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bukowski

  • Revue de presse BD (367)

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    Dessin (maladroit) de Biche dans "Charlie-Hebdo" - 2 sept.

    + Les frères Kouachi, assassins des caricaturistes de "Charlie-Hebdo", ont été liquidés par la police, ce qui ne n'empêche pas la justice française d'organiser un très médiatique et très politicien procès.

    Dans un numéro revanchard, spécialement consacré à ce procès (2 sept.), Philippe Lançon (grièvement blessé lors de l'attentat) ose espérer que le procès apportera des... explications (!?). Comment un hebdomadaire plutôt anticolonialiste, d'abord contre la guerre d'Algérie, puis celle d'Irak, a-t-il pu finir par se rallier à la politique du Pacte atlantique et ses méthodes... expéditives ? Voilà qui mériterait en effet une explication.

    Le dessin (ci-dessus) de Biche est particulièrement maladroit, parce qu'il suggère une connivence entre la puissance financière de Manhattan et le minuscule "Charlie-Hebdo".

    Et suis-je le seul à trouver que "Charlie-Hebdo" s'est "gentrifié" depuis Cavanna et Choron, pour parler pudiquement ? Sans doute pas.

    - Curieusement la rédaction de "Charlie-Hebdo" éprouve plus de rancune vis-à-vis de ceux qui, à gauche, les auraient trahis (E. Plenel, E. Todd, Delfeil de Ton...) que vis-à-vis des frères Kouachi.

    Quand on n'aime pas les traîtres et la trahison, mieux vaut ne pas s'avancer sur le terrain de la politique (cette leçon est déjà dans Shakespeare).

    Dans sa double page sur "Les charognards du 7 Janvier 2015", "Charlie" cite le rappeur Abd Al Malik : "lorsqu'on défend la liberté de la presse, (...) il ne faut pas oublier le rapport de force entre celui qui l'exerce et celui qui la subit." N'est-ce pas parfaitement résumer l'affaire des caricatures de "Charlie-Hebdo" ?

    - "Résilience" est un mot que je déteste." : cette citation de Cabu comme pour rappeler que "Charlie-Hebdo" fut naguère "à contre-courant" médiatique. La "résilience" n'est rien d'autre que l'état d'esprit des citoyens d'un régime totalitaire dont les médias diffusent en boucle le fameux slogan : "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles."

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    Picasso dans un dessin d'humour (de Maurice Henry).

    + Retour sur l'expo. (peu fréquentée pour cause de paranoïa nationale) "Picasso et la BD" (jusqu'au 3 janvier au musée Picasso à Paris) ; dans "Le Figaro" (1er sept.), Etienne Sorin explique que l'expo. joue surtout sur la sympathie entre Picasso et la BD, nés en même temps.

    Picasso appréciait particulièrement le genre du "comic strip" (le plus "pur").

    De leur côté, les auteurs de BD n'ont pu manquer de faire référence au pape de l'art moderne (de E.P. Jacobs à Gotlib en passant par Maurice Henry).

    Il reste que l'art de Picasso, qui repose surtout sur le dessin, est le plus éloigné de la bande dessinée, dans lequel le dessin compte peu. Le récent succès d'un Riad Sattouf le prouve encore, car il s'agit d'un succès surtout "littéraire". "Peanuts" est un chef-d'oeuvre littéraire, non plastique ; idem pour "Calvin & Hobbes".

    Pour cette raison, il est plus juste de rapprocher Reiser de Céline que de Picasso ; Reiser et Céline sont tous deux "géniaux" : l'un réinvente la manière de faire de la caricature, l'autre d'écrire des romans. Picasso est d'abord et surtout un travailleur acharné, de 7 à 77 ans.

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    + Il aurait eu cent ans cette année ; on peut définir le poète satirique Charles Bukowski comme un pavé dans la vitrine du rêve américain, ou encore comme le seul musicien de rockn'roll authentique.

    La misogynie de "Hank" Bukowski lui est comptée comme un péché, mais pas son alcoolisme ; pourtant, qu'est-ce qui traduit mieux que l'alcoolisme la violence de la société américaine, latente ou intériorisée, qui n'attend qu'une étincelle pour éclater en pogroms ?

    En lisant Bukowski, on comprend que l'enfer est le terminus de la civilisation occidentale.

  • Revue de presse BD (141)

     Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra. 

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    Pins dans la campagne romaine par Le Lorrain (British Museum)

    + Les ventes aux enchères de planches de BD se suivent et se ressemblent, avec leurs records et leurs lots d'invendus. Tout ce cirque est favorisé par la crise et la raréfaction des placements sûrs. L'avantage avec l'art pâtissier, non moins "séquentiel" que la BD (il suffit d'observer un "mille-feuilles" ou un "Paris-Brest" de près), c'est qu'il se consomme frais, ce qui évite le genre de cérémonies un peu rances et mornes que sont les ventes aux enchères de vieilles planches de BD dépareillées.

    Le marché du dessin ancien a connu aussi une flambée des prix au cours des vingt dernières années, et une grande bourse se tient chaque année à Paris (25-30 mars 2015). Elle vaut pour son atmosphère ; on pourrait croire certains protagonistes, antiquaires ou collectionneurs, sortis d'un roman de Balzac. La présence du diable, rassurante pour les uns, inquiétante pour les autres, est presque palpable. Les dessins, pièces à vendre à des prix audacieux ("L'audace des marchands nous perdra !"), sont présentés dans de petites alcôves comme des trésors précieux, bien que la qualité soit très inégale, allant d'un petit dessin de J.-F. Millet (doué comme pas deux pour créer une ambiance nocturne avec rien - un bout de fusain), ou une caricature de Grosz, jusqu'à un croquis un mollasson de Helleu. Si un de ces sans-culottes arabes qui s'amusent à moudre des statues assyriennes déboulait au salon pour y flanquer le feu, on imagine quel scandale ça ferait !

    A noter diverses conférences et expos autour du dessin au cours de cette semaine, dont une expo consacrée à Claude Gellée, dit "le Lorrain", extraordinaire paysagiste qui fit carrière à Rome et influença plusieurs générations de peintres par sa façon de s'approprier le morceau de nature qu'il dessine.

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  • Culturisme 2013

    « L’essentiel pour une cervelle moderne, c’est de paraître musclée. »

    Le peintre américain John Currin (1962-), natif du Colorado, est un des rares artistes contemporains de webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,culturisme,john currin,colorado,américain,liseuse,boticelli,degas,picasso,hegel,romantique,edgar poe,ezra pound,bukowski,thoreau,musée pompidourenom à se réclamer d’une démarche artistique guidée par l’histoire. Ce motif diverge du motif moral ou religieux habituel. J’ai d’ailleurs été longtemps persuadé que Currin était britannique, tant la culture américaine ignore systématiquement l’histoire. Il y a bien quelques poètes réactionnaires, foncièrement hostiles à la modernité ou la démocratie tels Edgar Poe, Ezra Pound, H.D. Thoreau, voire C. Bukowski sur le mode comique; mais des artistes américains inspirés par l’histoire, je ne n’en vois aucun…

    L’art américain peut se résumer à un panneau indicateur : le voyage dans le temps. Tout tourne pratiquement dans l’art américain autour de cette notion religieuse. Au contraire, les artistes européens s'efforcent souvent de détruire l’office religieux ou social de l’art, son incitation au sacrifice.

    John Currin fait aussi exception dans la mesure où il a n’a pas négligé d’apprendre à dessiner. Ses compatriotes confondent souvent le dessin avec la photographie*.

    Bien des artistes se mettent en quête de l’Idée, sans paraître se douter que toutes les idées sont contenues dans la nature, à qui reviennent tous les droits d'auteur. La faculté d’observation d’un excellent dessinateur comme Michel-Ange lui permet ainsi d’être aussi idéal que possible ; on pourrait dire autrement que Michel-Ange recèle à lui seul tous les produits dérivés de l’art abstrait ; ces derniers ne font que se déterminer en creux ou en négatif par rapport à lui. Peu d’hommes s’enorgueillissent, en vieillissant, de s’approcher plus de la mort que leurs contemporains moins âgés. Beaucoup d’artistes se contentent, par leur art, de faire résonner ce son de cloche mélancolique, comme si l'art moderne était fait pour sonner le glas de la civilisation.

    La «liseuse» de Currin exposée ici n’est pas dans la manière habituelle du peintre, qui préfère le pastiche, notamment de Cranac’h, Botticelli, voire Degas, qu’il admire. La notion de pastiche évoque directement l’esthétique du philosophe romantique allemand G.W.F. Hegel, inventeur d'une idée du progrès artistique (qui, bien qu'elle soit simpliste, a beaucoup servi de critérium de jugement au XXe siècle).

    Currin ne peut pas se contenter d’imiter l’art des artistes qu’il admire; il doit y ajouter la touche personnelle du pastiche, qui le fait paraître de son temps. Il s'approprie ainsi ce qu'il imite. Il contribue aussi à la démonstration selon laquelle il appartient à une époque plus avancée. A la manière de Picasso, bon dessinateur lui aussi, qui éprouve le besoin de recomposer les œuvres primitives ou antiques qu’il imite - Picasso sans doute plus vivant par sa manière de recomposer, et non d’altérer, de diviser ou de pasticher.

    On reconnaît dans le pastiche la même détermination macabre, c’est-à-dire la présentation de l’altération de l’art le plus vital comme le sens de l’évolution. La mort est ce que l’artiste possède en propre, bien plus que la vitalité qui émane de la nature.

    C’est en réalité à l’histoire de l’art que Currin est attaché, ce qui revient à peu près au motif religieux ou anthropologique. Pratiquement, la thèse hégélienne de "la fin de l'histoire" est une théorie du mouvement artistique. L’histoire de l’art est moderne, au sens où elle démontre le progrès. L’histoire tout court n’est pas moderne, qui prouve que cette démonstration est purement rhétorique.

    Se prévaloir de ses erreurs et de ses tares pour définir un style, n’entraîne pour l’homme aucun progrès, mais une illusion et un artifice grandissants.

    FLR

    *Le musée d'art moderne Pompidou détient une toile de J. Currin.