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hebdomadaire - Page 23

  • Revue de presse BD (346)

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    Caricature signée Sanaga pour "Zélium" qui illustre que la bande dessinée est un art séquentiel avec des wagons de 1re, 2e et 3e classe.

    + Les bons résultats des ventes masquent le dépérissement de la bande dessinée "franco-belge" ; son manque d'inventivité est flagrant si l'on considère qu'elle est devenue un "marché de la nostalgie", reposant surtout sur la réédition de vieilles bandes. Les canards continuent de courir encore après qu'on leur a coupé la tête.

    Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la bande dessinée "entre au musée" au moment même où elle se meurt.

    Face aux revendications de leurs employés, victimes de méthodes de "dumping social", la défense des éditeurs n'est-elle pas de dire, comme Vincent Montagne leur représentant dans "Les Echos" (4 février) : - Nous n'y pouvons rien car nous sommes des incapables. De fait lorsqu'on organise la surproduction qui finit par vous mettre sur la paille, "incapable" est un doux euphémisme.

    Cette faillite de la bande dessinée belge aurait réjoui François Cavanna, qui fustigeait (avec Cabu) l'infantilisation du public et des auteurs par la bande dessinée.

    On aurait tort de prendre la politique pour un remède à cette infantilisation : l'adéquation entre la démocratie libérale américaine et la culture des super-héros indique que la politique elle-même est devenue une forme de divertissement, que le jeu politique s'est substitué à l'action politique.

    On reproche à tort à Donald Trump d'être un guignol, à Barack Obama avant lui d'avoir fait le contraire de ce qu'il avait promis (la paix) ; ils n'ont fait que se plier avec une aisance particulière au jeu politique, interpréter le rôle de super-héros exigé d'eux. E. Macron fait de même.

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    + "Benalla & Moi", par Ariane Chemin, François Krug et Julien Solé est une BD "politique" qui, comme la politique actuelle, n'a pas grand intérêt.

    Alexandre Benalla est à Emmanuel Macron ce que le capitaine Haddock est à Tintin. D'abord parce qu'il met un peu de piment dans le scénario ; ensuite parce qu'il y a du paternalisme de la part de Benalla vis-à-vis de son protégé à la houppe.

    Contrairement aux débordements du capitaine Haddock qui indiquent un tempérament masochiste, les incartades d'A. Benalla sont plus sadiques ; quoi qu'il en soit ces débordements font le sel du personnage qui font contraste avec E. Macron, trop poli et trop bien manucuré pour faire un héros de BD crédible.

    La vie est trop courte pour lire des BD politiques.

  • Revue de presse BD (345)

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    Le personnage de Blueberry réinterprété par C. Blain dans les pages de "Ouest-France".

    + La reprise de la série "Blueberry" par Christophe Blain et Joan Sfar ne va pas faire taire les mauvaises langues qui disent que la bande-dessinée vise un public d'ados attardés, "masturbateurs compulsifs" ajoutent les psys après avoir noté que Blueberry tripote trente-six fois son "colt" dans un album. 

    Ce qui rachète un peu la conduite de Christophe Blain, c'est cette interview donnée à "Ouest-France" (28 janvier) qui prouve qu'il n'a jamais lu un album de la série. Il n'hésite pas à déclarer en effet que le personnage de Blueberry est "moralement inattaquable" (sic) ; alors que toute l'astuce du père de Blueberry, le scénariste Jean-Michel Charlier, fut d'inventer un héros de bande dessinée qui soit un "mauvais garçon", sur le modèle de J.-P. Belmondo, débordant ainsi sur le lectorat féminin.

    On a du mal à comprendre pourquoi l'éditeur (Dargaud) n'a pas confié plutôt cette reprise de Blueberry à Eric Zemmour, qui est une sorte de cow-boy solitaire en costume de journaliste qui prend un malin plaisir à flinguer son prochain. Sans doute parce que les éditeurs - c'est bien connu - n'ont pas de couilles.

    Ici il faut dire que les westerns qui prennent fait et cause pour les Apaches et autres Amérindiens sont les plus "réacs", car la modernité est bien sûr du côté de l'envahisseur blanc et ses armes automatiques.

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    Caricature par Cambon.

    + Quand un haut fonctionnaire nommé Racine pond un rapport sur la condition des artistes-auteurs intitulé : "L'Auteur et l'Acte de création", on est tenté de répliquer :

    - Ah, qu'en termes galants ces choses-là sont dites !

    La publication de ce rapport coïncide avec la visite prochaine d'Emmanuel Macron au Festival d'Angoulême, accompagné de son fidèle ministre de l'Education nationale ; au Salon de l'Agriculture, la coutume veut qu'on flatte les vaches en leur tâtant le cul ; au Salon de la Culture d'Angoulême, on distribue des médailles et des prix aux autrices.

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    Autoportrait (présumé) du Greco en apôtre Paul.

    + Bien qu'il ait la bouche pleine de néologismes pédants, le commissaire de l'exposition Greco installée au Grand Palais, Guillaume Kientz, explique bien au cours d'un entretien sur "France-Culture" pourquoi on peut qualifier Greco de peintre "naturaliste". Il l'est même plus que les peintres de paysages du XIXe siècle, dont le rapport à la nature sera plus personnel.

    Le commissaire souligne aussi un paradoxe : la gamme de couleurs si particulière du Greco, devant laquelle se sont pâmés bon nombre de littérateurs modernes, doit beaucoup à la peinture de Michel-Ange... réputé surtout pour sa maîtrise renversante du dessin.

    La question de savoir si Greco avait la foi est anachronique. Plus intéressante la question de la propagande. On sait le rôle de l'art dans la propagation de la doctrine catholique, qui préfigure l'usage du cinéma par les régimes totalitaires du XIXe siècle.

    A cet usage s'oppose l'iconoclasme d'Eglises chrétiennes dissidentes, s'appuyant sur l'interdit juif biblique de représenter Dieu, interdit censé contrecarrer le penchant naturel de l'homme à l'idolâtrie.

    La caricature trouve sa place dans cette histoire puisque les partisans de Luther en firent un usage précoce et systématique contre l'Eglise romaine et sa propagande par l'art.

    Pour ces raisons, et pas mal d'autres encore, le concept de "modernité" est un concept fragile, plus religieux que scientifique.

  • Revue de presse BD (344)

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    Calvaire du Christ par le Greco.

    + Peut-on admirer les oeuvres du Greco exposées au Grand Palais (jusqu'au 10 février) sans culture biblique ? Sans doute puisque Domenikos Theotokopoulos, alias le Greco (1541-1614), n'est pas moins fameux en raison de ses qualités plastiques que de ses représentations de scènes de la vie de Jésus et ses apôtres.

    La réponse serait moins nette en ce qui concerne Rembrandt ou d'autres peintres particulièrement attachés à rendre la foi chrétienne intelligible à travers leurs oeuvres. Un double portrait des apôtres Pierre et Paul trahit peut-être l'origine grecque du peintre, car il suggère la soumission de Pierre à Paul, armé d'une impressionnante "épée de la foi".

    Le Greco a été propulsé assez récemment au rang des grands peintres par ses admirateurs, parmi lesquels on compte Th. Gautier, M. Barrès, Picasso, Cocteau, Elie Faure, ou encore le cinéaste S. Eisenstein. L'originalité de sa gamme de couleurs, mais aussi de ses compositions, ont été prises pour des signes de génie. Il émane aussi de la peinture du Greco une grande vitalité due à la leçon de dessin prise chez Michel-Ange. Avec une connotation positive, le Greco est parfois qualifié de "fantasque" ; il faut minimiser ce caractère, qui tient en partie à l'évolution technique du Greco, peintre d'icône converti à la grande peinture italienne, installé à Tolède et réputé au-delà.

    Eisenstein s'appuie en partie sur la méthode de composition du Greco, qui propose parfois plusieurs angles de vue dans un même tableau, pour bâtir une thèse selon laquelle l'art occidental converge vers le... cinéma ; cette thèse, qui pourrait inclure la bande dessinée, est typiquement technocratique puisqu'elle ne prend en compte que la dimension technique de l'art ; de plus les artistes, y compris les plus modernes, se tournent souvent vers des solutions techniques archaïques ou antiques. Le cinéma est en réalité proche de l'académisme, lié à la virtuosité technique.

    On peut sans doute admirer Le Greco sans culture biblique, mais pas comprendre les débats et les querelles parfois violentes qui agitent l'art occidental depuis plusieurs siècles sans cette culture.

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    + Les auteurs de BD feront symboliquement grève le 31 janvier lors du festival d'Angoulême ; ils entendent ainsi protester contre les méthodes de "dumping social" mises en oeuvre par les gros éditeurs de BD depuis une quarantaine d'années.

    Il y a fort à parier que cette grève n'aura pas le même impact que celle du métro parisien. Cette corporation est en effet très peu solidaire, en dépit de quelques slogans communs.

    Au point où ils en sont, certains auteurs de BD échangeraient bien leur statut "d'artistes" contre des fins de mois moins difficiles.

    Parmi les revendications des syndicalistes, l'étonnante réclamation d'une taxe "Victor Hugo" sur les oeuvres tombées dans le domaine public afin de favoriser la "création vivante". On confond ici procréation et création artistique : il ne suffit pas d'être en vie pour produire une oeuvre vivante et il y a des tas d'artistes morts dont l'oeuvre vit encore.

  • Revue de presse BD (343)

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    + "Charlie-Hebdo" est-il en train de devenir une religion ? Cinq ans après l'assassinat d'une partie de sa rédaction par les frères Kouachi, on peut se le demander vu l'emploi récurrent dans les journaux de l'expression "martyrs de la liberté d'expression" pour parler des victimes, quand Cabu et ses confrères ne sont pas carrément comparés à des "fantassins".

    Le dessin ci-dessus par Clément Baloup, pourtant paru dans un album en forme d'hommage ("La BD est Charlie", Glénat, 2015), est presque devenu blasphématoire entre-temps.

    Ce dessin a le mérite de rappeler que l'assimilation de "Charlie-Hebdo" à la "libération sexuelle", ruse libérale grossière (éventée par A. Huxley ou W. Benjamin), fut le moyen principal de sa récupération politicienne, plus largement appliquée à "Mai 68".

    + Dans une interview donnée à "20-Minutes" (quotidien gratuit typique de l'évolution de la presse) le caricaturiste Jean-Michel Delambre se prévaut de son amitié avec Cabu et Tignous pour dire tout et surtout n'importe quoi à propos de "Charlie-Hebdo".

    Parmi les pépites, ce : "Je suis devenu plus intolérant avec les intolérants" vaut son pesant d'ostracisme.

    Une interview ubuesque puisque dans un article censé faire l'apologie de la liberté d'expression et de "Charlie-Hebdo", ce caricaturiste employé par LCI accomplit le tour de force de justifier la censure par le "New-York-Times" d'un dessin (assimilant Israël à la politique de son président).

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    Le dernier album de Catherine Meurisse, consacré au peintre E. Delacroix.

    + Pour faire bonne mesure, la caricaturiste et bédéaste Catherine Meurisse vient d'être admise à l'Académie des Beaux-Arts. L'illustratrice niortaise avait été recrutée par Philippe Val à "Charlie-Hebdo" dans un souci de parité, selon son ancien rédacteur en chef.

    Etre enterrée de son vivant après avoir échappé de justesse à un attentat, on peut dire que Catherine Meurisse n'a pas eu de la chance deux fois.

  • Revue de presse BD (342)

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    Clocher de N.-D. en Vaux, par Cabu, tiré de ses archives.

    + "Fin 2018, Châlons a inauguré dans un joli bâtiment du XVIIIe siècle jouxtant la médiathèque une Duduchothèque, espace d'exposition, mais aussi de recherche et de rencontre (...)" : Gilles Renault dans "Libération" (4-5 janvier) relate comment la ville de Châlons-en-Champagne, sous la houlette d'un maire sarkozyste, s'efforce de mettre en valeur Cabu, gloire locale ; comme quoi les questions de "patrimoine" ont le don de réconcilier gauche et droite...

    Ce papier évoque aussi la passion de Cabu -passion pas spécialement "de gauche"-, pour les vieilles pierres. Les Châlonais étaient bien "cons" pensait Cabu, d'avoir laissé démolir leurs vieilles bâtisses et leurs vieilles rues pleines de charme. Idem en ce qui concerne Paris, dont il était tombé amoureux ; Cabu en voulait à J. Chirac d'avoir livré la cité aux philistins du BTP et leur architecture indéfinie.

    Mais, comme on peut apprécier les caricatures de L.-F. Céline sans être antisémite, on peut apprécier Cabu tout en ne partageant aucune de ses idées politiques, écologistes, de gauche ou libérales (pro-Obama).

    La force de Céline et Cabu fut d'être des auteurs satiriques, inclassables politiquement à ce titre ; leur faiblesse fut d'avoir des idées politiques, qui heureusement ne gâchèrent pas le principal.

    Gilles Renault ne peut s'empêcher de faire son devoir de curé, écrivant que Cabu et ses potes sont "tombés pour la liberté d'expression" : "Charlie" est bien plutôt tombé dans le piège de calculs politiciens qui le dépassaient. La satire a le mérite de délivrer de la pénible obligation "d'être de son temps" (maladie des régimes totalitaires).

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    + Publié par la fanzinothèque de Poitiers, "Fanzinorama" est un panorama des fanzines depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui, à travers la reproduction des Unes de quelques titres représentatifs de cette culture "underground".

    Il y eut les années "punk" (caca, têtes de mort et bibine), les années "prozines" (fanzines qui se hissent au niveau de la presse professionnelle), les années "égozines" (fanzines autobiographiques)... la dernière tendance, probablement pour des raisons techniques, est celle des fanzines "scolaires" ; l'internet a, de surcroît, complètement "siphonné" la culture underground.

    Le point commun entre "Charlie-Hebdo" et la vogue des fanzines est qu'ils sont nés d'une insatisfaction vis-à-vis de la grosse presse, qui est devenue une véritable machine de guerre., aussi froide que les "monstres froids" qu'elle représente.

  • Revue de presse BD (341)

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    Caricature par Waner.

    "Bonne année, bonne santé m'sieur-dame,

    Voilà le Nouvel An tout neuf,

    Solide comme le Pont-Neuf,

    Il va réaliser tout ce dont vous pouvez rêver.

    (...) J'connais des jules et leurs rombières,

    qui jouent les ducs et les barons,

    et qui se coiffent à coups d'soupière.

    Des qui discutent à la maison,

    Pis faut entendre l'vocabulaire,

    "Crevard  !", "Pouilleux !", "Fesse de merlan !",

    Ils gueulent comme ça l'année entière,

    Mais ils se murmurent au jour de l'An :

    Bonne année, bonne santé, Chère Anne,

    Ma coccinelle, mon gros poupou,

    Mon minet, mon loulou (...)"

    - Bourvil ironisait déjà en 1959 dans une chanson sur la politesse sucrée des voeux de bonne année.

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    + "Faut pas prendre les cons pour des gens", par Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud (ed. Fluide Glacial), égratigne le langage et les comportements "politiquement corrects", aussi bien de gauche que de droite.

    Cette bande dessinée, découpée en gags d'une ou deux planches, ironise d'emblée sur la difficulté d'étudier désormais Victor Hugo au lycée, de lire même tel ou tel extrait de son oeuvre à voix haute, sans risquer de heurter la susceptibilité de quelques élèves. Il y a pourtant des écrivains moins consensuels que Victor Hugo, qui épousa à peu près toutes les idées politiques au gré de ses intérêts.

    Le "politiquement correct" de droite protège certaines "valeurs", comme la famille ou l'argent, l'armée... Le politiquement correct de gauche protège les femmes, les homosexuels ou les minorités ethniques susceptibles de peser sur le plan électoral.

    Difficile cependant de tracer une frontière nette entre le "politiquement correct" de gauche et de droite ; le "travail" est-il une valeur de gauche ou de droite ? Bien que le travail soit idéalisé par le régime nazi ou le régime de Vichy, la critique virulente de Marx reste taboue.

    En filigrane du politiquement correct, on retrouve l'idée de langage pur, purifié des scories du parler populaire, des expressions vulgaires ou argotiques - idée bien sûr voisine de celle d'une société parfaite, caractéristique des régimes totalitaires.

    G. Orwell a imaginé l'étape suivante dans "1984" ; si le "politiquement correct" empêche avec plus ou moins d'efficacité d'exprimer des idées "nauséabondes", il n'empêche pas d'avoir des pensées déviantes.

    "Big Brother" imagine donc une manière de réprimer la pensée à l'aide d'un nouveau langage binaire, le "newspeak".

  • Revue de presse BD (340)

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    Caricature du peintre Toulouse-Lautrec en train de dessiner sur le motif.

    + L'abstraction, c'est-à-dire la part mystique ou émotionnelle de l'art, n'est pas la seule tendance "lourde" de l'art moderne. La caricature ou la satire sont une autre tendance, non moins marquée, particulièrement nette dans l'oeuvre de Toulouse-Lautrec.

    "Vitalité", le mot est sans doute juste pour parler de l'art de Lautrec, dont la vocation artistique naît à l'occasion d'une terrible maladie qui dévie le cours de son destin. Mais l'aspect caricatural ou satirique de cette oeuvre saute aussi aux yeux et ces adjectifs ne sont pourtant pas prononcés une seule fois par les commissaires de la rétrospective consacrée à l'artiste au Grand Palais (jusqu'au 27 janvier).

    Dans leur présentation, ceux-ci préfèrent insister sur le rôle pionnier de Lautrec, sous-estimé ; ou encore sur la "tendresse" de Lautrec à l'égard des femmes (?) ; une chose est sûre, au contraire de beaucoup de cinéastes Lautrec préférait peindre les actrices sans fards et d'une façon qui ne devait pas encourager leur vanité, bien qu'il a donné aussi quelques belles affiches promotionnelles. 

    - La websérie complètement débile produite par le musée, destinée sans doute à attirer un public plus jeune, en dit long sur l'ambition des autorités culturelles de "démocratiser l'art".

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    + Les éditions Arènes-BD publient une "Incroyable histoire de la littérature française", par Catherine Mory (texte) et Philippe Bercovici.

    "Incroyable", cette bande dessinée l'est en effet, puisqu'elle ne mentionne même pas Louis-Ferdinand Céline au nombre des auteurs qui ont marqué le XXe siècle, ce qui revient à oublier Picasso dans un ouvrage sur la peinture de son temps.

    Catherine Mory appartient à l'Education nationale, qui a largement censuré Céline pour des raisons un peu troubles.

    Le critique littéraire Philippe Sollers a indiqué récemment dans une émission de télé la vraie raison de la censure : non pas tant son antisémitisme que l'anticommunisme précoce et virulent de Céline. Confirme cette explication la censure dans une réédition récente de "Féérie pour une autre fois" (1952) d'un passage où Céline met en cause la pureté d'intention de certains résistants communistes montmartrois.

    On recommande plutôt les "Vies littéraires" d'Edouard Sorel, où ce caricaturiste américain prend un malin plaisir à montrer les stars de la littératures mondiales en délicate posture morale, à commencer par les donneurs de leçons.