Caricature par ZOMBI
réac
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Nouveau symptôme ?
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Revue de presse BD (248)
+ Dans son blog, "Ma Vie de Réac", Morgan Navarro égratigne certains idéaux "de gauche". Il se moque ainsi dans un strip de "l'écriture inclusive", tentative d'éradiquer certaines inégalités entre les sexes par le biais de l'enseignement de l'orthographe et de la grammaire à l'école.
Cet auteur de BD explique d'ailleurs qu'il n'est pas vraiment "réac" (sous-entendu : il fait de la provocation). De fait, l'humoriste anar Alphonse Allais ironisait déjà au XIXe siècle à propos de cette volonté de militantes féministes de rendre la langue française "plus égale" ("Une défaite du féminisme").
Croire que le langage peut contribuer à transformer la réalité est sans doute une idée très féminine. Le décalage du langage avec la réalité est tel que le "féminisme", contrairement à ce que le mot semble indiquer, ne recueille même pas l'adhésion d'une majorité de femmes, mais seulement d'une petite -soi-disant- élite d'entre elles.
+ La bédéaste contestataire Tanx trouve dans le propos de Morgan Navarro l'occasion de monter sur ses grands chevaux et vitupérer les "réacs de gauche" : "Aujourd’hui on aurait beaucoup de mal à dire si un dessin est publié dans "Charlie" ou dans "Minute".
La dessinatrice tient à préciser que le "Hara-Kiri" de Choron et Cavanna ne trouve pas grâce à ses yeux ; et elle refusa naguère une proposition de collaboration de Siné, en le traitant de "phallocrate".
Il faudra donc lire ou relire les vieux numéros de "Hara-Kiri" pour vérifier si, oui ou non, comme nous le disons et répétons dans cette revue de presse, "Hara-Kiri" était nettement plus subversif que "Charlie-Hebdo" ne l'est aujourd'hui.
+ Le magazine "L'Incorrect" publiera-t-il les strips de Morgan Navarro ? Ce nouveau magazine, surfant sur les succès d'Eric Zemmour et Donald Trump, prétend tenir un discours incorrect "de droite". Quel auteur satirique peut sérieusement se dire "de droite" ou "de gauche", sans devenir à son tour une cible de choix pour la satire ?
Charles Beigbeder (frère du romancier à succès), principal actionnaire de ce nouveau titre, a fait carrière dans la banque. Or la principale fonction du "politiquement correct" est de servir de masque bienveillant aux élites libérales : trente années de gouvernement de gauche en sont la meilleure preuve.
Quant au rédacteur en chef de cet organe, Jacques de Guillebon, c'est un "catholique anarchiste" (sic), qui confond apparemment "paradoxe" et "incorrection".
En somme l'incorrection de droite est du niveau des "Grosses têtes" de Philippe Bouvard, et "L'Incorrect" n'est qu'un épisode supplémentaire du bras-de-fer idéologique sans intérêt que se livrent les partis de gauche et de droite.
Ce magazine publie très peu de dessins, et semble plutôt chercher à démontrer que la gauche n'a pas le monopole des digressions sociologiques.
+ Banale affaire de harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma (l'histoire du cinéma est celle d'un harcèlement sexuel ininterrompu), l'affaire Harvey Weinstein illustre l'ampleur du brouhaha médiatique, c'est-à-dire d'un flot continu d'informations déversées sur nos têtes, quasiment en temps réel et suivant une hiérarchie hasardeuse. Le caricaturiste britannique Banx (ci-contre) illustre la capacité du système à digérer cette faille et s'en renforcer, à la manière d'un cyclone.
+ L'Association "Cartooning for Peace" (Plantu) et le fabriquant de papiers Clairefontaine organisent un concours de dessin de presse (ouvert aux 11-25 ans). La formulation du thème a tendance à exclure l'ironie et assigner au dessin de presse le rôle de promotion d'une société idéale.
La prétention à instaurer une paix mondiale n'est-elle pas le point commun de tous les régimes totalitaires ?