+ L'adaptation au cinéma de "Raoul Taburin a un secret" est l'occasion d'une réédition (luxueuse) de cette nouvelle illustrée par Sempé parue en 1995 (Gallimard-jeunesse). Raoul Taburin est un marchand et réparateur de cycles hors pair, tourmenté par un lourd secret : il est incapable d'enfourcher un vélo sans se casser la gueule...
Sempé fait montre ici du talent d'illustrateur qu'on lui connaît : habile coloriste et compositeur, notamment ; mais "Raoul Taburin" surfe sur la nostalgie des "Trente glorieuses", période que les écologistes ne devraient pas être les seuls à trouver funeste.
L'accaparement des ressources pétrolières entraîna en effet une surabondance de biens en Occident, et le gaspillage tous azimuts, cause de bien des maux supportés par les générations suivantes... y compris le terrorisme auquel le racket de l'or noir à l'échelle internationale est lié.
Les films de Jacques Tati soulignent mieux l'espèce de vanité hénaurme qui s'est emparée de la société française au cours des "Trente glorieuses" que ce "Raoul Taburin" un peu sirupeux.
L'expulsion des congrégations religieuses (1903) vue par Roubille, pas dupe des "valeurs républicaines".
+ Déçu par les journalistes et les journaux du moment, on peut toujours se rabattre sur les archives de la BNF, disponibles sur le site "Gallica" ; nous évoquions récemment dans cette rubrique le caricaturiste Hermann-Paul, dans l'ombre de Caran-d'Ache et Steinlein. Ce pilier de "L'Assiette au beurre" contribua aussi à l'hebdo "Le Canard Sauvage", beaucoup moins fameux que "Le Canard Enchaîné" en raison de sa brève existence (limitée à l'année 1903/30 n°).
Son fondateur Edmond Chatenay avait réuni des collaborateurs aussi talentueux que F. Vallotton, F. Kupka, Steinlein, P. Iribe, Roubille, Willette, Sem, Caran d'Ache, A. Faivre, G. Jossot et Hermann-Paul pour la partie dessinée, et A. Jarry, J. Renard, Franc-Nohain, O. Mirbeau pour la partie littéraire.
On ne sait pas ce qui est le plus net dans ce "Canard Sauvage" : sa détestation de la Russie (tsariste) (cf. le superbe n° du 30 mai) ou celle de la police française (républicaine) ?
+ La périodicité de "Siné-Mensuel" rend le choix de la Une plus difficile qu'il n'est pour un hebdomadaire. La Une d'un mensuel doit avoir une portée plus générale que celle d'un hebdo. La presse quotidienne peut vite tirer la satire vers le bas si on n'y prend garde. Son développement est d'ailleurs lié au manque de rigueur des journalistes, leur empressement à publier des "scoops" parfois bidons.
Willem fait la Une du numéro d'avril de "Siné-Mensuel". Son trait est toujours aussi efficace. Comme ce caricaturiste publie à la fois dans "Libération", "Charlie-Hebdo" et "Siné-Mensuel", on peut dire qu'il représente l'union de la gauche bobo, de la gauche républicaine et de la gauche antibobo. Ceux qui croyaient comme moi que seul un type d'extrême-droite (F. Mitterrand) pouvait faire l'union de la gauche sont détrompés.