Caricature par ZOMBI
concours
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Charlie et les otages
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Revue de presse BD (368)
Verlaine câline Rimbaud, par Marc-Edouard Nabe.
+ La ministre de la Culture nouvellement nommée Roselyne Bachelot souhaite "panthéoniser" les poètes Verlaine & Rimbaud. Encore un exemple du mysticisme républicain. Bien qu'il se disait catholique, comme son maître Baudelaire, Rimbaud est assez foutraque pour coller aux valeurs républicaines.
Compte tenu de la violence de leur relation, mieux vaudrait prévoir une certaine distanciation des sarcophages de ces deux saints laïcs.
A l'heure où certaines statues sont abattues Outre-Atlantique, symbolisant le colonialisme, dont le principe n'est pas forcément mauvais mais les modalités furent presque toujours d'une brutalité typiquement capitaliste, Mme Bachelot ferait bien de se souvenir de l'implication de Rimbaud dans l'un des aspects les plus sinistres du colonialisme - le trafic d'armes.
+ Outrée par une caricature la montrant à moitié dénudée dans une tenue de prostituée, parue dans "L'Humanité", une commentatrice sportive, Marion Rousse, a crié au "sexisme". Si la presse française était plus libre, pas un Français n'ignorerait que le milieu de la compétition sportive est un des plus hypocrites, puisqu'il consacre la violence au lieu du sport véritable, derrière un masque philanthropique et des opérations de communication afin de se blanchir.
La réaction de servilité de "L'Humanité" ne s'est pas fait attendre, puisque ce quotidien a immédiatement publié des excuses et effacé la caricature outrancière (signée Espé) ; il faut dire qu'avec un tel titre, on ne pouvait pas s'attendre à beaucoup de courage de cette rédaction.
+ La Cité internationale de la BD d'Angoulême propose courant octobre un concours international sur la ville de demain, d'après l'épidémie de coronavirus. Il s'agit en quelque sorte d'opposer l'utopie à la mondialisation et les aberrations qui en découlent, dans de nombreux domaines dont celui de la santé publique.
C'est oublier que la "mondialisation" est elle-même, ainsi que l'indiquait K. Marx, une utopie "judéo-chrétienne", et que l'économie capitaliste est une économie "mystique", qui ne répond pas aux besoins humains mais à un "désir infini". L'utopisme est un fanatisme.
+ Le fanzine (gratuit) "Déconfetti" a repris sa parution hebdomadaire...
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Revue de presse BD (337)
Caricature par WANER (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")
+ Le caricaturiste algérien Nime (Abdelhamid Amine) a été arrêté fin novembre par des policiers en civil dans les locaux de son agence de communication ; il semblerait qu'on lui reproche des caricatures irrévérencieuses publiées sur les réseaux sociaux dans le cadre des élections.
La nouvelle a de quoi rendre nostalgiques les amateurs français de caricatures irrévérencieuses ; en effet en 2019 les politiciens sont les premiers à lire "Le Canard enchaîné". Les élites politiques françaises ne se sentent pas menacées dans l'immédiat, bien que les Gilets jaunes ont récemment fait souffler un vent de panique au sein de la "nomenklatura", mettant en relief l'absence d'indépendance de la presse et des médias français.
Edition allemande d'un album de Claude Serre.
+ Pour les cinquante ans des éditions Glénat, leur fondateur s'est fendu d'une interview à "Ouest-France" où il raconte comment il est devenu grâce à Wolinski l'éditeur des caricaturistes de "Charlie-Hebdo".
Les caricatures thématiques de Claude Serre publiées en album cartonnèrent au début des années 70, permettant de lancer les éditions Glénat.
Néanmoins on peut reprocher à cet éditeur d'avoir investi massivement comme TF1 dans la culture de masse japonaise, au contraire des éditeurs belges qui avaient auparavant su adapter intelligemment la culture américaine des "comics" au goût européen.
Les bons chiffres des ventes et le snobisme (parler de "roman graphique" plutôt que de BD) dissimulent mal le déclin de la bande dessinée, visible dans la poursuite ad nauseam des aventures d'Astérix.
+ Il reste une dizaine de jours pour participer à L'increvable concours de fanzine organisé en marge du festival d'Angoulême chaque année depuis 1982, remporté l'année dernière par un fanzine libanais ("Samandal").
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Revue de presse BD (286)
+ Un cancer a emporté René Pétillon à l'âge de 72 ans. Caricaturiste au "Canard Enchaîné" depuis 1992, Pétillon avait brièvement prêté main-forte à la rédaction de "Charlie-Hebdo" décimée.
Le carton de "L'Enquête corse" (2009), BD adaptée-édulcorée au cinéma, mettant en scène un enquêteur de police plus vrai que nature -Jack Palmer-, l'avait fait connaître d'un public plus large.
Les premières caricatures de Pétillon furent publiées dans "L'Enragé" de Siné : une façon pour le jeune dessinateur de jeter aux orties son éducation religieuse et les convictions gaullistes de ses parents. Néanmoins Pétillon représentait, comme "Le Canard", une satire plus républicaine et moins anarchiste que "Charlie-Hebdo". A l'instar de Cabu, Pétillon était conscient de l'embourgeoisement du "Canard".
On note que les dernières recrues du "Canard enchaîné", qui vient de perdre un deuxième pilier après Cabu, dessinent comme Pétillon et font preuve d'un humour basé sur les traits d'esprit plutôt que sur le dessin. A suivre de trop près les péripéties de la vie politique française, de plus en plus anecdotiques, la satire perd en force.
+ "Nous avons besoin de rire de la mort." Les fondateurs britanniques du site "The Reaper" (La Faucheuse), Gary Mead, Jérémy Banx et Rory Pickering rappellent ici que l'humour est le propre de l'homme.
- Rappel d'autant plus utile que la société totalitaire, qui repose sur l'intelligence artificielle, tend à exclure l'humour et la satire, dans lesquels elle dénonce une dérive individualiste.
Le dessin ci-dessous est issu d'une sélection de dessins de Victor Bogorad sur le thème de la mort, publiée par "The Reaper".
+ Les CROUS, organismes publics d'aide matérielle aux étudiants, organisent un concours de BD doté de 3500 euros sur le thème de la "révolution".
On peut voir les travaux primés l'année dernière (sur le thème aussi "bateau" de "la rue") sur le site des CROUS, dont la planche ci-dessous d'Adrien Yeung.
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Revue de presse BD (282)
+ "Pas un jour sans soleil !" : François Ravard a détourné un slogan d'office breton du tourisme pour intituler son album (paru chez Glénat), mais cette succession de portraits de la côte bretonne n'est pas peinte à l'aquarelle par hasard... Un peu d'humour réchauffe chacun de ces paysages. L'auteur est à l'aise dans cet exercice, on pense à Sempé.
+ Si le bédéaste François Bourgeon vit en Bretagne, il a situé à Paris pendant la Commune le nouvel opus de sa série à succès "Les Passagers du Vent". Méticuleux, il a fait faire une maquette de quelques rues de Montmartre, que l'on peut voir dans ce petit reportage.
+ La Maison de l'Epargne (Paris Ve) a organisé un concours d'affiches (doté) sur le thème : "La Finance : amie ou ennemie ?". Avant le vote du jury, on peut voir les affiches retenues pour concourir et les commenter sur le site de la Maison de l'Epargne.
Affiche proposée au concours "La Finance : amie ou ennemie ?" par tOad.
+ Le dessinateur de presse lyonnais Lacombe, confrère de LB à "Siné-Mensuel", vient de publier "Résistance" (ed. Iconovox), recueil de caricatures parues au cours des dix dernières années.
Dessin de presse signé Lacombe.
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Revue de presse BD (269)
Dessin de Gassier (1939), dessinateur au "Canard enchaîné" et précurseur du style de Sennep, Effel, Cabu...
+ Le documentaire filmé de Bernard Baissat, "Aux 4 Coins du Canard" (1987, 3 parties) retrace l'histoire du "Canard Enchaîné" depuis sa fondation par Maurice Maréchal en 1915. Si ce n'est exhaustif, ce docu montre les principaux collaborateurs et directeurs successifs d'une publication qui passe paradoxalement aujourd'hui pour une vénérable institution. Les principaux dessinateurs et des exemples de leurs dessins sont aussi présentés.
L'anticonformisme du "Canard", son esprit contestataire, trouve son origine dans la guerre de 14-18, décidée et planifiée par les élites politiques, mais contre laquelle se rebiffèrent quelques anciens combattants, le plus souvent issus de milieux populaires. "Le Crapouillot" de Galtier-Boissière, ou encore le "Voyage" de L.-F. Céline sont animés par des mobiles similaires.
Autres aspects populaires : une conception artisanale et l'absence de publicité. Un collaborateur, Pierre Scize, fut même viré par M. Maréchal en 1933 pour avoir accepté la Légion d'Honneur, ce qui prouve que le "Canard" ne transigeait pas avec sa propre éthique.
Après la Seconde guerre mondiale, le "Canard" renaît, mais il va s'éloigner peu à peu de son caractère populaire original. Nouveau paradoxe, on constate que plus la démocratie progresse, plus le peuple est privé de moyens d'expression propres.
Cabu (2e partie) a tort de vanter le professionnalisme du "Canard enchaîné", car professionnalisme rime avec académisme, voire autocensure. La politisation du "Canard" rend en outre celui-ci de plus en plus insipide et de moins en moins truculent.
Le "Charlie-Hebdo" de Choron et Cavanna occupera le créneau de la presse populaire laissé vacant par le "Canard".
+ Le site "Gallica", qui fête ses 20 ans, permet la consultation de nombreux titres de presse datant d'avant la censure publicitaire - indirecte mais néanmoins très efficace.
Lire les "Lettres Françaises" de 1944 est assez instructif sur cette période cruciale dans l'histoire de la presse française et de la censure. Cet hebdomadaire d'obédience communiste, qui sera dirigé par Aragon ultérieurement, est bizarrement plus américanophile et anglophile qu'il n'est russophile -comme quoi BHL n'est pas seul responsable du changement de cap américanophile de l'intelligentsia française (plus disciplinée que la soviétique).
En 1944 les "Lettres Françaises" publient un poème d'Eluard en face d'une caricature de Sennep (ci-contre) (anticommuniste mais gaulliste) ; l'heure est à "balance ton collabo" et de nombreuses caricatures de J. Effel, Sennep, Monier, Ferjac, visent les écrivains soupçonnés de sympathie avec l'occupant allemand (Abel Hermant, Sacha Guitry, C. Maurras...) ; comme la télé ne livre pas encore son stock de divertissements à domicile, le journal publie sous forme de feuilletons des romans illustrés (de Queneau, Claude Aveline, E. Triolet, Steinbeck, Hemingway...).
Les encarts de publicité pour les grandes enseignes parisiennes n'ont pas encore la taille des placards d'aujourd'hui ; la rubrique "mode féminine" est intitulée "Souvent femme varie..."
+ L'asso. "Dessinez, créez, liberté" ("Charlie-Hebdo") en partenariat avec "L'Etudiant", propose un concours (ouvert aux 15-25 ans) sur le thème de "le rire ou la peur". A la clef, 500 euros de fournitures et bouquins divers à gagner.
+ Les plus grands dessinateurs de "Siné-Mensuel": Jiho, Desclozeaux et Fernand, exposent ensemble à Lunel, non loin de Montpellier, jusqu'au 10 avril. Une grande affiche !
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Revue de presse BD (248)
+ Dans son blog, "Ma Vie de Réac", Morgan Navarro égratigne certains idéaux "de gauche". Il se moque ainsi dans un strip de "l'écriture inclusive", tentative d'éradiquer certaines inégalités entre les sexes par le biais de l'enseignement de l'orthographe et de la grammaire à l'école.
Cet auteur de BD explique d'ailleurs qu'il n'est pas vraiment "réac" (sous-entendu : il fait de la provocation). De fait, l'humoriste anar Alphonse Allais ironisait déjà au XIXe siècle à propos de cette volonté de militantes féministes de rendre la langue française "plus égale" ("Une défaite du féminisme").
Croire que le langage peut contribuer à transformer la réalité est sans doute une idée très féminine. Le décalage du langage avec la réalité est tel que le "féminisme", contrairement à ce que le mot semble indiquer, ne recueille même pas l'adhésion d'une majorité de femmes, mais seulement d'une petite -soi-disant- élite d'entre elles.
+ La bédéaste contestataire Tanx trouve dans le propos de Morgan Navarro l'occasion de monter sur ses grands chevaux et vitupérer les "réacs de gauche" : "Aujourd’hui on aurait beaucoup de mal à dire si un dessin est publié dans "Charlie" ou dans "Minute".
La dessinatrice tient à préciser que le "Hara-Kiri" de Choron et Cavanna ne trouve pas grâce à ses yeux ; et elle refusa naguère une proposition de collaboration de Siné, en le traitant de "phallocrate".
Il faudra donc lire ou relire les vieux numéros de "Hara-Kiri" pour vérifier si, oui ou non, comme nous le disons et répétons dans cette revue de presse, "Hara-Kiri" était nettement plus subversif que "Charlie-Hebdo" ne l'est aujourd'hui.
+ Le magazine "L'Incorrect" publiera-t-il les strips de Morgan Navarro ? Ce nouveau magazine, surfant sur les succès d'Eric Zemmour et Donald Trump, prétend tenir un discours incorrect "de droite". Quel auteur satirique peut sérieusement se dire "de droite" ou "de gauche", sans devenir à son tour une cible de choix pour la satire ?
Charles Beigbeder (frère du romancier à succès), principal actionnaire de ce nouveau titre, a fait carrière dans la banque. Or la principale fonction du "politiquement correct" est de servir de masque bienveillant aux élites libérales : trente années de gouvernement de gauche en sont la meilleure preuve.
Quant au rédacteur en chef de cet organe, Jacques de Guillebon, c'est un "catholique anarchiste" (sic), qui confond apparemment "paradoxe" et "incorrection".
En somme l'incorrection de droite est du niveau des "Grosses têtes" de Philippe Bouvard, et "L'Incorrect" n'est qu'un épisode supplémentaire du bras-de-fer idéologique sans intérêt que se livrent les partis de gauche et de droite.
Ce magazine publie très peu de dessins, et semble plutôt chercher à démontrer que la gauche n'a pas le monopole des digressions sociologiques.
+ Banale affaire de harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma (l'histoire du cinéma est celle d'un harcèlement sexuel ininterrompu), l'affaire Harvey Weinstein illustre l'ampleur du brouhaha médiatique, c'est-à-dire d'un flot continu d'informations déversées sur nos têtes, quasiment en temps réel et suivant une hiérarchie hasardeuse. Le caricaturiste britannique Banx (ci-contre) illustre la capacité du système à digérer cette faille et s'en renforcer, à la manière d'un cyclone.
+ L'Association "Cartooning for Peace" (Plantu) et le fabriquant de papiers Clairefontaine organisent un concours de dessin de presse (ouvert aux 11-25 ans). La formulation du thème a tendance à exclure l'ironie et assigner au dessin de presse le rôle de promotion d'une société idéale.
La prétention à instaurer une paix mondiale n'est-elle pas le point commun de tous les régimes totalitaires ?