NOUVEAU TEE SHIRT DANS LA BOUTIQUE ZéBRA
(imprimé avec un motif inspiré des autocaricatures de Toulouse-Lautrec)
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NOUVEAU TEE SHIRT DANS LA BOUTIQUE ZéBRA
(imprimé avec un motif inspiré des autocaricatures de Toulouse-Lautrec)
Caricature du peintre Toulouse-Lautrec en train de dessiner sur le motif.
+ L'abstraction, c'est-à-dire la part mystique ou émotionnelle de l'art, n'est pas la seule tendance "lourde" de l'art moderne. La caricature ou la satire sont une autre tendance, non moins marquée, particulièrement nette dans l'oeuvre de Toulouse-Lautrec.
"Vitalité", le mot est sans doute juste pour parler de l'art de Lautrec, dont la vocation artistique naît à l'occasion d'une terrible maladie qui dévie le cours de son destin. Mais l'aspect caricatural ou satirique de cette oeuvre saute aussi aux yeux et ces adjectifs ne sont pourtant pas prononcés une seule fois par les commissaires de la rétrospective consacrée à l'artiste au Grand Palais (jusqu'au 27 janvier).
Dans leur présentation, ceux-ci préfèrent insister sur le rôle pionnier de Lautrec, sous-estimé ; ou encore sur la "tendresse" de Lautrec à l'égard des femmes (?) ; une chose est sûre, au contraire de beaucoup de cinéastes Lautrec préférait peindre les actrices sans fards et d'une façon qui ne devait pas encourager leur vanité, bien qu'il a donné aussi quelques belles affiches promotionnelles.
- La websérie complètement débile produite par le musée, destinée sans doute à attirer un public plus jeune, en dit long sur l'ambition des autorités culturelles de "démocratiser l'art".
+ Les éditions Arènes-BD publient une "Incroyable histoire de la littérature française", par Catherine Mory (texte) et Philippe Bercovici.
"Incroyable", cette bande dessinée l'est en effet, puisqu'elle ne mentionne même pas Louis-Ferdinand Céline au nombre des auteurs qui ont marqué le XXe siècle, ce qui revient à oublier Picasso dans un ouvrage sur la peinture de son temps.
Catherine Mory appartient à l'Education nationale, qui a largement censuré Céline pour des raisons un peu troubles.
Le critique littéraire Philippe Sollers a indiqué récemment dans une émission de télé la vraie raison de la censure : non pas tant son antisémitisme que l'anticommunisme précoce et virulent de Céline. Confirme cette explication la censure dans une réédition récente de "Féérie pour une autre fois" (1952) d'un passage où Céline met en cause la pureté d'intention de certains résistants communistes montmartrois.
On recommande plutôt les "Vies littéraires" d'Edouard Sorel, où ce caricaturiste américain prend un malin plaisir à montrer les stars de la littératures mondiales en délicate posture morale, à commencer par les donneurs de leçons.
+ Grâce ou à cause de sa récente reconnaissance officielle, la bande-dessinée sert de plus en plus de "bouche-trou" dans la presse pendant la longue parenthèse estivale ; sous forme de prépublication d'une série à succès, d'enquête ou de dossier spécial...
"Le Monde" (F. Potet) a choisi de démontrer dans un dossier spécial (27 juillet) que la BD est désormais un art sérieux puisqu'elle se penche de plus en plus sur les questions politiques. En réalité, la BD a eu dès le début un usage politique, ainsi que le concède le journaliste lui-même, mentionnant le célèbre pamphlet de Hergé contre le régime soviétique.
On aurait mieux fait de remarquer que "Cher pays de notre enfance" (par E. Davodeau et B. Collombat), qui sert à illustrer le dossier du "Monde", ose encore égratigner la statue du commandeur de Gaulle, blasphème public devenu assez rare depuis que l'histoire a fait place au roman national dans l'enseignement scolaire.
+ La "reconnaissance" du public et des autorités culturelles ne nourrit pas toujours les artistes ; en 1896, fut lancée à Montmartre la première "Vachalcade", sous l'impulsion de quelques dessinateurs satiriques. Entre manif de protestation contre la culture bourgeoise et oeuvre de bienfaisance (souscription ouverte au profit des artistes nécessiteux), la "Vachalcade" doit son nom à l'emblématique "vache enragée". Le cortège haut en couleurs fait naturellement le tour de Montmartre, épicentre de la bohème artistique fin de siècle. La première édition, mal préparée, est un échec ; mais d'autres vachalcades suivront, mieux préparées.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les vachalcades, Laurent Bihl a écrit un long article très bien documenté et illustré qui traite le sujet, consultable dans la revue en ligne Cairn.info.
La "Vache enragée" fut aussi une gazette satirique (illustration de couverture par Toulouse-Lautrec, où l'on distingue dans la vache enragée l'ancêtre du gorille de G. Brassens)
+ Le musée de Cherbourg proposait pendant l'été (et jusqu'au 1er octobre) une rétrospective inédite de l'oeuvre de Winsor McCay (1869-1934), auteur de "Little Nemo". Une soixantaine de planches originales de ce dessinateur au trait un peu passé de mode, mais néanmoins considéré comme un pionnier de la BD et du dessin-animé américains, sont exposées.
McCay avait travaillé dans un cirque et concevait ses planches comme un spectacle pour les enfants. Son fils Robert lui servit de modèle (physique) pour dessiner le personnage de Little Nemo.
Comme d'autres dessinateurs de "comics", McCay travailla surtout pour le compte du magnat de la presse californien Randolph Hearst, qui publiait les planches en couleurs dans ses journaux. R. Hearst contribua fortement avec ses publications à la fabrique d'une culture de masse, produite par des industriels en quantité industrielle, dans un but qui n'est pas seulement mercantile, mais aussi d'asservissement des esprits.
W. McCay dessinait aussi des "editorial cartoons" dans les journaux de Randolph Hearst, critiquant ici les gaspillages de l'Oncle Sam (Une grande mais néanmoins dépensière nation).
Après une pause estivale, la revue de presse BD hebdo reprend !
+ Au début de l'été, on a appris la mort de Didier Savard (4 juillet) ; à l'arrêt depuis plus de dix ans pour cause de maladie grave, cet auteur de BD s'était fait connaître avec les aventures d'un détective, Dick Hérisson, (commandées par Mandryka). D. Savard publia aussi une biographie satirique du dictateur Pinochet et une parodie de Tintin (autorisée par les très scrupuleux et procéduriers ayants-droits de Hergé).
+ La chaîne de télé "Arte" propose un documentaire d'une heure sur Hugo Pratt par Thierry Thomas (visionnable en "replay" jusqu'au 1er sept.). Rejeton d'un cadre éminent du parti fasciste italien, Ugo Prat fut néanmoins embauché par le journal "Pif", organe de presse pourvoyeur de fonds du parti communiste. Cette origine familiale sulfureuse incita Hugo Pratt à se dissimuler derrière un tas d'affabulations qui ont contribué à sa renommée et au caractère énigmatique de son héros le plus fameux, Corto Maltese.
H. Pratt avait un point de vue original sur l'aventure, étant lui-même une sorte d'aventurier et de globe-trotter, ce qui est assez rare parmi les auteurs de romans d'aventure (les auteurs de BD ont le plus souvent une vie quasi-monacale). Les adolescents, lecteurs des romans de Pratt, devinent que Corto Maltese n'est pas un héros de carton-pâte comme Tintin ou Spirou.
H. Pratt se définissait comme "un dessinateur expressionniste" ; il s'inspira beaucoup de l'Américain Milton Caniff pour le dessin ; mais si les scénarios de Caniff ("Terry et les Pirates") sont assez grossiers, au niveau de la propagande patriotique américaine, en revanche Pratt a réussi à instiller un peu de poésie dans ses BD.
H. Pratt savait peindre en noir et blanc, il est regrettable que l'éditeur ait pris l'initiative de colorier les planches des albums de Pratt ; ou peut-être est-ce parce que Pratt, grand séducteur, avait fini par embaucher une coloriste ?
+ La gazette d'information du 18e arr. de Paris, publie dans son numéro de cet été un long article sur "L'Elysée Montmartre", à l'occasion de la réouverture de cette salle de spectacle légendaire, inaugurée en 1807 et incendiée en 2011.
"L'Elysée Montmartre", moins célèbre que le "Moulin Rouge", a pourtant vu l'art moderne éclore. Le "French cancan" fut inventé dans cette antre, et surtout été peint par Toulouse-Lautrec et Jean Renoir ("French cancan"). A la fin du XIXe siècle, "L'Elysée Montmartre" fut un des premiers cours privés de dessin d'après le modèle vivant mixte, les jeunes femmes ne pouvant s'inscrire à l'Ecole des Beaux-Arts. Les étudiants des Beaux-Arts louèrent aussi la salle pour leur premier bal des Quat'z'Arts.
La salle est aussi mentionnée par Zola, et Maupassant y situa une de ses nouvelles ("Le Masque").
L'article, exhaustif, nous apprend aussi que "L'Elysée Montmartre", au cours de ces deux siècles d'existence, servit à peu près à tous les usages : non seulement une salle de bal et de concert, mais aussi une infirmerie pendant le siège de Paris par les Prussiens, ou encore une salle de meeting politique antimilitariste : "Il est piquant de constater qu'en tous pays la religion patriotique est introduite dans les cerveaux et dans les nerfs par les mêmes procédés que les religions proprement dites. L'un comme l'autre prend l'enfant dès le jeune âge, avant que son esprit critique n'ait commencé à se former ; les chansons patriotiques remplacent les cantiques." (Gustave Hervé)... mais aussi une salle de gala de boxe et de catch avant et après la seconde guerre mondiale.
+ Le caricaturiste Cambon ("La Lettre du Cadre", "Urtikan"), se souvenant sans doute que les jeux olympiques sont aussi destinés à servir d'entraînement aux soldats (la plupart des athlètes brésiliens sont militaires), a dessiné pour Urtikan une série de dessins cocasses sur le thème du Djihad et des JO, imaginant des épreuves spéciales pour les soldats de l'Etat islamique (14 dessins).
Dessin de Toulouse-Lautrec représentant un cavalier sur une piste de cirque (coll. R. Lehmann)
+ "C'était un homme qui avait un oeil. Il était extrêmement attentif aux hommes, aux animaux, aux choses. Et il avait cette aisance magistrale pour les restituer." Charles de Rodat parle ainsi de son grand-oncle le peintre Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901), dont le dessin expressif et ironique se rapproche de la caricature. Toulouse-Lautrec a contribué à redonner un peu de vie à un art français étouffant sous le poids des conventions et ouvert la voie à Picasso.
Le musée de Lisle-sur-Tarn expose jusqu'au mois d'octobre une série de lithographies représentant diverses scènes de cirque, exécutées par l'artiste de mémoire lors d'une cure de désintoxication à l'alcool ; ces dessins permirent à l'artiste de prouver qu'il avait recouvré ses facultés mentales ("J'ai acheté ma libération avec mes dessins").
+ L'expo sur "L'Art de Morris" proposée au musée de la BD d'Angoulême est ouverte tout l'été. L'expression de "9e art" pour désigner la BD était un brin ironique dans la bouche de Morris, réticent comme un certain nombre de ses confrères (Goscinny, Bretécher) à l'égard des analyses et commentaires universitaires.
"Lucky Luke" a récemment fait l'objet d'un album-hommage par Matthieu Bonhomme, une sorte de parodie intitulée : "L'Homme qui tua Lucky-Luke" (Dargaud). On est assez loin ici de l'humour des meilleurs albums de "Lucky-Luke", peu nombreux dans la mesure où cette série a été exploitée commercialement jusqu'à la corde. L'humour de M. Bonhomme est plus proche des westerns parodiques, genre réservé aux inconditionnels de ce genre épique. Quant à l'humour de "Lucky-Luke", Morris en donna lui-même la recette en indiquant qu'il reposait sur une part de réalisme (absente dans la plupart des westerns) ; Goscinny, au scénario, s'est souvent appuyé sur des faits ou des événements qui ont émaillé la conquête de l'Ouest américain.
+ En marge du gros festival BD de Lyon, quelques auteurs de BD (dont Gilles Rochier, B-Gnet...) proposent le festival BD "Ta mère la bulle" à Villeurbanne (2 juillet) ; "BD, bière, chips et franche camaraderie" sont au programme, ainsi que des débats autour de la BD.
+ La chaîne de TV "Arte" proposera à partir du mois d'août un petit dessin-animé, tiré de la BD de Dimitri Planchon, "Blaise" ("Fluide-Glacial"). Planchon excelle dans la satire du couple moderne bourgeois flanqué de son ou sa paire de rejetons.
+ Notre fanzine mensuel ne paraît pas pendant les mois de juillet et août, mais vous pouvez consulter librement les derniers numéros parus sur le site de partage de fichiers www.issuu.com (pour s'abonner, écrire à zebralefanzine@gmail.com).
+ Internet permet de découvrir des caricaturistes de la presse étrangère, comme le Suisse Raymond Burki (né en 1949) (dessin ci-dessous), employé pendant de longues décennies par "24 Heures" (quotidien de Lausanne), qui continue de publier des caricatures sur sa page Facebook bien qu'il soit parti à la retraite il y a deux ans. En plus d'être un dessinateur talentueux, Burki est aussi un bon peintre, ce qui est assez rare parmi les dessinateurs de presse (Cabu, par exemple, négligeait cet aspect).
Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.
L'atelier de BD en prison (St-Brieuc) par Nicoby (cliquer pour agrandir)
+ Les auteurs de bande-dessinée, sollicités par l'administration pénitentiaire, franchissent parfois la porte des prisons pour y donner des cours de BD. Le dessinateur Bast avait tiré de cette expérience une BD il y a deux ans, "En Chienneté" (La Boîte à Bulles), illustrant les affres de la détention pour de jeunes gens plein de vitalité. A quelques détenus des pénitenciers de Saint-Brieuc, Rennes et Brest, les dessinateurs Joub, Laurent Lefeuvre, Lionel Chouin et Nicoby, ont enseigné les rudiments de la bande-dessinée, sous la houlette de "coordinateurs culturels". La prison moderne n'est pas censée seulement punir et mettre hors d'état de nuire les criminels et délinquants, mais aussi les réformer, leur permettre "d'affirmer leur humanité" ; les interventions de ces jeunes auteurs de BD ont donné lieu à une plaquette, disponible en ligne, et qui constitue une sorte de reportage, même si le but de réforme morale du système carcéral est peu discuté ; or on peut douter de son efficacité, et se demander s'il ne s'agit pas avant tout pour la société civile de se donner bonne conscience. Les planches des détenus voisinent celles des "pros" dans cette plaquette ; les thèmes sentimentaux et violents sont fréquents chez les taulards. Peut-être certains auteurs de BD ont-ils de la sympathie pour les détenus parce qu'ils se sentent eux-mêmes un peu contraints dans leurs cases, accomplissant une tâche parfois un peu répétitive ou séquentielle ?