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  • Caricature Riad Sattouf

    La Semaine de Zombi. Mercredi : "Tes père et mère déshonoreras afin de te faire une place au soleil." proverbe arabe du futur.

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  • Revue de presse BD (289)

    + Le Pr Choron est à la presse française ce que la flibuste fut à la marine royale britannique.webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande dessinée,actualité,revue,presse,octobre,2018,choron,charlie-hebdo,cavanna,gourio,philippon,caricature,charivari

    Son rôle à la manoeuvre du bateau pirate "Charlie-Hebdo" est souvent minoré.

    Georges Bernier alias "Pr Choron" est surtout connu pour avoir hissé le pavillon noir, sous la forme d'une retentissante "Une" de "Hara-Kiri" ("Drame à Colombey..."), visant moins, selon son auteur, un général de Gaulle hors de service qu'une presse française cire-pompe et rasoir. Mais son rôle ne se limite pas à ce pavé dans la mare...

    Lors d'une conférence donnée sur "Hara-Kiri", l'érudit Y. Frémion a comparé Charles Philippon (fondateur de la "Caricature" et du "Charivari" au XIXe siècle) à Cavanna & Choron réunis, soulignant que Cavanna et Choron forment une paire indissociable ; cependant la comparaison masque un contexte beaucoup moins favorable que la monarchie de Juillet à la publication de journaux indépendants satiriques.

    Or c'est là que le Pr Choron intervient, rendant possible ce qui était institutionnellement et politiquement impossible, grâce à un tempérament hors du commun.

    Les mémoires de Choron, "Vous me croirez si vous voulez", réédités sous la houlette de J.-M. Gourio et augmentés de quelques références utiles et photos, sont émaillés de révélations et d'anecdotes truculentes. On apprend ainsi que Cavanna obtenait de la publicité pour son journal sur "Europe 1" grâce à ses relations dans la franc-maçonnerie ; ou bien encore que le Pr Choron renfloua les caisses de "Charlie-Hebdo" en louant ses services sexuels à une vieille rombière fortunée en manque de chair fraîche (le scandale qui a secoué "Le Monde" il y a quelques années illustre que les journalistes peuvent pousser la putasserie encore plus loin, sans même se désaper).

    Mais ces mémoires ne sont pas seulement pittoresques. On pénètre grâce à leur auteur dans les coulisses de la presse et des médias. Les tentatives infructueuses du Pr Choron pour financer son journal subversif par la publicité sont à la fois cocasses et révélatrices des procédés de censure actuels. 

    Les histoires de piraterie se terminent mal en général ; on note que le Pr Choron estimait avoir échoué dans son entreprise de déstabilisation de la presse conformiste ; le prétexte de la pornographie fut utilisé à la fois pour réduire "Charlie-Hebdo" au silence et minimiser sa portée subversive.

     On peut se demander où le fils d'un couple de gardes-barrière, orphelin de père, a trouvé l'énergie -et surtout l'audace- nécessaires pour défier les élites politiques sur leur propre terrain ? Choron donne un début de réponse en commençant son récit : il explique qu'il se voyait mal mourir à petit feu sans faire de vagues, suivant le destin assigné aux personnes d'extraction modeste qu'il côtoyait dans son village de la Marne.

    Un bouquin à lire par tous ceux qui, de gauche ou de droite, gobent le slogan de "la France, pays de la liberté d'expression" (sur lequel les caricaturistes étrangers ne manquent pas d'ironiser).

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    + La bibliothèque du Musée Pompidou exposera bientôt Riad Sattouf et son oeuvre (14 novembre-11 mars) ; depuis le succès inattendu de "L'Arabe du Futur", publié par un éditeur inconnu (Allary), le bédéaste d'origine syrienne est devenu l'un des auteurs de BD les plus en vue, régulièrement invité sur les plateaux de télé afin de raconter son histoire, ce qu'il sait très bien faire.

    Bien qu'inattendu, le succès de Sattouf dont les ouvrages précédents n'avaient rencontré qu'un succès d'estime, est compréhensible ; sur un sujet -le monde arabo-musulman-, où les points de vue avisés sont rares et noyés dans la propagande de soi-disant experts, R. Sattouf fournit un éclairage plus cru et sans doute moins naïf qu'il n'a l'air.

    De cette façon R. Sattouf évite aussi le nombrilisme de certains auteurs de "romans graphiques", nombrilisme peu propice au succès populaire.

    Expliquer que la République française fut le modèle quasi-officiel des dictateurs arabes au sein desquelles il grandit est sans doute plus subversif que relayer les caricatures islamophobes d'un journal nationaliste danois.

    On aimerait bien connaître l'opinion de R. Sattouf sur le destin funeste de ces dictatures arabes, anéanties par la République française qu'elles admiraient ?

  • L'Arabe du Futur - tome 3***

    Succès de librairie inattendu en 2014, "L'Arabe du Futur" compte depuis deux tomes supplémentaires, et unwebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,riad sattouf,arabe,futur,syrie,satirique,laïcité,islam,bachar el assad quatrième devrait paraître en 2018. Pour mémoire cet auteur franco-syrien y raconte son enfance, dont le plus clair se déroula au Moyen-Orient, notamment en Syrie où le père de Riad Sattouf exerçait un emploi de fonctionnaire (prof de fac).

    Le tome III retrace les souvenirs des années 1985 à 1987, quand l'auteur avait de sept à neuf ans.

    Le principal reproche que l'on peut faire à l'auteur est de ne pas se renouveler : les tomes se suivent et se ressemblent. Cependant les lecteurs agacés par les récits d'autofiction un peu vains trouveront ici leur compte car l'auteur parvient à donner à son récit une portée générale.

    Alors que Riad Sattouf s'est fait remarquer au cours des dernières années par des prises de position publiques assez démagogiques (typiques de la gauche libérale), "L'Arabe du Futur" aborde au contraire sans hypocrisie, de manière satirique, le problème du rapport de la culture laïque moderne avec la religion; c'est d'autant plus utile que cette question donne lieu en France à des débats aussi stériles que passionnés, orchestrés par les partis politiques.

    "L'Arabe du Futur" nous montre que la religion mahométane est, en Syrie, la religion des familles paysannes pauvres et frustes. Dans ce milieu, dont le père de R. Sattouf est issu, sévit en outre un antisémitisme à la fois viscéral et superficiel, conséquence du nationalisme arabe et de la haine de l'Occident, à commencer par les Etats-Unis. "Juif" est à peu près synonyme de "traître" dans le vocabulaire des gosses syriens, ce qui n'est pas sans rappeler le "Boche" de la France de la fin du XIXe siècle, et l'assimilation dans la littérature antisémite de ce temps-là des Juifs aux Allemands.

    Le père de R. Sattouf est un personnage charnière: son ambition sociale le place en porte-à-faux vis-à-vis de sa famille et de son éducation traditionnelle. Il penche du côté du modèle laïc républicain à la française, incarné à la fin des années 80 par le père de l'actuel président-dictateur, Hafez el Assad. De façon significative, l'esprit de revanche des élites arabes ne les empêche pas d'imiter la formule laïque occidentale qui, à leurs yeux, a fait ses preuves sur le plan politique. La réussite scolaire est une des principales valeurs inculquées à Riad par son père.

    La position de monsieur Sattouf père est comparable à celle des catholiques en France, militant à la fois pour la laïcité et pour la religion, c'est-à-dire le maintien de certaines coutumes religieuses. On le voit ainsi se plier au ramadan, non par conviction religieuse mais par piété filiale, tout en vantant le mérite du jeûne... sur le plan médical.

    Cet homme relativement émancipé des prescriptions religieuses, qui a osé épouser une "infidèle" française, se montre d'ailleurs lucide à propos de la culture laïque occidentale: celle-ci accorde à l'argent une place au moins aussi importante que la place accordée par la culture traditionnelle à dieu. Or le noeud du problème est bien là: le culte du veau d'or entraîne-t-il moins de superstition et de fanatisme que le culte d'Allah ou Mahomet ? Certains aspects de la culture occidentale indiquent qu'il n'en est rien.

    Le tableau que R. Sattouf brosse parallèlement de sa famille maternelle française, installée dans la région de Saint-Brieuc (Bretagne), indique bien que la principale différence culturelle est en termes d'aisance matérielle et de confort. R. Sattouf ne se montre par moins critique avec sa mère, pour qui l'exil en Syrie est de plus en plus pesant, et dont les revendications féministes ont une connotation assez matérielle.

    R. Sattouf ne tombe pas dans le piège d'une opposition manichéenne entre les différentes cultures de ses parents. 

    L'Arabe du Futur- tome 3, par Riad Sattouf, Allary éditions, 2016.

  • L'Arabe du Futur***

    Riad Sattouf est surtout connu pour plusieurs bandes-dessinées et films où il brocarde les travers et ticswebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,riad sattouf,charlie-hebdo,réactionnaire,lepéniste,occident des « jeunes d’aujourd’hui », les bobos comme ceux issus de l’immigration. Dans ce nouvel opus, «L’Arabe du Futur», au titre « accrocheur », R. Sattouf raconte ses souvenirs d’enfance, dans un style simple et direct, auquel son trait caricatural ajoute une touche comique.

    Né d’un père Syrien, prof de fac, et d’une mère bretonne, femme au foyer, Riad Sattouf a pas mal bourlingué en raison des différentes affectations de son père, en Libye, puis en Syrie, faisant escale entre deux postes au Cap Fréhel en Bretagne où sa grand-mère maternelle résidait. Dans ce premier tome paru aux éditions Allary, le petit Riad n’est encore qu’un nourrisson, puis un bambin métis dont la blondeur surprend au Moyen-Orient. L’auteur évoque donc surtout son père, personnage principal de cette « tranche de souvenirs » ; exilée dans des pays dont elle ne connaît pas la langue et les coutumes, et peut-être aussi du fait d’une personnalité moins exubérante, sa mère se trouve plus en retrait.

    Disons quelques mots des idées morales et politiques du paternel de Sattouf, puisqu’elles orientent son vouloir et sa carrière, et que celui-ci entraîne femme et enfants derrière lui. Pour résumer, le père de Riad Sattouf est une sorte de lepéniste arabe ; il estime les Arabes capables de rattraper leur retard sur l’Occident, et qu’une période de dictature est le meilleur moyen pour ce faire, suivant l’évolution que la France a elle-même connue, ou la Russie encore plus récemment. M. Sattouf père accorde à l’école une grande importance dans la course au progrès. Benjamin dans sa famille syrienne aux valeurs frustes, cette position lui a permis d’être le seul de sa famille à pouvoir aller à l’école.

    Bien que de confession musulmane, M. Sattouf n’est pas croyant et a vis-à-vis de la religion l’attitude qu’on peut avoir vis-à-vis d’un folklore que l’on estime dépassé. En toute bonne logique, ses modèles politiques sont, Saddam Hussein, le plus occidental des dictateurs arabes, et Kadhafi (qui a davantage joué de l’apologie du continent africain, et même de la race noire). On sait que ces despotes furent adoubés par les démocraties occidentales pour la raison qu’ils développaient des Etats laïcs en principe « avant-gardiste ». (...)

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