par MARC SCHMITT
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par MARC SCHMITT
+ Grâce ou à cause de sa récente reconnaissance officielle, la bande-dessinée sert de plus en plus de "bouche-trou" dans la presse pendant la longue parenthèse estivale ; sous forme de prépublication d'une série à succès, d'enquête ou de dossier spécial...
"Le Monde" (F. Potet) a choisi de démontrer dans un dossier spécial (27 juillet) que la BD est désormais un art sérieux puisqu'elle se penche de plus en plus sur les questions politiques. En réalité, la BD a eu dès le début un usage politique, ainsi que le concède le journaliste lui-même, mentionnant le célèbre pamphlet de Hergé contre le régime soviétique.
On aurait mieux fait de remarquer que "Cher pays de notre enfance" (par E. Davodeau et B. Collombat), qui sert à illustrer le dossier du "Monde", ose encore égratigner la statue du commandeur de Gaulle, blasphème public devenu assez rare depuis que l'histoire a fait place au roman national dans l'enseignement scolaire.
+ La "reconnaissance" du public et des autorités culturelles ne nourrit pas toujours les artistes ; en 1896, fut lancée à Montmartre la première "Vachalcade", sous l'impulsion de quelques dessinateurs satiriques. Entre manif de protestation contre la culture bourgeoise et oeuvre de bienfaisance (souscription ouverte au profit des artistes nécessiteux), la "Vachalcade" doit son nom à l'emblématique "vache enragée". Le cortège haut en couleurs fait naturellement le tour de Montmartre, épicentre de la bohème artistique fin de siècle. La première édition, mal préparée, est un échec ; mais d'autres vachalcades suivront, mieux préparées.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les vachalcades, Laurent Bihl a écrit un long article très bien documenté et illustré qui traite le sujet, consultable dans la revue en ligne Cairn.info.
La "Vache enragée" fut aussi une gazette satirique (illustration de couverture par Toulouse-Lautrec, où l'on distingue dans la vache enragée l'ancêtre du gorille de G. Brassens)
+ Le musée de Cherbourg proposait pendant l'été (et jusqu'au 1er octobre) une rétrospective inédite de l'oeuvre de Winsor McCay (1869-1934), auteur de "Little Nemo". Une soixantaine de planches originales de ce dessinateur au trait un peu passé de mode, mais néanmoins considéré comme un pionnier de la BD et du dessin-animé américains, sont exposées.
McCay avait travaillé dans un cirque et concevait ses planches comme un spectacle pour les enfants. Son fils Robert lui servit de modèle (physique) pour dessiner le personnage de Little Nemo.
Comme d'autres dessinateurs de "comics", McCay travailla surtout pour le compte du magnat de la presse californien Randolph Hearst, qui publiait les planches en couleurs dans ses journaux. R. Hearst contribua fortement avec ses publications à la fabrique d'une culture de masse, produite par des industriels en quantité industrielle, dans un but qui n'est pas seulement mercantile, mais aussi d'asservissement des esprits.
W. McCay dessinait aussi des "editorial cartoons" dans les journaux de Randolph Hearst, critiquant ici les gaspillages de l'Oncle Sam (Une grande mais néanmoins dépensière nation).
Etre artiste, c'est se mettre à nu...
Même s’il compte quelques détracteurs parmi les féministes, les anticommunistes ou les photographes, Picasso reste n°1 au top 50 des meilleurs peintres de son siècle. Dali proposait un autre classement, entièrement conçu pour reléguer Picasso quelques places derrière lui, avec une note de 10/20 si je me souviens bien - mais ce déclassement malicieux ne s’est pas imposé.
Un professeur de dessin chevronné me confiait récemment qu’il vaut mieux considérer Matisse comme un «designer» plutôt qu’un peintre à part entière. Ce professeur veut dire que Matisse s’éloigne trop des lois de la nature, à l’instar de certaines hypothèses mathématiques farfelues.
On sous-estime généralement l’apprentissage précoce de Picasso auprès de son père. L’argument du génie est plus épatant, et Picasso lui-même préférait passer pour un self-made-man. En peignant des toiles académiques à dix-sept ans, suivant les leçons de son paternel, Pablo a peut-être évité de les faire à cinquante. « Tout le monde a du génie à dix-sept ans, dit Degas, mais c’est plus difficile d’en avoir encore à cinquante. »
Une technique académique pour des sujets académiques, comme la communion ci-contre, ou bien encore un «Charité et Science». Aujourd’hui, pour faire académique, il faudrait peindre «Sea, Sex & Sun», en attendant que la moralisation de la vie artistique aboutisse.
Cette communion, qu’un reste de maladresse rend presque touchante, nous rappelle que le prêtre catholique est lui aussi un artiste, et pas des moindres, puisqu’il crée dieu, ou du moins une partie, consacrant l’hostie («victime»), avant de la manger.
«Le prêtre ouvrit le calice ; il prit entre ses deux doigts une hostie blanche comme la neige, et s’approcha d’Atala, en prononçant des mots mystérieux.» F.-R. de Chateaubriand (in «Génie du christianisme»). On peut penser que cette mystérieuse alchimie impressionna aussi le jeune Pablo, longtemps avant de devenir le pape de la peinture moderne et de produire des œuvres dont il est seulement permis de dévorer le mystère... des yeux.
Comme a dit un savant alchimiste : «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.»
FLR
Ainsi que nous vous l'annoncions dans le webzine n°3, la version française du premier feuilleton BD de W.Schinski, intitulé "G-1759", va être publiée "Zébra", à commencer par le prologue dès aujourd'hui ; puis, très bientôt, le premier chapitre.
W.Schinski est un jeune auteur allemand dynamique, qui se démène pour percer dans la BD, tout en travaillant à côté pour gagner sa vie. Il vit près de la frontière entre l'Allemagne et la Belgique.
Vous pouvez l'encourager si son humour vous plaît en lui faisant un don "via" le système "Flattr", conçu pour le mécénat de jeunes artistes, y compris par des personnes qui n'ont pas un budget très large pour ça (un certain montant versé sur le site, à répartir ensuite suivant vos goûts).