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gotlib - Page 3

  • Revue de presse BD (94)

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    + Le peintre suédois Carl Larsson, exposé en ce moment au Petit Palais, est proche des auteurs de bande-dessinée par sa science du cadrage. Comme Millet, Van Gogh ou l'Espagnol Sorolla, il se plaisait à peindre des sujets triviaux et agricoles ; son trait un peu mièvre et académique est néanmoins expressif et ses couleurs très lumineuses.

    + L'expo consacrée à Marcel Gotlib au musée du judaïsme surprend, puisque cet humoriste est réputé athée (bien que son nom veuille dire en allemand "amour de dieu" et que Gotlib plaçait dans tous ses strips une "bête à bon dieu"). Le site belge Actuabd a donc tenté de donner une explication à cette bizarrerie. S. Freud, qui se voulait plus Allemand que juif, proposait de ne tenir pour juifs que les disciples de Moïse ; cette suggestion a le mérite d'empêcher tout racialisme/nationalisme juif.

    + A l'hebdomadaire "Spirou", Joseph Volders, 71 ans, écrit : "(...) Je lis Spirou depuis l'âge de 6 ans ! J'adorais Les Belles histoires de l'oncle Paul, qui m'ont formé. Pendant mon service militaire, j'ai arrêté "Spirou", mais tout de suite après j'ai repris. J'ai demandé à ma femme si ça ne la dérangeait pas, car à l'époque ça ne faisait pas très sérieux pour un adulte de lire "Spirou" !" A la lecture de ce témoignage, on peut se demander si la BD n'est pas un art régressif, d'autant plus que la BD accède au statut d'art majeur en même temps que... la pâtisserie.

    + L'inspectrice pédagogique de l'Académie de Limoges, a cru bon de prévenir ses collègues de l'immoralité d'une encyclopédie illustrée consacrée à la BD ("L'Art de la BD", Citadelles et Mazenod) acquise par certains centres de documentation. Elle a ainsi déclenché une levée de boucliers dans le Landerneau de la BD. Ce n'est pas vraiment une surprise : les dessinateurs qui s'exercent sur le modèle vivant savent que cette pratique est parfois assimilée à la pornographie par les milieux pédagogiques et... interdite aux mineurs. Cela dit, une bonne partie de la bande-dessinée franco-belge est destinée à prêcher auprès des enfants des valeurs morales.

    + Après des débuts difficiles sur le plan économique, notamment liés à la distribution, le journal satirique "Zélium" semble avoir trouvé sa vitesse de croisière.

    + Le webzine "du9", a longuement interviewé Olivier Jouvray, co-rédac-chef de la "Revue dessinée", trimestriel spécialisé dans le reportage-BD, dont le troisième numéro vient de paraître. Cette revue et l'idée de présenter l'info différemment et de façon plus indépendante avaient suscité l'enthousiasme lors du lancement du premier numéro. La journaliste gaulliste Natacha Polony n'a pas hésité à lui faire de la pub récemment dans un célèbre talk-show (ce qui est plutôt comique compte-tenu de la manière dont de Gaulle s'employa à museler la presse à la "Libération", favorisant le monopole des cartels industriels sur les médias).

    Olivier Jouvray aborde dans cet entretien la question du financement, des méthodes de fabrication et de la ligne rédactionnelle de cette publication, qui compte tenu de ses moyens limités reste un "Petit Poucet" de l'information.

    + Le dessin de la semaine est une publicité pour un armurier, ArmaLite, qui s'est amusé à détourner le David de Michel-Ange pour faire la publicité de son nouveau fusil AR-50A1. Le détournement est un peu abusif, puisqu'on se souvient que David triompha de Goliath à l'aide d'un lance-pierre, et non d'une de ces armes modernes de destruction massive dont les Occidentaux se servent pour mater les rébellions à travers le monde.

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  • A la manière de...

    Nouveau malheur de Sophie

    (pastiche par Paul Reboux)

    Mirza


    La petite Sophie se laissait souvent emporter par la colère. C’est un vilain défaut que sa maman s’efforçait de corriger.
    Un jour Mme de Réan l’appela et lui désigna une chienne levrette, dont les yeux brillaient du plus beau noir, et dont les pattes étaient minces comme du verre filé.

    MADAME DE RÉAN

    « Sophie ! Le postillon de la diligence vient d’apporter une caisse à ton adresse. Voilà ce qu’elle contenait. C’est un présent que ton parrain t’envoie de Paris. Vois, la jolie levrette !

    SOPHIE, sautant de joie.

    C’est pour moi ? Quel bonheur !

    MADAME DE RÉAN

    Tu la soigneras bien ?

    SOPHIE, serrant la levrette dans ses bras.

    Elle sera la plus heureuse des petites chiennes !
    Viens, mon bijou, mon trésor, que je t’embrasse !

    MADAME DE RÉAN

    Voyons mon enfant, ne la baise pas ainsi qu’une personne, mais de la façon qui convient pour une levrette.

    SOPHIE

    Comment faire, Maman ?

    MADAME DE RÉAN

    Il suffit de flatter cette petite bête de la main en l’appelant par son nom.

    SOPHIE

    Et quel est-il ?

    MADAME DE RÉAN

    Elle répond au nom de Mirza.»


    Sophie, toute joyeuse, emmena Mirza. Elle lui prépara un lit formé d’un panier garni de coussins. Elle demanda même à sa bonne de coudre pour la levrette un paletot de drap bleu ciel, bordé de grenat, du plus charmant effet.
    Quand Paul, venu pour goûter avec sa cousine Sophie, vit Mirza, il se réjouit d’autant plus que sa maman, Mme d’Aubert, avait reçu en cadeau un petit chien de même race, nommé Patapon.

    MADAME DE RÉAN

    « À merveille ! Au printemps prochain, Mirza et Patapon pourront avoir ensemble des petits que vous élèverez, mes enfants.

    SOPHIE

    Bravo ! Quelle bonne idée !

    PAUL, taquin.

    Tu seras grand-mère, Sophie.

    SOPHIE, vexée.

    Et pourquoi donc ?

    PAUL, avec esprit.

    Puisque ta fille aura des enfants !

    SOPHIE, lui tirant les cheveux.

    Tu es un méchant ! Va-t’en ! Je ne t’aime plus du tout !

    MADAME DE RÉAN, sévèrement

    Sophie ! Je vous défends de parler ainsi à votre cousin. Si vous êtes aussi susceptible, je confisquerai Mirza et ne vous la rendrai que dans sept ans !

    SOPHIE

    Pardonnez-moi, maman, je ne le ferai plus.

    MADAME DE RÉAN

    C’est bon. J’enregistre ta promesse. Et maintenant allez jouer, et soyez sages. »


    Sophie et Paul, conduisant Mirza en laisse, se mirent à courir autour de la pelouse.
    Bientôt le bruit d’une calèche qui arrivait attira leur attention. C’était Camille et Madeleine que Mme de Fleurville amenait en visite.
    Tandis que cette dernière allait rejoindre Mme de Réan qui brodait des pantoufles sur la terrasse du château, les enfants demeurèrent ensemble. Ils s’aperçurent alors que Mirza avait disparu.

    SOPHIE, pleurant.

    « Ah, mon Dieu ! Elle est perdue !

    PAUL

    Ne te désole pas, ma bonne Sophie ! Je la retrouverai, dussé-je sauter pour cela dans les épines. »


    Camille et Madeleine partirent vers les serres, Paul s’en alla du côté des écuries, et Sophie du côté de la ferme, en appelant tous quatre à tue-tête : « Mirza ! Mirza ! »

    SOPHIE

    « Camille ! Madeleine ! La voilà ! Venez la voir ! Elle est avec Rustaud, le chien de la ferme.

    CAMILLE, accourant.

    Oh ! Comme elle est jolie !

    MADELEINE

    Dis-moi, Sophie, tu n’as pas peur que Rustaud lui fasse du mal ? Regarde…

    SOPHIE

    Pourquoi donc ? Ils jouent au cheval. Ce doit être leur façon de s’amuser entre chiens.

    CAMILLE

    Elle n’a pas l’air heureuse. Vois comme ses oreilles sont en arrière !

    MADELEINE

    Ce gros Rustaud s’appuie sur cette petite bête de tout son poids. Je t’assure, Sophie, qu’il va la fatiguer.

    SOPHIE

    Mais non. Je te dis qu’ils jouent. (À Paul, qui apparaît au loin.) Paul ! Paul ! Viens donc vite ! C’est très joli ! Viens voir !

    PAUL, accourant.

    Hou ! Hou ! Vilain chien ! Va-t’en !

    SOPHIE

    Pourquoi parles-tu ainsi à ce bon Rustaud ?

    PAUL

    Tu ne comprends donc pas ? Il va la rendre mère de bâtards !»


    Sophie était moins savante qu son cousin en histoire naturelle. Mais ce vilain mot de «bâtards» la mit hors d’elle. Elle ramassa une badine et se mit à frapper très fort sur le dos du pauvre Rustaud. Les deux animaux tentèrent de se séparer. Mais une involontaire fidélité les maintenait associés sous les coups.
    Les mamans accoururent et, de loin, virent Sophie s’escrimant à poursuivre Rustaud, enfin libéré. Indignée par la cruauté de Sophie, Mme de Réan lui tira fortement l’oreille et l’obligea à lâcher la baguette. Puis elle demanda, d’un air sévère :
    - Pourquoi martyrisiez-vous ainsi le chien de la fermière, Mademoiselle ?

    SOPHIE, rougissant.

    Mais non, maman, je ne le martyrisais pas !

    MADAME DE RÉAN

    Je vous ai déjà défendu de répondre :
    «Non» aux grandes personnes.

    SOPHIE, les larmes aux yeux.

    Je ne faisais rien…

    MADAME DE RÉAN

    Vous êtes une petite menteuse ! Je vais vous mettre au pain sec et à l’eau !

    PAUL

    Ne la punissez pas, Madame. Vous n’avez pas vu sans doute que Rustaud et Mirza…

    SOPHIE, pleurant

    Hi ! Hi ! Mirza va avoir des bâtards ! Paul l’a dit !

    MADAME DE RÉAN

    Ah ! Je comprends !… Mais n’importe… Sachez, Mademoiselle, qu’il ne faut jamais être méchante ni avec les pauvres ni avec les animaux privés de discernement. C’est le Bon Dieu qui a fait la Nature. Respectons l’œuvre du créateur.»


    La petite troupe reprit alors le chemin du château, tandis que Sophie se promettait d’être désormais douce et indulgente.
    Nous allons voir comment elle tint parole…

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    (Ill. par Gotlib des "Malheurs de Sophie")