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comics - Page 3

  • Strip Lola

    Le strip hebdomadaire de Lola dans Zébra (par Aurélie Dekeyser) :

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  • Strip Lola

    Un nouveau strip de Lola, en noir et blanc cette semaine, pour s'adapter au fanzine n°7 présenté au concours d'Angoulême...

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  • Lola remet ça !

    Un deuxième strip de Lola cette semaine dans Zébra (par Aurélie Dekeyser) :

    APPART' A PARIS

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    Le blog des strips de Lola est en compétition au concours Jeunes Talents organisé par le festival d'Angoulême 2014 ; avec la participation du public. + d'infos bientôt...


  • BD Lola

    Cette semaine, Lola est de retour dans un nouveau format... (par Aurélie Dekeyser)

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  • Spirou par Chaland***

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    De telles méthodes ont permis aux auteurs et dessinateurs de BD de bénéficier d’un minimum de respect en Europe, tandis que la production de comics américains ou de mangas japonais fut au contraire complètement assimilée à la culture de masse, et ainsi méprisée.

    Des personnalités telles que Joseph Gillain, André Franquin ou Maurice de Bevère (Morris) ont pu s’affirmer dans un contexte de semi-liberté créative, se jouant parfois du cahier des charges qui leur était imposé; ce contexte fut même moins pesant que le dirigisme culturel typiquement français, qui après-guerre a contribué à ouvrir un boulevard à l’industrie du divertissement primaire.

    La récente reconnaissance officielle de la BD comme un art à part entière ne signifie d'ailleurs pas tant le progrès de la BD, dont tel ou tel cherchera à s’attribuer le mérite, que l’échec retentissant des politiques culturelles menées au cours des cinquante dernières années.

    Nous avons déjà recommandé dans «Zébra» un documentaire-BD dédié à Jean-Claude Fournier, repreneur de la série emblématique de Dupuis; celui-ci éclaire les conditions économiques de cette production littéraire destinée aux enfants. On aborde plus directement avec Yves Chaland une autre particularité, à savoir l’ambiguïté de la culture belge francophone sur laquelle cette BD a poussé; on peut presque parler de schizophrénie, dans la mesure où sont amalgamées des valeurs patrimoniales traditionnelles, quasiment «nietzschéennes», avec un «judéo-christianisme» en principe aux antipodes de ces valeurs conservatrices. Semblable syncrétisme bizarre se retrouve dans le mouvement boy-scout, autre spécialité belge indissociable. Si le pagano-christianisme n’est pas l’apanage exclusif de la Belgique, en revanche sa mutation belge en culture enfantine ou adolescente hétérosexuelle est assez originale et renforce son ésotérisme.

    Or Y. Chaland, n’étant pas Belge mais Français, a mieux perçu cette bizarrerie culturelle de l’extérieur. Il n’est sans doute pas le premier à la remarquer, mais son travail est d’un mimétisme et d’une rigueur étonnantes sur le plan technique, où un phénomène comparable à la piété filiale est presque décelable ; sur le plan technique seulement, car par ailleurs Chaland s’élève au niveau du pastiche et ouvre la voie à la subversion des codes de la BD belge.

    José-Louis Bocquet, auteur de cette petite étude, «Spirou par Y. Chaland», note très bien le caractère paradoxal de pastiche respectueux du travail de Chaland, ainsi que le malaise qu’il provoqua chez les «fans» de «Spirou & Fantasio», aussi bien qu’au sein de la maison Dupuis où une telle dérision n’était pas de mise.

    Cette façon de dynamiter les codes de l’intérieur est la plus efficace, selon l’intention plus ou moins délibérée du pasticheur. Ainsi, quelques pages de pastiche suffisent au critique littéraire Paul Reboux pour faire ressortir le sadisme pédérastique sous-jacent des ouvrages de la Comtesse de Ségur, mieux qu’une longue et fastidieuse étude théorique de Michel Tournier menant à la même conclusion.

    Et Chaland ne se limite pas à Spirou & Fantasio, série dont on apprend par Jean-Claude Fournier qu’elle était considérée par Franquin comme un travail alimentaire excessivement contraignant. Le travail de pastiche de Chaland atteint le maximum de la subversion dans «Le jeune Albert», ou encore une biographie de Jijé parue dans «Métal Hurlant».

    Il est intéressant d’observer que le travail de Picasso traduit la même démarche paradoxale. Elle peut se comprendre en effet comme un travail de pastiche ou de critique picturale, ironie comprise dans de nombreux cas. Sa science du dessin permet à Picasso de subvertir la peinture classique de l’intérieur, avec une efficacité inégalée. Le profanateur a été élevé dans le temple.

    La part du pastiche est essentielle dans la contre-culture, et la contre-culture dans le mouvement de l'art moderne. Bien que le mouvement soit présenté officiellement comme un progrès ou un renouvellement, il consiste largement dans une illusion de type alchimique ("rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme"). L’art de Chaland illustre ce phénomène à l’intérieur d’une culture plus marginale et circonscrite.

    A titre d'exemple, de nombreux croquis préparatoires et un épisode de "Spirou & Fantasio" par Chaland sont reproduits au regard des propos de J.-L. Bocquet.

     

    Spirou par Y. Chaland, José-Louis Bocquet, Dupuis, automne 2013.

  • Strip Lola

    Le strip hebdo de Lola, dans Zébra :

    La Rentrée

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  • Mon ami Dahmer***

    Les monstres ont le don de fasciner. Cette fascination touche tous les milieux sociaux. Non seulement webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,kritik,critique,backderf,mon ami dahmer,jeffrey dahmer,cannibale de milwaukee,psychiatrie,sociopathe,nietzsche,profiler,bourgoin,ça et làla presse dite « de caniveau » et le cinéma n’hésitent pas à faire leur miel des affaires criminelles les plus sordides, exploitant ainsi l’érotisme de la violence, mais aussi, dans des milieux plus raffinés, des ouvrages plus ou moins érudits véhiculent la passion pour les grands monstres de l’histoire: Napoléon, Staline, le marquis de Sade, etc., qui ont dominé la société de leur temps en violant ses codes (Précisons tout de même que les meurtres réels du marquis de Sade ont été accomplis dans le cadre légal, militaire, et que sur le plan civil il n’a commis qu’un attentat à la pudeur sur la personne d’une prostituée, lourdement sanctionné. L’activité de tortionnaire de Sade relève du fantasme sexuel, excité probablement par la frustration due à un long embastillement.)

    Les monstres historiques sont blanchis par la démonstration de leur fécondité politique (démonstration fallacieuse dans le cas de Napoléon, par exemple) ; mais on pourrait aussi déduire, concernant l’assassin «de droit commun», une forme d'utilité, sur le plan moral ; il fait figure de repoussoir ou de démon.

    Le point de vue social moderne présente donc ce paradoxe de définir une norme et des limites en principe infranchissables, tout en cautionnant une culture largement fondée sur la fascination macabre de personnages capables de s’affranchir des lois auxquelles le commun des mortels se soumet – des «surhommes» en quelque sorte, non pas au sens donné par Nietzsche à ce terme, mais au sens moderne. Il paraît intéressant de noter ici que le point de vue moderne tend nécessairement à considérer la morale de Nietzsche comme celle d’un sociopathe, c’est-à-dire d’un aliéné si l’on se réfère aux dernières nomenclatures psychiatriques, ce qui explique que le satanisme de Nietzsche n’est pas pris au sérieux par les analystes, et que les études savantes de son œuvre ont souvent un aspect clinique.

    Tel est le cas de cette bande-dessinée de l’américain Derf Backderf, qui traite du cas de Jeffrey Dahmer (1960-1994), surnommé «le cannibale de Milwaukee» pour avoir assassiné près d’une vingtaine d’hommes en leur faisant subir un certain nombre de sévices ante et post-mortem. Derf Backderf évite de tomber au niveau du «porno-chic» à la manière de David Lynch ou Quentin Tarantino, pour tenter, si ce n’est de comprendre, du moins de décrire froidement la dérive de J. Dahmer. Pas d’usage cynique de la part de Backderf d’une imagerie érotico-sadique du type de celle qui attire les voyeurs comme une flaque de sang attire les mouches ; le succès de cette BD, traduite en français et préfacée par l’inévitable «profiler» S. Bourgoin, tient à ce que l’auteur fut un condisciple du tueur en série, ignorant l’appétit meurtrier de son pote de lycée, dont l’alcoolisme précoce et invétéré lui avait paru banal, et qui ne découvrit son activité meurtrière que lorsque Dahmer finit par être appréhendé tardivement par la police.

    Les épisodes de violence meurtrière qui éclatent assez régulièrement sur les campus américains expliquent sans doute aussi le succès de « Mon ami Dahmer », vu le déni de responsabilité des autorités politiques et morales face à ces événements ; un déni de responsabilité qui passe par la mise en cause hypocrite du commerce des armes à feu, qui reviendrait à peu près à inculper les automobiles dans le cas de la violence de la routière. Backderf tranche quelque peu avec cette tartufferie. Sans doute d’abord parce qu’il se sent coupable de n’avoir rien fait pour essayer de soulager Dahmer des affres préliminaires à son passage à l’acte. Mais le cadre bucolique où se déroula leur enfance et leur adolescence lui paraissait complètement à l'opposé du faubourg sinistre où évolua Jack l’Eventreur. Jeffrey Dahmer avait bien une mère épileptique, et les rapports entre ses parents étaient conflictuels, mais l’auteur note que les cas de mères au foyer dépressives étaient nombreux dans les années soixante-dix.

    Backderf se dédouane en arguant qu’il n’était alors qu’un lycéen lambda, préoccupé surtout par les filles et somme toute trop jeune et imbécile pour se douter de quoi que ce soit, ou pouvoir rompre l’isolement de Dahmer et l’aider à vaincre ses démons. Certaines habitudes et comportements burlesques de Dahmer en faisaient une sorte de mascotte, avec un fan-club dans son bahut, présidé par Backderf. Cette forme d’intérêt malsain pour sa personne ne déplaisait pas à Dahmer, comme il était le seul intérêt qu’on lui manifestait. Backderf est moins indulgent avec le système scolaire, qu’il accuse de laxisme pour n’avoir pas décelé l’alcoolisme de l’élève Dahmer, manifeste pour tout le monde sauf ses parents et le corps enseignant. L’auteur pose cette question, en forme d’accusation : - Mais où étaient les adultes ?

    Jeffrey Damer a fini tabassé à mort en prison, où règne sans doute la justice la plus naturelle. Un psy un peu plus subtil que la moyenne indique qu’on peut peut-être soigner les troubles mentaux, dans certains cas, mais non les guérir complètement, le problème de la condition humaine demeurant insoluble par l’abord psychiatrique. La société fournit des moyens plus ou moins utiles pour vivre, mais non de but véritable ; cela peut contribuer à rendre certains ados plus exigeants «sociopathes».

    Mon ami Dahmer, Derf Backderf, éd. "ça et là", 2013.