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hergé - Page 5

  • Revue de presse BD (126)

     Session de rattrapage de la revue de presse de la semaine pour ceux qui préfèrent les bons vieux liens traditionnels au webzine hebdo -mieux illustré- que nous publions chaque jeudi. Prochaine revue de presse le jeudi 4 déc.

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    LB (qui publie chaque semaine dans "Zébra" plusieurs dessins de presse) regrette que le dessinateur québécois Pascal Girard soit presque inconnu de ce côté de l'Atlantique. LB recommande en particulier sa BD "Conventum" (Delcourt) pour son autodérision (critique de "Conventum" prochainement dans Zébra). On peut admirer les croquis de Pascal Girard sur son blog.

    + Alix est-il collabo ? se demande-t-on sur Culturebox. On voit en effet dans le dernier album de cette série située dans l'Antiquité (mais fantaisiste sur le plan historique), le jeune héros d'origine gauloise collaborer avec l'armée romaine, qui a capturé des chefs celtes britanniques. Rappelons que "Alix" fut autrefois accusé de véhiculer l'idéologie fachiste par des intellectuels communistes ; on sait en effet l'admiration de Mussolini ou de Nietzsche pour la Rome antique. Réponse de l'un des scénaristes de "Britannia", Mathieu Bréda : "Alix n'est pas un collabo car sa culture, son histoire fait de lui un Romain à part entière. Il est né Gaulois et a été adopté très jeune par un riche Romain. Sa position est très claire, il est devenu 100% romain. Et puis l'idée de nation n'existait pas à l'époque. On parle de guerre des Gaules et non de la Gaule. Des Gaulois ont d'ailleurs combattu auprès des Romains dans cette guerre."

    La mairie de Toulouse (UMP) s'est ridiculisée. Après avoir retenu pour faire campagne contre le sexisme et la violence faite aux femmes les illustrations du Belge Thomas Mathieu, son "projet crocodile" figurant les dragueurs trop entreprenants comme des crocodiles afin de souligner l'aspect de prédation sexuelle, cette municipalité a fait volte-face et s'est auto-censurée, invoquant la peur de scandaliser ses administrés avec les propos très "cru" tenus dans cette BD.

    Nous avons déjà montré dans cette revue de presse combien le "projet crocodile" reflète une vision partiale et naïve de la société ; celle-ci repose en effet sur le principe de la prédation sexuelle ou de la séduction bien au-delà de quelques jeunes types mal élevés. La concurrence économique est une forme de prédation sexuelle inconsciente, dont l'UMP se préoccupe beaucoup moins de souligner la violence, contrairement à certains débordements grossiers de jeunes types frustrés.

    L'éthique contemporaine est schizophrène, oscillant entre l'apologie de la philosophie sadienne libertine et le puritanisme féministe opposé (caractéristique de la morale judéo-chrétienne). Une partie de la presse reproche à la mairie de Toulouse cette censure de dernière minute... d'une campagne morale de censure de certains gestes de séduction "virils".

    Le 30e Salon du livre jeunesse de Montreuil s'achève le 1er décembre. Sylvie Vassallo, sa directrice depuis douze ans a lancé cette année le slogan, "littérature jeunesse, 10e art" ; "(...) paradoxalement, si la littérature jeunesse est largement reconnue par son public, elle reste méconnue de la presse généraliste, ignorée par une grande part de la critique (...). A l'instar du roman policier ou de la BD, elle est considérée comme un sous-genre de la littérature. Et souvent consignée dans un rôle pédagogique, voire d'édification morale. La polémique de l'hiver dernier autour de l'album "Tous à poil" l'a encore montré (...)."

    Ce discours est aberrant. Un paradoxe qui passe inaperçu aux yeux de ceux qui réclament pour la BD ou la littérature jeunesse une reconnaissance sociale, c'est que le relativisme culturel contemporain implique cette reconnaissance pour n'importe quelle pratique désormais, qu'il s'agisse de la BD, de la corrida, des jeux vidéos, du macramé ou de la pâtisserie. Or quand toute pratique relève de l'art, plus aucune ne l'est vraiment. Un tel relativisme est le plus propice au mercantilisme artistique, pour ne pas dire que le mercantilisme entraîne le relativisme. On ne peut pas reprocher à A. Finkielkraut de vouloir établir une hiérarchie artistique. Le problème est que ce philosophe ne fonde sa hiérarchie sur aucun critère sérieux. Il n'exclut pas, comme les philosophes des Lumières, tout ce qui relève du divertissement. Beaucoup plus juste est le propos de Tomi Ungerer selon lequel "la littérature jeunesse, ça n'existe pas" ; il tient compte de ce que les meilleures fables, les plus imaginatives, ne sont pas spécialement écrites pour les enfants, bien qu'ils puissent parfois mieux les comprendre que leurs parents.

    Les oeuvres de plusieurs artistes renommés sont exposées au salon, dont celles de Quentin Blake.

    Le prix Raymond Leblanc, du nom du producteur belge qui fonda le "Journal de Tintin", s'élève à 20.000 euros. C'est la somme la plus élevée destinée à récompenser le vainqueur d'un concours de BD. Plutôt que d'un concours ou d'une récompense, il s'agit d'un contrat avec les éds. du Lombard, qui publient le lauréat. Cette "avance sur recette" permet à l'auteur-scénariste d'être rémunéré et de travailler environ un an à son premier album. Le projet de couverture, le scénario et quelques planches sont à expédier avant le 31 mai 2015. On peut voir sur le site de la Fondation Leblanc l'interview de la lauréate 2014, Hélène Vandenbussche.

    + A lire aussi dans le dernier hebdo Zébra le compte-rendu d'une expo dédiée aux dessins de guerre d'Abel Pann et le petit panégyrique du dessinateur et peintre Guy Counhaye par Romain Giergen.

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  • Revue de presse BD (95)

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    + C'est Hergé qui a le mieux défini Tintin, comme une "éponge" ; non pas exactement une éponge à whisky, tel son mentor barbu, mais plutôt un héros dans l'air du temps, évoluant au gré des modes idéologiques, réac anticommuniste et anti-américain dans sa jeunesse, bobo vers la fin. Hergé et Tintin se sont adaptés, et ce côté singe est cause que l'on aime Tintin, ou au contraire qu'on le dédaigne. Le succès commercial de la série est logique, comme l'exploitation des droits par Nick Rodwell, poursuivant tout contrevenant au droit de propriété intellectuelle avec la ténacité des Dupondt et le culot de Séraphin Lampion, le plus américain des personnages de Tintin (qu'on imagine bien couchant avec la Castafiore, après le suicide de Haddock).

    + Amusante affaire de contrefaçon de caricatures (Lefred-Thouron, Cabu, etc.) rapportée par François Forcadell. Le délit est somme toute assez flatteur pour les auteurs. F. Forcadell ne tient pas trop non plus à passer pour un défenseur à tout crin de la propriété. Et puis, qu'est-ce que c'est que l'art authentique, dans le fond ? Des artistes prestigieux comme Salvador Dali et Damien Hirst ont déjà joué à ce petit jeu-là. Hirst a fait preuve d'originalité, puisqu'il n'a pas fabriqué des faux comme Dali, mais acheté sur ebay.com des faux grossiers signés Picasso afin d'en stimuler la cote.

    + Le gratuit publicitaire Zoo n°52 recommande "Clandestino", par Aurel (Glénat) : "Ce que je raconte est vrai, comme le meurtre de deux immigrants en Espagne qui, pour avoir du boulot, offraient leurs services deux pour le prix d'un. Ils ont été tués par d'autres immigrants qui avaient peur de ne plus trouver du travail à cause d'eux." Dans cette BD réaliste sur les travailleurs clandestins marocains, Aurel a choisi d'introduire un personnage de fiction, Hubert Paris, quadra qui se lance dans des enquêtes sur des sujets tabous - une sorte de Bernard de la Villardière en plus rigoureux.

    + A l'attention des Parisiens : un forum du fanzine et des éditions modestes se tiendra au café "Le Petit Ney" (Paris 18e), samedi 29 mars.

    + Yves Frémion est connu pour ses chroniques BD dans diverses publications ; il est aussi le rédac-chef d'un fanzine, "Papiers Nickelés", dédié au dessin et à l'illustration, qui fête ses dix ans en proposant un numéro spécial international. Petite citation de Frémion glanée je ne sais plus où : "On ne mesurera jamais le mal fait par Marcel Duchamp avec son humour pris au premier degré par un siècle de plasticiens sinistres qui le répètent de galerie en galerie, avec leur art conceptuel de feignants et leurs installations nazes. Les rares qui échappent sont des déconneurs comme Duchamp. Le plus génial, c'est Maurizio Cattelan."

    + Pour redorer leur blason auprès du jeune public, les musées ont lancé sur Twitter une semaine des musées ; on consultera Twitter avec les ashtags #ImagineMW et #MuseumWeek, et on s'amusera à mesurer quel musée compte le plus de "followers".

    + Le dessin du jour est de l'Argentin Quino, créateur de Mafalda, qui a été décoré cette semaine de la Légion d'honneur à l'occasion du Salon du Livre de Paris, deux ans après s'être fait épingler les "arts et lettres". Quino a cessé de dessiner Mafalda depuis des lustres et se consacre depuis au dessin de presse humoristique (Bientôt il n'y aura plus que les dessinateurs de BD argentins à être fiers de recevoir la Légion d'honneur)/(Toile ci-dessus de Jean-Siméon Chardin (1699-1779).

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  • Revue de presse BD (74)

    Spéciale "Sexe et Bande-dessinée"

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    Autoportrait de R. Crumb et sa femme Aline Kominsky-Crumb

    + Défense de rire, l'Equipe interdisciplinaire de recherche sur l'image satirique (Eiris) prépare une conférence sur la guerre des sexes, ou celle des genres, dans la caricature. Mais si la satire prenait le parti des hommes, ou celui des femmes, elle ne serait pas la satire mais le militantisme. Cette Eiris confond images d'Epinal et caricature : elle devrait porter un monocle pour mieux y voir.

    + Le dessinateur Thomas Mathieu milite, lui, en faveur de la galanterie française, qui semble-t-il se perd au fil des ans. Il donne dans son "projet crocodiles" aux "harceleurs de rue" l'apparence de ce saurien, connu pour sa férocité et sa stupidité. D'ailleurs monsieur Crocodile ne demande pas son avis à madame ; il est pris, comme on dit, d'un "besoin irrépressible". C'est vrai ça, pourquoi n'y aurait-il que les policiers et les gendarmes à se montrer polis avec les femmes, et pas les petits voyous ? Blague à part, ce serait un préjugé sexiste de croire que les femmes ne sont pas, elles aussi, capables de harcèlement sexuel.

    + Beaucoup de bruit ces derniers temps autour de la BD de genre "pornographique". Ainsi "Arte" lui a consacré un reportage (26 oct.), dont l'illustratrice américaine Molly Crabapple déroule le fil (d'Ariane). Ce n'est pas le but de ce reportage de le remarquer, mais la pornographie a autant de succès dans les populations frustrées sexuellement qu'elle laisse les peuples épanouis indifférents ; à tel point qu'au Japon, pays où l'esclavage est fréquemment associé au plaisir sexuel, la pornographie et les pratiques masturbatoires sont en passe de supplanter le coït, tant le stress dû aux conditions de travail est grand. C'est exclusivement du point de vue bourgeois libéral que l'on peut promouvoir l'effet prétendument libérateur de la pornographie. On retrouve ici une rhétorique semblable à la devise qui surmontait les camps de travail allemands : "Le travail rend libre." La démonstration que "Le sexe rend libre." relève de la même malversation intellectuelle.

    Empressons-nous d'ajouter que la pornographie n'est pas la cause de l'oppression, mais seulement un symptôme, premièrement ; ensuite que les auteurs, dont le reportage diffusé sur "Arte" recueille les témoignages, ne font pas l'apologie de la pornographie, mais évoquent plutôt la manière dont ils pratiquent ce genre, que certains ont sensiblement détourné de son but érotique.

    + Des hommes politiques, en général, on dit qu'ils "parviennent par les femmes" - mère, épouse, ou maîtresses successives. Frédéric Boilet semble vouloir éprouver cette recette dans le domaine de l'art, puisque chaque nouvelle concubine est pour lui l'occasion de pondre une nouvelle oeuvre. Qui a dit que les hommes ne peuvent pas accoucher, eux aussi ? Son dernier bouquin est soumis au financement participatif, qui est à peu près à l'emprunt épargne-logement ce que la partouze est au mariage ordinaire.

    + Les Belges adeptes de la ligne claire, Swarte ou Herr Seele par exemple, me paraissent s'inscrire dans la perspective fachiste de Hergé afin de devenir un Artiste coûte que coûte; autrement dit, c'est comme s'ils voulaient achever "L'Alph-art", ultime album par où Hergé désira égaler les plus fameux, sans se douter qu'il serait un jour aussi "bankable" qu'eux, et sans doute gravé plus profondément dans l'inconscient collectif. C'est pourquoi j'ai rédigé une critique négative de "Cow-boy Henk", dont je trouve l'humour un peu répétitif et ennuyeux. Dans cette interview donnée à Yacine, chef d'orchestre du blog "Lezinfo", interview récente et qui recèle néanmoins quelques saillies, Herr Seele entend une nouvelle fois se distinguer de Hergé et "Quick et Flupke" : cependant les adultes belges aujourd'hui ne lisent-ils pas à peu près la même chose que ce que les gosses de la même nationalité lisaient dans les années 50 ?

    + Une fois n'est pas coutume, j'approuve le chroniqueur bruxellois D. Pasamonik (Actuabd) de fustiger la presse en général, et "Le Monde" en particulier, pour son battage médiatique ridicule autour de la sortie en librairie d'"Astérix chez les Pictes". Hélas la BD est aussi un art industriel ou séquentiel, imperméable comme le cinéma à la critique pour cause d'enjeu financier. On peut d'autant plus le regretter que, comme dit Victor Hugo, "Le calembour est la fiente de l'esprit."

    + Interview dans le dernier n°50 de "Zoo" de Pierrick Starsky, qui a eu l'idée de lancer la revue de BD marseillaise "Aaarg !", que celui-ci promet la plus éclectique possible. A l'image de "Zoo", j'imagine. M. Starsky établit un lien entre le marasme dans lequel se trouvent les jeunes auteurs de BD, et le déclin de la presse. On ne peut que le suivre sur ce terrain. En revanche certains des modèles cités en référence sont contestables, comme "Pilote", entreprise de presse non seulement régie selon des principes capitalistes, mais qui n'a pratiquement jamais été rentable. On oublie souvent de dire que le succès (durable) de ce type d'entreprise dépend plus encore d'une organisation rigoureuse que du talent de ses contributeurs.

    + Le dessin de la semaine est un dessin de presse signé Vincent, et il est paru dans l'Hebdo.ch. (en remplacement du dessin prévu, sur lequel je n'arrive pas à remettre la main, et qui montrait une femme s'approchant de son mari, à moitié nue - et celui-ci de sursauter : Oh, tu m'as fait peur, dans l'obscurité je t'avais prise pour une "femen").

     

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  • Revue de presse BD (68)

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    Caricature tirée du blog "Politburo", par Pochep ("Mauvais Esprit" & "Fluide Glacial")

    + Le 9e Festiblog a lieu ce week-end dans le IIIe arr. de Paris (28-29 sept.), sur le thème des jeux vidéos. Il est parrainé par les blogueurs-BD Leslie Plée & Bastien Vivès. Programme complet sur le site du festival. Parfois décrié par la corporation, le Festiblog connaît un succès grandissant et peut se targuer d'apporter à la BD française du sang neuf. L'éditeur Lewis Trondheim, ainsi, n'a pas hésité à puiser dans ce vivier pour sa nouvelle revue "Papier" (sic). Le Festiblog finira-t-il par détrôner le festival d'Angoulême ?

    + Une initiative prête à sourire, celle d'un des parrains du Festiblog, le site "lesdedidaces.com", moteur de recherche qui permet de traquer les praticiens de ce type d'exercice rituel, à mi-chemin entre le vaudou et la guérison des écrouelles. A l'ère glaciale de l'art numérique, les chasseurs de dédicaces sont presque les derniers humanoïdes à accorder de la valeur à un petit dessin.

    + A Paris (XVIIIe arr.), le vendredi 27 sept. de 20h00 à 22h00, l'équipe du fanzine "Rien à Voir" propose un show de performances autour de la BD (à l'association Art-exprim).

    + La mémoire de René Goscinny vient d'être honorée à Varsovie (Goscinny était d'une famille juive polonaise) ; en présence de sa fille, presque aussi incontournable et inconsolable que la veuve Hergé, un buste en bronze a été dévoilé, comme on peut le voir sur cette petite vidéo (pas très BD, le buste).

    + Le regain d'intérêt pour les cours de morphologie d'après le modèle vivant (ils furent institués sous Louis XV dans les villes de province afin d'y détecter les jeunes dessinateurs les plus habiles), s'explique notamment par le besoin des concepteurs de jeux vidéos en morphologistes, capables de créer des personnages modélisables en 3D. Ce professeur a trouvé une façon plutôt originale de faire cours.

    + La sortie du nouvel album du nouveau groupe de Bertrand Cantat (Détroit) a été déprogrammée. Elle devait intervenir lors de la "Journée internationale de la violence faite aux femmes" (25 novembre). Ainsi le marketing et le féminisme font bon ménage.

    + Le dessin de la semaine est une planche de Grégoire Carlé, pour un projet en cours (Philoctète) :

     

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  • Une Histoire d'Hommes*

    Le dernier album de Zep, le père de Titeuf, vient d’être lancé à grand renfort de promotion. Il y awebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,zep,titeuf,histoire d'hommes,kritik,critique,franquin,spirou,fantasio,hergé,tintin,lewis carroll,pédophile,télérama,arte même une photo où on voit l’auteur, tenant sa BD d’une main, sauter en l’air en arborant un large sourire.

     Il ne s’agit pas d’une suite aux aventures du célèbre bambin serial-peloteur d’instits, mais d’un roman graphique existentialiste en principe destiné à un public d’adultes. Cependant on devine que l’éditeur compte bien sur la notoriété de Titeuf pour fourguer cette «Histoire d’hommes», qui, pour être plus précis, est une intrigue sentimentale sur un thème proche de celui développé par la chanson de Patrick Bruel : «On s’était dit rendez-vous dans dix ans.» Qui peut bien être intéressé par ce genre d’intrigue psycho-sexuelle ? Surtout que les types ne sont même pas gays. Et que Zep ne parvient pas à transcender le sujet comme Patrick Bruel.

    J’imagine que c’est difficile pour un éditeur de refuser à quelqu’un comme Zep de publier son album, même quand le truc est complètement raté, jusqu’à la colorisation, un genre de camaïeu cafardeux fait pour convaincre les lecteurs de Télérama ou les téléspectateurs d’Arte.

    Avec Titeuf, on se situe plus dans le phénomène de société que véritablement dans la BD. J’ai ouï-dire que Zep a une nouvelle copine, et souvent les mecs font ça pour marquer le coup : ils dédient leur nouveau bouquin à leur nouvelle copine, quitte à changer un peu de style et à faire un «break» symbolique.

     Du reste il est vrai, comme cela a déjà été dit, qu’il est difficile pour un auteur spécialisé dans la littérature pour enfants de persister pendant des lustres dans cette voie, à moins qu’il ne soit lui-même pédophile comme Lewis Carroll ou bon nombre d’auteurs qui écrivent spécialement pour les gosses, se sentant «en phase» avec eux.

     

    Par conséquent Zep peut avoir de bonnes raisons de vouloir se débarrasser de Titeuf pour passer à autre chose, comme Hergé finit par en avoir sa claque de Tintin, ou Franquin de Spirou & Fantasio. On lui souhaite d’y arriver.

    Une Histoire d'Hommes, Zep, rue de Sèvres.

  • Cher Régis Debray***

    Après avoir fait dialoguer un vigneron et un auteur de BD («Les Ignorants», 2011), les éditions webzine,gratuit,bd,zébra,fanzine,critique,kritik,cher régis debray,alexandre franc,futuropolis,philosophe,terrain,alain finkielkraut,che guevara,bhl,malraux,simone weil,sartre,tintin,hergé,picaros,san theodoros,astérix,tournesol,lénine,christ,kafka,académie françaiseFuturopolis font cette fois-ci dialoguer un philosophe et un auteur de BD dans «Cher Régis Debray». La façon dont cet éditeur procède est étonnante – comme qui dirait selon un plan d’urbanisation (on rase le village des Schtroumpfs, et on trace des perspectives plus sérieuses à la place).

    Moins méprisant que son collègue Alain Finkielkraut à l’égard de la BD, Régis Debray a donc accepté de jouer le jeu d’une correspondance avec Alexandre Franc, jeune auteur dans le style «ligne claire».

    A priori cette initiative ne paraît pas aussi excitante que le projet de Tintin de remettre Al Capone entre les mains de la police de Chicago. Cependant, Régis Debray fait partie des philosophes post-modernes «de terrain», comme BHL, Malraux, Simone Weil ou Sartre ; on a vu Régis Debray en compagnie de Che Guevara, ce qui ne compte pas pour rien dans l’admiration qu’Alexandre Franc lui voue. Régis Debray allie l’intrépidité de Tintin aux facultés du Pr Tournesol… sans oublier les moustaches d’Astérix, note malicieusement A. Franc. Le parallèle avec Tintin s’impose puisque Hergé déclara s’être inspiré de la rencontre entre Debray et le «Che» pour son album «Tintin et les Picaros» (situé au San Théodoros, république imaginaire d’Amérique latine en proie au coup d’Etat permanent).

    Malgré les apparences, cette correspondance ne sort pas du registre de l’aventure. Une fois adultes, que devient l’aspiration à l’héroïsme de gosses baignés dans le culte de héros de papier, capables de supplanter l’exemple d’un père trop prosaïque ? Le philosophe post-moderne de terrain n’est-il qu’un avatar de Tintin ou de Corto Maltese ? A quoi bon exalter autant l’héroïsme, si c’est pour finir dans la peau d’un bobo, à torcher des marmots dans un pavillon de banlieue sécurisée ? Questions posées directement ou en filigrane par Alexandre Franc.

    A cette question sous-jacente de l’héroïsme, qu’il ne veut pas assumer, Régis Debray se dérobe grâce à des formules spirituelles. Il faut dire à sa décharge que la République française est sans doute le régime le plus contradictoire et perturbateur de la notion d’héroïsme que la France a jamais connu ; elle assume ses « philosophes des Lumières », mais pas la Terreur et les massacres ; ses valeurs laïques, mais par leur usage à des fins de conquête coloniale ; son corps enseignant, mais pas la soumission aux règles de la compétition commerciale, etc. (Au domicile du philosophe, on aperçoit d’ailleurs un buste de Lénine et un portrait de… Kafka !) Le « patriotisme de gauche » ressemble beaucoup à l’ancien culte de l’Eglise romaine, absoute de ses crimes comme par enchantement. Debray est le philosophe-apôtre qui a vu le Christ-Che Guevara vivant.

    Tout l’intérêt du bouquin, derrière l’amabilité un peu outrée d’Alexandre Franc, tient dans la prise de bec entre le philosophe et l’artiste post-modernes. Ainsi Régis Debray tente de résister à sa transformation en personnage de bande-dessinée ; d’autant plus qu’on lui fait une tête de chat, sans doute l’animal le moins franc et héroïque. Il réplique en soulignant le côté macabre, de «mise en boîte» de la BD ; c’est d’ailleurs la dernière tendance architecturale en général, pas spécialement celle de la BD ou d’A. Franc.

    Cependant l’auteur de BD, sur son terrain, a le dessus : on imagine Debray comme on imaginerait Tintin, chauve et mélancolique (Debray a rasé sa moustache), rangé des voitures et briguant une place à l’Académie française.

    En refermant ce bouquin, je ne donne pas cher du philosophe post-moderne en comparaison de Tintin.

    Cher Régis Debray, par Alexandre Franc, Futuropolis, sept. 2013.

  • Dans l'atelier de Fournier***

    Je ne pensais pas dépasser les trois premières pages de ce panégyrique en BD de Jean-Claude Fournier par Joub et Nicoby. Dessinateur breton,

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    D’abord parce qu’étant gosse, Spirou était la dernière chose à laquelle je m’intéressais en BD. Je ne voyais que la monstrueuse ingéniosité du dessin de Franquin, imité par Jean-Claude Fournier (idéal esthétique de la famille Dupuis). J’étais trop jeune pour comprendre à quel point cette laideur est le reflet du temps, bien plus que le style dopé à l’ecstasy de Hergé; j'étais encore moins capable de cerner que Gaston Lagaffe incarne l’homme moderne, peu résolu à des tâches aussi vaines qu’ingrates, et qui se résument presque toutes à la recherche du temps perdu (ce rapprochement du bricolage et de l'existentialisme fait de Franquin un précurseur de Houellebecq).

    Le questionnement autour de la mélancolie du dessinateur de BD est un peu incongru ; on peut se demander plutôt à quelle sorte de réalité se raccrochent les auteurs de BD ? Par quoi ou pourquoi ils tiennent à la vie ? Question valable pour tous les professionnels qui produisent des choses impalpables, d’ailleurs, tant l’homme a besoin de palper pour vivre et se sentir vivant.

    De plus je n’ai pas aimé «Gringos Locos», sur le trio Jijé, Morris et Franquin, tentative similaire à celle de Joub et Nicoby. A cause de son côté «vintage» belgicain.

    La gageure de faire la bio d’un auteur de BD en BD est remportée au contraire par Joub et Nicoby. Au-delà du personnage de Fournier, presque aussi truculent que Jijé, et à qui il ne manque que d’être catholique pour être tout à fait baroque, un éclairage intéressant est apporté sur la bande-dessinée franco-belge et ses méthodes révolues.

    Certains auteurs de BD le font parfois observer, au détour d’une interview : la bande-dessinée est un art moins conventionnel ou psychorigide que le cinéma ; ce dernier consiste essentiellement à mettre les nouvelles technologies industrielle au service du divertissement de masse ; tandis que l’industrie de la BD laisse une part assez large à artisanat, très astucieusement accordée par ses producteurs. La BD n’est pas moins moderne que le cinéma, mais c’est une autre modernité, circonscrite à la Belgique et au public enfantin, tandis que le cinéma joue un rôle de propagande à l’échelle nationale, voire continentale. Et puis les acteurs de cinéma ignorent qu’ils n’existent pas, ou que leur vie est un mensonge ; tandis que les personnages de BD le savent, eux.

    A travers les différentes séquences de la carrière de Fournier, promu grâce à Franquin, par ailleurs pressé de se débarrasser du «groom» Spirou, ses biographes nous permettent de comprendre la méthode belge, qui oscille entre la recherche de profit, le souci de ne rien diffuser de politiquement incorrect - et enfin, dernier point qui fait toute la différence : la confiance accordée aux dessinateurs et aux scénaristes. Confiance typiquement wallonne ou bruxelloise, qui consiste dans le respect du travail artisanal. De là dérive presque exclusivement la reconnaissance dont bénéficièrent les auteurs de BD en Europe. Les bourgeois Dupuis veulent entretenir avec leurs artistes les rapports que Jules II entretenait avec Michel-Ange, ou plus exactement les bourgeois d'Amsterdam avec Rembrandt, qui tînt d'ailleurs un atelier dont celui de Jijé (Joseph Gillain) fut presque le décalque. Et non les traiter en simples employés besogneux, conscients que ce type de rapport est une nette plus-value.

    Le caractère pompeux et institutionnel de la culture, en France, ne l’aurait pas permis. La méthode française pour contrôler les artistes, c’est d’en faire des fonctionnaires. La méthode belge est beaucoup plus habile: elle consiste à laisser croire aux auteurs qu’ils sont libres, et, de fait, les presser un peu plus, tout en leur accordant une marge de manœuvre plus grande, ce à quoi les artistes tiennent d'abord, avant la sécurité de l’emploi.

    Une question cependant à laquelle le bouquin ne répond pas, et qu'on peut de poser, c'est de savoir si Franquin n'a pas tout orchestré de la reprise de "Spirou" par Fournier, de a à z ? Au contraire, affirme Jean-Claude Fournier, qui se décrit comme un type naïf et sincère, Franquin lui aurait déconseillé d'accepter la reprise d'une série aussi pesante. Mais Franquin savait très bien que Fournier ne pourrait pas refuser l'offre de Dupuis.

    Dans l'atelier de Fournier, par Joub et Nicoby, Dupuis, 2013.