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jean-christophe ogier

  • Revue de presse BD (335)

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    + La revue BD "Casemate" (novembre 2019) interroge l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine à propos de sa passion pour la bande dessinée, en particulier la série "Blake & Mortimer" (qui n'a jamais eu autant de succès qu'aujourd'hui).

    - Nous avons passé notre année à réaliser une BD à la Jacobs... Et du coup redoublé notre quatrième, précise l'ancien ministre.

    - En ce début des années 60, la BD, pour beaucoup de parents, c'était quasiment le diable ?

    - Pas chez nous. Nous avons eu la télévision très tard et toute la famille lisait tout le temps. Dont des BD. Il n'y avait aucun blocage de la part de mes parents, tant peinture et dessin leur étaient familiers.

    On peut s'interroger si la lecture de BD complotistes ne donne pas le goût aux gosses de faire de la politique ? La diplomatie est d'ailleurs la couverture officielle de maintes affaires d'espionnage sordides et de coups bas qui rendent les Français soupçonneux à l'égard du personnel politique.

    Bien qu'il ait travaillé pour le compte de Hergé, E.P. Jacobs est aussi lourd et assommant que Hergé est léger et primesautier. La méthode de Hergé est empruntée au dessin-animé, tandis que Jacobs appréciait l'opéra.

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    ("Tintin au Liban", imaginé par Chaland en 1984)

    + Quelques pages du même magazine "Casemate" sont consacrées à Y. Chaland et à la biographie commandée par la veuve de cet auteur, mort précocement, à Jean-Christophe Ogier :

    - Dans les années 80, le style de Chaland hérité de la ligne claire est qualifié par certains de traditionnel, voire passéiste et nostalgique. Alors que Chaland puise son trait dans le passé pour exprimer un propos résolument nouveau. De manière apparemment innocente, Chaland parle du caractère profondément tragique de la vie, où rien n'est manichéen.

    Chaland n'est pas "tragique" au sens classique du terme, car la tragédie grecque offre une issue à la condition humaine, qui peut être surmontée à la manière de Thésée ou d'Ulysse. "Satirique" convient mieux pour qualifier l'art de Chaland.

    On peut supposer que les origines sociales modestes de Chaland lui ont inspiré le dégoût de la "fiction", typique de la culture bourgeoise (comparable à une drogue douce).

    Y. Chaland vaut comme parodiste de "Tintin" et de la BD franco-belge en général, dont il souligne le côté puéril et policé (Tintin est un auxiliaire de police), contrecarrant ainsi la tentative de certains fonctionnaires de l'Education nationale d'ériger "Tintin" en "mythe occidental".

    + Le SOBD, salon des éditeurs indépendants qui se tient actuellement à Paris met cette année à l'honneur la BD polonaise, exposée en marge du salon à la bibliothèque polonaise (Paris 4e, jusqu'au 8 déc./gratuit).

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  • Revue de presse BD (98)

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    + Jusqu'au 27 avril, le festival de BD d'Aix-en-Provence permet de découvrir l'illustrateur Chas Laborde (1886-1941), grâce à une expo. qui lui est consacrée. Le critique d'art E. Pollaud-Dulian a largement contribué à exhumer Chas Laborde de l'oubli, comme il a fait avec Gus Bofa. Le style de Chas Laborde évoque celui de Georges Grosz ; cependant, au contraire de Bofa, se voulant illustrateur à part entière, Chas Laborde assumait mal son statut de dessinateur de presse et guignait une meilleure reconnaissance artistique ; sur le plan technique et sans doute au-delà, cette hésitation se ressent dans son art.

    + La ministre de la Culture Aurélie Filippetti (maintenue dans ses fonctions) continue de draguer le milieu de la BD et a convié cette semaine une brochette d'auteurs de BD de sexe féminin à déjeuner. Dans ce cas de récupération politique, l'argument démocratique a bon dos, qui a déjà servi de caution à plusieurs régimes totalitaires. L'autre nom de l'art militant, c'est la propagande ; sans doute accuse-t-on l'Eglise catholique d'un tel procédé pour pouvoir mieux en répéter la formule, ni vu ni connu. A quoi bon condamner le totalitarisme, si c'est pour continuer de témoigner en faveur de l'arnaque de l'art engagé ?

    + Le site du magazine Bodoï mentionne deux guides touristiques sur Paris récemment parus, illustrés par des auteurs de BD. Charles Berberian illustre le guide américain "Lonely Planet" dans son style un peu désuet, rappelant certains guides parus dans les années 50, dont la rédaction était parfois confiée à des écrivains parisiens. Fred Bernard, quant à lui, illustre un guide sur le Paris libertin, dont le titre "Paris-couche-toi-là" suggère la satire autant que le tourisme sexuel. On remarque que la rédactrice, Camille Emmanuelle, tient en outre à signaler qu'elle n'a pas la bourse assez bien garnie pour fréquenter les lupanars "bling-bling" de Paname. Comme quoi le golf n'est pas le seul sport d'élite.

    + A l'occasion de l'expo. au musée du Quai Branly, dédiée aux Indiens des plaines, Jean-Christophe Ogier a recueilli au micro de "France-Info" les impressions de plusieurs auteurs de BD spécialisés dans la représentation des Indiens d'Amérique (Derib, Boucq...) ; le cheval fait partie de cette esthétique de l'Indien, qui en dit peut-être plus long sur l'Occident que sur les Indiens eux-mêmes. Dans son salon de 1845, Baudelaire faisait déjà l'éloge, entre deux artistes français, de George Catlin, portraitiste et peintre de scènes de la vie des Amérindiens qu'il étudia au plus près.

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  • Revue de presse BD (71)

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    + Dans le dernier n° de "Zoo", Thierry Lemaire dissipe utilement un malentendu à propos de Roy Lichtenstein; celui-ci ne rendait pas hommage aux "comics" américains dans ses toiles, en agrandissant certaines cases; l'artiste new-yorkais méprisait au contraire la culture de masse et les "comics", véhiculant une image de la femme comme une pure incitation à la croissance. Ajoutons que la critique de Roy Lichtenstein est particulièrement confuse, puisqu'elle nécessite ce genre de mise au point, et que Lichtenstein doit sa notoriété aux graphismes efficaces, si ce n'est artistiques, des auteurs de "comics".

    Une autre méprise courante (à visée populiste) est l'assimilation de la culture de masse à la culture populaire, alors même que le processus industriel impliqué dans la culture de masse (le cinéma, beaucoup plus que la bande-dessinée) dégage les milieux populaires de leur responsabilité.

    + Le comédien Lorant Deutsch, auteur d'ouvrages d'histoire largement diffusés, est accusé par des universitaires de s'en servir pour diffuser ses opinions monarchistes. Hélas l'université française elle-même s'est livrée pendant cinquante ans à une lecture stalinienne de l'histoire, dominante en son sein, sans tenir compte de l'autocritique de Lénine, qui compare la révolution technique accomplie par le régime soviétique à... la modernisation de la France par les ministres de Louis XIV (le communisme jouant le rôle de religion d'Etat naguère dévolu au catholicisme). Le premier réflexe d'un historien digne de ce nom sera d'émettre des doutes sur le sérieux d'un enseignement historique qui, en France, est couplé dans les programmes scolaires obligatoires avec des leçons... d'instruction civique, c'est-à-dire de morale. L'instruction civique a d'ailleurs une vocation élitiste, tandis que l'histoire n'en a pas. Le procédé qui consiste à transférer quelque saint ou sainte laïque au Panthéon est l'inverse d'une démarche historique. L'histoire est donc parmi la moins académique des matières.

    - On peut joindre au dossier cette chronique consacrée par "France-Culture" à la "BD historique" à l'occasion de la remise de deux prix. Le chroniqueur Jean-Christophe Ogier amalgame la BD historique ("Alix", "Prince Valiant") et la BD d'histoire, ce qui revient à mettre Alexandre Dumas et Shakespeare dans le même panier; ce chroniqueur s'étonne ensuite que le prix "Château de Cheverny de la BD historique" (attribué au "Singe d'Hartlepoole") ne tienne aucun compte de critères historiques, puisque les événements relatés dans cet album sont entièrement... fictifs. De fait, si l'histoire ne consiste pas dans la collection d'un maximum de reliques du passé, on peut au moins se demander si le point de vue culturel n'est pas fait pour permettre à chacun de voir midi à sa porte en matière d'histoire.

    + Manu Larcenet ironise sur son blog sur l'embauche de Jean-Christophe Menu (ex-éditeur en chef de "L'Association") par Lindingre, le nouveau rédac' chef de "Fluide-Glacial".

    + "La Vie d'Adèle, film pompeux et pornographique, était fait pour plaire à la critique bobo internationale.", c'est encore dans "Zoo", à propos de la dernière Palme d'Or à Cannes, inspirée d'une BD.

    + Encore quelques jours pour visionner en différé sur "Arte" un reportage consacré au graveur franco-suisse Félix Vallotton.

    + Le dessin de la semaine est tiré du blog de Sébastien Martin :

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