Publié par le dessinateur marxiste (en lutte contre la religion de la propriété) Fanch ar Ruz sur son blog :
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Publié par le dessinateur marxiste (en lutte contre la religion de la propriété) Fanch ar Ruz sur son blog :
Session de rattrapage de la revue de presse de la semaine pour ceux qui préfèrent les bons vieux liens traditionnels au webzine hebdo -mieux illustré- que nous publions chaque jeudi. Prochaine revue de presse le jeudi 4 déc.
+ LB (qui publie chaque semaine dans "Zébra" plusieurs dessins de presse) regrette que le dessinateur québécois Pascal Girard soit presque inconnu de ce côté de l'Atlantique. LB recommande en particulier sa BD "Conventum" (Delcourt) pour son autodérision (critique de "Conventum" prochainement dans Zébra). On peut admirer les croquis de Pascal Girard sur son blog.
+ Alix est-il collabo ? se demande-t-on sur Culturebox. On voit en effet dans le dernier album de cette série située dans l'Antiquité (mais fantaisiste sur le plan historique), le jeune héros d'origine gauloise collaborer avec l'armée romaine, qui a capturé des chefs celtes britanniques. Rappelons que "Alix" fut autrefois accusé de véhiculer l'idéologie fachiste par des intellectuels communistes ; on sait en effet l'admiration de Mussolini ou de Nietzsche pour la Rome antique. Réponse de l'un des scénaristes de "Britannia", Mathieu Bréda : "Alix n'est pas un collabo car sa culture, son histoire fait de lui un Romain à part entière. Il est né Gaulois et a été adopté très jeune par un riche Romain. Sa position est très claire, il est devenu 100% romain. Et puis l'idée de nation n'existait pas à l'époque. On parle de guerre des Gaules et non de la Gaule. Des Gaulois ont d'ailleurs combattu auprès des Romains dans cette guerre."
+ La mairie de Toulouse (UMP) s'est ridiculisée. Après avoir retenu pour faire campagne contre le sexisme et la violence faite aux femmes les illustrations du Belge Thomas Mathieu, son "projet crocodile" figurant les dragueurs trop entreprenants comme des crocodiles afin de souligner l'aspect de prédation sexuelle, cette municipalité a fait volte-face et s'est auto-censurée, invoquant la peur de scandaliser ses administrés avec les propos très "cru" tenus dans cette BD.
Nous avons déjà montré dans cette revue de presse combien le "projet crocodile" reflète une vision partiale et naïve de la société ; celle-ci repose en effet sur le principe de la prédation sexuelle ou de la séduction bien au-delà de quelques jeunes types mal élevés. La concurrence économique est une forme de prédation sexuelle inconsciente, dont l'UMP se préoccupe beaucoup moins de souligner la violence, contrairement à certains débordements grossiers de jeunes types frustrés.
L'éthique contemporaine est schizophrène, oscillant entre l'apologie de la philosophie sadienne libertine et le puritanisme féministe opposé (caractéristique de la morale judéo-chrétienne). Une partie de la presse reproche à la mairie de Toulouse cette censure de dernière minute... d'une campagne morale de censure de certains gestes de séduction "virils".
+ Le 30e Salon du livre jeunesse de Montreuil s'achève le 1er décembre. Sylvie Vassallo, sa directrice depuis douze ans a lancé cette année le slogan, "littérature jeunesse, 10e art" ; "(...) paradoxalement, si la littérature jeunesse est largement reconnue par son public, elle reste méconnue de la presse généraliste, ignorée par une grande part de la critique (...). A l'instar du roman policier ou de la BD, elle est considérée comme un sous-genre de la littérature. Et souvent consignée dans un rôle pédagogique, voire d'édification morale. La polémique de l'hiver dernier autour de l'album "Tous à poil" l'a encore montré (...)."
Ce discours est aberrant. Un paradoxe qui passe inaperçu aux yeux de ceux qui réclament pour la BD ou la littérature jeunesse une reconnaissance sociale, c'est que le relativisme culturel contemporain implique cette reconnaissance pour n'importe quelle pratique désormais, qu'il s'agisse de la BD, de la corrida, des jeux vidéos, du macramé ou de la pâtisserie. Or quand toute pratique relève de l'art, plus aucune ne l'est vraiment. Un tel relativisme est le plus propice au mercantilisme artistique, pour ne pas dire que le mercantilisme entraîne le relativisme. On ne peut pas reprocher à A. Finkielkraut de vouloir établir une hiérarchie artistique. Le problème est que ce philosophe ne fonde sa hiérarchie sur aucun critère sérieux. Il n'exclut pas, comme les philosophes des Lumières, tout ce qui relève du divertissement. Beaucoup plus juste est le propos de Tomi Ungerer selon lequel "la littérature jeunesse, ça n'existe pas" ; il tient compte de ce que les meilleures fables, les plus imaginatives, ne sont pas spécialement écrites pour les enfants, bien qu'ils puissent parfois mieux les comprendre que leurs parents.
Les oeuvres de plusieurs artistes renommés sont exposées au salon, dont celles de Quentin Blake.
+ Le prix Raymond Leblanc, du nom du producteur belge qui fonda le "Journal de Tintin", s'élève à 20.000 euros. C'est la somme la plus élevée destinée à récompenser le vainqueur d'un concours de BD. Plutôt que d'un concours ou d'une récompense, il s'agit d'un contrat avec les éds. du Lombard, qui publient le lauréat. Cette "avance sur recette" permet à l'auteur-scénariste d'être rémunéré et de travailler environ un an à son premier album. Le projet de couverture, le scénario et quelques planches sont à expédier avant le 31 mai 2015. On peut voir sur le site de la Fondation Leblanc l'interview de la lauréate 2014, Hélène Vandenbussche.
+ A lire aussi dans le dernier hebdo Zébra le compte-rendu d'une expo dédiée aux dessins de guerre d'Abel Pann et le petit panégyrique du dessinateur et peintre Guy Counhaye par Romain Giergen.
La revue de presse hebdomadaire paraîtra désormais dans un webzine (hebdo), enchâssée dans tout un tas de gags et de dessins de presse signés des auteurs du blog.
Cet hebdo peut-être lu directement via Issuu.com, ou le fichier PDF téléchargé (accès plus facile aux liens hypertexte).
Reprise de la rubrique dédiée au dessin de presse dans Zébra - une sélection des meilleurs "editorial cartoons" tirés de la presse internationale :
Le dessinateur américain Paul Jamiol, ironique à propos de l'impact de la crise ukrainienne sur les Etats-Unis. La population américaine est traditionnellement non-interventionniste, en raison notamment de ses origines géographiques diverses, mais la raison militaro-économique l'emporte toujours chez ses dirigeants.
Pirikk, dessinateur français membre du collectif "Mister Hyde" donne dans la satire sociale. Il excelle à souligner les côtés ubuesques du monde moderne.
(...)
+ Le programme complet de la 69e biennale du fanzine naturiste de Bruxelles, qui démarre dès vendredi soir (Zébra tiendra stand les samedi 22 et dimanche 23).
+ Du côté de Bruxelles aussi cet après-midi, le tampographe Sardon propose un assortiment choisi d'injures typiquement bruxelloises, plus épicées que des pralines belges. Si je me fais traiter là-bas de "franskillon" par un "belgicain", je pourrai répondre du tac-au-tac : - Dégagiss, espèce de schieven arkitek !
+ Le dessinateur iranien Maya Neyestani, imitateur de feu Claude Serre, est réfugié politique en France; un de ses dessins interprété à "contresens", écrit le blogueur François Forcadell, a déclenché des émeutes dans son pays et entraîné son arrestation. En même temps on voit mal comment un amateur d'art absurde tel que Maya Neyestani pourrait être interprété autrement qu'à contresens ?
+ "France-Culture" s'est récemment efforcé de proposer un portrait radiophonique contrasté (1 h) de Walter Elias Disney (1901-1966), pilier de la culture américaine ; l'art de Walt Disney a d'ailleurs utilement été qualifié par un critique anglais de "seul art spécifiquement américain" ; il faut préciser d'ailleurs que c'est le "story telling", c'est-à-dire la manière de raconter les histoires qui est typiquement étatsunienne, et non les histoires elles-mêmes, empruntées par Disney à la littérature européenne, sans autre critère de choix que l'instinct. Mon principal grief vis-à-vis de Walt Disney est la présentation puérile d'oeuvres qui ne s'adressent pas spécialement aux enfants, mais dépassent la loi du genre consumériste totalitaire. La dictature molle de la consommation exige en effet de maintenir le plus possible l'individu au niveau infantile ou identitaire, avec le risque de dérapage sadique que cela comporte, et qui sont la rançon de cette méthode de maintien de l'ordre.
Bien qu'un peu fade, cette biographie-express ne comporte pas moins des passages intéressants, comme le développement autour de la cité idéale d'Epcot, rêvée par Walt Disney. Le millénarisme politique n'est pas une idée neuve, loin s'en faut, puisque certains théologiens du moyen-âge en conçurent plusieurs formules avant-gardistes ; on peut se demander si la cité du Vatican elle-même ne repose pas sur une spéculation juridique similaire à celle du Epcot de Walt Disney. Mais les parcs d'attraction modernes sont plus révélateurs de l'aspiration au totalitarisme, c'est-à-dire de son aspect délicieusement régressif et religieux, habilement exploité par la publicité.
L'un des intervenants fustige la médiocrité de l'oeuvre de Walt Disney, intervenant condamné probablement lors d'une émission sur "France-culture" à suggérer qu'il peut en être autrement de la culture. Guy Debord rappela de façon plus pertinente que la fonction même de la culture exige qu'elle soit médiocre ; sa fonction, c'est-à-dire son rôle de ciment social, distinct du progrès artistique ou scientifique, exigeant au contraire de lutter contre l'inconscient collectif, les préjugés sociaux et le rêve.
La culture est nécessairement élitiste et religieuse, physique à son apogée, et macabre en fin de cycle -en réalité parfaitement statique, procurant l'illusion du mouvement comme le dessin-animé, la culture ne peut que péricliter. Le stade du rêve ou de l'onirisme se situe déjà par-delà la ruine, comme l'indiquent les aspects virtuel et spéculatif de la culture contemporaine, qui dépasse rarement le niveau de la pure rhétorique ou du "story telling". Les actionnaires du parc d'attraction ont sans doute décrété trop tôt la "fin de l'histoire" ; ou trop tard, car c'est une détermination essentielle de la culture occidentale, depuis le début, d'essayer de refermer la porte étroite de l'histoire.
+ A propos d'absurdité et de Roland Topor, la chaîne "Arte" rediffuse "Téléchat", qu'il est possible de visionner en streaming sur le site de la chaîne. "Téléchat" se moque subtilement du JT et du devoir d'information, à travers les personnages de Groucha et Lola. Si la série était remise au goût du jour, Lola pourrait être une dinde et avoir une aventure avec un homme politique. L'idée originale était aussi de donner la parole aux légumes, aux fruits et divers objets, ce qui rappelle les conférences de Bergson sur la conscience des végétaux. Plus récemment, le CERN a investi des dizaines de milliards d'euros dans la recherche de l'hypothétique "Boson de Higgs", frère siamois du "Gluon de Topor", et une question vient forcément à l'esprit : - si le monde est absurde, est-il nécessaire pour en rendre compte que la science le soit aussi ?
+ Le site d'actu belge "Actuabd" fait de la pub pour la prochaine comic con' de Paris-Villepinte. On ne peut que déplorer l'assimilation systématique de la culture pop(ulaire) à la culture commerciale. Ce n'est pas le peuple qui réclame "du pain et des jeux" ou "du foot et du cinoche", mais les élites qui entretiennent ainsi le populisme.
+ La restructuration du fanzine Zébra m'accapare au point que j'ai dû ranger quelques projets dans les tiroirs provisoirement, dont l'interview du dessinateur satirique Fanch, militant marxiste contre le droit de propriété intellectuelle, dans la lignée de Banksy. Une caricature de Fanch ar Ruz pour faire patienter :