis le XIXe siècle, la presse a autant servi la cause de la désinformation que celle de l'information.
La télévision a plus récemment fait resurgir le même débat et les mêmes interrogations, bien que les limites des médias audio-visuels soient plus faciles à discerner. La vitesse de diffusion des informations, le manque de rigueur des témoignages et compte-rendus oraux, sont autant d'éléments qui facilitent la diffusion de rumeurs.
La chasse aux "fake news" est actuellement un prétexte pour préserver le contrôle de la presse et des médias par l'Etat et quelques grands groupes industriels et bancaires ; ce monopole paraît en effet menacé par Internet, comme il fut auparavant par les "radios libres", rapidement transformées en radios commerciales diffusant de la musique du matin au soir.