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comics

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  • Revue de presse BD (292)

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    + "J'ai choisi de dessiner le premier jour de la bataille de la Somme, car c'est à partir de ce moment-là que l'homme du peuple a cessé de se bercer d'illusions quant à la véritable nature de la guerre moderne..." Joe Sacco commente ainsi la fresque gigantesque qu'il a dessinée pour commémorer la bataille de la Somme (1916).

    Joe Sacco emploie ici le mot juste : illusions.

    La culture moderne est en effet une grande pourvoyeuse d'illusions ; lorsque "l'homme du peuple" est ramené à la réalité par les premiers éclats d'obus, il est trop tard.

    Autrement dit, l'homme du peuple devrait se méfier de la "culture" autant qu'il faut se méfier du vin.

    Les indices sont nombreux du rôle morphinique assigné par les élites culturelles à la culture moderne, dans tous les domaines. L'actualité fournit deux exemples : le premier ce sont les trente-six nuances de roman national qui se télescopent chaque fois qu'une grande cérémonie de commémoration est organisée. Chaque parti politique en profite pour entretenir sa petite ou grande illusion.

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    (Humain, trop humain ? : dans le premier épisode des aventures de l'incroyable Spider-Man (1963), celui-ci négocie avec les "Quatre Fantastiques" son salaire d'embauche comme un banal cadre commercial - déçu par l'offre de ses confrères, Spider-Man renonce à les aider.)

    + La culture de masse, qui trahit le plus nettement la vocation stupéfiante de la culture moderne, vient de perdre un de ses plus grands génies en la personne de Stan Lee, qui relança dans les années 60 l'industrie américaine du "comics" en passe d'être démodée par le cinéma.

    Le personnage de "Spider Man", création de Stan Lee, est sans doute le plus fascinant. Son super-pouvoir décrit parfaitement le rôle joué par les intellectuels dans le piège culturel. On n'attrape pas les gosses avec du vinaigre : les producteurs de cinéma le savent très bien, et c'est ce qui donne à la culture de masse son goût sucré un peu écoeurant.

    Quant aux intellectuels, leur rôle consiste à étouffer la critique pour étendre le piège. D'où la démarche inepte qui consiste à ériger la BD en "art". Quand bien même les "comics" constituent un matériel de propagande nationaliste grossier, les intellectuels les comparent à la mythologie grecque, qui n'a pas cette vocation nationaliste.

    A travers la culture de masse on peut voir que le "populisme" n'est autre chose que l'effort (extrêmement coûteux) accompli par les élites pour maintenir le peuple au niveau de l'intelligence artificielle.

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    (Portrait de S. Freud par Dali)

    + On a souvent rapproché S. Freud et l'art d'analyser les rêves avec les artistes surréalistes. Il semble que ce soit un malentendu et un contresens si l'on en croit l'article de Natacha Nataf dans le magazine "Beaux-Arts" (novembre), qui rapporte les préventions du médecin allemand vis-à-vis d'un art teinté de folie.

    Pour preuve ce bon mot du père de la psychanalyse, rapporté par Dali au cours d'une rencontre qu'il avait sollicitée : - Dans les tableaux classiques, je cherche le subconscient, dans les oeuvres surréalistes, je cherche ce qui est conscient.

    [Quand deux rapaces se rencontrent, de quoi parlent-ils ? De charogne-art !]

  • Revue de presse BD (242)

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    Portrait d'A. Moore par Rebecca Clarke.

    + "De nos jours, il n’y a plus que des romans graphiques, des livres pour table à café. C’est l’une des raisons pour lesquelles je me retire de la bande-dessinée."

    Le scénariste de BD Alan Moore dénonce l'embourgeoisement de la BD dans une interview donnée au "Point" (25 août), hebdo prisé par les cadres commerciaux.

    "La bande-dessinée s'est embourgeoisée. Maintenant, on parle de roman graphique – une invention d'un département de marketing quelconque. La raison pour laquelle j'aimais les bandes-dessinées est qu'elles parlaient à tout le monde, par-delà les classes sociales. Elles ne remplissent plus cette fonction désormais."

    Il vaudrait mieux parler à propos du roman graphique d'intellectualisme, car de manière générale la BD est, comme le cinéma, un art bourgeois, produit par des magnats de la presse en conformité avec les intérêts de la bourgeoisie industrielle. Ce n'est qu'à titre exceptionnel que la BD échappe à ce cahier des charges : "Hara-Kiri" en France, les fanzines de R. Crumb aux Etats-Unis, etc.

    Le "roman graphique" est une appellation qui contribue à la gentrification culturelle de la BD, opération à travers laquelle les élites bourgeoises s'efforcent de mettre en valeur leur patrimoine culturel. Sur ce point A. Moore n'a pas tort.

    + Les gouvernements changent, la démagogie continue ; la nouvelle ministre de la Culture Françoise Nyssen, à peine nommée, s'est empressée de faire l'apologie des jeux vidéos comme ses prédécesseurs ; il faut dire que l'industrie des jeux vidéos est des plus lucratives. Les bibliothèques municipales cèdent elles aussi à la mode qui consiste à installer des "postes de jeu" et organiser des tournois de jeux vidéos ; de l'adage ancien qui signale que les peuples intelligents sont difficiles à gouverner, on peut en forger un autre : "Les crétins décérébrés font les électeurs les plus dociles."

    Comme "dieu" sert à certains fanatiques à justifier tout et n'importe quoi, la "culture" est devenue un argument massue en Occident, une méthode pour étouffer l'esprit critique, au profit de la culture de masse. Le divorce est d'ailleurs consommé entre les élites contemporaines et les philosophes des Lumières qui fustigeaient les spectacles divertissants comme un frein à l'émancipation du peuple.

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    Strip extrait du blog de Xavier Gorce.

    + Le romancier naturaliste J.-K. Huysmans (1848-1907) ("Là-bas", "A Rebours"...), émule de Zola avant de se convertir au catholicisme, fut aussi critique d'art (Huysmans descendait d'une famille de peintres flamands).

    Dans "Certains", recueil de portraits d'artistes, Huysmans décrit le caricaturiste Forain : "(...) M. Forain a voulu faire ce que le Guys [Constantin], révélé par Baudelaire, avait fait pour son époque : peindre la femme où qu'elle s'affirme, dans les lieux où elle travaille (...).

    A coup sûr, personne n'a mieux que lui, dans d'inoubliables aquarelles, décrit la fille ; personne n'a mieux rendu les tépides amorces de ses yeux vides, l'embûche polie de son sourire, l'émoi parfumé de ses seins, le glorieux dodinage de son chignon trempé dans les eaux oxygénées et les potasses ; personne, enfin, n'a plus justement exprimé la délicieuse horreur de son masque rosse, ses élégances vengeresses des famines subies, ses dèches voilées sous la gaieté des falbalas et l'éclat des fards.

    En sus de ses qualités d'observation aiguë, de son dessin délibéré, rapide, concisant l'ensemble, avivant le soupçon, forant d'un trait jusqu'aux dessous, il a apporté, en art, la sagace ironie d'un Parisien narquois.

    C'est grâce, sans doute, à cette orientation d'un esprit net et blagueur, très élagué de toute chimère, qu'il dut d'avoir trouvé, pour les dessins des journaux où il logeait, d'audacieuses légendes, parfois cruelles, souvent même presque comminatoires pour les ridicules gredineries de ces temps fous."

    A l'instar de Baudelaire (et de nombreux romanciers du XIXe siècle), un des thèmes favoris de Huysmans est le satanisme ; il faut dire que le "grand Pan" est souvent tenu pour le dieu des artistes. Sur le sujet relativement confus du satanisme et de Huysmans, dont il est fin connaisseur, François Angelier (!) a donné une conférence assez claire à la librairie "Le Monte-en-l'air" - conférence enregistrée ici.

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    Petite danseuse et son souteneur, par Forain, qui mettait plus de satire et moins d'esthétique dans ses peintures que son ami E. Degas.

  • Revue de presse BD (214)

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    + Plusieurs remarques à propos d'une exposition en cours intitulée "L'Art de la Paix" (Petit Palais, -15 janvier 2017) :

    - L'affiche représente une débauche de drapeaux tricolores pavoisant la rue Montorgueil à Paris, peinte par Claude Monet ; le drapeau tricolore n'a pourtant rien d'un symbole de paix, pas plus que la Marseillaise qui généralement l'accompagne.

    - Le sous-titre : "Secrets et trésors de la diplomatie" ne doit pas faire oublier que la diplomatie n'a jamais empêché la guerre -tout au plus a-t-elle parfois retardé son déclenchement. Les vains efforts de l'ONU pour empêcher la guerre civile qui fait rage en Syrie aujourd'hui sont un criant rappel des limites de la diplomatie.

    - L'effort diplomatique le plus célèbre du XXe siècle afin de tenter d'empêcher le déclenchement de la seconde guerre mondiale, connu sous le nom "d'accords de Munich" (1938), est même présenté a posteriori dans l'enseignement officiel comme une dérobade ignominieuse de la part des diplomates qui signèrent ces accords (sur le moment, même un partisan de la guerre tel que Léon Blum poussa un "ouf !" de soulagement). "L'idéal de paix porté par la France à travers les siècles" (sic) évoqué par les commissaires de l'expo. relève donc du bourrage de mou.

    + L'ONU avait récemment recruté une actrice, incarnant l'héroïne de comics Wonder-Woman ; elle était censée promouvoir la cause des femmes au nom de cette organisation transnationale ; sa plastique trop avantageuse et son costume assimilable à celui d'une prostituée ayant déplu à de nombreuses associations féministes, Wonder-Woman a été vite démise de ses fonctions. L'idéal des super-héros américains, "sauver le monde", assimilable à un idéal religieux, est en effet aussi celui de l'ONU. Les super-héros sont un élément de la culture nationaliste et technocratique moderne, qui dissimule ses intentions guerrières ou de conquête derrière l'argument de la paix. 

    + A propos de Shakespeare, dont la littérature semble la plus éloignée du goût moderne pour la propagande, notamment à cause de sa dimension satirique, nous avons proposé cet été sur ce blog un petit feuilleton illustré. Celui-ci visait, si ce n'est à élucider le mystère qui entoure le célèbre tragédien, du moins à souligner et présenter l'enjeu de ce mystère.

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    Sur le mode romanesque, le scénariste de la série à succès "Blake & Mortimer", Yves Sente, a exploité le doute qui plane sur la paternité de l'oeuvre signée Shakespeare pour en faire la trame du dernier opus de la série, intitulé "Le Testament de William S." ; on est plus près ici du "Da Vinci Code" que du documentaire historique, Y. Sente cherchant surtout à satisfaire l'appétit du public pour les énigmes, les complots et les intrigues plus ou moins ésotériques. Le véritable intérêt du débat autour de la paternité des oeuvres signées Shakespeare est de mieux comprendre sa mythologie, à laquelle des sens très différents ont été prêtés.

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    Un lecteur attentif de Zébra nous signale un article de Pierre Kapitaniak, qui traite du rapport entre le théâtre de Shakespeare et la BD, en s'attardant sur le cas particulier de l'adaptation rudimentaire de "Hamlet" par Dan Carroll, mise en ligne sur son blog. On apprend par exemple dans cet article qu'"en 1975, Gotlib fait paraître une adaptation très brève de "Hamlet", plus sur le mode de la plaisanterie et de l’allusion que d’une véritable adaptation de l’histoire, puisque l’ensemble se réduit à neuf pages."

    Cependant P. Kapitaniak véhicule dans son article un préjugé, celui de la déformation de l'oeuvre de Shakespeare par l'art populaire. Celui-ci a tendance à raboter et simplifier les pièces de Shakespeare, mais les élites intellectuelles ou universitaires, de leur côté, se livrent souvent à un travail d'interprétation qui occulte l'oeuvre originale bien plus encore. La critique psychologisante de S. Freud et ses disciples, typiquement élitiste, comme elle ne parvient pas à faire entrer le théâtre de Shakespeare dans son schéma oedipien, trop réducteur, est conduite à des interprétations tirées par les cheveux.

    + Comme chaque année, nous publions un fanzine "papier", qui regroupe une partie de cette revue de presse et des caricatures publiées ici par nos contributeurs. Naumasq y propose, en bonus, une petite BD inédite de 5 pages ; vous pouvez vous procurer ce tirage limité de 48 p. (8 euros) en écrivant à zebralefanzine@gmail.com.

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  • Revue de presse BD (208)

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    Message peint par Magritte

    + Un autre musée parisien, le musée Pompidou, rend hommage à un autre artiste Belge : Magritte, dont quelques rébus-peints sont imprimés sur la rétine d'à peu près tout le monde (jusqu'au 23 janvier). De l'art de Magritte comme de l'art d'Hergé n'émane aucune sensualité. C'est là un point commun aux deux artistes belges (wallon et bruxellois), et pourquoi ils sont modernes tous les deux - l'art moderne n'est plus tout à fait de l'art (au sens païen du terme). Le parallèle s'arrête là, car beaucoup de choses sont inconscientes chez Hergé, qui pour différentes raisons (son jeune âge, son tempérament introverti...) n'avait pas la maîtrise de son art, mais se focalisait surtout sur le style. L'expo Magritte nous rappelle, au contraire, que le message délivré par Magritte est consciemment dirigé contre la peinture, qui après l'avoir fasciné, avait fini par lui inspirer du dégoût (la peinture de Chirico réveilla un peu le désir de Magritte de peindre). 

    + Reportage confraternel de Coco au concert de Renaud au Zénith fin octobre ("Charlie-Hebdo" 2 novembre). Renaud dit désormais admirer le candidat Fillon, mais les fans du chanteur à textes mettent sans doute ça sur le compte de la tisane qu'il boit avant le début de son concert pour soigner sa voix. Coco rapporte que Renaud, après avoir avoué : "J'ai embrassé un flic", ajoute : "Mais attention : j'ai pas embrassé un militaire." Il est vrai que, si l'esprit bidasse est de droite, l'esprit flic, quant à lui, est le privilège de la gauche.

    + L'éditeur de BD Bamboo, surtout connu pour sa BD satirique "Les Profs" et quelques titres spécialisés dans la caricature de différents sports, vient de racheter la maison Audie, éditrice de "Fluide-Glacial", l'hebdo humoristique fondé par Gotlib. Et la presse de commenter ainsi la nouvelle : "Bamboo va devenir un poids lourd sur tous les rayons humour, que ce soit en librairie ou dans les grandes surfaces."

    + La Foire internationale d'art contemporain s'est ouverte dans un contexte boursier difficile. Comme chaque année, les organisateurs de la FIAC nous promettent : - Le changement, c'est maintenant ! Cela situe l'art au niveau de l'espoir.

    + Frédéric Hojlo dans Actuabd narre la mésaventure posthume de George Orwell, dont le conte "La Ferme les animaux", inspiré par les purges de Staline (bien que le porc-dictateur se nomme "Napoléon"), fut racheté afin d'être adapté en dessin-animé et en bande-dessinée afin de servir d'arme de propagande anticommuniste (lorsque les intérêts des Etats-Unis et de l'URSS commencèrent de diverger). Il n'est pas rare que des ouvrages satiriques soient récupérés par tel ou tel parti politique ; parfois cela se fait avec le consentement de l'auteur, mais Orwell se distingue par son indépendance. F. Hojlo nous rappelle opportunément que Orwell voyait les "comics" américains d'un mauvais oeil, comme une manifestation de la culture de masse totalitaire.

    Les années ont donné raison à Orwell : en effet on a vu l'Union soviétique devenir capitaliste à toute vitesse, signe que l'esprit critique n'était guère développé à l'Est, mais plutôt une forme de nationalisme déguisée en discours pseudo-marxiste. Orwell, issu du peuple, fit notamment un effort pour rendre l'homme du peuple pessimiste, c'est-à-dire plus lucide. Orwell se montre particulièrement vigilant vis-à-vis de la caste des intellectuels, en charge de l'invention des nouvelles chimères modernes.

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    Le dessinateur britannique Norman Pett, chargé d'adapter La Ferme des animaux, était un auteur de comics de propagande nationaliste ("Jane") comme Milton Caniff (comics contenant la ration d'érotisme destinée à émoustiller l'homme de troupe).

  • Revue de presse BD (202)

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    + Gabriela Manzoni, jeune diplômée ès lettres, s'amuse à détourner les "comics" américains aux dialogues creux, en remplissant les cases avec des dialogues ironiques ; ses cibles favorites : les philosophes de plateaux télé, les romanciers à la mode, l'amour post-moderne, l'éthique hypocrite, etc. Elle fait mouche très souvent. Son petit recueil, publié par Séguier, fait l'objet de commentaires élogieux sur de nombreux blogs. 

    + Sous prétexte de combattre le sexisme, la dernière BD de Pénélope Bagieu, "Les Culottées" (Gallimard), ne fait qu'y contribuer. Celle-ci dit avoir voulu mettre en avant une brochette de femmes d'exception. Après tout, pourquoi pas, même si les figures féminines héroïques ne manquent pas, dans tous les domaines. Le "hic", c'est que certaines, retenues par P. Bagieu, ont pour seul et unique mérite d'appartenir au sexe féminin ; on compte en effet dans la liste une femme à barbe (!), une amoureuse têtue (?), une guerrière apache (sous-entendu : aussi cruelle et vindicative qu'un homme)...

    L'actrice autrichienne Hedy Lamarr est bombardée "scientifique" sous prétexte que cette actrice et ex-épouse d'un industriel de l'armement fasciste a contribué à l'amélioration d'un système de guidage de torpilles sous-marines pour le compte des Etats-Unis. Censée être édifiante, la BD de P. Bagieu est un bric-à-brac et un ramassis de clichés sur tous les sujets.

    + Le "festival off" de BD à venir, qui a lieu chaque année en marge du festival de BD d'Angoulême, réunissant quelques éditeurs et dessinateurs de BD underground (un concours de fanzines BD est organisé dans ce cadre) est annulé car ses organisateurs disent manquer d'argent et de temps.

    + Le Musée d'art et d'histoire de Meudon propose une exposition sur le caricaturiste Moisan (1907-1987), pilier du "Canard enchaîné" ; étant donné que Moisan avait fait de la satire de de Gaulle son cheval de bataille, il faudra peut-être expliquer aux collégiens et lycéens qui visitent l'exposition en quoi l'histoire diffère du "roman national" qui leur est enseigné à l'école. Le cas de Gaulle est, si ce n'est unique, du moins exemplaire, car il n'aura fallu que quelques années pour transformer de Gaulle en figure légendaire en gommant toutes les aspérités de son règne.

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    Caricature par Moisan de l'écrivain François Mauriac, auteur d'un "Bloc-note" glorifiant de Gaulle.

    + Le centenaire du "Canard enchaîné" est aussi célébré à travers un album de BD signé Didier Convard et Philippe Magnat, qui raconte l'histoire du fameux hebdo, "né dans la boue des tranchées". On note que la guerre est parfois l'occasion d'une prise de conscience de la part de soldats issus de milieux populaires, élevés dans le culte de la République, et le point de départ d'une oeuvre satirique (Cabu et la guerre d'Algérie ; Céline et la guerre de 14-18, Galtier-Boissière/"Le Crapouillot" et la guerre de 14-18).

    + Ci-dessous, illustration de Manfred Deix, caricaturiste autrichien décédé au début de l'été 2016 : "Ich zeichne, ich rauche, ich saufe" ("Je dessine, je fume, je picole"). Comme son confrère montmartrois Steinlein, Deix collectionnait les chats.

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  • Revue de presse BD (188)

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    Croquis de Bruxelles avant les attentats, par Placid.

    + "Qu'est-ce que c'est barbare le langage juridique !" (Placid dixit) ; peintre et dessinateur de presse, ledit Placid s'est vu condamné à une amende de 500 euros en 2007 pour avoir représenté un policier avec des traits porcins en couverture d'une brochure (plainte déposée par le ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant). Via son blog, Placid publie ses croquis très expressifs de Paris ou d'ailleurs, dans différentes techniques (feutres, crayon graphite).

    + Il y a trente ans, l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine jetait un froid dans toute l'Europe, si confiante dans sa technologie au sortir des "Trente glorieuses". Comme le reportage BD est à la mode, la chaîne de TV "Arte" a envoyé Nicolas Wild accompagner une équipe de télé dans la "zone d'exclusion" autour de la centrale, périmètre où il ne fait pas "bon vivre", dit-on, mais qui suscite bien des fantasmes. Etant donné que la pollution chimique est presque omniprésente désormais, certains prétendent que la zone d'exclusion n'est pas le pire endroit où vivre.

    N. Wild s'en sort en éludant le sujet technique, un peu trop pointu, et qui semble dépasser les spécialistes de la physique nucléaire eux-mêmes, tout comme l'économie échappe aux économistes. Notre reporter BD préfère évoquer plutôt les retombées de la catastrophe sur le plan artistique ou littéraire. Il est étonné d'apprendre par les artistes locaux, moins ignorants de la Bible que leurs confrères de l'Ouest, que "Tchernobyl" se traduit par "absinthe", ce qui permet à certains de relier la catastrophe au passage de l'apocalypse suivant : "(...) et le troisième ange sonna de la trompette; et il tomba du ciel une grande étoile, ardente comme une torche, et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. Le nom de cette étoile est Absinthe; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent de ces eaux, parce qu'elles étaient devenues amères." (ap. chap. VIII) (absinthe = poison dans le langage biblique ; l'apocalypse énumère une succession de fléaux comparables aux fléaux qui frappèrent l'Egypte dans l'Ancien testament attribué à Moïse).

    La culture technocratique "prométhéenne" émancipe l'homme de dieu et/ou de la nature, d'une manière assez superficielle pour que tel ou tel cataclysme extraordinaire l'y ramène subitement. Comme la catastrophe de Tchernobyl est la conséquence d'une défaillance humaine, que le KGB et les services secrets des différentes nations impliquées tentèrent de dissimuler ou de minimiser, elle entraîne naturellement un regain de confiance dans les discours traditionnels "religieux", notamment dans les plus jeunes générations. Un tel "retour en arrière" n'a rien d'étonnant dans la mesure où la confiance en l'avenir, nécessaire au maintien de l'ordre prométhéen, cette confiance était elle-même une forme de superstition, déguisée en science-fiction, quoi qu'il en soit étrangère à l'esprit critique.

    + "Il est prouvé aujourd’hui que la bande dessinée est l’un des médias les plus puissants pour transmettre une idéologie (ce n’est pas pour rien que l’armée américaine l’a utilisé et l’utilise encore)" : le blog confessionnel musulman le-BD-Ouin.com tient à mettre en garde ses lecteurs contre la lecture des aventures des super-héros américains dans un article assez bien documenté intitulé : "Le danger des super-héros pour la jeunesse musulmane". Certains arguments sont néanmoins paradoxaux : si on comprend qu'un musulman mette en garde contre un discours néo-païen explicite, véhiculé par certains "comics" dont les références sont analogues à celles de la culture nazie, en revanche il est plus étonnant de le voir condamner d'autres super-héros (Superman en premier lieu), dont il démontre que les auteurs ont truffé le scénario de références bibliques [?]. Il faut rappeler ici que la Bible est en grande partie elle-même un texte d'ordre mythologique, et non un récit bâti suivant les règles de la fiction moderne.

    Un argument est néanmoins imparable : la propagande moderne est comparable à l'idolâtrie, susceptible par conséquent de déclencher le fanatisme ; on a pu voir dans des reportages télévisés des soldats américains monter à l'assaut en Irak, ivres de sang, écoutant de la musique "heavy metal" pour attiser leur haine et s'encourager. L'Etat américain, en principe de confession "judéo-chrétienne", ferme les yeux sur ces rituels militaires sataniques, ainsi que sur les tortures à base de sévices sexuels ; l'Etat français, en principe anticonfessionnel, ferme les yeux sur les pratiques confessionnelles d'une partie des troupes affectées à sa défense.

    + Après-demain, samedi 30 avril, se tiendra au "Petit Ney" (Paris XVIIIe) le forum du fanzine, qui propose plusieurs "ateliers" destinés à populariser ce type de publications "modestes". Programme complet sur le site des organisateurs.

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    Croquis de N. Wild effectué dans la zone d'exclusion autour de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl.