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thomas nast

  • Revue de presse BD (195)

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    "Une" du "Harper's weekly" par Thomas Nast (représentant le Père Noël, que Nast contribua à rendre célèbre).

    + Le musée Tomi Ungerer de Strasbourg expose (jusqu'à fin octobre) Thomas Nast (1840-1902), considéré comme un précurseur de la caricature américaine et qui inventa le personnage de l'Oncle Sam, personnification des Etats-Unis d'Amérique. Ce dessinateur né en Bavière vint s'installer à New York avec sa mère quand il avait six ans ; beaucoup d'artistes américains, en particulier dans le domaine du dessin de presse et de l'illustration, étaient originaires d'Allemagne ou d'Europe de l'Est.

    On peut se demander si la faiblesse de la caricature aux Etats-Unis aujourd'hui, tant sur le plan du dessin que de la satire, ne vient pas de la culture démocrate-chrétienne de ce pays ; celle-ci confère en effet à la politique une dimension spirituelle qui contribue à ennoblir exagérément l'action politique. Les caricaturistes américains ("Editorial cartoonists") font de la caricature politique, dans la mesure où ils sont eux-mêmes impliqués dans les débats politiques et les stratégies partisanes ; ils se font un devoir de commenter les moindres péripéties de la vie politique ; Plantu est un exemple français de cette manière américaine de caricaturer. Les cartoons américains présentent de ce fait peu d'intérêt pour qui ne connaît pas bien la vie politique américaine. Les caricaturistes en Europe, surtout en Angleterre, en France et en Italie, sont plus "anarchistes" ou du moins méfiants vis-à-vis du personnel politique et des utopies politiques optimistes.

    + Les admirateurs de Hergé connaissent son goût pour l'art contemporain en même temps que les complexes qu'il nourrissait vis-à-vis d'artistes reconnus comme tels. Le commerce de l'art contemporain est le sujet de son dernier album inachevé, "Tintin et l'Alph-Art". On annonce une exposition au Grand Palais après l'été sur ce thème. On a tort de ne pas considérer Hergé comme un artiste abstrait ; la bande-dessinée, destinée aux enfants, ne repose pas tant sur le dessin que sur l'animation des personnages, comme le dessin animé. Hergé n'est pas un grand dessinateur, en revanche c'est un styliste exceptionnel, deux caractéristiques que l'on retrouve souvent chez les artistes modernes dits "abstraits".

    Le moins qu'on puisse dire c'est que Robespierre (1758-1794) n'a plus la cote. Le président de la République préfère même invoquer un autre enfant du Nord, Charles de Gaulle, malgré le penchant de ce dernier pour la monarchie. Le célèbre conventionnel révolutionnaire natif d'Arras est en effet ces derniers temps la cible d'attaques répétées de la part d'intellectuels de gauche en vue, dont Michel Onfray et Raphaël Enthoven ; au micro d'"Europe 1", ce professeur de philosophie a même comparé Robespierre à... Pol Pot. Et d'invoquer dans ce cas-là la Terreur, cruelle et sanglante, dont Robespierre fut un des principaux instigateurs. Mais, tandis que la Terreur fit quelques dizaines de milliers de victimes (40.000 ?), le régime de Napoléon en fit, lui, des millions, et cela n'empêche pas la République française d'entretenir son culte, ni maints plumitifs de continuer d'écrire des hagiographies du tyran corse (heureusement illisibles). Et que dire des Soviets, dont le bilan est parmi les plus lourds, mais dont le régime brutal séduisit néanmoins une bonne partie de l'intelligentsia et des artistes français ? Comme quoi il faut bien distinguer le roman national républicain de l'histoire... et se méfier des professeurs de philosophie.

     + Une exposition consacrée à des illustrateurs russes pendant la période soviétique nous apprend que certains artistes (Vladimir Lebedev) firent le choix, sous Staline, d'illustrer des livres pour enfants afin d'échapper à la répression de la police politique à laquelle d'autres choix artistiques pouvaient les exposer.

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    Ill. de V. Lebedev pour un conte de Kipling.