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gotlib - Page 3

  • Revue de presse BD (131)

    Extraits de la revue de presse publiée dans l'hebdo Zébra.

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    + Le dessin de presse ci-dessus est du dessinateur cubain (résidant au Chili depuis l'an 2000) Alen Lauzan.

    + Le site "Töpfferiana" regroupe de courtes études, non seulement sur Rodolphe Töpffer, mais aussi les précurseurs du genre, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle où se développe la presse illustrée. Gustave Doré se distingue par l'expressivité et l'inventivité de son dessin, comme on peut le constater dans divers épisodes des aventures de "l'homme aux cent mille écus", alias Narcisse Pomponet, publiées dans le "Journal pour rire" de C. Philipon.

    + La BD ne redonne pas seulement des couleurs à la culture, ces derniers temps, mais aussi à la presse littéraire française, souvent bien fade. Le magazine « Lire » propose un "hors-série" soigné (n°19-12 déc.), consacré à André Franquin et son oeuvre. Les amateurs de satire placent Franquin au-dessus d'Hergé au panthéon de la BD franco-belge, quand les grammairiens font l'inverse. Goscinny dit très bien : "Le snobisme s'est mis de la partie pour faire de la BD un art honorable." Pas ou peu de snobisme dans ce n° spécial, qui montre bien le goût accru de Franquin pour la satire au fil des années, formé d'abord à dessiner le groom "Spirou", figure de proue des éds. Dupuis, puis s'affranchissant petit à petit de cette servitude. Au sommaire de cet épais magazine de 124 p., certains papiers ou interviews nous renseignent sur la manière assez artisanale de travailler de Franquin. Ce côté artisanal explique bien des choses : non seulement une forme de résistance modérée à l'esprit du temps (Julien Bisson compare l'esprit des BD de Franquin à celui des films de Tati), mais aussi la difficulté des éditeurs aujourd'hui à faire émerger de fortes personnalités, préférant traiter les auteurs comme des employés, surfant sur la mode (manga, comics), plutôt que cherchant de nouvelles idées. Réputé conservateur, Charles Dupuis permit la publication du  « Trombone illustré », supplément à « Spirou » vendu avec, malgré son ton anticonformiste. Plus encore que la tolérance de Dupuis, cette bienveillance traduit un rapport de forces moins déséquilibré.

    Petit bémol : le hors-série ne dissipe pas tout à fait le préjugé qui consiste à prêter aux auteurs d'humour noir (Franquin fut encouragé par Gotlib à dessiner ses "Idées noires" dans "Fluide Glacial") un tempérament dépressif. C'est exactement l'inverse, comme le montrent de nombreux exemples dans le domaine des lettres ou des arts plastiques ; généralement les personnes mélancoliques ne supportent pas l'humour noir et produisent elles-mêmes des oeuvres teintées d'espoir (et non satiriques) ; la mélancolie est beaucoup plus palpable dans « Tintin », voire l'asthénie sexuelle de son auteur, que dans « Gaston Lagaffe ». Franquin était peut-être le plus français des auteurs belges.

    + Interviewé à l'occasion de la sortie de son nouveau roman de politique-fiction, « Soumission », dans lequel il imagine malicieusement Marine Le Pen battue par un candidat musulman aux élections de 2022, M. Houellebecq tient, comme on pouvait le prévoir, à se démarquer du "Suicide français" d'Eric Zemmour. H. dit voir au contraire dans la démographie française, plus forte que dans les pays voisins, une volonté française de résistance au suicide.

    En réalité les deux idées ne sont pas aussi opposées ; Zemmour a rédigé son essai, non pas pour contribuer au « suicide », mais pour tenter d'y résister. De surcroît Houellebecq voit comme Zemmour dans le mouvement islamique un mouvement comparable au communisme dans l'après-guerre, c'est-à-dire une révolte contre les valeurs occidentales. Peu plausible de son propre aveu, l'hypothèse de Houellebecq ne choquera sans doute pas beaucoup les Français. La crise a eu pour effet de les convaincre, semble-t-il assez largement, que les étiquettes politiques ont une signification limitée.

    Il reste que, la réalité dépassant la fiction, des bouleversements plus grands que l'élection d'un président musulman et l'application de la charia peuvent se produire. Parfois la réalité prend des libertés avec la science-fiction.

    + Le petit fanzine de BD « Cabot Comics » est entièrement basé sur l'autodérision. « Archie », quasi seul aux commandes  fantasme sa vie de dessinateur de BD débutant. Pour la pus grande joie du lecteur, il n’hésite pas à faire passer sa compagne pour une chieuse et ses potes pour des débiles mentaux. Plusieurs numéros de ce petit fanzine photocopié, comme il n’en existe plus beaucoup, sont disponibles dans deux ou trois librairies parisiennes (je l'ai acheté pour ma part à "Super-Héros"), ou directement sur le blog du fanzine, pour une somme modique.

  • Revue de presse BD (94)

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    + Le peintre suédois Carl Larsson, exposé en ce moment au Petit Palais, est proche des auteurs de bande-dessinée par sa science du cadrage. Comme Millet, Van Gogh ou l'Espagnol Sorolla, il se plaisait à peindre des sujets triviaux et agricoles ; son trait un peu mièvre et académique est néanmoins expressif et ses couleurs très lumineuses.

    + L'expo consacrée à Marcel Gotlib au musée du judaïsme surprend, puisque cet humoriste est réputé athée (bien que son nom veuille dire en allemand "amour de dieu" et que Gotlib plaçait dans tous ses strips une "bête à bon dieu"). Le site belge Actuabd a donc tenté de donner une explication à cette bizarrerie. S. Freud, qui se voulait plus Allemand que juif, proposait de ne tenir pour juifs que les disciples de Moïse ; cette suggestion a le mérite d'empêcher tout racialisme/nationalisme juif.

    + A l'hebdomadaire "Spirou", Joseph Volders, 71 ans, écrit : "(...) Je lis Spirou depuis l'âge de 6 ans ! J'adorais Les Belles histoires de l'oncle Paul, qui m'ont formé. Pendant mon service militaire, j'ai arrêté "Spirou", mais tout de suite après j'ai repris. J'ai demandé à ma femme si ça ne la dérangeait pas, car à l'époque ça ne faisait pas très sérieux pour un adulte de lire "Spirou" !" A la lecture de ce témoignage, on peut se demander si la BD n'est pas un art régressif, d'autant plus que la BD accède au statut d'art majeur en même temps que... la pâtisserie.

    + L'inspectrice pédagogique de l'Académie de Limoges, a cru bon de prévenir ses collègues de l'immoralité d'une encyclopédie illustrée consacrée à la BD ("L'Art de la BD", Citadelles et Mazenod) acquise par certains centres de documentation. Elle a ainsi déclenché une levée de boucliers dans le Landerneau de la BD. Ce n'est pas vraiment une surprise : les dessinateurs qui s'exercent sur le modèle vivant savent que cette pratique est parfois assimilée à la pornographie par les milieux pédagogiques et... interdite aux mineurs. Cela dit, une bonne partie de la bande-dessinée franco-belge est destinée à prêcher auprès des enfants des valeurs morales.

    + Après des débuts difficiles sur le plan économique, notamment liés à la distribution, le journal satirique "Zélium" semble avoir trouvé sa vitesse de croisière.

    + Le webzine "du9", a longuement interviewé Olivier Jouvray, co-rédac-chef de la "Revue dessinée", trimestriel spécialisé dans le reportage-BD, dont le troisième numéro vient de paraître. Cette revue et l'idée de présenter l'info différemment et de façon plus indépendante avaient suscité l'enthousiasme lors du lancement du premier numéro. La journaliste gaulliste Natacha Polony n'a pas hésité à lui faire de la pub récemment dans un célèbre talk-show (ce qui est plutôt comique compte-tenu de la manière dont de Gaulle s'employa à museler la presse à la "Libération", favorisant le monopole des cartels industriels sur les médias).

    Olivier Jouvray aborde dans cet entretien la question du financement, des méthodes de fabrication et de la ligne rédactionnelle de cette publication, qui compte tenu de ses moyens limités reste un "Petit Poucet" de l'information.

    + Le dessin de la semaine est une publicité pour un armurier, ArmaLite, qui s'est amusé à détourner le David de Michel-Ange pour faire la publicité de son nouveau fusil AR-50A1. Le détournement est un peu abusif, puisqu'on se souvient que David triompha de Goliath à l'aide d'un lance-pierre, et non d'une de ces armes modernes de destruction massive dont les Occidentaux se servent pour mater les rébellions à travers le monde.

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  • A la manière de...

    Nouveau malheur de Sophie

    (pastiche par Paul Reboux)

    Mirza


    La petite Sophie se laissait souvent emporter par la colère. C’est un vilain défaut que sa maman s’efforçait de corriger.
    Un jour Mme de Réan l’appela et lui désigna une chienne levrette, dont les yeux brillaient du plus beau noir, et dont les pattes étaient minces comme du verre filé.

    MADAME DE RÉAN

    « Sophie ! Le postillon de la diligence vient d’apporter une caisse à ton adresse. Voilà ce qu’elle contenait. C’est un présent que ton parrain t’envoie de Paris. Vois, la jolie levrette !

    SOPHIE, sautant de joie.

    C’est pour moi ? Quel bonheur !

    MADAME DE RÉAN

    Tu la soigneras bien ?

    SOPHIE, serrant la levrette dans ses bras.

    Elle sera la plus heureuse des petites chiennes !
    Viens, mon bijou, mon trésor, que je t’embrasse !

    MADAME DE RÉAN

    Voyons mon enfant, ne la baise pas ainsi qu’une personne, mais de la façon qui convient pour une levrette.

    SOPHIE

    Comment faire, Maman ?

    MADAME DE RÉAN

    Il suffit de flatter cette petite bête de la main en l’appelant par son nom.

    SOPHIE

    Et quel est-il ?

    MADAME DE RÉAN

    Elle répond au nom de Mirza.»


    Sophie, toute joyeuse, emmena Mirza. Elle lui prépara un lit formé d’un panier garni de coussins. Elle demanda même à sa bonne de coudre pour la levrette un paletot de drap bleu ciel, bordé de grenat, du plus charmant effet.
    Quand Paul, venu pour goûter avec sa cousine Sophie, vit Mirza, il se réjouit d’autant plus que sa maman, Mme d’Aubert, avait reçu en cadeau un petit chien de même race, nommé Patapon.

    MADAME DE RÉAN

    « À merveille ! Au printemps prochain, Mirza et Patapon pourront avoir ensemble des petits que vous élèverez, mes enfants.

    SOPHIE

    Bravo ! Quelle bonne idée !

    PAUL, taquin.

    Tu seras grand-mère, Sophie.

    SOPHIE, vexée.

    Et pourquoi donc ?

    PAUL, avec esprit.

    Puisque ta fille aura des enfants !

    SOPHIE, lui tirant les cheveux.

    Tu es un méchant ! Va-t’en ! Je ne t’aime plus du tout !

    MADAME DE RÉAN, sévèrement

    Sophie ! Je vous défends de parler ainsi à votre cousin. Si vous êtes aussi susceptible, je confisquerai Mirza et ne vous la rendrai que dans sept ans !

    SOPHIE

    Pardonnez-moi, maman, je ne le ferai plus.

    MADAME DE RÉAN

    C’est bon. J’enregistre ta promesse. Et maintenant allez jouer, et soyez sages. »


    Sophie et Paul, conduisant Mirza en laisse, se mirent à courir autour de la pelouse.
    Bientôt le bruit d’une calèche qui arrivait attira leur attention. C’était Camille et Madeleine que Mme de Fleurville amenait en visite.
    Tandis que cette dernière allait rejoindre Mme de Réan qui brodait des pantoufles sur la terrasse du château, les enfants demeurèrent ensemble. Ils s’aperçurent alors que Mirza avait disparu.

    SOPHIE, pleurant.

    « Ah, mon Dieu ! Elle est perdue !

    PAUL

    Ne te désole pas, ma bonne Sophie ! Je la retrouverai, dussé-je sauter pour cela dans les épines. »


    Camille et Madeleine partirent vers les serres, Paul s’en alla du côté des écuries, et Sophie du côté de la ferme, en appelant tous quatre à tue-tête : « Mirza ! Mirza ! »

    SOPHIE

    « Camille ! Madeleine ! La voilà ! Venez la voir ! Elle est avec Rustaud, le chien de la ferme.

    CAMILLE, accourant.

    Oh ! Comme elle est jolie !

    MADELEINE

    Dis-moi, Sophie, tu n’as pas peur que Rustaud lui fasse du mal ? Regarde…

    SOPHIE

    Pourquoi donc ? Ils jouent au cheval. Ce doit être leur façon de s’amuser entre chiens.

    CAMILLE

    Elle n’a pas l’air heureuse. Vois comme ses oreilles sont en arrière !

    MADELEINE

    Ce gros Rustaud s’appuie sur cette petite bête de tout son poids. Je t’assure, Sophie, qu’il va la fatiguer.

    SOPHIE

    Mais non. Je te dis qu’ils jouent. (À Paul, qui apparaît au loin.) Paul ! Paul ! Viens donc vite ! C’est très joli ! Viens voir !

    PAUL, accourant.

    Hou ! Hou ! Vilain chien ! Va-t’en !

    SOPHIE

    Pourquoi parles-tu ainsi à ce bon Rustaud ?

    PAUL

    Tu ne comprends donc pas ? Il va la rendre mère de bâtards !»


    Sophie était moins savante qu son cousin en histoire naturelle. Mais ce vilain mot de «bâtards» la mit hors d’elle. Elle ramassa une badine et se mit à frapper très fort sur le dos du pauvre Rustaud. Les deux animaux tentèrent de se séparer. Mais une involontaire fidélité les maintenait associés sous les coups.
    Les mamans accoururent et, de loin, virent Sophie s’escrimant à poursuivre Rustaud, enfin libéré. Indignée par la cruauté de Sophie, Mme de Réan lui tira fortement l’oreille et l’obligea à lâcher la baguette. Puis elle demanda, d’un air sévère :
    - Pourquoi martyrisiez-vous ainsi le chien de la fermière, Mademoiselle ?

    SOPHIE, rougissant.

    Mais non, maman, je ne le martyrisais pas !

    MADAME DE RÉAN

    Je vous ai déjà défendu de répondre :
    «Non» aux grandes personnes.

    SOPHIE, les larmes aux yeux.

    Je ne faisais rien…

    MADAME DE RÉAN

    Vous êtes une petite menteuse ! Je vais vous mettre au pain sec et à l’eau !

    PAUL

    Ne la punissez pas, Madame. Vous n’avez pas vu sans doute que Rustaud et Mirza…

    SOPHIE, pleurant

    Hi ! Hi ! Mirza va avoir des bâtards ! Paul l’a dit !

    MADAME DE RÉAN

    Ah ! Je comprends !… Mais n’importe… Sachez, Mademoiselle, qu’il ne faut jamais être méchante ni avec les pauvres ni avec les animaux privés de discernement. C’est le Bon Dieu qui a fait la Nature. Respectons l’œuvre du créateur.»


    La petite troupe reprit alors le chemin du château, tandis que Sophie se promettait d’être désormais douce et indulgente.
    Nous allons voir comment elle tint parole…

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    (Ill. par Gotlib des "Malheurs de Sophie")