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lucky-luke - Page 2

  • Revue de presse BD (206)

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    + L'actualité et ses drames inspirent parfois les auteurs de BD. Le jeune dessinateur italien Armando Genco nous a demandé de publier dans "Zébra" la traduction d'une BD qui dépeint le sort des migrants qui tentent de s'introduire en Europe dans des conditions dantesques.

    + Même si certains soulignent son côté industriel, la bande-dessinée conserve un côté artisanal démodé (l'art moderne ne doit pas sentir l'huile de coude, mais le parfum de la philosophie). Ainsi le dessinateur de la série à succès "Thorgal", Rosinski, travaille depuis quelques années avec son fils Piotr, dont le rôle consiste à faire tampon entre son père et le scénariste avec qui il travaille.

    Artisan accompli, Rosinski est en mesure de poser des conditions et de refuser des scénarios qui lui déplaisent : "Je n'aime pas dessiner la violence et les scènes de sexe. Dans l'album précédent, j'ai refusé les scènes érotiques. C'est mieux quand ce n'est pas montré. Concernant la violence, je déteste quand on place des ralentis dans un film... je n'arrive pas à comprendre qu'un spectateur puisse se délecte de telles scènes (...)" (interview "dBD" novembre 2016)

    + François Forcadell cite une interview de l'éditeur Frédéric Pajak ("Les Cahiers dessinés"), qui déclare à propos des dessinateurs de presse : « Aujourd’hui, la plupart d’entre eux se contentent de faire des petites blagues, en caricaturant à la va-vite tel ou tel homme politique. Ils ne dessinent plus : ils font des crobards. Ils sont souvent incultes, comme leurs rédacteurs en chef, et n’ont plus aucun sens de l’histoire : ils réagissent à l’actualité, ne s’émeuvent que dans l’urgence. Le dessin de presse devrait s’inspirer de Goya, de George Grosz ou de Saul Steinberg. »

    Baudelaire, en son temps, se plaignait déjà de l'inculture des peintres contemporains exposés aux Salons. Cela dit, Baudelaire savait un peu dessiner et caricaturer, lui. En parlant de Goya, c'est plutôt le dessinateur espagnol qui s'est inspiré des dessinateurs de presse anglais, non l'inverse.

    Plus précisément que Pajak, dont on aimerait bien savoir ce qu'il entend par "sens de l'histoire" (Pajak se réclame par ailleurs de Nietzsche, qui nie farouchement que l'histoire ait un quelconque sens), mentionnons deux fléaux convergents : le militantisme croissant des dessinateurs de presse, c'est-à-dire leur obéissance à la ligne politique d'un parti. L'originalité de "Charlie-Hebdo" fut de n'être pas un "journal engagé", quand toute la presse française était mise au service des partis et des industriels les soutenant.

    Deuxièmement, l'américanisation du dessin de presse ; aux Etats-Unis, les "editorial cartoonists" illustrent, expliquent la vie des partis politiques à l'aide de dessins auxquels seuls ceux qui suivent l'actualité politique de près trouvent de l'intérêt. Tandis que la caricature est plus artistique en France, elle est plus (trop) journalistique aux Etats-Unis.

    + "La Terre promise", dernier album de "Lucky-Luke", paraîtra bientôt. Après Daniel Pennac et Laurent Gerra, c'est le caricaturiste Jul qui a été choisi pour remplacer Goscinny. Dans cet album, Lucky-Luke rencontre une famille de colons juifs venus de Pologne ; Jul s'étonne que Goscinny n'y ait pas pensé, étant lui-même d'origine juive. Mais les minorités religieuses ou ethniques sont souvent, dans les albums de Lucky-Luke, prétexte à des blagues jugées parfois douteuses ; les Chinois exercent ainsi systématiquement le métier de blanchisseur.

    Par ailleurs Jul oublie que se revendiquer Juif n'a pas toujours été à la mode parmi les Juifs (non pratiquants), et que beaucoup de Juifs, pour des raisons qui n'ont pas forcément trait aux persécutions subies par cette communauté, rejetèrent leur "identité juive". N'est Juif, écrivait à juste titre Sigmund Freud, que celui qui suit Moïse et sa Loi (ce médecin allemand s'excluait ainsi lui-même de la communauté juive, estimant que Moïse et ses adeptes n'étaient qu'une bande de voyous anarchistes).

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  • La Case de Lola

    (par Aurélie Dekeyser)

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  • Revue de presse BD (184)

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    + La bibliothèque nationale de France (BNF) publie trois fois par an une petite revue luxueuse distribuée gratuitement, "Chroniques", où le détail de l'activité de cette copieuse institution est exposé. Sous une couverture reproduisant un dessin de Willem, le n°76 de "Chroniques" annonce que la grande bibliothèque abritera bientôt une exposition dédiée à la franc-maçonnerie, pour tenter d'élucider le mystère de cette institution mystérieuse (presque autant que l'Eglise catholique).

    Comme le laisse entendre Pierre Mollier, conservateur du musée de la franc-maçonnerie, on ne peut définir nettement l'idéologie ou la philosophie maçonnique ; ainsi de tous ceux qui opèrent dans les coulisses du pouvoir : ils s'adaptent à ses règles changeantes. Une planche de Hugo Pratt ("Corto Maltese") figure parmi les objets exposés (du 12 avril au 24 juillet), mais il n'y a sans doute dans la référence d'Hugo Pratt à la franc-maçonnerie guère plus que la volonté de faire planer un parfum de mystère.

    + Encore dans le dernier n° de "Chroniques", Inès Villela-Petit consacre un article à une forme originale de propagande satirique : la frappe de médailles en bronze. De fabrication allemande, ces médailles visent la politique française à travers les caricatures par Karl Goetz de Clemenceau et Poincaré. Clemenceau est représenté comme un tigre effarouché pendant le bombardement de Paris ; dénoncée aussi par ce biais l'occupation brutale de la Ruhr par les troupes françaises après la victoire de 14-18.

    La médaille en Une de cette revue de presse représente une femme attachée à un phallus, surmonté d'un casque français. A travers l'inscription en allemand, "La honte noire", K. Goetz stigmatise le viol de femmes allemandes imputées du côté allemand aux troupes françaises issues des colonies, comme la propagande française imputa aux troupes allemandes diverses atrocités allant du viol au cannibalisme.

    + A Pâques, on ne récolte pas que des oeufs, mais aussi des médailles. L'auteur de BD Joann Sfar figure ainsi sur une liste de personnalités issues de la société civile qui viennent d'être décorées de la Légion d'honneur. L'actrice Sophie Marceau a, pour sa part, refusé cette médaille afin de protester contre la récente distinction du prince saoudien et ministre de l'Intérieur Mohammed Ben Nayef par ce moyen. Apparemment le chef de l'Etat n'a pas trop mal pris les dessins légèrement moqueurs de Joann Sfar, publiés dans le "Huffington Post", à propos des rendez-vous galants du président de la République.

    La réponse de Napoléon Bonaparte à ceux qui lui reprochaient de perpétuer la monarchie à travers la Légion d'honneur, est fameuse : - Je vous défie de me montrer une république, ancienne ou moderne, qui savait se faire sans distinctions. Vous les appelez les hochets, eh bien c’est avec des hochets que l’on mène les hommes.

    + Disponible sur Youtube, le documentaire "Choron dernière" (Pierre Carles et Martin, 1h38, 2008) regroupe des bribes d'archives où l'on peut voir le truculent Georges Bernier, alias Pr Choron, cofondateur de "Hara-Kiri" et "Charlie-Hebdo" : participations à des shows télés, témoignages, chroniques provocatrices délirantes, interviews... où Choron avoue par exemple avec délectation ses pratiques sodomites avec un sergent-chef des parachutistes ; ou bien improvise un concours de bites fraternel avec le dessinateur Charlie Schlingo.

    Au tempérament burlesque de cet humoriste, issu d'un milieu très modeste et qui s'imposa comme le premier bouffon de France, le documentaire oppose la figure plus conventionnelle de Philippe Val, qui traîna le documentaire en justice (avec Cabu et Wolinski) pour cette raison. L'aspect polémique est secondaire, bien qu'éclairant sur l'évolution de la presse au cours du demi-siècle écoulé.

    + Le concours Libé Apaj de carnets de voyage (réservé au moins de 30 ans) est doté de 6.000 euros. On peut concourir dans plusieurs catégories : dessin, audio, texte, photo. Le thème de cette année : "Regards sur le travail".

    + "Lucky Luke" est au programme du festival "Pulp" organisé à la Ferme du Buisson (Marne-la-Vallée) (8-10 avril) ; il sera le thème d'une conversation entre l'actrice Stéphanie Cléau, Blutch et l'acteur Denis Podalydès. Un album-hommage signé Mathieu Bonhomme, "L'Homme qui tua Lucky-Luke", paraîtra en outre bientôt chez Dargaud. Les meilleurs albums de la série - cinq ou six - reposent sur le mélange de l'humour de Goscinny et Morris, d'une part, et l'inspiration de faits réels tirés de la chronique du Far West.

    + "Le Secret des Cailloux qui brillent" est une websérie en BD, qui tente de se financer grâce à ses lecteurs en ligne, à travers un site qui permet de faire un don. Deux épisodes ont d'ores et déjà été mis publiés, dessinés par Tarmasz et Emmanuel Espinasse. Il est trop tôt pour se prononcer sur l'intrigue, mais elle évoque les jeux vidéos ou les mangas en vogue chez les ados.

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    Illustration de Tarmasz pour la websérie "Le Secret des Cailloux qui brillent"

     

  • Revue de presse BD (175)

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    + Tout ce tintouin féministe autour du festival d'Angoulême pour finalement remettre le Grand prix du festival... à Hermann Huppen ("Comanche", "Bernard Prince", "Jérémiah"...), dessinateur à la réputation de vieux bougon réac, dont les BD sont peuplées de femmes sexy à moitié dénudées !

    Le dessin nerveux et vivant de Hermann "sauve" des scénarios plutôt indigents. Les dessinateurs caractériels ont plutôt intérêt à être aussi de bons scénaristes. Un petit bémol tout de même à propos du machisme d'Hermann : son personnage de Comanche est une cow-girl qui mène à la trique une bande de garçons vachers ; en matière de tempérament et d'indépendance, Comanche n'a pas grand-chose à envier aux "femens" russes.

    + Morris, Goscinny, Jijé : les auteurs de l'âge d'or de la BD se moquaient déjà en leur temps des sociologues et philosophes qui glosaient sur la BD. Les vannes ne sont sans doute pas près de se refermer ; ainsi sur "France-Culture", "radio marchand de sable", un certain Tristan Garcia s'efforçait dernièrement (27 janvier) de ne pas donner de réponse aux questions simples suivantes : 1/Pourquoi la BD franco-belge est faite pour les garçons ? Autant se demander pourquoi le foot féminin est peu développé.

    2/et pourquoi la BD franco-belge n'est pas sexuellement explicite ? Réponse : l'aventure est une façon de sublimer la sexualité ; le coït proprement dit ou les attouchements sexuels ne constituent pas un sujet littéraire d'une manière générale (par chance la littérature s'élève un peu au-dessus de la biologie et de la médecine).

    Les héros de la mythologie grecque sont confrontés pour leur part à la sexualité, de façon plus ou moins symbolique. Mais la mythologie ne vise pas (seulement) à divertir les enfants comme "Tintin & Milou" ; de plus, si la mythologie grecque n'évite pas la sexualité, elle la rapproche du néant et de la mort dans diverses fables. Loin d'être un motif d'accomplissement du héros, la sexualité représente souvent un obstacle (Les Sirènes, Circé...), de sorte que la mythologie antique n'est pas un récit d'aventure, comme souvent les BD.

    C'est donc exactement l'inverse de ce que prétend Tristan Garcia qui est vrai : il y a une connotation sexuelle dans "Tintin" et les romans d'aventure en général (rien n'est plus connoté sexuellement que la littérature puritaine) ; c'est ce qui fait de la BD belge une sous-littérature le plus souvent. L'indigence des scénarios de Hermann évoquée plus haut vient justement de ce que leur connotation sexuelle est un peu trop évidente.

    + Le 43e FIBD consacre une expo. à "L'Art de Morris", à l'occasion des 70 ans de Lucky-Luke ; Zébra vous propose de réviser votre Morris à l'aide d'un petit quiz ; l'hebdo gratuit publicitaire "A Nous Paris" a interviewé Stéphane Beaujean, commissaire de l'expo. ; extraits : "Nous le savons aujourd'hui, la reconnaissance artistique passe par la reconnaissance des musées et du marché de l'art qui vous donne une cote et confirme votre valeur" [?] ; "Nous avons pu obtenir les planches en noir et blanc, mais beaucoup d'autres, en couleurs, sont restées hors de notre portée. Un mystère entoure encore son oeuvre." "(...) Autant dire que je craignais un refus. Mais sa veuve et ses nièces ont accepté de faire une entorse aux volontés de Morris pour monter l'expo. Elles ont compris que l'époque avait changé, que les réticences de Morris venaient d'un autre temps [moins mercantile ?]"

    + Consécutivement à la lecture du bouquin consacré par Denis Robert à "Charlie-Hebdo", "Mohicans", un blogueur (Frédéric Chambe) a rédigé un billet intitulé : "Mon adieu à Charlie" ; l'inflexion éditoriale de "Charlie-Hebdo" sous la direction de Philippe Val est intéressante à noter, car elle explique en partie pourquoi "Charlie-Hebdo" est devenu un symbole national, alors qu'il fut conçu à l'origine comme un symbole ANTInational.

    En revanche il est injuste d'attaquer Cabu et Val sur le point de l'argent et des bénéfices engrangés par "Charlie-Hebdo". Tandis que la presse et les journalistes sont "arrosés" par les industriels et les partis politiques à qui ils servent de porte-voix, Cabu et Val étaient de rares exemples de journalistes indépendants. Peut-on reprocher à Cabu, qui a commencé de travailler tôt, et n'a jamais cessé de travailler d'arrache-pied, d'avoir accumulé un pécule ? De même la fidélité de Cabu à P. Val n'a rien d'une mystérieuse naïveté. Il faut pour faire vivre une petite entreprise de presse indépendante des qualités que Cabu n'avait pas, et il était reconnaissant à P. Val de jouer ce rôle de gérant.

  • Quiz Morris

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    Le 43e Festival d'Angoulême qui se tiendra le week-end prochain rend hommage à Morris, à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de "Lucky-Luke" - fêtons-ça avec un petit quiz (en partenariat avec Babelio.com).


    Testez votre culture littéraire avec les quiz de Babelio.com

    Q1: Quel est le véritable nom de Morris ?

    1. Maurice Tillieux

    2. Maurice de Bevere

    3. Jean Maurice

    4. Philippe Morris


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    Bibliotheque
  • Revue de presse BD (173)

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    Planche extraite du blog de Xavier Gorce, "Les "Indégivrables"

    + Des réactions parfois cocasses, à la limite de l'hystérie, ont suivi la proclamation par le festival d'Angoulême d'une sélection d'auteurs exempte de femmes, afin de décerner son grand prix. "Le Monde" a ainsi publié une tribune signée Emmanuel Guibert, intitulée : "La plus belle bande-dessinée de tous les temps est l'oeuvre d'une femme". En matière de féminisme comme de galanterie, il arrive que certains hommes en fassent un peu trop.

    + "Le Populaire" (Limousin) se mouille un peu plus qu'Emmanuel Guibert en faisant la promotion de sept "grands noms" de la BD au féminin : Pénélope Bagieux, Marjane Satrapi, Lynda Barry, Julie Doucet, Moto Hagio, Chantal Montellier, Posy Simmonds. Il n'est pas impossible que certains lecteurs de "Le Populaire" lisent ces "grands noms" pour la première fois ; parfois on veut démontrer une chose, et on prouve son contraire.

    En réalité la question du sexe de l'auteur ne se pose pratiquement que dans la littérature bourgeoise. Bien que misogyne et qualifiant l'homosexualité de tare, le freudisme a pesé sur la critique littéraire, incitant à voir dans l'oeuvre littéraire ou artistique le reflet de la personnalité de son auteur, et donc son sexe ; encore une fois, cette "clef de lecture" est trop restrictive. On ne naît pas dessinateur de bande-dessinée, on le devient.

    + Le 43e festival d'Angoulême rendra hommage à "Lucky-Luke" et son dessinateur Morris. Derrière Morris comme derrière d'autres auteurs renommés tels Giraud-Moebius, Franquin, Will, ou encore d'autres, il y eut le Namurois Joseph Gillain, alias Jijé. Plus dilettante que certains de ses élèves, Jijé n'a pas laissé derrière lui une oeuvre aussi marquante que "Lucky-Luke" ou "Gaston Lagaffe" ; cependant il joua le rôle, obscur mais indispensable, de pygmalion et de maître dans la formation d'un jeune dessinateur.

    Un petit reportage diffusé sur Youtube célèbre modestement la mémoire de Jijé et illustre son rôle-charnière. Le statut de la BD aujourd'hui doit sans doute beaucoup plus que les théoriciens de la BD ne veulent l'admettre à l'application de méthodes artisanales par les dessinateurs belges. D'une certaine façon, les auteurs de BD, qui furent des artisans, sont devenus désormais des ouvriers et y ont perdu une bonne partie de leur marge de manoeuvre ; à moyen terme, cette évolution, qui a d'abord été rentable, pourrait bien être préjudiciable aussi aux petits industriels du divertissement que sont les éditeurs de BD.

    + Le prochain festival de la ville d'Antony fin mai (21) organise un concours de BD sur le thème assez libre de "la nature" ; il est ouvert également aux scénaristes amateurs, puisque ce concours propose à ceux qui ne savent pas dessiner d'utiliser des cases pré-dessinées pour raconter une histoire.

    + Le cabinet d'arts graphiques du musée des beaux-arts d'Angers détient une collection de 13.500 dessins (Poussin, Boucher, Fragonard, Delacroix, Ingres, Géricault, etc.) ; ce musée organise jusqu'au 28 février une exposition, "La Fabrique de l'oeuvre", visant à mettre en lumière le processus qui va de l'esquisse préparatoire à l'oeuvre définitive (sous la direction d'Anne Sarazin).

    Le peintre Eugène Delacroix, qui rêvait de réunir le dessin et la musique pour produire une sorte d'art "total", note dans son "Journal" que l'exigence de perfection de la musique contraste avec la peinture, qui a souvent plus de force au stade de l'esquisse que l'oeuvre parachevée n'a.

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    Dessin de Th. Géricault dans les collections du musée des beaux-arts d'Angers

     

  • Revue de presse BD (171)

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    Un des plus vieux croquis répertoriés de Walt Disney (1918), vendu récemment aux enchères à New York

    + Visible jusqu'à dimanche prochain sur "Arte-replay", un long documentaire (plus de 3 heures) en deux volets consacré à Walter Elias Disney qui, nous dit le reportage, "transforma le dessin-animé en art". La formule est un peu pompeuse et ne veut pas dire grand-chose. Le documentaire n'est pas assez critique, mais comporte de nombreuses images d'archives et brosse un portrait assez fouillé de ce personnage hors du commun, "self made man" américain sorti apparemment de nulle part. On sait les points communs entre le cinéma d'animation et la BD franco-belge, cette dernière étant un cinéma d'animation "bon marché", du moins à ses débuts. Walt Disney et le Belge Hergé ont d'ailleurs quelques points de ressemblance, dont la soif de reconnaissance et une enfance un peu triste. On aurait aimé un propos plus critique, non pas tant à propos de Walt Disney que de son art emblématique de l'Amérique de la première moitié du XXe siècle ou de la culture de masse. L'usage politique du rêve et du divertissement demeure en effet un sujet d'actualité.

    + Signalons le décès de Jacques Rampal (19 décembre), qui collabora pendant de longues années au journal "Pilote" et publia avec le dessinateur Jean-Claude Morchoisne et Jean Mulatier une série de portraits-charges d'hommes politiques, transformés en animaux, qui fut un succès de librairie ("Ces Animaux qui nous gouvernent", 1984).

    + "Presse-Océan" annonce que la ville de Nantes va se doter d'une maison de la bande-dessinée en 2016, la "maison Fumetti", vaste de 600 m2 et qui sera dirigée par Gwen de Bonneval, Cyril Pedrosa et Tangui Jossic, auteurs de BD. "Fumetti" est le mot pour dire "bandes-dessinées" en... italien ; c'est sans doute pour faire "style".

    + La querelle qui divise la gauche à propos de l'islam et de "Charlie-Hebdo" n'aura connu qu'une courte trêve après l'attentat contre l'hebdomadaire. Cela prouve que l'idéologie, comme la religion, crée un sentiment d'unité superficiel. La militante féministe Caroline Fourest a pris part récemment aux hostilités, rédigeant une tribune dans le magazine "Transfuge" (11 Novembre). Sa prise de position en faveur de Philippe Val a le mérite d'être claire. "(...) Ma bande à moi, celle que j'admirais, venait de la "Grosse Bertha". Les éditos fracassants de Val ; Cabu, notre maître à tous. Et cette ribambelle de dessinateurs, furieusement doués, qu'ils ont mis sur orbite : Charb, Luz, Riss, Tignous, Honoré..."

    Et C. Fourest de qualifier au passage "l'autre "Charlie", l'ancienne version lancée par Cavanna et Choron, de "journal potache, vaguement anar". C. Fourest est libre de préférer Luz, Charb et Riss à Reiser ; d'autres ont témoigné dans le sens contraire, comme Willem. Cabu, dont on peut croire l'avis sérieux, s'est toujours prudemment gardé d'un jugement artistique.

    La militante dit ailleurs : "(...) On se moquait des garçons et de leurs dessins sexistes. Ils le prenaient bien, surtout Tignous, avec des airs d'ourson dépité. (...) Des années plus tard, les voilà convertis aux FEMEN. Quel trajet."

    A juste titre, Caroline Fourest explique dans sa tribune que l'humour permet souvent de surmonter les divisions idéologiques ; en revanche, elle n'a jamais parue plus disposée à plaisanter sur le sujet du féminisme, qui semble lui tenir à coeur au moins autant qu'à raison, que certains musulmans ne semblent disposés à entendre les plaisanteries des Occidentaux concernant Allah. L'humour des sectateurs des valeurs républicaines (parmi lesquelles "l'égalité" paraît aussi improbable que certains principes religieux), est une notion aussi incertaine que l'humour du pape ou de la Reine d'Angleterre. Si C. Fourest prenait la peine de se renseigner sur la presse satirique française, elle pourrait constater que très rares sont les humoristes ou les titres de presse qui ont mis en avant de telles "valeurs républicaines".

    + Le festival d'Angoulême qui se tiendra fin janvier a décidé d'accorder cette année en l'exposant une place d'honneur à Morris et son célèbre "Lucky-Luke", produit largement de conserve avec Goscinny. Les deux auteurs avaient réussi dans quelques albums de la série à faire passer un peu de l'esprit de la conquête de l'Ouest et des pionniers, en y ajoutant une note d'humour.

    Paradoxalement, "Lucky-Luke" est plus réaliste que de nombreux westerns, Goscinny ayant eu la bonne idée de s'inspirer du témoignage d'un authentique pionnier, Mark Twain. On attribue à Morris l'invention de l'expression "Neuvième art", mais Morris a toujours tenu, comme Goscinny du reste, à se démarquer d'un certain intellectualisme : "Non, nous qui les créons, les BD, nous ne prenons pas très au sérieux toute cette très pompeuse littérature." ("Giff Wiff", 1965) - sage méfiance des cacouacs, d'ailleurs, car l'académisme n'est jamais très loin de l'intellectualisme.