+ La revue BD "Casemate" (novembre 2019) interroge l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine à propos de sa passion pour la bande dessinée, en particulier la série "Blake & Mortimer" (qui n'a jamais eu autant de succès qu'aujourd'hui).
- Nous avons passé notre année à réaliser une BD à la Jacobs... Et du coup redoublé notre quatrième, précise l'ancien ministre.
- En ce début des années 60, la BD, pour beaucoup de parents, c'était quasiment le diable ?
- Pas chez nous. Nous avons eu la télévision très tard et toute la famille lisait tout le temps. Dont des BD. Il n'y avait aucun blocage de la part de mes parents, tant peinture et dessin leur étaient familiers.
On peut s'interroger si la lecture de BD complotistes ne donne pas le goût aux gosses de faire de la politique ? La diplomatie est d'ailleurs la couverture officielle de maintes affaires d'espionnage sordides et de coups bas qui rendent les Français soupçonneux à l'égard du personnel politique.
Bien qu'il ait travaillé pour le compte de Hergé, E.P. Jacobs est aussi lourd et assommant que Hergé est léger et primesautier. La méthode de Hergé est empruntée au dessin-animé, tandis que Jacobs appréciait l'opéra.
("Tintin au Liban", imaginé par Chaland en 1984)
+ Quelques pages du même magazine "Casemate" sont consacrées à Y. Chaland et à la biographie commandée par la veuve de cet auteur, mort précocement, à Jean-Christophe Ogier :
- Dans les années 80, le style de Chaland hérité de la ligne claire est qualifié par certains de traditionnel, voire passéiste et nostalgique. Alors que Chaland puise son trait dans le passé pour exprimer un propos résolument nouveau. De manière apparemment innocente, Chaland parle du caractère profondément tragique de la vie, où rien n'est manichéen.
Chaland n'est pas "tragique" au sens classique du terme, car la tragédie grecque offre une issue à la condition humaine, qui peut être surmontée à la manière de Thésée ou d'Ulysse. "Satirique" convient mieux pour qualifier l'art de Chaland.
On peut supposer que les origines sociales modestes de Chaland lui ont inspiré le dégoût de la "fiction", typique de la culture bourgeoise (comparable à une drogue douce).
Y. Chaland vaut comme parodiste de "Tintin" et de la BD franco-belge en général, dont il souligne le côté puéril et policé (Tintin est un auxiliaire de police), contrecarrant ainsi la tentative de certains fonctionnaires de l'Education nationale d'ériger "Tintin" en "mythe occidental".
+ Le SOBD, salon des éditeurs indépendants qui se tient actuellement à Paris met cette année à l'honneur la BD polonaise, exposée en marge du salon à la bibliothèque polonaise (Paris 4e, jusqu'au 8 déc./gratuit).