par MARC SCHMITT
marcel pagnol
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Trait d'humour
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Revue de presse BD (379)
+ Le recueil de l'année 2020 du fanzine Zébra vient de paraître sous une magnifique couverture signée Adéka. Il vient d'être expédié au jury du concours international du fanzine qui décernera pour la quarantième fois son prix lors de la grande foire à la BD d'Angoulême.
A noter que les organisateurs de ce festival qui aurait dû se tenir à la fin du mois de janvier ont été contraints de repousser à une date ultérieure les longues séances de dédicaces, mais ont maintenu les remises de prix. Certaines bandes dessinées seront exposées dans des gares, où se masseront bientôt les voyageurs en partance pour leurs lieux de villégiature avec une obéissance inquiétante.
+ Faire croire que la France est "le pays de la liberté d'expression" n'est pas moins grave que de matraquer des manifestants qui protestent sans agressivité autre que verbale.
Même les historiens "républicains" ne cachent pas que l'âge d'or de la presse satirique remonte à la IIIe République et que le XXe siècle est une période de déclin ; Hara-Kiri lorgne largement vers le passé, tant sur la forme que sur le fond. Dans sa "Petite histoire de la caricature de presse en 40 images", Dominique Moncond'huy reconnaît : "Gageons que le recul relatif de la satire de presse [au XXe siècle, par rapport au XIXe siècle], à sa manière, constituait un signe de l'affermissement de la République elle-même." (p. 140). Et de relever que le colonialisme fut peu la cible des journaux satiriques.
Autrement dit on peut s'exprimer librement dans la République moderne... à condition de ne pas s'attaquer aux valeurs républicaines.
Si la laïcité ou la loi de séparation des Eglises et de l'Etat (décembre 1905) est une spécificité française utile en matière de liberté d'expression, comme le prétendent certains, comment se fait-il que les valeurs républicaines contemporaines diffèrent aussi peu de l'idéologie démocrate-chrétienne, américaine ou européiste, qui ne comporte pas cette spécificité laïque ?
Si les valeurs républicaines ne sont pas aussi mystiques que le Coran, que signifie cette déclaration récente du chef du gouvernement Jean Castex : - Je suis plus que jamais "Charlie" !? Etre "Charlie" est-il nécessaire pour être "républicain" ? De qui Jean Castex se paie-t-il la tête ?
"Topaze" de Marcel Pagnol illustré par Dubout.
+ Le petit-fils de Marcel Pagnol, Nicolas, a eu l'idée de restaurer la notoriété de l'oeuvre romanesque de son aïeul auprès de la jeune génération en faisant adapter intégralement cette oeuvre en bande dessinée dans la collection "Grand Angle". Un petit film promotionnel expose la méthode de ce type de production.
"Le Château de ma Mère" et "La Gloire de mon Père" fleurent bon le thym, le romarin et les valeurs laïques et républicaines d'antan, lorsque les profs avaient encore du prestige et ne craignaient pas la concurrence de BFM-TV.
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Revue de presse BD (211)
+ L'éviction prématurée de l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy va priver les caricaturistes français d'une importante source d'inspiration ; ses homologues Alain Juppé ou François Fillon sont beaucoup moins pittoresques. Une nouvelle publication satirique, "Sarko-Hebdo", produite à Montpellier, avait même pris l'ancien président pour mascotte.
On ne sait pas qui, des magistrats ou des caricaturistes, a eu la peau de Nicolas Sarkozy ? Ou simplement la nécessité de renouveler les acteurs du "show" politique ? Quoi qu'il en soit, les militants de droite viennent de priver ceux de gauche d'un de leurs méchants favoris.
+ Dans le magazine "dBD" (décembre 2016), Nicolas Pagnol, petit-fils du célèbre romancier provençal, évoque les conditions dans lesquelles l'oeuvre de son grand-père est adaptée en bande-dessinée sous sa supervision :
dBd : Mais des adaptations en bandes-dessinées de "Manon des sources" et "Jean de Florette" existaient déjà chez Casterman avec Jacques Ferrandez aux manettes...
N. Pagnol : C'est exact ! J'ai même repris naturellement contact avec eux pour continuer, mais ils m'ont éconduit de manière fort cavalière. La directrice de l'époque a, du bout des lèvres, accepté l'idée de continuer mais... avec le même dessinateur. Or ce qui m'intéressait, c'était de faire du Pagnol, pas du Jacques Ferrandez. De là, ils ne m'ont jamais relancé, malgré mes courriers et mes nombreux coups de fil. La grande classe ! Fait amusant, suite au succès des albums chez Bamboo, ils se sont empressés de me rappeler. Je ne suis pas près d'y retourner... Ces grandes maisons sont devenues des usines à gaz.
+ Si nous n'étions pas en hiver, nous aurions pu croire à un poisson d'avril, car une version allemande de l'hebdomadaire "Charlie-Hebdo" devrait voir le jour prochainement. Cette traduction devrait être tirée à 200.000 exemplaires (!). Le succès en Allemagne du numéro suivant l'attentat contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique aurait motivé cette décision. L'entreprise relève néanmoins de la gageure ; l'humour n'est pas le plus facile à traduire dans une autre langue, surtout quand il fait référence à une politique locale ; il faudra aussi que "Charlie-Hebdo" s'adapte à la législation allemande en matière d'injures et de diffamation ; on sait que les procès sont une façon pour le pouvoir politique de réduire au silence des publications satiriques jugées excessivement impertinentes.
"L'Eulenspiegel" est actuellement un des rares titres de presse satirique paraissant en Alllemagne (né en RDA).
+ Dans la "Quinzaine littéraire" (16-30 novembre), Rafaël Pic rend compte de l'exposition au Petit Palais (-15 janvier) des reliques du nouvelliste et critique d'art Oscar Wilde. L'expo porte sur la biographie d'Oscar Wilde, dont les déboires judiciaires liés à son homosexualité et au procès qu'il intenta au père de son amant (et perdit) sont surtout connus.
Qui sait, par exemple, que ce dandy lettré alla tôt chercher fortune en Amérique (1882) et parvint à s'y rendre célèbre grâce à une série de 140 conférences (lui ayant rapporté 6000 dollars) ; son effigie accompagna même des réclames pour des tapis et une crème pour raffermir les seins. Mais Wilde mourra à Paris dans la dèche et l'anonymat, fabriquant un des derniers "bons mots" qui ont contribué à son renom posthume ("Je meurs au-dessus de mes moyens.")
Comme l'exposition de manuscrits lasse vite le public, R. Pic souligne que ce type d'expo est nécessairement orienté vers l'art, la politique ou le scandale.
Les deux visages du périple d'Oscar Wilde à travers les Etats-Unis - caricatures parues dans l'hebdomadaire américain "Judge".