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ACTUALITE BD - Page 63

  • Revue de presse BD (173)

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    Planche extraite du blog de Xavier Gorce, "Les "Indégivrables"

    + Des réactions parfois cocasses, à la limite de l'hystérie, ont suivi la proclamation par le festival d'Angoulême d'une sélection d'auteurs exempte de femmes, afin de décerner son grand prix. "Le Monde" a ainsi publié une tribune signée Emmanuel Guibert, intitulée : "La plus belle bande-dessinée de tous les temps est l'oeuvre d'une femme". En matière de féminisme comme de galanterie, il arrive que certains hommes en fassent un peu trop.

    + "Le Populaire" (Limousin) se mouille un peu plus qu'Emmanuel Guibert en faisant la promotion de sept "grands noms" de la BD au féminin : Pénélope Bagieux, Marjane Satrapi, Lynda Barry, Julie Doucet, Moto Hagio, Chantal Montellier, Posy Simmonds. Il n'est pas impossible que certains lecteurs de "Le Populaire" lisent ces "grands noms" pour la première fois ; parfois on veut démontrer une chose, et on prouve son contraire.

    En réalité la question du sexe de l'auteur ne se pose pratiquement que dans la littérature bourgeoise. Bien que misogyne et qualifiant l'homosexualité de tare, le freudisme a pesé sur la critique littéraire, incitant à voir dans l'oeuvre littéraire ou artistique le reflet de la personnalité de son auteur, et donc son sexe ; encore une fois, cette "clef de lecture" est trop restrictive. On ne naît pas dessinateur de bande-dessinée, on le devient.

    + Le 43e festival d'Angoulême rendra hommage à "Lucky-Luke" et son dessinateur Morris. Derrière Morris comme derrière d'autres auteurs renommés tels Giraud-Moebius, Franquin, Will, ou encore d'autres, il y eut le Namurois Joseph Gillain, alias Jijé. Plus dilettante que certains de ses élèves, Jijé n'a pas laissé derrière lui une oeuvre aussi marquante que "Lucky-Luke" ou "Gaston Lagaffe" ; cependant il joua le rôle, obscur mais indispensable, de pygmalion et de maître dans la formation d'un jeune dessinateur.

    Un petit reportage diffusé sur Youtube célèbre modestement la mémoire de Jijé et illustre son rôle-charnière. Le statut de la BD aujourd'hui doit sans doute beaucoup plus que les théoriciens de la BD ne veulent l'admettre à l'application de méthodes artisanales par les dessinateurs belges. D'une certaine façon, les auteurs de BD, qui furent des artisans, sont devenus désormais des ouvriers et y ont perdu une bonne partie de leur marge de manoeuvre ; à moyen terme, cette évolution, qui a d'abord été rentable, pourrait bien être préjudiciable aussi aux petits industriels du divertissement que sont les éditeurs de BD.

    + Le prochain festival de la ville d'Antony fin mai (21) organise un concours de BD sur le thème assez libre de "la nature" ; il est ouvert également aux scénaristes amateurs, puisque ce concours propose à ceux qui ne savent pas dessiner d'utiliser des cases pré-dessinées pour raconter une histoire.

    + Le cabinet d'arts graphiques du musée des beaux-arts d'Angers détient une collection de 13.500 dessins (Poussin, Boucher, Fragonard, Delacroix, Ingres, Géricault, etc.) ; ce musée organise jusqu'au 28 février une exposition, "La Fabrique de l'oeuvre", visant à mettre en lumière le processus qui va de l'esquisse préparatoire à l'oeuvre définitive (sous la direction d'Anne Sarazin).

    Le peintre Eugène Delacroix, qui rêvait de réunir le dessin et la musique pour produire une sorte d'art "total", note dans son "Journal" que l'exigence de perfection de la musique contraste avec la peinture, qui a souvent plus de force au stade de l'esquisse que l'oeuvre parachevée n'a.

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    Dessin de Th. Géricault dans les collections du musée des beaux-arts d'Angers

     

  • Revue de presse BD (172)

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    Charb, entouré par la rédaction de "Charlie-Hebdo" en p.2-3 du "Charlie-Hebdo" "spécial attentat", par Catherine Meurisse, parodiant ainsi la "cène" (dernier repas de Jésus avant son assassinat).

    + Hier (6 janvier), la rédaction de "Charlie-Hebdo" a publié un numéro spécial souvenir de l'attentat qui coûta la vie à une bonne partie des dessinateurs. On peut y lire notamment un récit détaillé plutôt macabre de la tuerie (un plan des lieux est même fourni) par Fabrice Nicolino ; celui-ci fut touché lors de la fusillade par trois balles de fusil-mitrailleur. Le même jour, ce journaliste a fustigé avec véhémence au micro de Jean-Michel Apathie (11') ("Europe 1") la récupération de cet événement sinistre par le chef de l'Etat afin de "relancer sa carrière".

    La Une signée Riss représente cette fois, non pas Allah ou le prophète Mahomet, mais un dieu plus difficile à identifier - le dieu des juifs et des chrétiens ? Ce pourrait aussi bien être le "grand architecte de l'univers" de Voltaire, ou bien "l'être suprême" des pères fondateurs de la République française. La rédaction de "Charlie-Hebdo" a sans doute voulu éviter l'accusation d'acharnement contre la communauté musulmane, tout en maintenant une ligne anticléricale.

    Un an après, ce qui a changé, c'est surtout que "Charlie-Hebdo" n'est plus un petit hebdo satirique acculé à la faillite, mais un titre de presse à fort tirage, connu dans le monde entier, et devenu "à l'insu de son plein gré" un "symbole national". Quelques dessinateurs s'efforcent d'ailleurs de plaisanter sur ce nouveau statut encombrant pour un journal satirique. D'autres mettent en avant leur combat pour la laïcité ; mais de quelle laïcité parle-t-on ? De celle qui a servi à justifier idéologiquement la conquête de territoires africains peuplés de mahométans ? Etre antimilitariste et républicain à la fois, comme l'étaient Cabu et Charb, revient plus ou moins à être schizophrène.

    + Un petit scandale ne peut pas nuire à la publicité, et chaque année le festival de BD d'Angoulême connaît son esclandre, quelques semaines avant l'ouverture (fin janvier). Riad Sattouf ("L'Arabe du Futur") a mis le feu aux poudres cette semaine en demandant que son nom soit retiré d'une liste de nominés au grand prix décerné par le festival, au motif que cette liste est exclusivement composée d'hommes. Rappelons que l'année dernière Riad Sattouf s'était vu décerner le fauve du meilleur album.

    Accusé de sexisme, le festival s'est défendu par la voix de son directeur Franck Bondoux ; celui-ci a fait remarquer que le métier d'auteur de BD est très majoritairement un métier d'homme, et que de même ne sont exposés au Louvre que très peu de tableaux peints par des femmes. Cela dit la direction du festival a cédé à la pression médiatique et décidé d'inclure quelques femmes dans la sélection ; on peut se demander si cette sélection ne sera pas encore plus humiliante pour les auteures choisies ?

    N'y a-t-il que Claire Bretécher pour avoir les couilles de dire que le féminisme est souvent chiant et dogmatique ? Par ailleurs il faudrait se demander si la morale américaine des quotas en faveur des noirs a véritablement été efficace pour diminuer la ségrégation raciale ? Rien n'est moins sûr.

    + Le concours "Jeunes talents" du même festival propose quant à lui une liste de candidats nominés majoritairement de sexe féminin. Les candidats sont départagés à partir d'une planche. Elles seront exposées au festival et l'on peut se procurer le catalogue de l'expo en écrivant à info@bdangouleme.com. Outre une Emilie Charia très oecuménique, Zébra a remarqué les illustrations de Clémence Hanssler (25 ans, LISAA Strasbourg) et les paysages inquiétants de Claire Le Gal (Ecole Estienne-Arts déco. Paris), ci-dessous :

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    "Tonnerre", par C. Hanssler

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    Paysage, par C. Le Gal

     

     

  • Zébra #38-Janvier 2016

    Notre 4 p. mensuel gratuit vient de paraître (revue de presse illustrée + caricatures de l'Enigmatique LB, Zombi, Soap, Michel Soucy Jr).

    - Il peut-être lu directement via Issuu.com ; il suffit pour cela de cliquer sur l'image de couverture ci-dessous. Vous pouvez aussi télécharger directement le fichier PDF du n°.

    - Le précédent n° (décembre 2015) peut également être téléchargé.

    Pour s'abonner et nous soutenir ainsi (1 an+ hors série), écrire à zebralefanzine@gmail.com

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  • Revue de presse BD (171)

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    Un des plus vieux croquis répertoriés de Walt Disney (1918), vendu récemment aux enchères à New York

    + Visible jusqu'à dimanche prochain sur "Arte-replay", un long documentaire (plus de 3 heures) en deux volets consacré à Walter Elias Disney qui, nous dit le reportage, "transforma le dessin-animé en art". La formule est un peu pompeuse et ne veut pas dire grand-chose. Le documentaire n'est pas assez critique, mais comporte de nombreuses images d'archives et brosse un portrait assez fouillé de ce personnage hors du commun, "self made man" américain sorti apparemment de nulle part. On sait les points communs entre le cinéma d'animation et la BD franco-belge, cette dernière étant un cinéma d'animation "bon marché", du moins à ses débuts. Walt Disney et le Belge Hergé ont d'ailleurs quelques points de ressemblance, dont la soif de reconnaissance et une enfance un peu triste. On aurait aimé un propos plus critique, non pas tant à propos de Walt Disney que de son art emblématique de l'Amérique de la première moitié du XXe siècle ou de la culture de masse. L'usage politique du rêve et du divertissement demeure en effet un sujet d'actualité.

    + Signalons le décès de Jacques Rampal (19 décembre), qui collabora pendant de longues années au journal "Pilote" et publia avec le dessinateur Jean-Claude Morchoisne et Jean Mulatier une série de portraits-charges d'hommes politiques, transformés en animaux, qui fut un succès de librairie ("Ces Animaux qui nous gouvernent", 1984).

    + "Presse-Océan" annonce que la ville de Nantes va se doter d'une maison de la bande-dessinée en 2016, la "maison Fumetti", vaste de 600 m2 et qui sera dirigée par Gwen de Bonneval, Cyril Pedrosa et Tangui Jossic, auteurs de BD. "Fumetti" est le mot pour dire "bandes-dessinées" en... italien ; c'est sans doute pour faire "style".

    + La querelle qui divise la gauche à propos de l'islam et de "Charlie-Hebdo" n'aura connu qu'une courte trêve après l'attentat contre l'hebdomadaire. Cela prouve que l'idéologie, comme la religion, crée un sentiment d'unité superficiel. La militante féministe Caroline Fourest a pris part récemment aux hostilités, rédigeant une tribune dans le magazine "Transfuge" (11 Novembre). Sa prise de position en faveur de Philippe Val a le mérite d'être claire. "(...) Ma bande à moi, celle que j'admirais, venait de la "Grosse Bertha". Les éditos fracassants de Val ; Cabu, notre maître à tous. Et cette ribambelle de dessinateurs, furieusement doués, qu'ils ont mis sur orbite : Charb, Luz, Riss, Tignous, Honoré..."

    Et C. Fourest de qualifier au passage "l'autre "Charlie", l'ancienne version lancée par Cavanna et Choron, de "journal potache, vaguement anar". C. Fourest est libre de préférer Luz, Charb et Riss à Reiser ; d'autres ont témoigné dans le sens contraire, comme Willem. Cabu, dont on peut croire l'avis sérieux, s'est toujours prudemment gardé d'un jugement artistique.

    La militante dit ailleurs : "(...) On se moquait des garçons et de leurs dessins sexistes. Ils le prenaient bien, surtout Tignous, avec des airs d'ourson dépité. (...) Des années plus tard, les voilà convertis aux FEMEN. Quel trajet."

    A juste titre, Caroline Fourest explique dans sa tribune que l'humour permet souvent de surmonter les divisions idéologiques ; en revanche, elle n'a jamais parue plus disposée à plaisanter sur le sujet du féminisme, qui semble lui tenir à coeur au moins autant qu'à raison, que certains musulmans ne semblent disposés à entendre les plaisanteries des Occidentaux concernant Allah. L'humour des sectateurs des valeurs républicaines (parmi lesquelles "l'égalité" paraît aussi improbable que certains principes religieux), est une notion aussi incertaine que l'humour du pape ou de la Reine d'Angleterre. Si C. Fourest prenait la peine de se renseigner sur la presse satirique française, elle pourrait constater que très rares sont les humoristes ou les titres de presse qui ont mis en avant de telles "valeurs républicaines".

    + Le festival d'Angoulême qui se tiendra fin janvier a décidé d'accorder cette année en l'exposant une place d'honneur à Morris et son célèbre "Lucky-Luke", produit largement de conserve avec Goscinny. Les deux auteurs avaient réussi dans quelques albums de la série à faire passer un peu de l'esprit de la conquête de l'Ouest et des pionniers, en y ajoutant une note d'humour.

    Paradoxalement, "Lucky-Luke" est plus réaliste que de nombreux westerns, Goscinny ayant eu la bonne idée de s'inspirer du témoignage d'un authentique pionnier, Mark Twain. On attribue à Morris l'invention de l'expression "Neuvième art", mais Morris a toujours tenu, comme Goscinny du reste, à se démarquer d'un certain intellectualisme : "Non, nous qui les créons, les BD, nous ne prenons pas très au sérieux toute cette très pompeuse littérature." ("Giff Wiff", 1965) - sage méfiance des cacouacs, d'ailleurs, car l'académisme n'est jamais très loin de l'intellectualisme.

     

  • Revue de presse BD (170)

    La fête de Noël est propice aux mauvais rêves ou aux cauchemars, provoqués comme chacun sait par l'abus de boisson et de nourriture. Mettez la pédale douce et lisez plutôt Zébra !

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    + Le dessinateur satirique Joan Cornella n'est pas à proprement parler représentatif de "l'esprit de Noël", mais plus exactement de toute l'hypocrisie et la violence sociales qui se cachent derrière une telle expression. Ses strips à l'humour grinçant sont publiés en album, mais l'artiste espagnol vient de lancer une souscription pour que les meilleurs d'entre eux soient adaptés en dessins animés. Sa campagne de souscription est accompagnée d'un petit clip vidéo humoristique.

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    + "Les souffrances éprouvées en France et en Iran ne sont pas équivalentes. Mais on n’est pas obligé d’être enfermé physiquement pour se sentir "en prison". Le caricaturiste iranien Maya Neyestani décrit avec humour dans le "Petit manuel du parfait réfugié politique" sa condition de réfugié en France, à Paris, pas si rose que les ressortissants du pays "hôte" pourraient croire. Les lenteurs administratives, en particulier, font partie des petits supplices que subissent les exilés.

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    graffiti par Dran

    + Le "street-art" regroupe des tas de styles différents : certains graffitis sont purement décoratifs, d'autres "identitaires", consistant à tatouer les murs pour marquer son territoire ; quelques petits malins tentent ainsi de forcer la porte des galeries d'art chic, dont les droits d'entrée sont élevés ; il y a même quelques graffeurs satiriques, dont l'Anglais Banksy, le plus connu, ou le Toulousain Dran, dans un style BD, qui proclame : "Comme je ne sais pas écrire, j'ai préféré vous faire un dessin."

    Le "Hors-Humain" est encore d'une autre espèce, inclassable, qui sévit dans le Nord-Ouest de Paris et interpelle l'humanité, dont il tient à la manière d'un anarchiste à se dissocier, par le biais de messages philosophiques peints sur les trottoirs. L'homme, né Allemagne en 1944 sous un déluge de feu, explique dans une interview donnée à la radio "Contact FM" quel "la mort n'est qu'un leurre" (Le Hors-Humain est poursuivi en justice par la Mairie de Paris pour ses graffitis à même le sol.)

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    + Dans "Marsam Graphics", nouveau webzine BD gratuit, Clément Lemoine présente un dessinateur satirique mexicain, Rius, mal connu en France. Ce caricaturiste se réclame pêle-mêle de l'influence de Steinberg, Chaval, Bosc ou Siné.

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    + Le 7 janvier, un an après l'attentat contre "Charlie-Hebdo", le magazine belge "Spirou" (Dupuis) lance un hors-série "Groom", traitant de l'actualité et destiné à un public d'ados. "Groom" parviendra-t-il à se démarquer de la ligne un peu trop scolaire ou puérile de ce genre de magazine ? A suivre...

  • Un fanzine tout neuf !

    La rédaction de Zébra est fière de vous présenter son nouveau n°9 (automne 2015)

    Vous pouvez acquérir ce numéro, tiré à un nombre d'exemplaire limité, pour la modique somme de 6 euros (frais de port inclus), en écrivant à zebralefanzine@gmail.com

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    Au sommaire du n° (60 p.), entre autres :

    Des gags de Naumasq, W.Schinski, Franck K. May, etc.

    "Ghost buzzter" - 6 pl. comiques inédites de Naumasq

    Des actus BD illustrées, un quiz sur les pionniers de la BD

    "L'Amour est-il vraiment dans le pré ?", un pastiche signé Philgreff

    L'année 2014-2015 en dessins de presse par l'Enigmatique LB + Zombi

    Quelques strips de Lola

    Un poème de Prévert mis en BD par Marc Schmitt

    Quelques pages pour découvrir Burlingue

    Un conte de Saki illustré

    Des critiques BD,

    etc.

  • Revue de presse BD (169)

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    Dessin de Naumasq sur le phénomène culturel "Star Wars"

    + "Charlie-Hebdo", dont le tirage n'est plus confidentiel désormais, s'est rangé derrière le front républicain contre le FN lors des dernières élections régionales, s'immisçant ainsi de plus en plus dans le jeu politique.

    Antonio Fischetti justifie l'implication de l'hebdomadaire humoristique par la menace que le FN représentait pour les budgets de la culture dans les régions (15 décembre). Ce journaliste ironise sur la promotion probable des "danseurs de sardane", supputant la préférence du FN pour la culture folklorique ou traditionnelle ; mais Fischetti se garde d'énoncer sa propre conception de la culture. Or, qu'est-ce qui n'est pas culturel aujourd'hui ? De l'émission de télé culinaire à "Star Wars", en passant pas la bande-dessinée, la coupe du monde de rugby et autres divertissements, tout est culture. Le FN doit une partie de son succès au fait qu'à ses idées et sa culture simplistes (façon Marseillaise et drapeau français) sont trop souvent opposées des idées complexes et nébuleuses, dont l'intellectualisme fumeux est tout aussi caricatural que le patriotisme folklorique du FN.

    La culture étant devenue un vaste fourre-tout, se réclamer de la culture est à peu près dépourvu de signification. L'humour ou la satire sont d'ailleurs plutôt représentatifs d'une contre-culture que d'une culture subventionnée.

    + En parlant de culture, que vaut la tintinophilie ? Celle-ci est réactivée par les records des ventes de planches aux enchères, et les fans de "Tintin & Milou" semblent de plus en plus nombreux.

    L'essayiste A. Finkielkraut a exprimé plusieurs fois son mépris de la bande-dessinée en général, mais n'a pas précisément dit que c'est la "littérature de genre" ou la littérature "spécialisée" qu'il convient de ranger sur une étagère inférieure. Du reste cet essayiste se réclame du libéralisme - or la raison commerciale est certainement la principale responsable de l'érosion de l'esprit critique au profit du goût. L'enjeu commercial supplante l'esprit critique.

    + On note l'intérêt pour "Tintin & Milou" d'intellectuels belges spécialisés dans la "bande-dessinée" ou, pour être plus précis, dans la grammaire et la syntaxe de la bande-dessinée. Cela revient à réduire l'art à la virtuosité technique. Tout le monde ou presque a oublié le peintre Paul Delaroche, dont V. Hugo faisait grand cas - Delacroix et Ingres, moins virtuoses, ont mieux résisté à l'outrage du temps.

    Thierry Groensteen se demande si la bande-dessinée mérite le qualificatif d'art surréaliste. D'emblée, la définition du surréalisme lui pose problème. L'emploi de l'expression "imagerie populaire" par T. Groensteen est, par ailleurs, contestable, car la BD est parfois un outil de propagande populiste, au service de l'idéologie dominante, à commencer par les super-héros américains ; de nombreuses séries "franco-belges" pour les enfants ont aussi cette caractéristique. Dire que les arts "industriels" sont "populaires" revient à dire que les usines sont dirigées par des ouvriers - ruse grossière.

    Si le propos du surréalisme est de dire que la fiction ou le rêve sont supérieurs à la réalité, dans ce cas on peut parler du surréalisme comme d'un mouvement artistique radicalement opposé à la mythologie. Du point de vue homérique ou antique, le rêve a une connotation morbide ou macabre. L'art et la philosophie antiques incitent beaucoup plus à affronter la réalité qu'à la fuir.

    + Robert Kopp joue dans le dernier numéro du "Magazine littéraire" à comparer Shakespeare et Cervantès. A la question : - 400 ans après leur mort, lequel des deux l'emporte ?, il est pourtant aisé de répondre que le grand public connaît beaucoup mieux ou beaucoup moins mal Shakespeare que Cervantès, grâce ou à cause de très nombreux films et représentations de Shakespeare.

    La lecture de Cervantès est plus ardue, au point que le projet de traduction de Cervantès dans une langue plus moderne afin d'en faciliter l'accès fait débat actuellement en Espagne. Si Shakespeare et Cervantès sont tous les deux des auteurs satiriques, dont la verve s'exerce particulièrement contre la culture médiévale (on peut rapprocher Don Quichotte de Roméo), Shakespeare est bien plus qu'un auteur satirique. Certains propos de Robert Kopp sur Shakespeare sont contestables, comme le qualificatif "baroque" ; en effet il s'applique à un art le plus souvent "officiel" - architecture ou musique -, et il n'y a pas d'auteur moins "officiel" que Shakespeare.

    Les différentes étiquettes accolées à Shakespeare : "romantique", "baroque", "néo-classique" ne font d'ailleurs pas progresser l'état des connaissances sur Shakespeare, qui aux yeux de l'université demeure largement "énigmatique". On peut se demander si la culture est faite pour égarer ou pour guider ?

    + Un mois après les attentats de Paris, le mot d'ordre qui circule dans la presse est : résistance. Certaines modalités de cette résistance n'ont pas manqué de susciter l'ironie des dessinateurs de presse. L'hebdomadaire gratuit (publicitaire) "A nous Paris", largement distribué dans le métro parisien, mentionne que 13.000 ex. de "Paris est une fête", par Hemingway, ont été récemment écoulés. "A Nous Paris" recommande en outre des ouvrages de John Dos Passos, Jack Kerouac, René Fallet, Henry Miller, Patrick Modiano.

    La lecture de leurs romans est censée remonter le moral des Parisiens. En majorité Américains, ces auteurs portent sur Paris un regard sans doute un peu touristique. Le Paris de Balzac, Zola ou Céline, est plus contrasté et plus véridique. Quoi qu'il en soit, l'activité commerciale redoublant à l'approche de Noël, on sera plutôt tenté de fuir Paris en ce moment.

    + Une brochette d'auteurs de BD installés à Angoulême, dont plusieurs étrangers, a ouvert un site qui leur permet de diffuser gratuitement leurs BD ou des chroniques sur la BD. Baptisé "Marsam", cet outil est analogue au site belge "Grandpapier", dont la diffusion d'un webzine trimestriel a récemment été interrompue.

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    Case extraite de "Bonjour Angoulême", du Taïwanais Yao Hsing, en résidence à Angoulême.