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  • Revue de presse BD (269)

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    Dessin de Gassier (1939), dessinateur au "Canard enchaîné" et précurseur du style de Sennep, Effel, Cabu...

    + Le documentaire filmé de Bernard Baissat, "Aux 4 Coins du Canard" (1987, 3 parties) retrace l'histoire du "Canard Enchaîné" depuis sa fondation par Maurice Maréchal en 1915. Si ce n'est exhaustif, ce docu montre les principaux collaborateurs et directeurs successifs d'une publication qui passe paradoxalement aujourd'hui pour une vénérable institution. Les principaux dessinateurs et des exemples de leurs dessins sont aussi présentés.

    L'anticonformisme du "Canard", son esprit contestataire, trouve son origine dans la guerre de 14-18, décidée et planifiée par les élites politiques, mais contre laquelle se rebiffèrent quelques anciens combattants, le plus souvent issus de milieux populaires. "Le Crapouillot" de Galtier-Boissière, ou encore le "Voyage" de L.-F. Céline sont animés par des mobiles similaires.

    Autres aspects populaires : une conception artisanale et l'absence de publicité. Un collaborateur, Pierre Scize, fut même viré par M. Maréchal en 1933 pour avoir accepté la Légion d'Honneur, ce qui prouve que le "Canard" ne transigeait pas avec sa propre éthique.

    Après la Seconde guerre mondiale, le "Canard" renaît, mais il va s'éloigner peu à peu de son caractère populaire original. Nouveau paradoxe, on constate que plus la démocratie progresse, plus le peuple est privé de moyens d'expression propres.

    Cabu (2e partie) a tort de vanter le professionnalisme du "Canard enchaîné", car professionnalisme rime avec académisme, voire autocensure. La politisation du "Canard" rend en outre celui-ci de plus en plus insipide et de moins en moins truculent.

    Le "Charlie-Hebdo" de Choron et Cavanna occupera le créneau de la presse populaire laissé vacant par le "Canard".

    + Le site "Gallica", qui fête ses 20 ans, permet la consultation de nombreuxfanzine,bd,zébra,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,mars,2018,bernard baissat,canard enchaîné,maurice maréchal,crapouillot,galtier-boissière,pierre scize,cabu,choron,cavanna,gallica,gassier,lettres françaises,sennep,aragon,eluard,hemingway,steinbeck,triolet,effel,maurras,abel hermant titres de presse datant d'avant la censure publicitaire - indirecte mais néanmoins très efficace.

    Lire les "Lettres Françaises" de 1944 est assez instructif sur cette période cruciale dans l'histoire de la presse française et de la censure. Cet hebdomadaire d'obédience communiste, qui sera dirigé par Aragon ultérieurement, est bizarrement plus américanophile et anglophile qu'il n'est russophile -comme quoi BHL n'est pas seul responsable du changement de cap américanophile de l'intelligentsia française (plus disciplinée que la soviétique).

    En 1944 les "Lettres Françaises" publient un poème d'Eluard en face d'une caricature de Sennep (ci-contre) (anticommuniste mais gaulliste) ; l'heure est à "balance ton collabo" et de nombreuses caricatures de J. Effel, Sennep, Monier, Ferjac, visent les écrivains soupçonnés de sympathie avec l'occupant allemand (Abel Hermant, Sacha Guitry, C. Maurras...) ; comme la télé ne livre pas encore son stock de divertissements à domicile, le journal publie sous forme de feuilletons des romans illustrés (de Queneau, Claude Aveline, E. Triolet, Steinbeck, Hemingway...).

    Les encarts de publicité pour les grandes enseignes parisiennes n'ont pas encore la taille des placards d'aujourd'hui ; la rubrique "mode féminine" est intitulée "Souvent femme varie..."

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    + L'asso. "Dessinez, créez, liberté" ("Charlie-Hebdo") en partenariat avec "L'Etudiant", propose un concours (ouvert aux 15-25 ans) sur le thème de "le rire ou la peur". A la clef, 500 euros de fournitures et bouquins divers à gagner.

    + Les plus grands dessinateurs de "Siné-Mensuel": Jiho, Desclozeaux et Fernand, exposent ensemble à Lunel, non loin de Montpellier, jusqu'au 10 avril. Une grande affiche !

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  • Revue de presse BD (169)

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    Dessin de Naumasq sur le phénomène culturel "Star Wars"

    + "Charlie-Hebdo", dont le tirage n'est plus confidentiel désormais, s'est rangé derrière le front républicain contre le FN lors des dernières élections régionales, s'immisçant ainsi de plus en plus dans le jeu politique.

    Antonio Fischetti justifie l'implication de l'hebdomadaire humoristique par la menace que le FN représentait pour les budgets de la culture dans les régions (15 décembre). Ce journaliste ironise sur la promotion probable des "danseurs de sardane", supputant la préférence du FN pour la culture folklorique ou traditionnelle ; mais Fischetti se garde d'énoncer sa propre conception de la culture. Or, qu'est-ce qui n'est pas culturel aujourd'hui ? De l'émission de télé culinaire à "Star Wars", en passant pas la bande-dessinée, la coupe du monde de rugby et autres divertissements, tout est culture. Le FN doit une partie de son succès au fait qu'à ses idées et sa culture simplistes (façon Marseillaise et drapeau français) sont trop souvent opposées des idées complexes et nébuleuses, dont l'intellectualisme fumeux est tout aussi caricatural que le patriotisme folklorique du FN.

    La culture étant devenue un vaste fourre-tout, se réclamer de la culture est à peu près dépourvu de signification. L'humour ou la satire sont d'ailleurs plutôt représentatifs d'une contre-culture que d'une culture subventionnée.

    + En parlant de culture, que vaut la tintinophilie ? Celle-ci est réactivée par les records des ventes de planches aux enchères, et les fans de "Tintin & Milou" semblent de plus en plus nombreux.

    L'essayiste A. Finkielkraut a exprimé plusieurs fois son mépris de la bande-dessinée en général, mais n'a pas précisément dit que c'est la "littérature de genre" ou la littérature "spécialisée" qu'il convient de ranger sur une étagère inférieure. Du reste cet essayiste se réclame du libéralisme - or la raison commerciale est certainement la principale responsable de l'érosion de l'esprit critique au profit du goût. L'enjeu commercial supplante l'esprit critique.

    + On note l'intérêt pour "Tintin & Milou" d'intellectuels belges spécialisés dans la "bande-dessinée" ou, pour être plus précis, dans la grammaire et la syntaxe de la bande-dessinée. Cela revient à réduire l'art à la virtuosité technique. Tout le monde ou presque a oublié le peintre Paul Delaroche, dont V. Hugo faisait grand cas - Delacroix et Ingres, moins virtuoses, ont mieux résisté à l'outrage du temps.

    Thierry Groensteen se demande si la bande-dessinée mérite le qualificatif d'art surréaliste. D'emblée, la définition du surréalisme lui pose problème. L'emploi de l'expression "imagerie populaire" par T. Groensteen est, par ailleurs, contestable, car la BD est parfois un outil de propagande populiste, au service de l'idéologie dominante, à commencer par les super-héros américains ; de nombreuses séries "franco-belges" pour les enfants ont aussi cette caractéristique. Dire que les arts "industriels" sont "populaires" revient à dire que les usines sont dirigées par des ouvriers - ruse grossière.

    Si le propos du surréalisme est de dire que la fiction ou le rêve sont supérieurs à la réalité, dans ce cas on peut parler du surréalisme comme d'un mouvement artistique radicalement opposé à la mythologie. Du point de vue homérique ou antique, le rêve a une connotation morbide ou macabre. L'art et la philosophie antiques incitent beaucoup plus à affronter la réalité qu'à la fuir.

    + Robert Kopp joue dans le dernier numéro du "Magazine littéraire" à comparer Shakespeare et Cervantès. A la question : - 400 ans après leur mort, lequel des deux l'emporte ?, il est pourtant aisé de répondre que le grand public connaît beaucoup mieux ou beaucoup moins mal Shakespeare que Cervantès, grâce ou à cause de très nombreux films et représentations de Shakespeare.

    La lecture de Cervantès est plus ardue, au point que le projet de traduction de Cervantès dans une langue plus moderne afin d'en faciliter l'accès fait débat actuellement en Espagne. Si Shakespeare et Cervantès sont tous les deux des auteurs satiriques, dont la verve s'exerce particulièrement contre la culture médiévale (on peut rapprocher Don Quichotte de Roméo), Shakespeare est bien plus qu'un auteur satirique. Certains propos de Robert Kopp sur Shakespeare sont contestables, comme le qualificatif "baroque" ; en effet il s'applique à un art le plus souvent "officiel" - architecture ou musique -, et il n'y a pas d'auteur moins "officiel" que Shakespeare.

    Les différentes étiquettes accolées à Shakespeare : "romantique", "baroque", "néo-classique" ne font d'ailleurs pas progresser l'état des connaissances sur Shakespeare, qui aux yeux de l'université demeure largement "énigmatique". On peut se demander si la culture est faite pour égarer ou pour guider ?

    + Un mois après les attentats de Paris, le mot d'ordre qui circule dans la presse est : résistance. Certaines modalités de cette résistance n'ont pas manqué de susciter l'ironie des dessinateurs de presse. L'hebdomadaire gratuit (publicitaire) "A nous Paris", largement distribué dans le métro parisien, mentionne que 13.000 ex. de "Paris est une fête", par Hemingway, ont été récemment écoulés. "A Nous Paris" recommande en outre des ouvrages de John Dos Passos, Jack Kerouac, René Fallet, Henry Miller, Patrick Modiano.

    La lecture de leurs romans est censée remonter le moral des Parisiens. En majorité Américains, ces auteurs portent sur Paris un regard sans doute un peu touristique. Le Paris de Balzac, Zola ou Céline, est plus contrasté et plus véridique. Quoi qu'il en soit, l'activité commerciale redoublant à l'approche de Noël, on sera plutôt tenté de fuir Paris en ce moment.

    + Une brochette d'auteurs de BD installés à Angoulême, dont plusieurs étrangers, a ouvert un site qui leur permet de diffuser gratuitement leurs BD ou des chroniques sur la BD. Baptisé "Marsam", cet outil est analogue au site belge "Grandpapier", dont la diffusion d'un webzine trimestriel a récemment été interrompue.

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    Case extraite de "Bonjour Angoulême", du Taïwanais Yao Hsing, en résidence à Angoulême.

  • Le Roi des Mouches*

    Charles Bukowski (1920-94) excelle dans deux ou trois de ses meilleurs bouquins à peindre les Etats-Unis comme le culot de l’enfer, tout en introduisant dans cette peinture des touches burlesques. Je crois qu’on peut encore aujourd'hui, malgré l’enrichissement de cette nation depuis "Women" ou "Ham on rye", éprouver la dureté contondante de l’âme américaine, affleurant sous la grasse vaseline du pognon, lorsqu'on y séjourne.

    La mécanique hurle moins de douleur quand elle bien huilée, mais ça reste la mécanique, et les sorties de route, c’est pas ça qui manque, que ce soit cahin-caha ou à pleine tube.

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    L’humour vengeur fait la différence entre Bukowski et les esthéticiens putassiers de l’enfer, qu’il conspua utilement de son vivant: Henry Miller, et même Hemingway, pressentant sans doute des imitateurs à encore pires à venir. De l’enfer, comme du mur de Berlin, on peut très bien fourguer de petites parcelles au rayon "Culture". Il y aura toujours des clients pour ça. Et, en effet, Bret Easton Ellis ou David Lynch sont venus après, avec leurs gadgets rutilants porno-chics, qui donnent des frissons aux critiques de «Madame Figaro» ou «Voici».

    Peu d’artistes ayant vraiment séjourné en enfer en ont ramené des images plaisantes à l’œil. Plus souvent l’humour, sans doute la disposition d’esprit qui leur a permis de survivre. Or, seule cette expérience et cet humour nous intéressent ; non le trafic de mauvais sentiments du suppôt de Satan à sa maman. Les messes noires sont aussi chiantes que les blanches, dès lors qu’elles se répètent tous les samedis, et que curé débarque en hélicoptère au "Parc des Princes".

     C’est à peu près là que je situe les trois tomes signés Mezzo et Pirus, regroupés sous le titre générique: "Le Roi des Mouches", et situés dans l’Amérique profonde. Plus près de l’esthétique que de la sincérité. Et quelle esthétique: celle de Victor Hubinon, en plus raide, pour ceux qui connaissent «Buck Danny», série des années 60 destinée à inculquer aux petits Français ou Belges l’admiration des Etats-Unis. Le clicheton américain 100%. Même pas une boîte de nuit de province, aujourd’hui, qui voudrait encore de ce look ou ce design (à vérifier quand même). Un pot d’encre par page + la couleur par dessus le marché.

    Au départ, premier tome, on sent une volonté des auteurs de nous entraîner dans une sorte de virée entre mauvais garçons et mauvaises filles qui font des trucs cochons entre eux (qui n’en fait pas aujourd’hui, c’est presque devenu obligatoire), et ça va mal se terminer, vu qu’ils conduisent leur buick comme des garnements. Lourde insistance sur le climat d’inceste qui règne au sein des familles américaines. Un truc vu et revu. D’où l’exigence du lecteur.

    Deux ou trois personnages sont esquissés, qu’on est tenté de suivre ; mais non,  au fil des pages, les auteurs ne parviennent pas à donner de l’étoffe à leurs paumés; est-ce que ce n’est pas plus facile, pourtant, de donner du relief à un mauvais garçon qu’à un diplômé de Harvard ou un pilote de chasse («Buck Danny») ?

    Dernier tome: les auteurs ont renoncé à tout autre projet que celui de dessiner à la manière des auteurs de comics yankees.

     Ça peut paraître étrange, mais j’ai éprouvé plus de malaise à la lecture des "Malheurs de Sophie" qu’à celle de cette trilogie. Vous savez, l’histoire de la petite garce de Ségur, qui torture les animaux et pousse son cousin Paul au vice. Ils ne se tringlent pas encore entre eux à l’arrière des voitures, mais on sent que ça ne va pas tarder. Toute la perversité est dans le non-dit, le minimalisme japonisant des sévices mutuellement administrés. Ambiance Xavier Dupont de Ligonès, ou Florence Dupré-Latour, pour citer deux artistes qui savent, eux, ce que c’est de faire régner un climat malsain, sans le déguisement d’Halloween ou je ne sais quel millième groupe de «heavy metal» à boulons chromés.

    "Le Roi des Mouches", Mezzo et Pirus, éd. Drugstore, 2013.

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)