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gotlib - Page 2

  • Revue de presse BD (214)

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    + Plusieurs remarques à propos d'une exposition en cours intitulée "L'Art de la Paix" (Petit Palais, -15 janvier 2017) :

    - L'affiche représente une débauche de drapeaux tricolores pavoisant la rue Montorgueil à Paris, peinte par Claude Monet ; le drapeau tricolore n'a pourtant rien d'un symbole de paix, pas plus que la Marseillaise qui généralement l'accompagne.

    - Le sous-titre : "Secrets et trésors de la diplomatie" ne doit pas faire oublier que la diplomatie n'a jamais empêché la guerre -tout au plus a-t-elle parfois retardé son déclenchement. Les vains efforts de l'ONU pour empêcher la guerre civile qui fait rage en Syrie aujourd'hui sont un criant rappel des limites de la diplomatie.

    - L'effort diplomatique le plus célèbre du XXe siècle afin de tenter d'empêcher le déclenchement de la seconde guerre mondiale, connu sous le nom "d'accords de Munich" (1938), est même présenté a posteriori dans l'enseignement officiel comme une dérobade ignominieuse de la part des diplomates qui signèrent ces accords (sur le moment, même un partisan de la guerre tel que Léon Blum poussa un "ouf !" de soulagement). "L'idéal de paix porté par la France à travers les siècles" (sic) évoqué par les commissaires de l'expo. relève donc du bourrage de mou.

    + L'ONU avait récemment recruté une actrice, incarnant l'héroïne de comics Wonder-Woman ; elle était censée promouvoir la cause des femmes au nom de cette organisation transnationale ; sa plastique trop avantageuse et son costume assimilable à celui d'une prostituée ayant déplu à de nombreuses associations féministes, Wonder-Woman a été vite démise de ses fonctions. L'idéal des super-héros américains, "sauver le monde", assimilable à un idéal religieux, est en effet aussi celui de l'ONU. Les super-héros sont un élément de la culture nationaliste et technocratique moderne, qui dissimule ses intentions guerrières ou de conquête derrière l'argument de la paix. 

    + A propos de Shakespeare, dont la littérature semble la plus éloignée du goût moderne pour la propagande, notamment à cause de sa dimension satirique, nous avons proposé cet été sur ce blog un petit feuilleton illustré. Celui-ci visait, si ce n'est à élucider le mystère qui entoure le célèbre tragédien, du moins à souligner et présenter l'enjeu de ce mystère.

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    Sur le mode romanesque, le scénariste de la série à succès "Blake & Mortimer", Yves Sente, a exploité le doute qui plane sur la paternité de l'oeuvre signée Shakespeare pour en faire la trame du dernier opus de la série, intitulé "Le Testament de William S." ; on est plus près ici du "Da Vinci Code" que du documentaire historique, Y. Sente cherchant surtout à satisfaire l'appétit du public pour les énigmes, les complots et les intrigues plus ou moins ésotériques. Le véritable intérêt du débat autour de la paternité des oeuvres signées Shakespeare est de mieux comprendre sa mythologie, à laquelle des sens très différents ont été prêtés.

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    Un lecteur attentif de Zébra nous signale un article de Pierre Kapitaniak, qui traite du rapport entre le théâtre de Shakespeare et la BD, en s'attardant sur le cas particulier de l'adaptation rudimentaire de "Hamlet" par Dan Carroll, mise en ligne sur son blog. On apprend par exemple dans cet article qu'"en 1975, Gotlib fait paraître une adaptation très brève de "Hamlet", plus sur le mode de la plaisanterie et de l’allusion que d’une véritable adaptation de l’histoire, puisque l’ensemble se réduit à neuf pages."

    Cependant P. Kapitaniak véhicule dans son article un préjugé, celui de la déformation de l'oeuvre de Shakespeare par l'art populaire. Celui-ci a tendance à raboter et simplifier les pièces de Shakespeare, mais les élites intellectuelles ou universitaires, de leur côté, se livrent souvent à un travail d'interprétation qui occulte l'oeuvre originale bien plus encore. La critique psychologisante de S. Freud et ses disciples, typiquement élitiste, comme elle ne parvient pas à faire entrer le théâtre de Shakespeare dans son schéma oedipien, trop réducteur, est conduite à des interprétations tirées par les cheveux.

    + Comme chaque année, nous publions un fanzine "papier", qui regroupe une partie de cette revue de presse et des caricatures publiées ici par nos contributeurs. Naumasq y propose, en bonus, une petite BD inédite de 5 pages ; vous pouvez vous procurer ce tirage limité de 48 p. (8 euros) en écrivant à zebralefanzine@gmail.com.

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  • Revue de presse BD (213)

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    Dessin d'Ulys

    + Pire que la mort s'avèrent parfois les hommages publics que celle-ci vous vaut ; on a pu le voir récemment avec les caricaturistes de "Charlie-Hebdo", dont plusieurs chefs d'états terroristes tinrent à honorer la mémoire.

    Moins violente, la mort de Marcel Gotlib, humoriste et ex-patron de "Fluide-Glacial", n'a pas provoqué le même maëlstrom médiatique. Sobrement, sur le site du quotidien le moins satirique de France, Yves Frémion donne l'extrême-onction à son confrère, en essayant de résumer sa contribution à la "culture française" (expression tout de même un peu pompier). Y. Frémion tente de définir les trois sortes d'humour que Gotlib pratiquait ensemble : - l'humour juif (autodérision), l'humour british (basé sur le sang-froid), et l'humour français (calembour) ; rapprocher l'humour français du calembour, c'est faire fi du mot de Victor Hugo : - Le calembour est la fiente de l'esprit.

    - "Parodiste", le mot est lâché par Eric Aeschimann pour qualifier Gotlib en préambule d'un entretien fleuve sur "France-Culture" (2011, "A voie nue"). L'humoriste y retrace son itinéraire, son parcours professionnel, dit  son admiration pour Hogarth, sa formation aux "Arts appliqués" par Pichard, ses oeuvres méconnues (l'adaptation du "Général Dourakine"), son indifférence vis-à-vis des questions politiques...

    - Un site internet regroupe quelques hommages dessinés rendus à Gotlib.

    + Leur implication dans la vie politique française a indirectement coûté la vie à ses confrères ; on comprend donc que Luz (ex-"Charlie-Hebdo") se montre circonspect vis-à-vis du principe de l'engagement de l'artiste, affirmant dans une interview récente (6 décembre) : "Pour moi, le véritable engagement de l'écrivain est de vous gifler pour vous réveiller. Pas de vous tenir la main." En pratique, les régimes totalitaires soviétique, nazi ou démocrate-chrétien, exigent des artistes, sous prétexte d'engagement, qu'ils se transforment en agents de propagande.

    Comme Luz vient d'illustrer un ouvrage d'Albert Cohen ("Ô, vous, frères humains"), on l'interroge sur ses écrivains préférés. Lisant peu, Luz, préfère botter en touche et évoquer le goût de feu Charb pour Balzac : "Charb était un dévoreur monomaniaque du romancier de Tours, dont je suis originaire." Luz se montre virulent à l'égard de la Bible, qu'il qualifie de "conte pour enfants, que les adultes prennent au sérieux" (décrivant ainsi le principe de la mythologie en général). S'agissant de dessin et de caricature, Luz se montre plus disert, vantant Daumier et surtout Dubout.

    + On a une meilleure idée de la ligne politique et de l'engagement de "Charlie-Hebdo" aujourd'hui à travers les chroniques des journalistes. Ainsi dans l'avant-dernier numéro, Iegor Gran trouve du "panache" (sic) dans la décision du président de la République de renoncer à sa candidature ; un autre plumitif (Guillaume Erner) prend la défense de la corporation des journalistes : "(...) De par leur salaire, ils appartiennent pour la plupart à la petite classe moyenne. Comme elle, ils subissent dégraissages, mutations technologiques et autres changements d'actionnaires. La presse est devenue aussi peu rentable que la sidérurgie, elle est donc soumise au même destin." Après avoir nié que les journalistes ont été "coproducteurs" de l'élection de D. Trump, il avoue néanmoins que les journaux sont "renfloués par des oligarques".

    + A propos de presse non subventionnée, le journal satirique "Zélium" (LB, Gab, Cambon, etc.) a besoin de nouveaux subsides pour continuer de paraître en 2017, cela bien que les contributions de ses caricaturistes soient bénévoles ; très coûteuse et strictement encadrée, la distribution de la presse est un moyen de censure indirect des publications anarchistes ; le prosélytisme politique, coûteux en papier et en fonds publics plus ou moins déclarés, quant à lui ne connaît pas la crise.

    + Contributeur de "Zélium", le caricaturiste Rousso a ouvert un blog qui permet de voir et revoir ses dessins truculents.

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    + Une énième série de conférences sur la caricature et le dessin de presse se tiendra le 14 décembre prochain à la BNF ; on est en droit de s'interroger sur le sérieux de telles allocutions ; beaucoup n'ont fait jusqu'ici qu'entretenir la légende dorée d'une République française protectrice des droits de l'homme et de la liberté d'expression. L'histoire est mise de côté au profit de la démonstration. Sur les causes du déclin de la presse satirique, ces conférenciers demeurent d'ailleurs muet, évoquant tout au plus pudiquement "l'affermissement de la République" pour expliquer le recul de la satire de presse (D. Moncond'huy, in : "Petite histoire de la caricature de presse en 40 images".)

    Exposition prochainement (15-31 déc.) à la galerie Claire Corcia (Paris, 3e arr.) des oeuvres de Burlingue, dessinateur et peintre satirique, en compagnie d'autres artistes.

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  • Super-Plagiaire

    La Semaine de Zombi. Mardi : Gotlib avait sans doute mis pas mal de lui-même dans le personnage de Superdupont, comme plus tard Blutch avec le personnage de Blotch dans "Fluide-Glacial".

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  • Revue de presse BD (210)

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    + Dilemme en librairie cette semaine puisque sont proposés simultanément deux gros bouquins, l'un à 20 euros (Les Cahiers dessinés) regroupant un choix de dessins de Tomi Ungerer, l'autre à 30 euros (Taschen) rassemblant un paquet de croquis de Robert Crumb. Il faut choisir, car deux dessinateurs misogynes d'un seul coup, ce serait sans doute une dépense trop difficile à justifier. Sans vouloir influencer le lecteur, la sobriété des dessins d'Ungerer force l'admiration ; il y a peut-être chez Crumb un peu trop de détails. Le plus misogyne des deux n'est pas forcément celui qui dit qu'il l'est (Crumb).

    Marie-Hélène Gatto annonce dans le trimestriel « De ligne en ligne » la prochaine expo. Gaston Lagaffe en chantier à la bibliothèque du Centre Pompidou en soulignant l’astuce éditoriale de son inventeur, Franquin, qui crée un personnage d’antihéros dans un magazine de BD d’aventure pour enfants- dont la première apparition discrète dans « Spirou » date du 28 février 1957. Le personnage ne prend la parole pour la première fois que six semaines après son apparition. Il dévoilera au public les coulisses de la maison Dupuis et du métier d’amuseur pour enfants, qui n’a rien d’aventureux, et que Franquin éprouva parfois de la lassitude à exercer.

    «Pendant plusieurs semaines, entre décembre 1959 et janvier 1960, Spirou paraît sans Gaston. Jusqu’à ce que Fantasio, pris de remords, lance un appel aux lecteurs : - Ecrivez tous, en masse, par milliers, écrivez à M. Dupuis de reprendre Gaston. L’appel est entendu : plus de 7000 lettres seront reçues, et Gaston est réintégré à l’équipe en janvier 1961. Le héros sans emploi est devenu une véritable star.»

    Gaston Lagaffe est précurseur du "Trombone illustré", supplément à « Spirou » lancé par Franquin et Yvan Delporte en 1977, beaucoup plus satirique que le magazine pour enfants dans lequel il était inséré.

    + A propos de "Fluide-Glacial", où Gotlib publia les "Idées noires" de Franquin, perles d'humour noir en BD, Jacques Diament publia en 2010 (L'Harmattan) : "Fluide Glacial, Gotlib... et moi" ; la première moitié est intéressante, décrivant de façon vivante les galères du début, la fabrication d'un journal, les choix éditoriaux, les coups de pouce du destin...), la seconde partie est bâclée.

    + Yves Frémion rédige ici ou là des chroniques sur les ancêtres de la bande-dessinée ; dans le dernier magazine publicitaire "Zoo n°62" (p.53), il nous instruit sur "la BD orale des colporteurs". Avec l'invention de la gravure naquit le métier de colporteurs d'images, religieuses notamment, transportées et vendues de village en village.

    "(...) Très vite s'agglutinent aux images pieuses des images plus profanes (contes de fées, fables, histoires plus ou moins réelles, légendes, chansons...). (...) L'arrivée du colporteur dans un village devient un spectacle. (...) Ces esquisses de BD sont orales. Puisque dans la BD, le "texte" n'en est pas, car il est du son, ce son est alors produit par le colporteur, qui commentait image par image."

    Frémion rapproche ici la BD d'une culture orale, ce qui n'est vrai qu'en ce qui concerne les BD pour enfants. Beaucoup de BD satiriques ou humoristiques ne sauraient se passer du texte.

    + L'essayiste Hannah Arendt ("La Crise de la Culture") est la cible d'attaques dans plusieurs journaux ("Quinzaine littéraire", "Charlie-Hebdo" 9 novembre), faisant suite de la publication d'un ouvrage universitaire peu sobrement intitulé "Arendt et Heidegger, extermination nazie et destruction de la pensée"). Cet ouvrage rappelle que H. Arendt fut, alors qu'elle était étudiante, la maîtresse de Herr Professor Heidegger, membre du parti nazi ; également qu'elle contribua à la réhabilitation de la philosophie d'Heidegger après guerre. Bref, cet ouvrage d'E. Faye ne nous apprend pas grand-chose...

    Le poète Aragon se promena en limousine dans Moscou en compagnie d'Elsa Triolet, bousculant la populace affamée (dixit J. Dutour) ; cependant il continue d'être étudié en classe, et certains établissements scolaires portent son nom. Le racisme de Montesquieu ne l'empêche pas d'être considéré comme un sommet de la science politique française. Etc. (on pourrait ici écrire un ouvrage complet à propos des turpitudes de nos grands hommes).

    Ce qui est le plus choquant chez H. Arendt est sans doute ce qui est le plus véridique, à savoir la mise en évidence que le totalitarisme n'est pas l'apanage du régime nazi, mais un phénomène beaucoup plus large. Si H. Arendt omet de souligner, contrairement à G. Orwell, le rôle particulier joué par les intellectuels dans les régimes totalitaires (Heidegger est loin d'être le seul exemple), en dénonçant la culture de masse en tant qu'instrument d'asservissement et d'abrutissement, elle a bel et bien contribué à la critique des méthodes de gouvernement totalitaires, indépendamment de leur coloration politique, nazie, soviétique ou démocrate-chrétienne.

    + Un carnet de 65 dessins inédits de Van Gogh, détenus par une famille du Nord de la France, et subitement exhumés, vient d'être publié par le Seuil. Seulement les experts du musée d'Amsterdam, sollicités afin d'authentifier ces dessins (non signés), contestent l'attribution au peintre hollandais (tardivement initié au dessin).

    Et pourquoi pas une analyse ADN, tant qu'on y est ? Cette affaire illustre une fois de plus à quel point la technique (ici les avis d'experts) éclipse désormais l'art et la science.

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    par l'Enigmatique LB

  • Revue de presse BD (166)

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    Agrippine face à Claire Bretécher.

    + Rare femme à exercer ses talents dans le domaine de la BD, et plus encore de la BD humoristique, Claire Bretécher fait l'objet d'une grande exposition à la bibliothèque du musée d'art moderne Pompidou (jusqu'au 8 février). Brétécher, qui travailla notamment pour le compte de "Pilote", "Spirou" et "Le Nouvel Observateur" mérite plus le titre d'auteur satirique que celui de "sociologue", dont le pédantissime Roland Barthes l'affubla. On est bien placé au pays de Molière pour savoir à quel point la satire et la religion, rebaptisée "sociologie" dans les temps ultra-modernes, s'opposent. Si Molière avait été sociologue, se contentant de refléter son époque, il y a longtemps qu'il serait tombé dans l'oubli.

    Interviewée récemment sur ses années passées à "Pilote", sous la direction de R. Goscinny, Claire Bretécher n'a pas hésité à dénigrer les rebelles de "Mai 68" qui poussèrent Goscinny à la démission, les traitant de fils à papa et de faux rebelles (Gotlib, Moebius, Druillet) (in : "La Révolution Pilote", Dargaud, 2015). On est tenté de lui donner raison, quand on voit le nombre de philosophes de plateaux télé, plus creux les uns que les autres, que "Mai 68" a engendré, dissimulant leurs comptes en banque derrière des options humanistes. Mais à travers cet affrontement entre générations, typiquement viril, se trouve quand même posée la question, plus intéressante, du duel entre la bande-dessinée, destinée aux enfants, et le dessin de presse, visant un public plus large, ou encore de la rivalité entre le "Pilote" de Goscinny et le "Charlie-Hebdo" de Cavanna.

    "Le Figaro", quotidien du bourgeois qui s'assume, rend aussi hommage à Bretécher à travers un quiz de cinq questions sur sa carrière de dessinatrice.

    + Hasard ou calcul, l'attentat de la mi-novembre à Paris visait un quartier "bobo" de Paris ; c'est précisément la culture que Bretécher brocarde à travers le personnage d'Agrippine, adolescente élevée dans un milieu "humaniste"... mais néanmoins aisé. Les blogueuses-BD d'aujourd'hui sont un peu les petites soeurs d'Agrippine, et Pénélope Bagieu la plus célèbre a réagi aux attentats par un strip, sur le mode : "J'y pense et puis j'oublie."

    + En Iran, à Téhéran, le caricaturiste Hadi Heydari ("Persian Cartoon") a été arrêté à cause d'un dessin fait pour témoigner de sa solidarité avec les victimes des attentats de Paris ; il a probablement été interpellé par les services secrets de son pays. Faut-il le rappeler, l'Iran est en guerre froide avec les Etats-Unis et ses alliés, dont la France. En revanche, en Belgique, c'est l'humoriste Dieudonné Mbala-Mbala qui a été condamné à deux mois de prison ferme pour "antisémitisme". La sympathie de Dieudonné pour le régime iranien est connue.

    Le contexte de l'état d'urgence ne fait qu'accroître la sévérité de la condamnation de cet humoriste ; le condamner en ces circonstances revient à le désigner comme complice des djihadistes. Quand Dieudonné avait fait l'objet de poursuites et de pressions fiscales de la part du gouvernement de Manuel Valls, rares furent ceux qui osèrent prendre publiquement sa défense au nom de la liberté d'expression (Jack Lang, Plantu). Même si c'est sans doute inéluctable, on peut regretter qu'autant de caricaturistes et d'esprits soi-disant libres se laissent entraîner dans le "choc des cultures", stratégie de radicalisation des deux camps.

    + Alors que le salon du livre pour la jeunesse de Montreuil s'apprête à ouvrir ses portes (2-7 décembre), le webzine culturel Actualitté en profite pour dénoncer la moindre rémunération des auteurs et illustrateurs de livres pour enfants. Néanmoins le prétendu "préjugé" contre la littérature de genre ou la littérature spécialisée s'explique très bien d'un point de vue critique et littéraire par la prétention des plus grands auteurs à produire une littérature universelle, et non pas seulement destinée à une catégorie de lecteurs. Hélas l'argument égalitaire dissimule bien souvent, qu'il soit conscient ou non, un mobile mercantile ; la spécialisation de la littérature est avant tout une question d'édition et de librairie, bien plus que d'art et de littérature. C'est sûrement ne rien comprendre à l'art et la littérature que de les envisager seulement sous l'angle de la production et du marché. La mise en avant de grands principes, dans le domaine de la culture, est un cache-misère. La littérature de genre se vend parfois très bien, et ses auteurs sont bien rémunérés. La Comtesse de Ségur fit ainsi fortune avec ses livres pour enfants ("Les Malheurs de Sophie", etc.), et son statut était tel qu'elle pouvait embaucher et virer les plus prestigieux illustrateurs de la place de Paris. Son éditeur avait déniché la poule aux oeufs d'or.

    + La médiathèque F. Sagan (Paris Xe) abrite (jusqu'au 31 janvier) une exposition sur le thème de l'illustration de livres pour enfants. L'illustrateur britannique Anthony Browne parlera dans ce cadre (4 déc. à 19 h) de son travail ; créateur du personnage de "Marcel" ("Willy" en anglais), A. Browne tire le principal de ses revenus de la vente de cartes de voeux, ce qui lui permet d'être plus exigeant quant aux autres publications.

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    Marcel par Anthony Browne.

     

  • La Révolution Pilote**

    Muni d’une thèse - le magazine « Pilote » a révolutionné la BD – Eric Aeschimann est allé interviewerwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,kritik,critique,révolution,éric aeschimann,nicoby,rené goscinny,pilote,dargaud,fred,claire brétécher,druillet,gotlib,mai 68 les « anciens combattants » du magazine dirigé par feu René Goscinny, escorté par Nicoby, dessinateur chargé d’illustrer ces rencontres, le plus souvent dans le cadre de l’atelier du dessinateur prié de convoquer ses souvenirs de l’époque.

    L’épisode de la rébellion contre Goscinny, qui sonna le glas de « Pilote » en vexant durablement son talentueux mais susceptible rédacteur en chef, est au centre de ces conversations. En effet, si Dargaud n’accepta pas la démission de Goscinny après une réunion où ses employés lui réclamèrent des changements dans ses méthodes de direction (la nomination d’un directeur artistique), celui-ci nourrit dès lors une rancune tenace à l’égard de ceux qui l’avaient accusé. Ainsi, pour cette raison, Goscinny refusa toujours de se rendre au festival d’Angoulême.

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  • Revue de presse BD (131)

    Extraits de la revue de presse publiée dans l'hebdo Zébra.

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    + Le dessin de presse ci-dessus est du dessinateur cubain (résidant au Chili depuis l'an 2000) Alen Lauzan.

    + Le site "Töpfferiana" regroupe de courtes études, non seulement sur Rodolphe Töpffer, mais aussi les précurseurs du genre, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle où se développe la presse illustrée. Gustave Doré se distingue par l'expressivité et l'inventivité de son dessin, comme on peut le constater dans divers épisodes des aventures de "l'homme aux cent mille écus", alias Narcisse Pomponet, publiées dans le "Journal pour rire" de C. Philipon.

    + La BD ne redonne pas seulement des couleurs à la culture, ces derniers temps, mais aussi à la presse littéraire française, souvent bien fade. Le magazine « Lire » propose un "hors-série" soigné (n°19-12 déc.), consacré à André Franquin et son oeuvre. Les amateurs de satire placent Franquin au-dessus d'Hergé au panthéon de la BD franco-belge, quand les grammairiens font l'inverse. Goscinny dit très bien : "Le snobisme s'est mis de la partie pour faire de la BD un art honorable." Pas ou peu de snobisme dans ce n° spécial, qui montre bien le goût accru de Franquin pour la satire au fil des années, formé d'abord à dessiner le groom "Spirou", figure de proue des éds. Dupuis, puis s'affranchissant petit à petit de cette servitude. Au sommaire de cet épais magazine de 124 p., certains papiers ou interviews nous renseignent sur la manière assez artisanale de travailler de Franquin. Ce côté artisanal explique bien des choses : non seulement une forme de résistance modérée à l'esprit du temps (Julien Bisson compare l'esprit des BD de Franquin à celui des films de Tati), mais aussi la difficulté des éditeurs aujourd'hui à faire émerger de fortes personnalités, préférant traiter les auteurs comme des employés, surfant sur la mode (manga, comics), plutôt que cherchant de nouvelles idées. Réputé conservateur, Charles Dupuis permit la publication du  « Trombone illustré », supplément à « Spirou » vendu avec, malgré son ton anticonformiste. Plus encore que la tolérance de Dupuis, cette bienveillance traduit un rapport de forces moins déséquilibré.

    Petit bémol : le hors-série ne dissipe pas tout à fait le préjugé qui consiste à prêter aux auteurs d'humour noir (Franquin fut encouragé par Gotlib à dessiner ses "Idées noires" dans "Fluide Glacial") un tempérament dépressif. C'est exactement l'inverse, comme le montrent de nombreux exemples dans le domaine des lettres ou des arts plastiques ; généralement les personnes mélancoliques ne supportent pas l'humour noir et produisent elles-mêmes des oeuvres teintées d'espoir (et non satiriques) ; la mélancolie est beaucoup plus palpable dans « Tintin », voire l'asthénie sexuelle de son auteur, que dans « Gaston Lagaffe ». Franquin était peut-être le plus français des auteurs belges.

    + Interviewé à l'occasion de la sortie de son nouveau roman de politique-fiction, « Soumission », dans lequel il imagine malicieusement Marine Le Pen battue par un candidat musulman aux élections de 2022, M. Houellebecq tient, comme on pouvait le prévoir, à se démarquer du "Suicide français" d'Eric Zemmour. H. dit voir au contraire dans la démographie française, plus forte que dans les pays voisins, une volonté française de résistance au suicide.

    En réalité les deux idées ne sont pas aussi opposées ; Zemmour a rédigé son essai, non pas pour contribuer au « suicide », mais pour tenter d'y résister. De surcroît Houellebecq voit comme Zemmour dans le mouvement islamique un mouvement comparable au communisme dans l'après-guerre, c'est-à-dire une révolte contre les valeurs occidentales. Peu plausible de son propre aveu, l'hypothèse de Houellebecq ne choquera sans doute pas beaucoup les Français. La crise a eu pour effet de les convaincre, semble-t-il assez largement, que les étiquettes politiques ont une signification limitée.

    Il reste que, la réalité dépassant la fiction, des bouleversements plus grands que l'élection d'un président musulman et l'application de la charia peuvent se produire. Parfois la réalité prend des libertés avec la science-fiction.

    + Le petit fanzine de BD « Cabot Comics » est entièrement basé sur l'autodérision. « Archie », quasi seul aux commandes  fantasme sa vie de dessinateur de BD débutant. Pour la pus grande joie du lecteur, il n’hésite pas à faire passer sa compagne pour une chieuse et ses potes pour des débiles mentaux. Plusieurs numéros de ce petit fanzine photocopié, comme il n’en existe plus beaucoup, sont disponibles dans deux ou trois librairies parisiennes (je l'ai acheté pour ma part à "Super-Héros"), ou directement sur le blog du fanzine, pour une somme modique.