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anne hommel

  • Revue de presse BD (257)

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    Page de titre de "Casque d'Or", BD publiée dans "Circus" en 1975.

    + Peu avant Noël (20 déc.), la dessinatrice de BD Annie Goetzinger "est décédée des suites d'une longue maladie", suivant la formule consacrée; dans ce métier artisanal contraignant, elle était une des rares représentantes de son sexe. Bizarrement les journalistes, qui ont l'indignation facile, ne s'indignent pas tant de la rareté des femmes dans la corporation des bouchers ou celle des boulangers, métiers aussi durs...

    A l'école d'art Duperré (mode vestimentaire), A. Goetzinger avait appris à dessiner avec Georges Pichard, auteur de BD érotico-comique dessinant des femmes plantureuses sous toutes les coutures. Le style d'A. Goetzinger reflétait cet enseignement.

    Produisant les titres au compte-goutte ("Casque d'Or", "La Fille de la Légion d'Honneur", "L'Agence Hardy"...), A. Goetzinger avait récemment publié une biographie de Colette. Bien que Colette fût une femme indépendante, elle était peu féministe, écrivant par exemple : "Une femme qui se croit intelligente réclame les mêmes droits que l'homme. Une femme intelligente y renonce.", propos qui entraînerait aujourd'hui la condamnation de son auteur par les représentantes de la cause féministe.

    A. Goetzinger elle-même était assez circonspecte vis-à-vis de la cause féministe, comme on peut lire dans ce long entretien éclairant son parcours, publié par le site BD-Zoom.

    Depuis quelques années A. Goetzinger publiait des dessins (assez fades) dans "La Croix".

     

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    Luz et Riss caricaturés par Ignace pour le site d'extrême-droite Medias-presse.info

    + Plein de compassion pour Laurent Sourisseau, alias Riss, suite à la polémique qui l'opposa à Edwy Plenel ("Médiapart"), l'hebdomadaire "Le Point" (21-28 déc.) dresse le bilan de l'action de Riss, à la tête de "Charlie-Hebdo" depuis l'expédition punitive des frères Kouachi, visant plus particulièrement Charb (selon Riss).

    Riss est actionnaire principal du titre et il a le soutien moral de la veuve de Cabu et des parents de Charb. Riss a beau déclarer qu'"il ne veut pas que Charlie devienne un musée du 7 janvier", l'article du "Point" indique que, malgré la réticence de son rédacteur en chef à s'engager sur le terrain politique, il y est entraîné inexorablement.

    "Le Point" se garde de souligner la situation ubuesque de la rédaction de "Charlie-Hebdo", censée produire dans un bunker sous haute surveillance policière... un journal anticonformiste !?

    On apprend que Anne Hommel, conseillère en communication de grosses légumes dont elle s'emploie à polir l'image, continue d'être employée par "Charlie-Hebdo" ; son agence a récemment organisé la fête d'anniversaire de "Charlie"... boudée par quelques ex-collaborateurs. Anne Hommel (et l'avocat Richard Malka) ont joué un rôle décisif dans le sauvetage de "Charlie-Hebdo", que la tempête médiatique a bien failli engloutir.

    + L'hebdomadaire "Le Point" se fait aussi l'écho d'un léger différend entrewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,décembre,2017,annie goetzinger,duperré,georges pichard,la croix,colette,féministe,laurent sourisseau,le point,charlie-hebdo,riss,edwy plenel,médiapart,kouachi,charb,anne hommel,richard malka,johnny hallyday,françois ruffin,jean-luc mélenchon,insoumis,marx,sandrine mazetier,dieudonné,cl41,polémiste,censure,facebook,romain badouard,plantu,michel serres,france 5 Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin à propos de Johnny Hallyday. Le directeur du journal satirique "Fakir", élu député de la Somme sous l'étiquette des "Insoumis", aurait reproché au chef de son parti d'avoir boudé l'hommage national rendu à feu Johnny Hallyday.

    Bouder est bien pourtant le moins que l'on peut faire quand on se prétend "insoumis": la culture de masse est devenue au cours du XXe siècle le principal instrument de soumission des masses aux élites, en remplacement des religions traditionnelles. Il n'est que d'observer son rôle dans la mobilisation de l'opinion publique en cas de guerre pour s'en rendre compte.

    Si la religion est l'opium du peuple, la culture de masse doit être dénoncée comme une drogue "dure".

    J. Hallyday, chanteur-caméléon assez habile pour rester dans le vent n'était pas une vedette "populaire" mais "radiophonique", ce qui n'est pas du tout la même chose. L'ère de la production et de la diffusion industrielles de biens de consommation culturels coïncide avec la disparition progressive de la culture populaire, pour des raisons déjà élucidées par K. Marx il y a un siècle et demi.

    + Débats pleins d'hypocrisie que les débats publics autour de la "libertéwebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,décembre,2017,annie goetzinger,duperré,georges pichard,la croix,colette,féministe,laurent sourisseau,le point,charlie-hebdo,riss,edwy plenel,médiapart,kouachi,charb,anne hommel,richard malka,johnny hallyday,françois ruffin,jean-luc mélenchon,insoumis,marx,sandrine mazetier,dieudonné,cl41,polémiste,censure,facebook,romain badouard,plantu,michel serres,france 5 d'expression" et de la censure. Un dossier spécial du "Canard Enchaîné" (avril 2016 - n°139) mentionne qu'un amendement des députés PS (CL41/novembre 2016), promu par Sandrine Mazetier et soutenu par l'opposition, a failli rétablir la censure au nom de l'ordre public, sous prétexte de réduire au silence le polémiste Dieudonné.

    L'argument de l'ordre public, qui n'a que l'apparence d'un critère juridique, est analogue à celui du blasphème dans les régimes dits "théocratiques". L'ordre public est en effet une notion arbitraire, à l'instar du blasphème.

    Cet amendement CL41 avorté au dernier moment, qui aurait permis au pouvoir exécutif de contrôler toute publication dans le cadre de l'état d'urgence (prolongé), est révélateur de l'usage de la "liberté d'expression" avant tout comme caution d'une presse et de journalistes... qui s'avèrent très peu indépendants. "Charlie-Hebdo" fut créé au début des années 70 en réaction à une forme de sclérose de la presse française; cette sclérose n'a fait que s'aggraver depuis, les restes de "Charlie-Hebdo" faisant office de cache-misère.

    Cet amendement traduit aussi l'ignorance des parlementaires que la prohibition pénale est devenue un moyen contre-productif de censure. Bien plus malins les responsables du PS qui ont empêché cet amendement gaffeur au dernier moment.

    L'histoire montre que la liberté d'expression, au sens concret du terme, n'est jamais le résultat d'une démarche politique ou juridique positive.

    + Une autre hypocrisie consiste à pointer du doigt la censure des réseaux sociaux américains, Facebook en tête. Facebook applique bien des mesures de censure, motivées par des raisons commerciales; mais le réseau social américain applique surtout des mesures de censure à la demande des gouvernements de tel ou tel pays. La France n'est pas en reste comme l'atteste le rapport fourni par Facebook, où l'on peut comparer la surveillance de la justice française avec celle d'autres gouvernements.

    Le jeune sociologue Romain Badouard (université de Cergy-Pontoise), au cours d'un débat sur ce thème organisé par "France 5" (en présence de Plantu et Michel Serres) commet un lapsus révélateur (41'50"); parlant de la censure, il ne peut s'empêcher d'ajouter : "aussi légitime soit-elle". Bien plus que la liberté d'expression, c'est la censure que le langage politiquement correct légitime, au nom d'une éthique dont le bénéfice n'est pas mieux établi que le bénéfice de la morale puritaine.

  • Charlie-Hebdo, le jour d'après**

    L'enquête menée par Marie Bordet (« Le Point ») et Laurent Telo (« Le Monde ») sur les jours qui ont suivi la fusillade à webzine,bd,zébra,gratuit,bande-dessinée,critique,kritik,charlie-hebdo,fayard,médiacratie,marie bordet,laurent telo,charb,philippe val,richard malka,anne hommel,dsk,cabu,riss,patrick pelloux,luzla rédaction de « Charlie-Hebdo » remue-t-elle la merde inutilement ?

    En consentant à jouer un rôle politique, la rédaction de « Charlie-Hebdo » a couru le risque de voir la vie privée de ses membres et de leurs proches exposée sur la place publique. Ce déballage public est la contrepartie de l'engouement et de la ferveur plus ou moins spontanés qui ont suivi le massacre perpétré par les frères Kouachi, ainsi que des millions d'euros de dons qui ont afflué sur le compte bancaire de « Charlie-Hebdo ».

    « Charlie-Hebdo » a fait son entrée dans le système médiatico-politique en publiant la Une de Cabu, brocardant le prophète Mahomet. Cette entrée est volontaire, ainsi que l’atteste un reportage télé qui montre Philippe Val justifiant son choix éditorial PAR RAPPORT A LA PRESSE ET AUX MEDIAS FRANCAIS, non pas tant vis-à-vis des lecteurs de « Charlie-Hebdo ».

    M. Bordet et L. Telo qualifient plusieurs fois les « Charlies » de saltimbanques anarchistes, mais cette dénomination ne valait plus depuis la refondation de « Charlie-Hebdo » en 1992et le nouveau projet de Philippe Valque l'on a vu revendiquer plusieurs fois, ainsi que ses confrères, les valeurs républicaines et laïques (on ne peut plus éloignées de l'anarchie).

    « Le Jour d’Après » ne dévoile aucun véritable scandale ; il ne choquera que les quelques naïfs qui prennent les « Charlies » pour d'authentiques martyrs de la « liberté d'expression » (dont Charb estimait qu'elle est quasiment parfaite en France).

    Si les auteurs soulignent que les liens amicaux entre les journalistes et les dessinateurs rescapés se sont peu à peu distendus, l’émotion une fois dissipée, ils distribuent aussi des compliments : « jolie brune trentenaire », « travailleur acharné », « pas intéressé par l'argent », etc. En somme leur description ne constitue pas un  pamphlet. Le sang-froid et la persévérance de Riss, en dépit des blessures, notamment, sont soulignés, et sa légitimité à diriger le journal peu contestée.

    Les « Charlies » sont d'autant plus épargnés que la conseillère en communication Anne Hommel, introduite par Richard Malka, l'un des avocats de "Charlie-Hebdo" (et scénariste de BD), est épinglée. Proche de DSK, ayant assuré sa protection, elle se chargea de mettre les rescapés à l'abri du « pot au noir » médiatique. Sa présence ne tarda pas à indisposer certains « Charlies » (Luz, P. Pelloux), tant la nature de son activité de conseil auprès de grosses légumes de la politique ou du show biz semblait en décalage avec les principes défendus par « Charlie-Hebdo ».

    Le bouquin ne contient pas d'anecdotes croustillantes, mais plutôt des anecdotes amusantes ; on apprend l'avortement d'un projet d'hommage national conçu par le chef de l'Etat et Anne Hidalgo, en comparaison duquel les funérailles de Victor Hugo auraient semblé modestes ; une remise de la légion d'honneur à titre posthume dans la cour des Invalides était envisagée, ainsi que l'affichage tout aussi ubuesque de caricatures de très grand format dans les rues de Paris.

    On apprend aussi que François Hollande en personne avait suggéré un plan de renflouement de « Charlie-Hebdo », au bord de la faillite, quelque temps avant le massacre. Etait-ce un moyen pour F. Hollande d'amadouer Charb et la rédaction de « Charlie-Hebdo » ? On peut le penser, car aucun geste politique n'est gratuit (pas plus n'était désintéressé le soutien de Nicolas Sarkozy à Philippe Val lors du procès intenté par des associations musulmanes).

    Cependant l'enquête est trop superficielle pour que le bouquin vaille le détour ; on met un pied dans les coulisses de notre médiacratie, à travers le portrait de la conseillère-spéciale Anne Hommel, mais le sujet du pouvoir extraordinaire des médias est à peine effleuré.

    On devine que le principe de la « liberté d'expression » est avant tout destiné à consolider ce pouvoir médiatique ; de ce point de vue, l'instrumentalisation politique de « Charlie-Hebdo » est machiavélique et constitue un pied-de-nez à ses fondateurs et principaux artisans. 

    "Charlie-Hebdo", le jour d'après, par Marie Bordet, Laurent Telo, Fayard, 2016.