par l'Enigmatique LB (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")
siné mensuel
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Caricature Emmanuel Macron
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Rentrée de Nicolas Sarkozy
par l'Enigmatique LB (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")
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Revue de presse BD (200)
+ Le sociologue Jérôme Berthaut publie chez Casterman, dans une collection qui se donne pour vocation de décrypter la société, "La Banlieue du 20H", une petite BD qui raconte par qui et comment les reportages diffusés par les chaînes de télé sont fabriqués. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le propos n'est pas neuf ; la suspicion qui pèse sur la véracité des infos rapportées par les grands médias alimente largement la "théorie du complot", très en vogue chez les collégiens et lycéens. Néanmoins le propos de J. Berthaut est bien servi par le dessin d'Helkarava, qui lui procure une dimension satirique. La télé n'a pas seulement fabriqué le FN, elle a aussi creusé le fossé avec la banlieue. On voit dans la BD une jeune femme d'origine maghrébine protester contre l'image positive donnée de la banlieue dans un petit reportage, parce qu'il s'agit d'une image d'Epinal fabriquée de toutes pièces, aussi vaine que certaines images effrayantes.
+ Le philosophe Michel Onfray s'est plaint récemment du comportement de plus en plus infantile des adultes ; il en veut pour preuve l'usage de plus en plus répandu de la trottinette chez les personnes ayant atteint l'âge de raison. Cet exemple n'est guère convaincant, car l'usage déjà ancien de l'automobile n'est pas moins puéril que celui de la trottinette ; beaucoup d'automobilistes sont en effet des terroristes inconscients, qui participent au djihad de la consommation de biens inutiles.
L'engouement actuel pour les albums de Tintin est une bien meilleure preuve d'infantilisme que la trottinette de Michel Onfray. Le Grand Palais s'apprête à célébrer Hergé comme un grand artiste, à travers une exposition de son oeuvre principale et de ses marges. Hergé se disait plus précisément le "reflet de son époque", conscient de véhiculer un certain nombre de clichés ou de préjugés, par conséquent. Il est faux d'écrire, comme on peut le lire ici ou là, que "Tintin" s'adresse aussi aux adultes, à l'instar des fables ou de la mythologie. C'est une littérature de genre qui vise un public enfantin, en dépit de son slogan publicitaire ("de 7 à 77 ans"). Par nostalgie et une sorte de plaisir régressif, certains adultes relisent les BD de leur enfance. Hergé a d'ailleurs connu des épisodes de dépression, dont on peut se demander s'ils ne venaient pas de son enfermement dans un genre de plus en plus étranger à son aspiration.
+ Une polémique ridicule oppose une partie de la presse italienne à "Charlie-Hebdo", qui a récemment publié un dessin de Félix, irrespectueux à l'égard des victimes du séisme qui a frappé la région du Latium. Reprocher à un journal satirique son manque de respect, c'est comme reprocher au pape de manquer d'humour.
Néanmoins cette énième polémique souligne le statut ambigu de "Charlie-Hebdo" ; cette publication n'est plus, dorénavant, un journal satirique à faible tirage, menacé par la censure ; "Charlie-Hebdo" fait désormais partie du patrimoine national français ; il a été érigé en symbole de la liberté d'expression (strictement encadrée par les tribunaux), ce qui enlève beaucoup à l'impertinence de cet hebdo.
+ La Une du numéro de septembre de "Siné Mensuel", orphelin de Siné, est signée Jacques Tardi. Cet auteur, plus connu pour ses adaptations en BD des aventures du détective Nestor Burma (Léo Malet) que pour ses caricatures, a représenté dans ce dessin tous les jeunes et moins jeunes premiers de la classe politique, ainsi que les cancres ; le képi de de Gaulle figure même au premier plan. Le dessin est presque exhaustif, du coup on remarque plus l'absence de Jean-Luc Mélenchon, représentant du parti communiste ; piètre candidat, celui-ci ferait peut-être un meilleur interprète de Nestor Burma, au cinéma ou au théâtre ?
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Revue de presse BD (76)
+ John Kenn dessine ses cauchemars d'enfants sur des "post-it". Vu la la forme et l'usage du "post-it", je ne sais pas trop si on peut parler d'art séquentiel ? Il faudrait demander à un spécialiste. Le fait de dessiner sur des post-it plutôt que sur des bouts de papier quelconques démontre que le type a de la suite dans les idées.
+ Pas content qu'on lui ait renvoyé du festival de Bastia le fruit de son travail emballé à la va-que-je-te-pousse, le tampographe Sardon a pondu sur son blog un accusé de réception vengeur. Désormais, on saura qu'un "punk à blog" est plus hargneux qu'un "punk à chien". En même temps, les Corses, l'art moderne c'est pas trop leur truc, si, hormis le football ?
Sinon le tampographe annonce que les portes de son atelier rénové seront ouvertes le 23 novembre. Si vous n'êtes pas déjà tatoué(e), vous pouvez toujours aller vous faire tamponner.
+ Si on veut éviter les commémorations de la guerre de 14-18 un peu trop pompeuses, on peut toujours réécouter la chanson de Brassens, ou bien lire le feuilleton de Maadiar sur son blog, "Mathurin soldat".
+ A noter que Les premières "puces de l'illustration" se tiendront ce samedi 16 novembre à Paris, porte de Bagnolet.
+ "Siné Mensuel" est à poil. 19.000 ex. seulement de l'avant-dernier n° se sont vendus, quand il aurait fallu 5.000 ventes supplémentaires pour atteindre l'équilibre. Internet est parfois cité parmi les causes du déclin de la presse, mais on peut penser au contraire que le succès d'internet est la conséquence de la médiocrité de la presse. Avant l'essor d'internet, les Français avaient déjà commencé de se désintéresser d'une presse qui servait surtout de canevas aux journaux télévisés. Les crises économiques ont fini par dissuader les moins naïfs de gober le fameux "devoir d'information".
+ Rubrique rien-à-foutre : un triptyque de Francis Bacon, figurant Lucian Freud, ou le défigurant, comme on voudra, s'est négocié en salle des ventes dernièrement 142 millions de dollars ; sur ce, "Le Monde" en ligne n'a pas honte de titrer : "142 millions de dollars, un prix salé même pour un Bacon."
+ Le dessin du jour (assez ironique à l'égard des valeurs républicaines qui, sans l'armée, ne seraient rien) est de Lucien Boucher, exposé parmi d'autres illustrateurs au "Salon de l'Araignée", fondé par Gus Bofa, salon auquel la galerie Michel Lagarde rend hommage à travers une exposition (jusqu'au 31 janvier).