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angouleme - Page 4

  • Revue de presse BD (172)

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    Charb, entouré par la rédaction de "Charlie-Hebdo" en p.2-3 du "Charlie-Hebdo" "spécial attentat", par Catherine Meurisse, parodiant ainsi la "cène" (dernier repas de Jésus avant son assassinat).

    + Hier (6 janvier), la rédaction de "Charlie-Hebdo" a publié un numéro spécial souvenir de l'attentat qui coûta la vie à une bonne partie des dessinateurs. On peut y lire notamment un récit détaillé plutôt macabre de la tuerie (un plan des lieux est même fourni) par Fabrice Nicolino ; celui-ci fut touché lors de la fusillade par trois balles de fusil-mitrailleur. Le même jour, ce journaliste a fustigé avec véhémence au micro de Jean-Michel Apathie (11') ("Europe 1") la récupération de cet événement sinistre par le chef de l'Etat afin de "relancer sa carrière".

    La Une signée Riss représente cette fois, non pas Allah ou le prophète Mahomet, mais un dieu plus difficile à identifier - le dieu des juifs et des chrétiens ? Ce pourrait aussi bien être le "grand architecte de l'univers" de Voltaire, ou bien "l'être suprême" des pères fondateurs de la République française. La rédaction de "Charlie-Hebdo" a sans doute voulu éviter l'accusation d'acharnement contre la communauté musulmane, tout en maintenant une ligne anticléricale.

    Un an après, ce qui a changé, c'est surtout que "Charlie-Hebdo" n'est plus un petit hebdo satirique acculé à la faillite, mais un titre de presse à fort tirage, connu dans le monde entier, et devenu "à l'insu de son plein gré" un "symbole national". Quelques dessinateurs s'efforcent d'ailleurs de plaisanter sur ce nouveau statut encombrant pour un journal satirique. D'autres mettent en avant leur combat pour la laïcité ; mais de quelle laïcité parle-t-on ? De celle qui a servi à justifier idéologiquement la conquête de territoires africains peuplés de mahométans ? Etre antimilitariste et républicain à la fois, comme l'étaient Cabu et Charb, revient plus ou moins à être schizophrène.

    + Un petit scandale ne peut pas nuire à la publicité, et chaque année le festival de BD d'Angoulême connaît son esclandre, quelques semaines avant l'ouverture (fin janvier). Riad Sattouf ("L'Arabe du Futur") a mis le feu aux poudres cette semaine en demandant que son nom soit retiré d'une liste de nominés au grand prix décerné par le festival, au motif que cette liste est exclusivement composée d'hommes. Rappelons que l'année dernière Riad Sattouf s'était vu décerner le fauve du meilleur album.

    Accusé de sexisme, le festival s'est défendu par la voix de son directeur Franck Bondoux ; celui-ci a fait remarquer que le métier d'auteur de BD est très majoritairement un métier d'homme, et que de même ne sont exposés au Louvre que très peu de tableaux peints par des femmes. Cela dit la direction du festival a cédé à la pression médiatique et décidé d'inclure quelques femmes dans la sélection ; on peut se demander si cette sélection ne sera pas encore plus humiliante pour les auteures choisies ?

    N'y a-t-il que Claire Bretécher pour avoir les couilles de dire que le féminisme est souvent chiant et dogmatique ? Par ailleurs il faudrait se demander si la morale américaine des quotas en faveur des noirs a véritablement été efficace pour diminuer la ségrégation raciale ? Rien n'est moins sûr.

    + Le concours "Jeunes talents" du même festival propose quant à lui une liste de candidats nominés majoritairement de sexe féminin. Les candidats sont départagés à partir d'une planche. Elles seront exposées au festival et l'on peut se procurer le catalogue de l'expo en écrivant à info@bdangouleme.com. Outre une Emilie Charia très oecuménique, Zébra a remarqué les illustrations de Clémence Hanssler (25 ans, LISAA Strasbourg) et les paysages inquiétants de Claire Le Gal (Ecole Estienne-Arts déco. Paris), ci-dessous :

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    "Tonnerre", par C. Hanssler

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    Paysage, par C. Le Gal

     

     

  • Revue de presse BD (169)

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    Dessin de Naumasq sur le phénomène culturel "Star Wars"

    + "Charlie-Hebdo", dont le tirage n'est plus confidentiel désormais, s'est rangé derrière le front républicain contre le FN lors des dernières élections régionales, s'immisçant ainsi de plus en plus dans le jeu politique.

    Antonio Fischetti justifie l'implication de l'hebdomadaire humoristique par la menace que le FN représentait pour les budgets de la culture dans les régions (15 décembre). Ce journaliste ironise sur la promotion probable des "danseurs de sardane", supputant la préférence du FN pour la culture folklorique ou traditionnelle ; mais Fischetti se garde d'énoncer sa propre conception de la culture. Or, qu'est-ce qui n'est pas culturel aujourd'hui ? De l'émission de télé culinaire à "Star Wars", en passant pas la bande-dessinée, la coupe du monde de rugby et autres divertissements, tout est culture. Le FN doit une partie de son succès au fait qu'à ses idées et sa culture simplistes (façon Marseillaise et drapeau français) sont trop souvent opposées des idées complexes et nébuleuses, dont l'intellectualisme fumeux est tout aussi caricatural que le patriotisme folklorique du FN.

    La culture étant devenue un vaste fourre-tout, se réclamer de la culture est à peu près dépourvu de signification. L'humour ou la satire sont d'ailleurs plutôt représentatifs d'une contre-culture que d'une culture subventionnée.

    + En parlant de culture, que vaut la tintinophilie ? Celle-ci est réactivée par les records des ventes de planches aux enchères, et les fans de "Tintin & Milou" semblent de plus en plus nombreux.

    L'essayiste A. Finkielkraut a exprimé plusieurs fois son mépris de la bande-dessinée en général, mais n'a pas précisément dit que c'est la "littérature de genre" ou la littérature "spécialisée" qu'il convient de ranger sur une étagère inférieure. Du reste cet essayiste se réclame du libéralisme - or la raison commerciale est certainement la principale responsable de l'érosion de l'esprit critique au profit du goût. L'enjeu commercial supplante l'esprit critique.

    + On note l'intérêt pour "Tintin & Milou" d'intellectuels belges spécialisés dans la "bande-dessinée" ou, pour être plus précis, dans la grammaire et la syntaxe de la bande-dessinée. Cela revient à réduire l'art à la virtuosité technique. Tout le monde ou presque a oublié le peintre Paul Delaroche, dont V. Hugo faisait grand cas - Delacroix et Ingres, moins virtuoses, ont mieux résisté à l'outrage du temps.

    Thierry Groensteen se demande si la bande-dessinée mérite le qualificatif d'art surréaliste. D'emblée, la définition du surréalisme lui pose problème. L'emploi de l'expression "imagerie populaire" par T. Groensteen est, par ailleurs, contestable, car la BD est parfois un outil de propagande populiste, au service de l'idéologie dominante, à commencer par les super-héros américains ; de nombreuses séries "franco-belges" pour les enfants ont aussi cette caractéristique. Dire que les arts "industriels" sont "populaires" revient à dire que les usines sont dirigées par des ouvriers - ruse grossière.

    Si le propos du surréalisme est de dire que la fiction ou le rêve sont supérieurs à la réalité, dans ce cas on peut parler du surréalisme comme d'un mouvement artistique radicalement opposé à la mythologie. Du point de vue homérique ou antique, le rêve a une connotation morbide ou macabre. L'art et la philosophie antiques incitent beaucoup plus à affronter la réalité qu'à la fuir.

    + Robert Kopp joue dans le dernier numéro du "Magazine littéraire" à comparer Shakespeare et Cervantès. A la question : - 400 ans après leur mort, lequel des deux l'emporte ?, il est pourtant aisé de répondre que le grand public connaît beaucoup mieux ou beaucoup moins mal Shakespeare que Cervantès, grâce ou à cause de très nombreux films et représentations de Shakespeare.

    La lecture de Cervantès est plus ardue, au point que le projet de traduction de Cervantès dans une langue plus moderne afin d'en faciliter l'accès fait débat actuellement en Espagne. Si Shakespeare et Cervantès sont tous les deux des auteurs satiriques, dont la verve s'exerce particulièrement contre la culture médiévale (on peut rapprocher Don Quichotte de Roméo), Shakespeare est bien plus qu'un auteur satirique. Certains propos de Robert Kopp sur Shakespeare sont contestables, comme le qualificatif "baroque" ; en effet il s'applique à un art le plus souvent "officiel" - architecture ou musique -, et il n'y a pas d'auteur moins "officiel" que Shakespeare.

    Les différentes étiquettes accolées à Shakespeare : "romantique", "baroque", "néo-classique" ne font d'ailleurs pas progresser l'état des connaissances sur Shakespeare, qui aux yeux de l'université demeure largement "énigmatique". On peut se demander si la culture est faite pour égarer ou pour guider ?

    + Un mois après les attentats de Paris, le mot d'ordre qui circule dans la presse est : résistance. Certaines modalités de cette résistance n'ont pas manqué de susciter l'ironie des dessinateurs de presse. L'hebdomadaire gratuit (publicitaire) "A nous Paris", largement distribué dans le métro parisien, mentionne que 13.000 ex. de "Paris est une fête", par Hemingway, ont été récemment écoulés. "A Nous Paris" recommande en outre des ouvrages de John Dos Passos, Jack Kerouac, René Fallet, Henry Miller, Patrick Modiano.

    La lecture de leurs romans est censée remonter le moral des Parisiens. En majorité Américains, ces auteurs portent sur Paris un regard sans doute un peu touristique. Le Paris de Balzac, Zola ou Céline, est plus contrasté et plus véridique. Quoi qu'il en soit, l'activité commerciale redoublant à l'approche de Noël, on sera plutôt tenté de fuir Paris en ce moment.

    + Une brochette d'auteurs de BD installés à Angoulême, dont plusieurs étrangers, a ouvert un site qui leur permet de diffuser gratuitement leurs BD ou des chroniques sur la BD. Baptisé "Marsam", cet outil est analogue au site belge "Grandpapier", dont la diffusion d'un webzine trimestriel a récemment été interrompue.

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    Case extraite de "Bonjour Angoulême", du Taïwanais Yao Hsing, en résidence à Angoulême.

  • Revue de presse BD (160)

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    + Robert Crumb, le pape de la BD underground américaine est toujours en verve, comme l'atteste une interview donnée récemment à "The Observer" (14 oct-anglais), intitulée "Robert Crumb vous déteste" ;. Il y est beaucoup question de ses fantasmes sexuels et de ses rapports compliqués avec les femmes, mais pas que. Extraits :

    - (...) Un jour en janvier 1967, je me suis tiré à San-Francisco sans le dire à ma femme, laissant tomber mon boulot dans le commerce des cartes de voeux. La culture hippie de Haight-Ashbury [quartier de SF] où tout à commencé pour moi, c'était plein de types ne foutant rien de la journée et attendant que les femmes leur ramènent de la nourriture. La "gonzesse" devait leur procurer un foyer, leur cuisiner des petits plats, et même payer le loyer. C'était pas mal décalqué des moeurs patriarcales de nos ancêtres, sauf que nos ancêtres chassaient, eux, la plupart du temps. "L'amour libre" voulait dire le sexe et la nourriture gratuits pour les mecs. C'est sûr, les femmes aimaient ça aussi, elles faisaient beaucoup l'amour, mais ensuite elles se mettaient au service des hommes. Et même dans les groupes militants de gauche, les femmes étaient toujours reléguées au secrétariat ou aux petits boulots. On était tous sous LSD, donc ça a pris quelques années avant que la fumée ne se dissipe et que les femmes se rendent compte qu'elles avaient passé un contrat de dupes avec leur branleur de mâle hippie. Les types qui dans ces années-là surent se mettre en avant étaient tous des escrocs, des gourous qui disaient "peace and love" du bout des lèvres et ne pensaient qu'à baiser toutes leurs disciples en adoration. Timothy Leary était comme ça. Un charlatan fini. (...)"

    - Avez-vous déjà pensé au suicide ?

    - Oui. La dernière fois que j'en étais proche, c'était en 1986. J'étais au sommet de ma célébrité. La BBC est venue à la maison faire un reportage sur moi et on m'a rendu hommage à ce festival, en France, le festival international de BD d'Angoulême. Tout ça a contribué à ma célébrité. J'avais besoin d'argent, donc j'ai accepté l'offre de la BBC. Ils ont investi ma maison avec leurs caméras, leurs projecteurs et toute leur merde - c'était atroce. Ensuite je me suis rendu à ce gros festival en France, dont j'étais la vedette. Ils ont fabriqué une tête géante à mon effigie, que les badauds pouvaient traverser. Toutes mes BD étaient affichées dans cette tête géante. Une vraie torture. Il y a avait des journalistes, des photographes partout. J'étais dégoûté par cette vie. (...)

    - Le suicide de Charles [frère aîné de Robert] vous a-t-il bouleversé ?

    - Non, ça m'a soulagé. C'était un personnage sombre et tragique. La dernière fois que je l'ai vu, il m'a dit : - Si je n'arrive pas à m'en sortir, je me tuerai. C'était aussi un écrivain fascinant et intéressant. Un grand auteur de BD quand il était jeune, mais il a cessé ensuite de s'intéresser à la BD. Il était très fier de mon succès car j'étais un peu comme son élève.

    - Il y a plein de gens en Amérique qui vivent dans leur lit comme Charles [frère aîné de Robert] ; c'est un truc américain. Il y a plein de gens comme ça, des hommes et des femmes. Il était gay, n'est-ce pas ?

    - Il n'a jamais eu de relation sexuelle. Il aimait les hommes jeunes. C'est en effet un truc américain - cet isolement extrême, cette aliénation, cette solitude. (...)"

    - Mon travail a eu un vaste audience parce que j'ai usé d'une manière très traditionnelle de dessiner pour dire quelque chose d'assez personnel et délirant. (...) Donc j'étais parfaitement conscient d'essayer de toucher un lectorat avec mon travail, de ce qu'il fallait faire et ne pas faire pour que ce soit lisible, pour que ça reste distrayant.

    - C'est très commercial comme procédé pour un auteur de BD underground...

    - Mais il ne s'agissait pas de commerce. C'était une question de communication. J'utilisais mes compétences en BD traditionnelle pour faire part de mes expériences personnelles. La BD était un genre que j'avais adoré toute ma vie. Et c'était la seule manière que je connaissais d'entrer en contact avec l'espèce humaine.

    + La dernière "Université de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme" qui s'est tenue début octobre proposait des interventions d'humoristes : Jul, Ranson, Halévêque, etc., sur le thème : "Faites l'humour, pas la haine". François Forcadell fait remarquer sur son blog que c'est plutôt gonflé de la part de la Licra et Me Jakubovicz, car ils sont à l'origine de l'éclatement de "Charlie-Hebdo" en deux clans rivaux, la Ligue ayant intenté un procès à Siné pour antisémitisme, qui divisa durablement le petit milieu des humoristes et dessinateurs de presse.

    Plus généralement, il faut dire que c'est la politisation croissante de la presse qui a accru les divisions entre artistes. De plus, l'intérêt pour la caricature d'institutions en charge de défendre la morale publique : Licra ou autre ligue de vertu, Education nationale, tel haut fonctionnaire affecté à la Commission européenne, etc., a un côté "orwellien" ; afin de préciser l'adjectif, citons donc Orwell : "Les intellectuels sont portés au totalitarisme bien plus que les gens ordinaires."

    + Rançon du succès, les auteurs de BD sont à leur tour victimes d'escrocs et de faussaires, après les artistes modernes du XIXe et XXe siècles. Sur son blog, l'auteur de BD Li-An ("Boule de Suif") a même créé une petite galerie pour éviter aux collectionneurs de Moebius de se faire arnaquer. On peut voir que les faux exposés sont assez grossiers.

    Plus inspiré ou plus vicieux (au choix), l'artiste britannique Damien Hirst, avait investi sciemment une partie de sa fortune dans de faux Picasso vendus sur e-Bay, afin de doper leur cote pour perturber les collectionneurs et illustrer ainsi le caractère aléatoire du fétichisme (si j'ai bien compris le propos de D. Hirst).

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    Dessin vendu comme une oeuvre originale de Moebius sur le site de vente aux enchères E-Bay.com

  • Revue de presse (135)

    Extraits de la revue de presse illustrée publiée dans l'hebdo Zébra.webzine,gratuit,zébra,bd,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue de presse,hebdomadaire,alexis tsipras,portrait,grec,titina chalmazi,jean-christophe menu,xavier bonnefont,ump,angoulême,festival,luz,charlie-hebdo,elouarn,reportage,denis robert,cavanna,charlie-hebdo,fécocorico,sennep,ballouhey,claude favard,bonnot,vichy,occupation,plantu,dieudonné,new-yorker,versailles,lycée hoche,cabu,marcel cabut,académie julian,pilote

    Alexis Tsipras façon star de ciné ou "rock star" par l'artiste grecque Titina Chalmatzi.

    + Retour sur le 42e festival d'Angoulême qui s'est déroulé le week-end dernier sans attentat terroriste, ni lynchage d'éditeur de BD par les auteurs en colère. Jean-Christophe Menu, ancien directeur éditorial de "L'Association", a été mandaté par Luz pour y recevoir le prix décerné à "Charlie-Hebdo". J.-C. Menu, sans doute inspiré par la "fièvre grecque", a tenu un discours très "mélenchonien", se payant au passage le luxe de traiter de con le maire UMP d'Angoulême, Xavier Bonnefont, présent dans la tribune. Ce dernier n'a pas bronché : on n'est plus en "Mai 68" et le FN est le premier souci de l'UMP désormais, non plus les discours écolo-communistes. Comme la satire n'est pas incompatible avec la vérité historique, signalons que le propos de J.-C. Menu selon lequel la liberté d'expression serait une conquête du peuple contre l'absolutisme relève de la pure propagande. Les grandes révolutions populistes en Europe -française, bolchevique...-, n'ont pas débouché sur des régimes favorables à la liberté d'expression, bien au contraire.

    + Un blogueur, amateur érudit de BD franco-belge, Elouarn, a publié sur son blog ce petit reportage sur le festival. C'est propre, net et sans bavure, comme une notice de guide Michelin.

    + Interwievé par le quotidien gratuit "20 Minutes" à Angoulême (30 janvier), le journaliste Denis Robert, dont le travail d'investigation sur l'affaire Clearstream a été adapté en BD, évoque par ailleurs un documentaire sur François Cavanna ("Cavanna, même pas mort"), qui sortira en avril : "ça me trottait dans la tête avant même sa disparition, alors qu'il était déjà très affaibli (...). L'ironie, c'est que je n'arrivais pas à trouver de distributeur et que depuis les événements de "Charlie-Hebdo", ils se bousculent au portillon." C'est officiel, "Charlie-Hebdo" n'appartient plus à la contre-culture.

    + Le dernier webzine bimestriel "Fecocorico", publié par l'association de caricaturistes français Feco-France, rend naturellement hommage à l'équipe de "Charlie-Hebdo". Curieusement, des portraits photographiques des victimes ont été préférés à l'un des nombreux dessins publiés à l'intérieur. Le dessinateur Ballouhey consacre un article à Claude Favard, alias Bonnot. A la demande des ayants-droits, il a ôté les illustrations de son article. Comme on parle beaucoup des valeurs républicaines, en ce moment, et de les inculquer à l'école avec plus de fermeté, c'est l'occasion de rappeler que la propriété est de loin la plus importante, dont toutes les autres découlent. Quand la propriété fout le camp, tout fout le camp.

    Déjà auteur d'un intéressant article sur l'inspiration des caricaturistes français par les fables antiques, dans le précédent numéro de Fécocorico, JMB se penche cette fois sur la production du dessinateur Sennep (1894-1982) pendant l'Occupation. D'une part des dessins humoristiques commandés à Sennep par les hôteliers de Vichy, réquisitionnés par le gouvernement de Pétain, afin de ne pas se faire oublier de leur clientèle commerciale et la faire patienter (!). D'autre part une série de dessins tournant paradoxalement en dérision le régime de Vichy. L'auteur de l'article mentionne l'anti-intellectualisme parmi les leitmotivs de la propagande de Vichy ; c'est en effet un thème nietzschéen (néo-païen), mais il est également marxiste et donc pas spécialement "vichyste".

    + Le dessinateur Plantu est la cible de plusieurs de ses confrères caricaturistes. Nous-mêmes reproduisions la semaine dernière un dessin de James Van Ottoprod, ironisant sur le manque de mordant des dessins de Plantu, ornant la "Une" du "Monde" depuis des lustres (-1972). Plus vachard, un dessin de Babouse dans le numéro best-seller de "Charlie-Hebdo" suggère que l'hommage de Plantu à "Charlie-Hebdo" n'est pas sincère. Les dessins de Plantu sont dans le goût "américain" - je ne parle pas de l'humour subtil du "New-Yorker" à destination des élites new-yorkaises cultivées, mais plutôt des dessins de presse politiques américains, didactiques, dont le but est de résumer tel ou tel conflit de politique interne le plus souvent. Est-ce son soutien à Dieudonné, sa position avantageuse au "Monde"son style de dessin, sa satire des méthodes de la CGT, qui ont valu à Plantu toutes ces flèches ? (déjà Cabu, de son vivant, ne le ménageait pas). Il y a sans doute un peu de tout ça. Néanmoins, au cours des dernières années, les dessins de Plantu lui ont valu des menaces ou des pressions de la part de lobbys plus puissants, du moins en France, que les partis islamistes radicaux du tiers-monde. Il est en outre plus difficile d'être incorrect en "Une" du "Monde" que de "Charlie-Hebdo" - du moins c'était le cas tant que "Le Monde" avait plus d'abonnés que "Charlie-Hebdo".

    "Versailles magazine" (février 2015) rend hommage à Cabu, qui fréquenta le lycée Hoche de cette ville dans les années 50, venu de Châlons-sur-Marne où son père, Marcel Cabut, était prof (ENSAM). "Il s'installe à Paris en 1954, découvre Trenet à l'Olympia, le jazz, fréquente l'Ecole Estienne et croque des modèles vivants les week-ends à l'Académie Julian." "Versailles magazine" note en outre que, "dans le n°222 de "Pilote", on retrouve les dessins de Cabu, venu faire son reportage 11 ans après son passage au lycée. Caché derrière son personnage, il évoque certains de ses professeurs : Monsieur Hélier, professeur de mathématiques, Monsieur Mazin, professeur d'Histoire-Géographie... Il parle de son 1er prix de gymnastique, confie à quel point les frites du lycée sont bonnes (...)"

  • Caricature FIBD Angoulême

    Retrouvez les caricatures de Zombi dans l'hebdo BD gratuit du jeudi :

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  • La semaine de Zombi

    Jeudi : L'hebdo de cette semaine paraîtra dans la nuit avec un peu de retard.

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  • Revue de presse BD (104)

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    + Le dessin ci-dessus est signé Lucy Watts (le nouveau soutien-gorge convertible en masque à gaz). Cette dessinatrice milite au sein de la SFPHBIA (Society for putting humor back into art/Association pour la réintroduction de l'humour dans l'art) ; l'excessive religiosité de l'art moderne a déjà été diagnostiquée auparavant ; elle est liée au caractère spectaculaire, certains officiants n'hésitant pas à récupérer le vocabulaire sportif ou militaire et à parler de "performances" (sic) artistiques.

    + Après avoir refusé la légion d'honneur pour cause de pacifisme, Jacques Tardi a, de façon incohérente, accepté d'exposer des dessins sur le thème de la Grande guerre au siège du parti communiste français ; pour ce qui est de la contribution du parti communiste à la cause pacifiste, on repassera. La déstalinisation de l'Ukraine serait-est plus avancée que celle de la France ?

    Peut-être pour faire passer la pilule, Thierry Lemaire, pour le site belge "Actuabd", vante les mérites d'Oscar Niemeyer et du bâtiment qu'il a dessiné place du Colonel Fabien. Hélas, s'il y a bien des collabos, ce sont les architectes, qu'aucune sorte de régime n'a jamais rebutés.

    + La "Charente libre" titrait cette semaine : "Bande-dessinée : les auteurs en danger !", un article sur les conditions de plus en plus précaires dans lesquelles certains auteurs de BD exercent leur métier. On confond ici un problème économique et social particulier, avec la bande-dessinée et les auteurs de bande-dessinée ; cette confusion est aussi le fait du festival d'Angoulême, qui mélange tout et son contraire, desservant aussi bien les exécutants sous-payés que ceux qui font de la bande-dessinée comme si c'était un art à part entière. Cela se traduit chez ces derniers par une volonté d'indépendance et la conscience que cette indépendance a un coût, ou, pour l'exprimer de façon positive, qu'elle comporte un risque très différent des "aléas du métier".

    Quant à la rapacité des éditeurs, elle est presque légendaire. Les témoignages d'artistes ou d'écrivains sont nombreux dans ce sens, et ce depuis l'origine ou l'essor du métier d'imprimeur-libraire (cf. l'affaire de l'Encyclopédie de Diderot, où est déjà en cause un problème d'illustrateurs sous-payés et d'éditeur cupide). Les nouveaux moyens de production et de diffusion n'ont pas arrangé les choses. Il y a sur ce point matière à un livre... parfaitement impubliable.

    + A propos du film (récemment sorti en salles) "Caricaturistes, fantassins de la démocratie", à l'initiative de l'association "Cartooning for peace" (Plantu), Guillaume Doizy du site "Caricatures & caricature" écrit : "Il faut sans doute une bonne dose de naïveté pour penser qu'un dessinateur en "une" d'un grand quotidien, entreprise capitalistique comme une autre, puisse être autre chose qu'un poil à gratter consensuel, malléable à loisir (...). Ni pire ni meilleur que les autres, le dessinateur en "une" d'un grand quotidien doit sa place à la bonne volonté de la direction du journal, et in fine des actionnaires, pour qui démocratie rime d'abord avant tout avec porte-monnaie et défense de l'ordre établi. (...)"

    Malgré la justesse de certaines remarques, Guillaume Doisy fait lui-même preuve d'une bonne dose de naïveté, notamment quand il suggère que la démocratie coïncide avec la liberté d'expression, ce qui n'est nullement un fait avéré. Pratiquement chez tous ceux qui ont pensé et écrit contre le totalitarisme, on trouve un chapitre dédié à l'aspect démocratique du totalitarisme, qu'il s'agisse de Georges Orwell, Simone Weil, Georges Bernanos ou Hannah Arendt. Quant à l'utopie démocratique marxiste, elle est plus hostile à l'étatisme et à l'idée de fonction publique que la plus anti-étatique des doctrines libérales. Par conséquent elle conserve son caractère utopique.

    D'une certaine manière, l'exemple de "Charlie-Hebdo" et de la direction qu'il a prise sous l'impulsion de P. Val, puis Stéphane Charbonnier (Charb) est un exemple plus probant que l'exemple choisi par G. Doisy de la grosse presse capitaliste ("Le Monde", "Le Figaro", etc.), précisément parce que "Charlie-Hebdo" est en principe une publication indépendante des influences néfastes que G. Doisy dénonce. Or, malgré ça, "Charlie-Hebdo" s'est retrouvé à deux reprises du même côté que le ministère de l'Intérieur dans des procès ayant trait à la liberté d'expression. Pire, Charb n'hésite pas à déclarer qu'il n'y pas de problème de liberté d'expression en France, et que seules les personnes antisémites en sont convaincues (!). C'est sans doute une rhétorique dangereuse que celle qui consiste à lier la cause des Juifs et celle du capitalisme, voire la cause de la République et celle des Juifs.

    Bien qu'il s'exprime en "Une" du "Monde", on peut citer trois exemples où Plantu et son association "Cartooning for Peace" se sont distingués dernièrement en matière de liberté d'expression : - la défense de la liberté d'expression de l'humoriste Dieudonné, où Plantu s'est retrouvé très isolé (on peut aussi citer Jack Lang, cependant plus timide) ; - la publication de dessins, qui, dans le même sens que G. Doisy indiquent que le journalisme et la presse modernes ne contribuent pas nécessairement à la liberté d'expression, mais qu'ils peuvent s'avérer les agents, conscients ou non, d'une propagande ; - la dénonciation par Plantu en une du "Monde" de la censure exercée par certaines organisations syndicales, aussi tributaires que "Le Monde" ou "Le Figaro" de telle ou telle entreprise capitalistique.

    + Le dessin de la semaine est signé Cambon, qui a ouvert un blog parodique et imagine ici "Yoann Fsar", artiste polyvalent, en champion de tennis. Peut-être Cambon veut-il devenir le Braque de Joann Sfar, en passe de devenir le Picasso de la bande-dessinée du XXIe siècle ?

     

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