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picasso - Page 4

  • Revue de presse BD (95)

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    + C'est Hergé qui a le mieux défini Tintin, comme une "éponge" ; non pas exactement une éponge à whisky, tel son mentor barbu, mais plutôt un héros dans l'air du temps, évoluant au gré des modes idéologiques, réac anticommuniste et anti-américain dans sa jeunesse, bobo vers la fin. Hergé et Tintin se sont adaptés, et ce côté singe est cause que l'on aime Tintin, ou au contraire qu'on le dédaigne. Le succès commercial de la série est logique, comme l'exploitation des droits par Nick Rodwell, poursuivant tout contrevenant au droit de propriété intellectuelle avec la ténacité des Dupondt et le culot de Séraphin Lampion, le plus américain des personnages de Tintin (qu'on imagine bien couchant avec la Castafiore, après le suicide de Haddock).

    + Amusante affaire de contrefaçon de caricatures (Lefred-Thouron, Cabu, etc.) rapportée par François Forcadell. Le délit est somme toute assez flatteur pour les auteurs. F. Forcadell ne tient pas trop non plus à passer pour un défenseur à tout crin de la propriété. Et puis, qu'est-ce que c'est que l'art authentique, dans le fond ? Des artistes prestigieux comme Salvador Dali et Damien Hirst ont déjà joué à ce petit jeu-là. Hirst a fait preuve d'originalité, puisqu'il n'a pas fabriqué des faux comme Dali, mais acheté sur ebay.com des faux grossiers signés Picasso afin d'en stimuler la cote.

    + Le gratuit publicitaire Zoo n°52 recommande "Clandestino", par Aurel (Glénat) : "Ce que je raconte est vrai, comme le meurtre de deux immigrants en Espagne qui, pour avoir du boulot, offraient leurs services deux pour le prix d'un. Ils ont été tués par d'autres immigrants qui avaient peur de ne plus trouver du travail à cause d'eux." Dans cette BD réaliste sur les travailleurs clandestins marocains, Aurel a choisi d'introduire un personnage de fiction, Hubert Paris, quadra qui se lance dans des enquêtes sur des sujets tabous - une sorte de Bernard de la Villardière en plus rigoureux.

    + A l'attention des Parisiens : un forum du fanzine et des éditions modestes se tiendra au café "Le Petit Ney" (Paris 18e), samedi 29 mars.

    + Yves Frémion est connu pour ses chroniques BD dans diverses publications ; il est aussi le rédac-chef d'un fanzine, "Papiers Nickelés", dédié au dessin et à l'illustration, qui fête ses dix ans en proposant un numéro spécial international. Petite citation de Frémion glanée je ne sais plus où : "On ne mesurera jamais le mal fait par Marcel Duchamp avec son humour pris au premier degré par un siècle de plasticiens sinistres qui le répètent de galerie en galerie, avec leur art conceptuel de feignants et leurs installations nazes. Les rares qui échappent sont des déconneurs comme Duchamp. Le plus génial, c'est Maurizio Cattelan."

    + Pour redorer leur blason auprès du jeune public, les musées ont lancé sur Twitter une semaine des musées ; on consultera Twitter avec les ashtags #ImagineMW et #MuseumWeek, et on s'amusera à mesurer quel musée compte le plus de "followers".

    + Le dessin du jour est de l'Argentin Quino, créateur de Mafalda, qui a été décoré cette semaine de la Légion d'honneur à l'occasion du Salon du Livre de Paris, deux ans après s'être fait épingler les "arts et lettres". Quino a cessé de dessiner Mafalda depuis des lustres et se consacre depuis au dessin de presse humoristique (Bientôt il n'y aura plus que les dessinateurs de BD argentins à être fiers de recevoir la Légion d'honneur)/(Toile ci-dessus de Jean-Siméon Chardin (1699-1779).

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  • Revue de presse BD (92)

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    + Les Français ne sont pas les seuls à s'amuser aux dépends des grosses légumes de la politique. La preuve en est, ce couple Merkel-Hollande photographié au dernier carnaval de Düsseldorf, parmi de nombreuses autres caricatures de stars de la politique internationale. Maigre, le nez aquilin, Hollande n'est guère différent ainsi de N. Sarkozy, représenté lors d'éditions précédentes en compagnie de la chancelière, avec le même bicorne. 

    + La "Revue dessinée", spécialisée dans le reportage-bd (deux numéros parus), publie sur son site "Bangui", par Didier Kassaï, chrétien de Centrafrique (marié à une musulmane), témoignage sur les affrontements entre groupes paramilitaires dans cette ancienne colonie française. Si la technique narrative retenue permet au lecteur de se retrouver au coeur d'affrontements décrits par un autochtone, en revanche il est difficile d'en dire plus de cette façon sur les enjeux du conflit.

    + Rares sont les timbres qui font couler autant de salive : la nouvelle Marianne "femen" est au centre d'un imbroglio judiciaire, puisque le dessinateur israélien David Kawena, qui s'était d'abord partagé avec le Français Olivier Ciappa la coquette somme de soixante mille euros, revendique désormais la paternité exclusive du dessin cosigné. Cette Marianne est censée incarner une figure plus moderne de la déesse païenne antique de la fécondité. Ce symbole républicain est d'ailleurs aussi un héritage catholique, puisque l'Eglise romaine attribua préalablement une fonction et un culte similaires à la vierge Marie, afin de se mettre plus facilement le monde paysan dans la poche (il est plutôt amusant de voir des dessinateurs de presse anticléricaux vouer un culte à Marianne).

    D. Kawena nie s'être inspiré de la militante féministe ukrainienne Inna Shevchenko, déterminée à ce que sa patrie cesse d'être le "vide-couilles de l'Europe". Perette avec son pot-au-lait, cul par-dessus tête, aurait pu faire également une bonne Marianne au goût du jour, puisque richesse et croissance sont désormais plus affaire de placements financiers juteux que de semence.

    Bouquet final, l'avocat d'un des plaignants se nomme Charles... Cuny.

    + Surfant sur le succès des précédents tomes, le Monde.fr diffuse gratis en ligne la suite des aventures de Pablo Picasso & Cie, par Julie Birmant et Clément Oubrerie. Désacraliser Picasso pour permettre de mieux le comprendre, lui et son époque, est une bonne idée de la part de la scénariste, qui a réussi à brosser des personnages à peu près crédibles, bien que les admirateurs de Kees Van Dongen regretteront qu'il soit réduit dans cet épisode à une sorte de queutard prétentieux façon Jacques Chirac ou DSK. Les efforts de Picasso pour parvenir au sommet sont bien montrés, ainsi que le doute qui s'empara de lui après avoir peint son surprenant "Bordel" (Demoiselles d'Avignon),

    + "Franzine 2014" est un des rares festivals annuels sur le thème de la micro-édition. Il se tiendra les 21, 22 et 23 mars prochains à Lyon. Programme et bulletin d'inscription ici.

    + Google adresse régulièrement à travers ses "doodles" des clins d'oeil aux différentes communautés culturelles ; tout récemment aux bédéphiles avec ce dessin de Gaston Lagaffe.

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  • TOP-ALBUMS 2013

    10 meilleurs albums BD 2013 (hors rééditions)

    ...ou comment se faufiler comme un as du slalom à travers l'avalanche des nouveaux albums.

    1/Le Chien qui louche (Etienne Davodeau/Futuropolis)

    Haut-lieu du culte que l'homme se rend à lui-même, il flotte au Louvre un parfum d'absurdie habilement peint par E. Davodeau.

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    2/Le Mix (Mix & Remix/Buchet-Chastel)

    La dictature est favorable, dit-on, à l'épanouissement de l'humour et des humoristes. Mix & Remix, d'origine Suisse, vérifie une fois de plus l'adage.

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    3/Stevenson, le pirate intérieur (Follet, Rodolphe/Dupuis)

    La biographie en BD d'une âme retenue prisonnière par la maladie, et battant le pavillon noir de l'aventure de toutes ses forces : une gageure relevée avec brio par Follet & Rodolphe.

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    3/La Nuit du Capricorne (Grégoire Carlé/L'Association)

    De l'évolution de l'homme vers l'insecte. Mathématique et kafkaïen.

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    5/La Colonne (N. Dumontheuil, Dabitch/Futuropolis)

    De l'évolution de l'homme vers l'insecte. Mathématique et kafkaïen.

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    Dabitch et Dumontheuil montrent le revers de la médaille, à partir d'une tragédie réelle occultée.

    (...)


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  • Revue de presse BD (75)

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    + Ce tableau de Franz Marc faisait partie de la collection du mystérieux trafiquant allemand Hildebrand Gurlitt, constituée semble-t-il en partie du pillage de biens privés et publics, et d'autre part d'acquisitions personnelles, comme un picasso acheté directement au peintre en 1942. L'affaire est sans doute très compliquée, comme le suggère "Le Figaro", ainsi que le commerce de l'art en général, où les enfants de choeur sont rares. Les Allemands ne sont pas les seuls pillards notoires, puisque la France et le Royaume-Uni sont aussi sommés de restituer certaines rapines effectuées au cours d'autres guerres. A. Hitler ne fut pas, hélas, le seul chef d'Etat cultivé et amoureux des arts.

    + Puisque la guerre de 14-18 sera à l'honneur l'année prochaine, rappelons qu'on trouve le minimum de triomphalisme et de lyrisme chez ceux qui l'ont faite en première ligne ; L.-F. Céline ramène ainsi la bravoure du soldat à un défaut d'imagination. Gus Bofa, grièvement blessé également au cours de ce conflit dantesque, plutôt que l'appeler la "Grande Guerre", préfère l'appeler la "Grande Garce". Certains dessins de Bofa sur la guerre seront exposés au prochain festival d'Angoulême, et l'ouvrage d'Emmanuel Pollaud-Dulian, destiné à mieux faire connaître cet artiste, paraîtra aussi prochainement, sous un titre éloquent : "L'Enchanteur désenchanté".

    + Le blogueur-BD Adrien Nil, alias Vertron, a dû délaisser son blog quand sa thèse originale sur les dessins ornant les grottes préhistoriques a trouvé un éditeur d'envergure nationale. Néanmoins il n'oublie pas les lecteurs de son blog et rediffuse une petite série, entre dessin-animé et BD -Les aventures de Valentin Boismoreau- prétexte à dessiner des paysages à la manière des paysagistes français du XVIIe siècle (sans doute parmi les plus expressifs).

    + "4 histoires chaudes comme la braise" de Karine Bernadou et son héroïne Hystéria, lisibles sur le site Télérama, prouvent que l'humour peut sauver la BD érotique de la banalité, et que le culte américain des poupées gonflables façon Marvel-Comics n'est pas une fatalité.

    + Adapté de la BD de Christophe Blain, qui a fait couler beaucoup d'encre, "Quai d'Orsay", le film de Bertrand Tavernier est accueilli froidement par la critique. En réalité cette BD était tombée au bon moment, c'est-à-dire juste au moment où la mode bat son plein dans la presse généraliste de s'intéresser à la BD, mais comme la plupart des journalistes ne connaissent pas grand-chose à la BD en dehors d'Astérix, ils se sont précipité sur un sujet qu'ils connaissaient un peu mieux, D. de Villepin. Un conseil, si vous voulez voir des grands fauves, rendez-vous plutôt au zoo.

    + Le doodle de Google d'aujourd'hui célèbre les cent ans de la naissance de Camus et fait référence à son essai sur le mythe de Sisyphe, figuration antique de l'absurdité de la condition humaine (comme le mythe de Prométhée) : "Je disais que le monde est absurde et j'allais trop vite. Ce monde en lui-même n'est pas raisonnable, c'est tout ce qu'on peut en dire. Mais ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme. L'absurde dépend autant de l'homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l'un à l'autre comme la haine peut river les êtres." A. Camus, in. "Le Mythe de Sisyphe", 1942.

    + Le mouvement des bonnets rouges bretons désarçonne la gauche qui a l'habitude de contrôler les mouvements sociaux, et la droite peu habituée à battre le pavé. Frank K. May, lui, choisit le parti de la dérision.

    + Le dessin du jour est Jean-Bernard, un monstre de la série des Jean-Machinchouette imaginée par l'illustrateur Philgref. En se rendant sur son blog, on découvrira aussi un Corto Balèze et un Graspoutine assez réussis (De fait si Hugo Pratt a cherché à se représenter dans le personnage de Corto Maltese, il s'est aminci.)

     

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  • Spirou par Chaland***

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    De telles méthodes ont permis aux auteurs et dessinateurs de BD de bénéficier d’un minimum de respect en Europe, tandis que la production de comics américains ou de mangas japonais fut au contraire complètement assimilée à la culture de masse, et ainsi méprisée.

    Des personnalités telles que Joseph Gillain, André Franquin ou Maurice de Bevère (Morris) ont pu s’affirmer dans un contexte de semi-liberté créative, se jouant parfois du cahier des charges qui leur était imposé; ce contexte fut même moins pesant que le dirigisme culturel typiquement français, qui après-guerre a contribué à ouvrir un boulevard à l’industrie du divertissement primaire.

    La récente reconnaissance officielle de la BD comme un art à part entière ne signifie d'ailleurs pas tant le progrès de la BD, dont tel ou tel cherchera à s’attribuer le mérite, que l’échec retentissant des politiques culturelles menées au cours des cinquante dernières années.

    Nous avons déjà recommandé dans «Zébra» un documentaire-BD dédié à Jean-Claude Fournier, repreneur de la série emblématique de Dupuis; celui-ci éclaire les conditions économiques de cette production littéraire destinée aux enfants. On aborde plus directement avec Yves Chaland une autre particularité, à savoir l’ambiguïté de la culture belge francophone sur laquelle cette BD a poussé; on peut presque parler de schizophrénie, dans la mesure où sont amalgamées des valeurs patrimoniales traditionnelles, quasiment «nietzschéennes», avec un «judéo-christianisme» en principe aux antipodes de ces valeurs conservatrices. Semblable syncrétisme bizarre se retrouve dans le mouvement boy-scout, autre spécialité belge indissociable. Si le pagano-christianisme n’est pas l’apanage exclusif de la Belgique, en revanche sa mutation belge en culture enfantine ou adolescente hétérosexuelle est assez originale et renforce son ésotérisme.

    Or Y. Chaland, n’étant pas Belge mais Français, a mieux perçu cette bizarrerie culturelle de l’extérieur. Il n’est sans doute pas le premier à la remarquer, mais son travail est d’un mimétisme et d’une rigueur étonnantes sur le plan technique, où un phénomène comparable à la piété filiale est presque décelable ; sur le plan technique seulement, car par ailleurs Chaland s’élève au niveau du pastiche et ouvre la voie à la subversion des codes de la BD belge.

    José-Louis Bocquet, auteur de cette petite étude, «Spirou par Y. Chaland», note très bien le caractère paradoxal de pastiche respectueux du travail de Chaland, ainsi que le malaise qu’il provoqua chez les «fans» de «Spirou & Fantasio», aussi bien qu’au sein de la maison Dupuis où une telle dérision n’était pas de mise.

    Cette façon de dynamiter les codes de l’intérieur est la plus efficace, selon l’intention plus ou moins délibérée du pasticheur. Ainsi, quelques pages de pastiche suffisent au critique littéraire Paul Reboux pour faire ressortir le sadisme pédérastique sous-jacent des ouvrages de la Comtesse de Ségur, mieux qu’une longue et fastidieuse étude théorique de Michel Tournier menant à la même conclusion.

    Et Chaland ne se limite pas à Spirou & Fantasio, série dont on apprend par Jean-Claude Fournier qu’elle était considérée par Franquin comme un travail alimentaire excessivement contraignant. Le travail de pastiche de Chaland atteint le maximum de la subversion dans «Le jeune Albert», ou encore une biographie de Jijé parue dans «Métal Hurlant».

    Il est intéressant d’observer que le travail de Picasso traduit la même démarche paradoxale. Elle peut se comprendre en effet comme un travail de pastiche ou de critique picturale, ironie comprise dans de nombreux cas. Sa science du dessin permet à Picasso de subvertir la peinture classique de l’intérieur, avec une efficacité inégalée. Le profanateur a été élevé dans le temple.

    La part du pastiche est essentielle dans la contre-culture, et la contre-culture dans le mouvement de l'art moderne. Bien que le mouvement soit présenté officiellement comme un progrès ou un renouvellement, il consiste largement dans une illusion de type alchimique ("rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme"). L’art de Chaland illustre ce phénomène à l’intérieur d’une culture plus marginale et circonscrite.

    A titre d'exemple, de nombreux croquis préparatoires et un épisode de "Spirou & Fantasio" par Chaland sont reproduits au regard des propos de J.-L. Bocquet.

     

    Spirou par Y. Chaland, José-Louis Bocquet, Dupuis, automne 2013.

  • Culturisme 2013

    Même s’il compte quelques détracteurs parmi les féministes, les anticommunistes ou les photographes, webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,culturisme,picasso,communion,dali,matisse,degas,chateaubriand,hostie,artiste,pape,charité,science,anticommuniste,féministePicasso reste n°1 au top 50 des meilleurs peintres de son siècle. Dali proposait un autre classement, entièrement conçu pour reléguer Picasso quelques places derrière lui, avec une note de 10/20 si je me souviens bien - mais ce déclassement malicieux ne s’est pas imposé.

    Un professeur de dessin chevronné me confiait récemment qu’il vaut mieux considérer Matisse comme un «designer» plutôt qu’un peintre à part entière. Ce professeur veut dire que Matisse s’éloigne trop des lois de la nature, à l’instar de certaines hypothèses mathématiques farfelues.

    On sous-estime généralement l’apprentissage précoce de Picasso auprès de son père. L’argument du génie est plus épatant, et Picasso lui-même préférait passer pour un self-made-man. En peignant des toiles académiques à dix-sept ans, suivant les leçons de son paternel, Pablo a peut-être évité de les faire à cinquante. « Tout le monde a du génie à dix-sept ans, dit Degas, mais c’est plus difficile d’en avoir encore à cinquante. »

    Une technique académique pour des sujets académiques, comme la communion ci-contre, ou bien encore un «Charité et Science». Aujourd’hui, pour faire académique, il faudrait peindre «Sea, Sex & Sun», en attendant que la moralisation de la vie artistique aboutisse.

    Cette communion, qu’un reste de maladresse rend presque touchante, nous rappelle que le prêtre catholique est lui aussi un artiste, et pas des moindres, puisqu’il crée dieu, ou du moins une partie, consacrant l’hostie («victime»), avant de la manger.

    «Le prêtre ouvrit le calice ; il prit entre ses deux doigts une hostie blanche comme la neige, et s’approcha d’Atala, en prononçant des mots mystérieux.» F.-R. de Chateaubriand (in «Génie du christianisme»). On peut penser que cette mystérieuse alchimie impressionna aussi le jeune Pablo, longtemps avant de devenir le pape de la peinture moderne et de produire des œuvres dont il est seulement permis de dévorer le mystère... des yeux.

     

    Comme a dit un savant alchimiste : «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.»

    FLR

  • Pablo-Matisse (T.3)****

    Après avoir dit tout le bien que je pensais du premier tome des aventures de Pablo Picasso, par webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,pablo,matisse,clément oubrerie,julie birmant,picasso,max jacob,gertrude stein,biographie,arianna stassinopoulos huffington,biopic,apollinaireBirmant et Oubrerie, je me suis abstenu de faire la critique du second tome, moins léger. On retrouve dans le troisième tome le ton de l’esquisse légère pour brosser le portrait du peintre qu’il est convenu de considérer comme le Michel-Ange des temps modernes, et qui ambitionna, de fait, d’atteindre le sommet de l'art.

    Plus intellectuel que Picasso, Delacroix mentionne dans son «Journal» que, contrairement à la musique, qui exige des œuvres les plus parfaitement composées, l’esquisse vaut souvent mieux en peinture que le produit fini destiné à satisfaire le commanditaire…

    Ma comparaison est ici avec des biographies pesantes, pleines de références et qui se veulent exhaustives, mais tombent dans les détails superflus, voire souvent le piège de l’hagiographie en ce qui concerne Picasso, afin d’en faire une gloire nationale.

    L’habileté du scénario de Julie Birmant consiste à mettre les personnages « secondaires » en avant, et à décentrer au maximum sa biographie de Pablo, ce qui permet de gommer l’image d’Epinal du « monstre sacré », et de rendre l’artiste plus humain. D’ailleurs l’œuvre d’un artiste qui vise la gloire comme Picasso, ne s’élabore pas exclusivement en son âme et conscience. Il tient compte de ses contemporains, ou au moins de son entourage proche, surtout lorsqu’il est composé d’artistes comme Max Jacob et Apollinaire, ou d’amateurs d’art comme Gertrude Stein, que l’on voit traiter Picasso comme son poulain. Les caractères sont bien traités, d’une manière caricaturale mais sans excès, suivant une méthode qui permet d’en saisir le caractère. Max Jacob dans le premier tome, étonné et séduit par tant de primitive virilité chez son ami Pablo ; Matisse fait office de contrepoint dans le dernier, tant son tempérament policé diffère de celui du brutal Espagnol. Le scénario fait bien d’insister sur la virilité, voire le machisme de Picasso, dont l’art n’a pas toujours l’heur, en effet, de plaire aux femmes, a contrario de Gertrude Stein, dont la BD de Picasso nous dit qu’il a voulu la portraiturer comme une pierre. Je fais référence ici à la biographie d’une autre Américaine, qui s’est appliquée à démolir la statue de Picasso, pour la seule raison de cette virilité débordante (Arianna Stassinopoulos-Huffington). Au demeurant, on peut se demander si le seul lien véritable entre Picasso et le parti communiste ouvrier n’est pas, précisément, cette virilité, vu l’indifférence manifestée par Picasso pour l’idéologie ou la politique ? (la mentalité de Picasso est très éloignée de la dévaluation de l'idée de "génie artistique" par K. Marx).

    Pour le défaut de ce «biopic», et bien que le dessin de Clément Oubrerie soit assez enlevé, je mentionnerais la colorisation des planches, estimant le noir et blanc à la fois mieux adapté à la BD en général, et à l’art d’un peintre assez sculptural.

    La biographie de Birmant et Oubrerie permet de suppléer autant que possible à l’enseignement de l’histoire de la peinture, presque parfaitement sinistré en France, ou recouvert du leitmotiv de l’art numérique, qui dissimule mal son objectif de promotion des gadgets technologiques. Des esprits moins ronchon que le mien diront que cela permet au moins de préserver l’art du manque de saveur des matières enseignées à l’école… et ils auront sans doute raison.

    Pablo-Matisse (T.3), J. Birmant & C. Oubrerie, Dargaud, 2013.

    Zombi (leloublan@gmx.fr)