par MARC SCHMITT
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par MARC SCHMITT
"De nos jours les gens connaissent le prix de chaque chose mais ne connaissent la valeur de rien." O. Wilde
Oscar Wilde caricaturé par M. Beerbohm
+ K. Marx note que les mathématiques (géométrie algébrique) sont la manière la plus superficielle de décrire une chose, en la mettant en rapport avec d'autres choses similaires. Ce type de raisonnement quantitatif est caractéristique de la culture moderne.
Les autorités culturelles et scolaires s'intéressent ainsi à la quantité d'enfants qui lisent et au nombre de livres qu'ils lisent, indépendamment du contenu de ces livres. C'est probablement la façon la plus aberrante qui soit de promouvoir la lecture, comme une sorte de gymnastique intellectuelle.
"Alors que le marché du livre souffre, le segment BD a progressé de 5%" indique le quotidien économique "Les Echos". On a ici une application du raisonnement quantitatif superficiel, qui consiste à parler de livres et de bande-dessinées comme de biens de consommation ordinaires. La part du divertissement dans la catégorie "bande-dessinée" est telle que cela explique peut-être cette "progression" ; or le divertissement occupe dans la culture occidentale la même place que la religion dans les cultures traditionnelles.
L'économie capitaliste fait bien sûr prévaloir le raisonnement quantitatif, mais celui-ci se répand aussi d'autres façons. En effet une autre manière d'aborder la littérature, tout aussi superficielle, consiste à l'étudier sous l'angle obtus du style. La littérature fourmille de grands stylistes (Racine, Proust), qui reflètent simplement leur époque, mais dont la portée est limitée.
+ Bon connaisseur des fanzines de BD, Maël Rannou s'est entretenu avec l'auteur de BD humoristiques Filipandré (pour le site "du9") ; actif à la fin des années 1970 au sein du fanzine "Zinc" (ci-contre), Filipandré a contribué ensuite à des titres plus professionnels, comme "Pilote" ou "Fluide-Glacial".
Internet s'est largement substitué aux fanzines qui servaient de support peu coûteux à des communautés d'amateurs réunis autour de leur passion pour la bande-dessinée ; les fanzines échappent aussi à certaines contraintes que fait peser le professionnalisme, en contrepartie d'une rémunération, ce qui explique que quelques fanzines subsistent.
+ Encore une expo Corto Maltese ! Cette fois-ci au Musée des Confluences de Lyon (jusqu'au 24 mars).
Il est exagéré de qualifier le héros de Hugo Pratt "d'antihéros". Corto Maltese possède certaines caractéristiques du héros de roman d'aventure, comme l'absence de vie sentimentale et sexuelle. Il serait plus juste de dire que Corto Maltese n'est pas pleinement engagé dans les aventures qu'il vit mais conserve toujours une certaine distance et une forme de cynisme.
H. Pratt avait fait très jeune l'expérience de la guerre, qui a le don de modérer les ardeurs des aventuriers les plus optimistes.
+ Ci-dessous un strip intraduisible signé Reyn (tiré de son blog).
+ L'éviction prématurée de l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy va priver les caricaturistes français d'une importante source d'inspiration ; ses homologues Alain Juppé ou François Fillon sont beaucoup moins pittoresques. Une nouvelle publication satirique, "Sarko-Hebdo", produite à Montpellier, avait même pris l'ancien président pour mascotte.
On ne sait pas qui, des magistrats ou des caricaturistes, a eu la peau de Nicolas Sarkozy ? Ou simplement la nécessité de renouveler les acteurs du "show" politique ? Quoi qu'il en soit, les militants de droite viennent de priver ceux de gauche d'un de leurs méchants favoris.
+ Dans le magazine "dBD" (décembre 2016), Nicolas Pagnol, petit-fils du célèbre romancier provençal, évoque les conditions dans lesquelles l'oeuvre de son grand-père est adaptée en bande-dessinée sous sa supervision :
dBd : Mais des adaptations en bandes-dessinées de "Manon des sources" et "Jean de Florette" existaient déjà chez Casterman avec Jacques Ferrandez aux manettes...
N. Pagnol : C'est exact ! J'ai même repris naturellement contact avec eux pour continuer, mais ils m'ont éconduit de manière fort cavalière. La directrice de l'époque a, du bout des lèvres, accepté l'idée de continuer mais... avec le même dessinateur. Or ce qui m'intéressait, c'était de faire du Pagnol, pas du Jacques Ferrandez. De là, ils ne m'ont jamais relancé, malgré mes courriers et mes nombreux coups de fil. La grande classe ! Fait amusant, suite au succès des albums chez Bamboo, ils se sont empressés de me rappeler. Je ne suis pas près d'y retourner... Ces grandes maisons sont devenues des usines à gaz.
+ Si nous n'étions pas en hiver, nous aurions pu croire à un poisson d'avril, car une version allemande de l'hebdomadaire "Charlie-Hebdo" devrait voir le jour prochainement. Cette traduction devrait être tirée à 200.000 exemplaires (!). Le succès en Allemagne du numéro suivant l'attentat contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique aurait motivé cette décision. L'entreprise relève néanmoins de la gageure ; l'humour n'est pas le plus facile à traduire dans une autre langue, surtout quand il fait référence à une politique locale ; il faudra aussi que "Charlie-Hebdo" s'adapte à la législation allemande en matière d'injures et de diffamation ; on sait que les procès sont une façon pour le pouvoir politique de réduire au silence des publications satiriques jugées excessivement impertinentes.
"L'Eulenspiegel" est actuellement un des rares titres de presse satirique paraissant en Alllemagne (né en RDA).
+ Dans la "Quinzaine littéraire" (16-30 novembre), Rafaël Pic rend compte de l'exposition au Petit Palais (-15 janvier) des reliques du nouvelliste et critique d'art Oscar Wilde. L'expo porte sur la biographie d'Oscar Wilde, dont les déboires judiciaires liés à son homosexualité et au procès qu'il intenta au père de son amant (et perdit) sont surtout connus.
Qui sait, par exemple, que ce dandy lettré alla tôt chercher fortune en Amérique (1882) et parvint à s'y rendre célèbre grâce à une série de 140 conférences (lui ayant rapporté 6000 dollars) ; son effigie accompagna même des réclames pour des tapis et une crème pour raffermir les seins. Mais Wilde mourra à Paris dans la dèche et l'anonymat, fabriquant un des derniers "bons mots" qui ont contribué à son renom posthume ("Je meurs au-dessus de mes moyens.")
Comme l'exposition de manuscrits lasse vite le public, R. Pic souligne que ce type d'expo est nécessairement orienté vers l'art, la politique ou le scandale.
Les deux visages du périple d'Oscar Wilde à travers les Etats-Unis - caricatures parues dans l'hebdomadaire américain "Judge".
...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque).
par Antistyle