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  • Revue de presse BD (242)

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    Portrait d'A. Moore par Rebecca Clarke.

    + "De nos jours, il n’y a plus que des romans graphiques, des livres pour table à café. C’est l’une des raisons pour lesquelles je me retire de la bande-dessinée."

    Le scénariste de BD Alan Moore dénonce l'embourgeoisement de la BD dans une interview donnée au "Point" (25 août), hebdo prisé par les cadres commerciaux.

    "La bande-dessinée s'est embourgeoisée. Maintenant, on parle de roman graphique – une invention d'un département de marketing quelconque. La raison pour laquelle j'aimais les bandes-dessinées est qu'elles parlaient à tout le monde, par-delà les classes sociales. Elles ne remplissent plus cette fonction désormais."

    Il vaudrait mieux parler à propos du roman graphique d'intellectualisme, car de manière générale la BD est, comme le cinéma, un art bourgeois, produit par des magnats de la presse en conformité avec les intérêts de la bourgeoisie industrielle. Ce n'est qu'à titre exceptionnel que la BD échappe à ce cahier des charges : "Hara-Kiri" en France, les fanzines de R. Crumb aux Etats-Unis, etc.

    Le "roman graphique" est une appellation qui contribue à la gentrification culturelle de la BD, opération à travers laquelle les élites bourgeoises s'efforcent de mettre en valeur leur patrimoine culturel. Sur ce point A. Moore n'a pas tort.

    + Les gouvernements changent, la démagogie continue ; la nouvelle ministre de la Culture Françoise Nyssen, à peine nommée, s'est empressée de faire l'apologie des jeux vidéos comme ses prédécesseurs ; il faut dire que l'industrie des jeux vidéos est des plus lucratives. Les bibliothèques municipales cèdent elles aussi à la mode qui consiste à installer des "postes de jeu" et organiser des tournois de jeux vidéos ; de l'adage ancien qui signale que les peuples intelligents sont difficiles à gouverner, on peut en forger un autre : "Les crétins décérébrés font les électeurs les plus dociles."

    Comme "dieu" sert à certains fanatiques à justifier tout et n'importe quoi, la "culture" est devenue un argument massue en Occident, une méthode pour étouffer l'esprit critique, au profit de la culture de masse. Le divorce est d'ailleurs consommé entre les élites contemporaines et les philosophes des Lumières qui fustigeaient les spectacles divertissants comme un frein à l'émancipation du peuple.

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    Strip extrait du blog de Xavier Gorce.

    + Le romancier naturaliste J.-K. Huysmans (1848-1907) ("Là-bas", "A Rebours"...), émule de Zola avant de se convertir au catholicisme, fut aussi critique d'art (Huysmans descendait d'une famille de peintres flamands).

    Dans "Certains", recueil de portraits d'artistes, Huysmans décrit le caricaturiste Forain : "(...) M. Forain a voulu faire ce que le Guys [Constantin], révélé par Baudelaire, avait fait pour son époque : peindre la femme où qu'elle s'affirme, dans les lieux où elle travaille (...).

    A coup sûr, personne n'a mieux que lui, dans d'inoubliables aquarelles, décrit la fille ; personne n'a mieux rendu les tépides amorces de ses yeux vides, l'embûche polie de son sourire, l'émoi parfumé de ses seins, le glorieux dodinage de son chignon trempé dans les eaux oxygénées et les potasses ; personne, enfin, n'a plus justement exprimé la délicieuse horreur de son masque rosse, ses élégances vengeresses des famines subies, ses dèches voilées sous la gaieté des falbalas et l'éclat des fards.

    En sus de ses qualités d'observation aiguë, de son dessin délibéré, rapide, concisant l'ensemble, avivant le soupçon, forant d'un trait jusqu'aux dessous, il a apporté, en art, la sagace ironie d'un Parisien narquois.

    C'est grâce, sans doute, à cette orientation d'un esprit net et blagueur, très élagué de toute chimère, qu'il dut d'avoir trouvé, pour les dessins des journaux où il logeait, d'audacieuses légendes, parfois cruelles, souvent même presque comminatoires pour les ridicules gredineries de ces temps fous."

    A l'instar de Baudelaire (et de nombreux romanciers du XIXe siècle), un des thèmes favoris de Huysmans est le satanisme ; il faut dire que le "grand Pan" est souvent tenu pour le dieu des artistes. Sur le sujet relativement confus du satanisme et de Huysmans, dont il est fin connaisseur, François Angelier (!) a donné une conférence assez claire à la librairie "Le Monte-en-l'air" - conférence enregistrée ici.

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    Petite danseuse et son souteneur, par Forain, qui mettait plus de satire et moins d'esthétique dans ses peintures que son ami E. Degas.

  • Le Chant du Cygne (3)

    Petit feuilleton historique estival

    Résurrection de Grünewald

    A travers son Journal, le peintre belge Henry de Groux (1866-1930) est un témoin de premier plan, quoique méconnu, de l'art de son temps.

    Praticien exigeant, admirateur d'Eugène Delacroix comme Baudelaire, de Groux se montre le plus souvent sévère avec ses contemporains. Son engagement total au service de l'art et son amitié avec le pamphlétaire Léon Bloy le tiendront à l'écart des circuits officiels de l'art ; l'artiste belge, à demi-marginal, parviendra non sans difficultés à vivre de sa peinture.

    Extrait de son Journal (Eds Kimé) :

    27 Septembre (1902) : Grünewald. N'est-ce pas un des phénomènes les plus singuliers d'éclipse devant la  webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,henry de groux,mathias grünewald,aschenbourg,isenheim,huysmans,holbein,dürer,lucas cranach,journal,léon bloy,kimépostérité et l'ascendant de gloires ambiantes, que l'histoire de ce Mathias Grünewald disparaissant de la vie artistique de son pays pendant environ deux siècles pour augmenter de l'appoint, d'ailleurs si hétéroclite, de son oeuvre, la gloire, si grande qu'elle fut déjà, de contemporains tels que Holbein, Lucas Cranach et Dürer ?

    N'est-ce pas un prodige tout à fait déconcertant qu'un génie aussi fort, aussi original et aussi voyant qu'était celui de Grünewald ait pu voir la presque totalité de son oeuvre changer graduellement et, tout à coup, formellement et totalement d'attribution pendant l'immense période de plusieurs générations et au point d'avoir failli en perdre, pour jamais peut-être, la paternité alors qu'elles n'avaient avec celles de ces devanciers que les quelques signes indéniables de l'origine teutonne commune bien que plus affirmés en elles, qu'en toutes autres.

    A jamais ? Non pourtant : l'originalité si criante, la différence essentielle de ces oeuvres avec celles de Dürer et d'Holbein par exemple, tôt ou tard, devait produire la protestation et la révélation définitive d'un Joris-Karl Huysmans, d'un Emile Verhaeren et restituer à ce séquestré jusqu'à son nom véritable si digne d'être illustre à côté des plus illustres.

    Mathias d'Aschaffenburg ou Mathias von Aschenburg devait, d'avatar en avatar nominaux, en revenir finalement à son nom primitif, désormais invariable de Mathias Grünewald, aujourd'hui si justement glorifié.

    [A peine une trentaine de dessins de Mathias Grünewald (1480-1528) ont été conservés, la plupart d'entre eux étant des études préparatoires. Ci-contre, une tête-qui-rit.

    Grünewald est passé à la postérité grâce au fameux retable d'Isenheim.

    - Ci-dessous : Trois soldats par le jeune A. Dürer (1489), et un faune dessiné par L. Cranach.]

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