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pompidou - Page 2

  • Revue de presse BD (238)

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    Illu. de Fanny Michaelis, exposée à la Maison de la culture d'Amiens.

    + Paradoxe : tandis qu'elle est en cours de reconnaissance officielle, la BD traverse une crise économique ; l'effet pervers des recettes technico-commerciales appliquées à la BD commence à se faire sentir. Cette situation évoque celle des étudiants qui sortent de l'université bardés de diplômes, mais ne parviennent cependant pas à trouver un emploi.

    Deuxième incohérence : alors qu'il est de bon ton de vanter la BD comme "un art à part entière", simultanément le fait pour un auteur de "sortir des cases", c'est-à-dire de la syntaxe propre à la BD, est présenté comme la panacée par les mêmes thuriféraires.

    Ainsi la Maison de la culture d'Amiens propose, du 3 juin au 15 octobre, une expo. intitulée "Hors Cases, le 9e art contemporain", présentant les créations de neuf bédéastes européens (F. Michaelis, L. Debeurme, L. Mattotti, S. Blanquet...)

    L'histoire de l'art ou de la littérature montre que l'obsession du style et des questions stylistiques est proche de la mort de l'art. La BD ne serait-elle pas un "art fantôme" ?

    + Le prix de la BD "décloisonnée" (sic) a été remis à la revue "Topo" (destinée auxwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,juin,2017,amiens,michaelis,debeurme,mattotti,blanquet,lyon-bd,topo,franck bourgeron,cabu,pompidou,de gaulle,sarkozy,philippe val,choron,cavanna,charlie-hebdo,flagornerie,bibliophile,square,georges brassens,waner,dessin,original,caricature moins de 20 ans) par les organisateurs du Festival "Lyon-BD" à venir (9 juin). La jeune revue bimestrielle "Topo" (2016) traite des questions d'actualité en BD. Chacun de ses exemplaires se vend entre 8.000 et 10.000 ex.

    Son rédacteur en chef Franck Bourgeron dévoile sa stratégie éditoriale : "S’adresser directement aux ados supposerait de passer par les réseaux qu’ils maîtrisent, ce qui n’est pas forcément notre cas. Par défaut, nous visons donc plutôt les prescripteurs, autrement dit leurs parents, avec le risque de faire passer Topo comme un outil pédagogique, donc ennuyeux."

    Cette stratégie part d'un préjugé : les sujets sérieux n'intéressent pas les ados ; pourtant, quand on voit le nombre d'adultes qui s'adonnent au jeu ou au calcul politique, il semble qu'il y a là une idée préconçue.

    De plus l'industrialisation croissante de la presse, son organisation monopolistique pose un problème qui n'est pas abordé de front par F. Bourgeron : dans quelle mesure une entreprise de presse indépendante n'est pas condamnée par avance par les modalités économiques qui lui sont imposées ?

    ! La convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (Cnuld) organise un concours international de dessins de presse (date de clôture, le 12 juin) doté de 1000 euros ; thème : "Désertification des terres et climat : l'Europe et le monde face aux ultimes frontières."

    + Dans "Le Journal des Présidents", recueil de caricatures de Cabu paru chezwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,juin,2017,amiens,michaelis,debeurme,mattotti,blanquet,lyon-bd,topo,franck bourgeron,cabu,pompidou,de gaulle,sarkozy,philippe val,choron,cavanna,charlie-hebdo,flagornerie,bibliophile,square,georges brassens,waner,dessin,original,caricature Michel Lafon, Philippe Val s'emploie à redorer l'image de de Gaulle écornée par les dessins de Cabu. Cabu, qui défendit son ami P. Val en raison de ses efforts pour maintenir "Charlie-Hebdo" à flots, aurait-il approuvé une telle réhabilitation ? Celle-ci n'est pas exclusive, puisqu'elle s'étend à N. Sarkozy.

    Il n'est pas inutile de rappeler ici les explications du Pr Choron, qui imagina la fameuse "Une" antigaulliste qui valut à "Hara-Kiri" d'être censuré par le ministère de l'Intérieur. Cette "Une" ("Bal tragique à Colombey : 1 mort") n'était pas si antigaulliste, puisqu'il s'agissait avant tout de souligner la flagornerie des principaux éditorialistes de la presse française et la servilité de leur office. En effet, le décès dans sa retraite de Colombey-les-deux-Eglises de l'ex-chef de l'Etat constituait un non-événement.

    La rupture entre le "Charlie-Hebdo" du Pr Choron et Cavanna et celui de Val et Cabu n'est donc pas tant au sujet du culte rendu à la figure paternaliste de de Gaulle qu'à propos de la presse française, méprisée par le Pr Choron et Cavanna, tandis que P. Val aspirait au contraire à la reconnaissance de ses pairs journalistes.

    + Les bibliophiles parisiens connaissent bien le square Georges Brassens à Paris (M°Vanves/Convention), où se tient un marché du livre ancien et d'occasion, suppléant les faibles stocks des libraires qui travaillent désormais à "flux tendu".

    Waner, qui publie des dessins dans "Zébra" et "Siné-Mensuel", y vendra ses originaux en compagnie de quelques confrères (Pakman, Lardon...) les 17 et 18 juin prochains.

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  • Revue de presse BD (215)

     

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    Gag de Mix & Remix extrait de son blog "1er Degré"

    + Le dessinateur de presse helvète Mix & Remix est mort des suites d'un cancer du pancréas. Pratiquant un humour basé sur les dialogues bien plus que sur le dessin, Mix & Remix publiait ses gags et strips dans "L'Hebdo", magazine suisse francophone (Lausanne) dont il était le dessinateur vedette et qui lui rend un hommage spécial. "Courrier international" et "Siné-Hebdo" ont contribué a faire connaître Mix & Remix en France.

    Dans une interview au site "Actuabd" en 2011, Mix disait avoir "horreur de la provocation gratuite" (allusion à "Charlie-Hebdo" ?) et refusait de travailler pour un parti politique quelconque, afin de pouvoir "taper" sur tout le monde. Le pseudo double de Philippe Becquelin était dû à une ancienne collaboration artistique avec sa femme.

    + Alors que la guerre civile menace la République démocratique (sic) du Congo, le premier festival de BD Bilili organisé à Brazzaville vient de s'achever. Il réunissait des dessinateurs camerounais, congolais et français. Ce petit festival paraît bien dérisoire face aux affrontements politiques pour la conquête du pouvoir suprême.

    + "Fécocorico", organe trimestriel de la "Feco France" (association de caricaturistes) consacre un article aux petits albums de dessins cochons tirés à part autrefois sous le manteau par divers caricaturistes : Mose, Siné, Tetsu, Trez... ce type de publication paraît bien démodé aujourd'hui, alors que la pornographie fait désormais partie de la culture des ados, qui en savent (théoriquement) beaucoup plus que leurs parents ou grands-parents. Le plus cocasse est la censure d'un dessin par l'éditeur d'un album licencieux de Siné, Jean-Jacques Pauvert, choqué d'y voir Victor Hugo pratiquant une fellation.

    De la part de certains dessinateurs satiriques, tel Tomi Ungerer, il ne s'agit d'ailleurs pas tant de provoquer ou de choquer que de montrer la part d'ombre de la sexualité (le rapport de soumission et de domination qu'elle implique, par exemple), au contraire du "Kama Sutra", véritable bréviaire religieux en vogue dans les élites indiennes.

    + Encore à lire dans le n° de "Fécocorico" de juillet-août-sept. 2016, un compte rendu de la visite du caricaturiste Robert Rousso au festival de cartoon d'Hastings en Angleterre.

    + La fondation grenobloise Glénat accorde à de jeunes dessinateurs de BD entre (18 et 30 ans) une ou deux bourses d'études de montants variés, allant de 2000 à 15000 euros. Les dossiers comportant quelques planches doivent être envoyés avant le 15 février 2017. L'un des projets devra porter sur le thème de la montagne ; "l'originalité narrative et picturale" du second projet devra apporter "une nouvelle dimension au neuvième art"... rien que ça !

    + De l'exposition dédiée en ce moment par la bibliothèque du Centre Pompidou (et Frédéric Jannin) à Franquin à travers le personnage de Gaston Lagaffe, nous avons récemment rendu compte sur le blog Zébra.

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    Illustration de Franquin pour orner la 4e de couverture des albums de "Gaston Lagaffe".

  • Caricature François Fillon

    par l'Enigmatique LB

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  • Expo. Gaston Lagaffe

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    Case extraite d'une planche originale de Gaston Lagaffe par Franquin.

    Depuis le 7 décembre jusqu'au 10 avril 2017, la bibliothèque du Centre Pompidou (Bpi) propose une exposition dédiée à Franquin à travers le personnage de Gaston Lagaffe, apparu dans le magazine "Spirou" en 1957.

    L'expo est destinée au grand public ; elle apprendra peu aux connaisseurs de Franquin et de son travail ; celui-ci a déjà fait l'objet de plusieurs monographies assez exhaustives (mises à la disposition des visiteurs de l'expo. dans un petit salon annexe).

    Cette expo. dévoile la complexité technique, non seulement de la bande-dessinée, mais aussi de la presse destinée aux jeunes ados., qui vit alors son "chant du cygne". Les albums de Gaston Lagaffe soulignent d'ailleurs ce paradoxe : à quel point la tâche de divertir est un métier sérieux, voire fastidieux pour les adultes qui l'exercent. Les bureaux et les employés de la maison Dupuis (située à Marcinelle en Belgique), ressemblent presque aux bureaux et aux employés d'une banque ou d'une compagnie d'assurance... à l'exception du personnage de Gaston Lagaffe.

    Bien que Gaston Lagaffe soit une invention d'André Franquin, le dessinateur fut épaulé par une partie de la rédaction de "Spirou", son rédacteur en chef Yvan Delporte en tête, mais aussi le dessinateur Jidéhem, assistant d'un Franquin croulant sous le travail. Gaston Lagaffe et ses gags sont un exutoire collectif, qui laisse sceptique les directeurs commerciaux de la revue, inquiets des répercussions sur le lectorat d'un personnage et d'une BD aussi originaux.

    Le personnage de Gaston Lagaffe est la tête de pont de plusieurs initiatives successives de Franquin, décalées par rapport à son métier de dessinateur de BD pour enfants : le "Trombone illustré", petit supplément humoristique encarté dans "Spirou", d'abord destiné à amuser ses auteurs ; puis les "Idées noires", série de gags d'humour noir à la tonalité antisociale, antimilitariste et écologiste, que Franquin finira par publier dans "Fluide-Glacial" à la demande de Gotlib.

    Ce petit extrait d'une interview est sans doute significatif de l'état d'esprit de Franquin (1988) : "Parfois, je me dis que j'aurais dû commencer ce métier à Paris. On y vit, travaille et pense tellement plus intensément qu'ici. Si j'avais commencé ma carrière à Paris, je pense que les choses auraient été très différentes. En évoluant dans un environnement plus engagé, j'aurais probablement dessiné un autre genre de séries. Là-bas, vous pouvez faire rire les gens, tout en faisant passer un message. Pour ma part, j'ai souvent pensé que j'étais prédestiné à faire de mignons petits dessins inoffensifs, légers, superficiels..."

    On peut trouver l'opinion de Franquin sur Paris excessivement élogieuse, compte tenu du conformisme de la presse française ("Charlie-Hebdo" fait figure d'exception, et Paris s'y intéresse surtout depuis la mort de ses dessinateurs). Le fait est que l'on sent une pointe de regret chez Franquin dans cette confidence.

    Dans quelle mesure Gaston Lagaffe est-il subversif ? L'expo. de la bpi exagère cet aspect. Certes, Franquin s'est servi de Gaston Lagaffe (en de rares occasions) pour exprimer son antimilitarisme. Mais qui les BD antimilitaristes dérangent-elles vraiment ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que les industriels de l'armement s'en accommodent bien, au vu de leurs bénéfices. "Gaston Lagaffe" fut d'abord une échappatoire pour Franquin, un moyen de se moquer de lui-même et de son métier d'amuseur. Le pessimisme et la satire sont bien plus nets dans les "Idées noires".

    La subversion de Gaston Lagaffe passe peut-être plutôt par sa manière de démolir de l'intérieur l'héroïsme de carton-pâte qui fut le fond de commerce de la bande-dessinée franco-belge, "Tintin" en tête.

    Les inventions, plus inutiles les unes que les autres, du "génial" Gaston Lagaffe, semblent aussi la caricature d'une époque où le superflu a pris la place de l'essentiel.

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    Fausse publicité pour le Mastigaston insérée par Franquin parmi de vraies pubs dans l'hebdomadaire "Spirou".

  • Revue de presse BD (210)

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    + Dilemme en librairie cette semaine puisque sont proposés simultanément deux gros bouquins, l'un à 20 euros (Les Cahiers dessinés) regroupant un choix de dessins de Tomi Ungerer, l'autre à 30 euros (Taschen) rassemblant un paquet de croquis de Robert Crumb. Il faut choisir, car deux dessinateurs misogynes d'un seul coup, ce serait sans doute une dépense trop difficile à justifier. Sans vouloir influencer le lecteur, la sobriété des dessins d'Ungerer force l'admiration ; il y a peut-être chez Crumb un peu trop de détails. Le plus misogyne des deux n'est pas forcément celui qui dit qu'il l'est (Crumb).

    Marie-Hélène Gatto annonce dans le trimestriel « De ligne en ligne » la prochaine expo. Gaston Lagaffe en chantier à la bibliothèque du Centre Pompidou en soulignant l’astuce éditoriale de son inventeur, Franquin, qui crée un personnage d’antihéros dans un magazine de BD d’aventure pour enfants- dont la première apparition discrète dans « Spirou » date du 28 février 1957. Le personnage ne prend la parole pour la première fois que six semaines après son apparition. Il dévoilera au public les coulisses de la maison Dupuis et du métier d’amuseur pour enfants, qui n’a rien d’aventureux, et que Franquin éprouva parfois de la lassitude à exercer.

    «Pendant plusieurs semaines, entre décembre 1959 et janvier 1960, Spirou paraît sans Gaston. Jusqu’à ce que Fantasio, pris de remords, lance un appel aux lecteurs : - Ecrivez tous, en masse, par milliers, écrivez à M. Dupuis de reprendre Gaston. L’appel est entendu : plus de 7000 lettres seront reçues, et Gaston est réintégré à l’équipe en janvier 1961. Le héros sans emploi est devenu une véritable star.»

    Gaston Lagaffe est précurseur du "Trombone illustré", supplément à « Spirou » lancé par Franquin et Yvan Delporte en 1977, beaucoup plus satirique que le magazine pour enfants dans lequel il était inséré.

    + A propos de "Fluide-Glacial", où Gotlib publia les "Idées noires" de Franquin, perles d'humour noir en BD, Jacques Diament publia en 2010 (L'Harmattan) : "Fluide Glacial, Gotlib... et moi" ; la première moitié est intéressante, décrivant de façon vivante les galères du début, la fabrication d'un journal, les choix éditoriaux, les coups de pouce du destin...), la seconde partie est bâclée.

    + Yves Frémion rédige ici ou là des chroniques sur les ancêtres de la bande-dessinée ; dans le dernier magazine publicitaire "Zoo n°62" (p.53), il nous instruit sur "la BD orale des colporteurs". Avec l'invention de la gravure naquit le métier de colporteurs d'images, religieuses notamment, transportées et vendues de village en village.

    "(...) Très vite s'agglutinent aux images pieuses des images plus profanes (contes de fées, fables, histoires plus ou moins réelles, légendes, chansons...). (...) L'arrivée du colporteur dans un village devient un spectacle. (...) Ces esquisses de BD sont orales. Puisque dans la BD, le "texte" n'en est pas, car il est du son, ce son est alors produit par le colporteur, qui commentait image par image."

    Frémion rapproche ici la BD d'une culture orale, ce qui n'est vrai qu'en ce qui concerne les BD pour enfants. Beaucoup de BD satiriques ou humoristiques ne sauraient se passer du texte.

    + L'essayiste Hannah Arendt ("La Crise de la Culture") est la cible d'attaques dans plusieurs journaux ("Quinzaine littéraire", "Charlie-Hebdo" 9 novembre), faisant suite de la publication d'un ouvrage universitaire peu sobrement intitulé "Arendt et Heidegger, extermination nazie et destruction de la pensée"). Cet ouvrage rappelle que H. Arendt fut, alors qu'elle était étudiante, la maîtresse de Herr Professor Heidegger, membre du parti nazi ; également qu'elle contribua à la réhabilitation de la philosophie d'Heidegger après guerre. Bref, cet ouvrage d'E. Faye ne nous apprend pas grand-chose...

    Le poète Aragon se promena en limousine dans Moscou en compagnie d'Elsa Triolet, bousculant la populace affamée (dixit J. Dutour) ; cependant il continue d'être étudié en classe, et certains établissements scolaires portent son nom. Le racisme de Montesquieu ne l'empêche pas d'être considéré comme un sommet de la science politique française. Etc. (on pourrait ici écrire un ouvrage complet à propos des turpitudes de nos grands hommes).

    Ce qui est le plus choquant chez H. Arendt est sans doute ce qui est le plus véridique, à savoir la mise en évidence que le totalitarisme n'est pas l'apanage du régime nazi, mais un phénomène beaucoup plus large. Si H. Arendt omet de souligner, contrairement à G. Orwell, le rôle particulier joué par les intellectuels dans les régimes totalitaires (Heidegger est loin d'être le seul exemple), en dénonçant la culture de masse en tant qu'instrument d'asservissement et d'abrutissement, elle a bel et bien contribué à la critique des méthodes de gouvernement totalitaires, indépendamment de leur coloration politique, nazie, soviétique ou démocrate-chrétienne.

    + Un carnet de 65 dessins inédits de Van Gogh, détenus par une famille du Nord de la France, et subitement exhumés, vient d'être publié par le Seuil. Seulement les experts du musée d'Amsterdam, sollicités afin d'authentifier ces dessins (non signés), contestent l'attribution au peintre hollandais (tardivement initié au dessin).

    Et pourquoi pas une analyse ADN, tant qu'on y est ? Cette affaire illustre une fois de plus à quel point la technique (ici les avis d'experts) éclipse désormais l'art et la science.

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    par l'Enigmatique LB

  • Revue de presse BD (187)

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    Caricature de J. Prévert par Burlingue.

    + Commençons cette revue de presse par un gag, un fait divers assez ubuesque, comme ceux dont Alphonse Allais savait faire son miel et celui de ses lecteurs. Il s'agit d'une querelle ; elle oppose les héritiers du poète Jacques Prévert et de son ami Alexandre Trauner (décorateur de cinéma), au maire du village normand d'Omonville-La-Petite où les deux hommes décidèrent de finir leurs jours et sont inhumés.

    La pomme de discorde est une sculpture en bronze, représentant les deux amis devisant sur un banc ; commandée par le maire à Christine Larivière en hommage aux deux hommes, et sans doute afin de distraire un peu ses administrés, cette oeuvre d'art n'a pas l'heur de plaire à tout le monde, en particulier aux héritiers, qui l'ont qualifiée de "caricature" (sous-entendu : indigne) ; que je sache, Prévert n'est pas connu pour avoir été un canon de beauté, mais je vous laisse forger votre propre opinion et conclus : - Décidément, quelle connerie la gloire !

    + Au sommaire de la "Revue dessinée" n°11 (printemps 2016), un article illustré consacré à la caricature ou au dessin satirique, par Terreur graphique et Fabrice Erre (ce dernier cumulant les activités de dessinateur de BD et de prof d'histoire). Les auteurs soulignent le caractère sacrilège de la caricature ; celle-ci amène à une vision plus réaliste du monde ou de la société, moins optimiste ; sont mentionnés au passage les propos louangeurs de Hugo, Balzac et Baudelaire à l'égard de la caricature. Pourquoi ne pas souligner ici que le but de la religion est de "faire rêver" ? Contrairement à ce que Terreur graphique et Fabrice Erre suggèrent, la culture moderne est loin d'être émancipée de la religion, comme la part faite au rêve l'atteste ; la satire ne cesse d'être repoussée aux confins de la culture, aujourd'hui comme autrefois.

    De façon stupéfiante, cet article didactique ne tient pas compte de ce qui, du point de vue occidental dominant politiquement, est devenu le plus sacré : non pas tant Mahomet ou Dieu que l'Etat ; celui-ci a succédé à celui-là au sommet de la pyramide des valeurs sacrées. On pourrait citer aussi parmi ces valeurs sacrées contemporaines : l'art, la culture, la démocratie... sans oublier, bien sûr, le travail, l'argent et la propriété ; pour combien d'artistes la "propriété intellectuelle" n'est-elle pas une chose sacrée ? Mentionnons aussi "l'ordre public" : aussi triviale et subjective puisse paraître cette notion d'ordre public, la "liberté d'expression" lui est soumise en France selon les déclarations récentes de plusieurs représentants de l'Etat (ministre de l'Intérieur, magistrats, mais aussi, ce qui est beaucoup plus inquiétant, de certains philosophes et intellectuels de premier plan).

    La "liberté d'expression" elle-même n'est-elle pas enseignée comme une valeur sacrée par le corps enseignant ? Ce qui ne peut que conduire un esprit satirique à soupçonner qu'il s'agit là d'un concept creux ou d'un leurre ?

    + Les musées sont les nouveaux temples où chaque citoyen, dès le plus jeune âge, est invité à aller communier ; ne pas comprendre que l'art moderne a un caractère eucharistique et sacramentel, c'est ne rien comprendre à l'art moderne.

    "Le Monde" (17-18 avril), sous la plume de Frédéric Potet, aborde le sujet de l'entrée de la BD au musée sur deux pleines pages ; ce journaliste préfère l'angle "informatif" à un angle plus critique ; il annonce ainsi plusieurs expos à venir, dont celle consacrée prochainement à Franquin/Gaston Lagaffe à la bibliothèque Pompidou, après Claire Bretécher (53000 visites).

    Le journaliste du "Monde" a l'honnêteté minimum de reconnaître que tous les auteurs de BD ne guignent pas nécessairement la "légitimité" que tel ou tel conservateur décidera de leur accorder à la faveur d'une exposition. Si un certain nombre d'auteurs de BD ne veut pas endosser la responsabilité d'un discours officiel, c'est sans doute parce que la bande-dessinée a pris l'habitude d'être une contre-culture. De surcroît, quelles sont les personnes qui courent le plus après les compliments et les honneurs ? Ce sont souvent les moins sûres d'elles.

    D'ailleurs il n'est pas difficile de deviner qu'il est surtout demandé aux auteurs de BD de faire la publicité d'établissements publics dont le charme n'opère pas forcément auprès du jeune public, soumis à des codes différents, plus attiré par Nabilla que par la Joconde. Bruno Girveau a ainsi fait appel à Zep ("Titeuf") pour illustrer la collection du musée de Lille qu'il dirige. Cela revient à confondre la "démocratisation de l'art" avec le remplissage des travées d'un musée.

    De son propre aveu, Zep n'a aucun goût pour l'art, en dehors du sien ; les musées le font bailler ou ne lui inspirent, dans le meilleur des cas, que des plaisanteries à base de zizi. La méthode pour démocratiser l'art ressemble beaucoup à celle du curé qui fabrique une statue miraculeuse pour attirer plus de paroissiens le dimanche.

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    Détail de la fresque de Michel-Ange, vue par Zep, pour qui l'exhibition des parties génitales est le comble de la liberté en matière d'art.

  • Revue de presse BD (167)

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    Fragonard, illustration de "Roland Furieux"

    + Le musée du Luxembourg expose Fragonard (1732-1806) (-24 janvier), peintre érotique typique d'un genre considéré comme aristocratique et décadent par les philosophes des Lumières, en particulier Diderot, qui prônait une peinture plus "morale" - Diderot qui n'était pas un paradoxe près, puisqu'il fut arrêté et emprisonné à Vincennes pour avoir publié un conte érotique ("Le Merle blanc").

    Fragonard n'était pas seulement peintre, mais aussi illustrateur. Audrey Renault écrit à ce sujet : "A la fin du XVIIIe siècle, le roman se démocratise et touche un lectorat féminin. Grâce à des textes comme "La Nouvelle Héloïse" de Rousseau ou "Les Liaisons dangereuses" de Laclos, les femmes, jusque-là objets de désir, s'émancipent et passent d'être sexuel à être intellectuel. (...)" C'est un peu simplificateur, car la littérature religieuse exalte la vertu féminine dans tous les milieux sociaux où l'Eglise a une influence morale, au moins depuis le moyen-âge. Par ailleurs rien ne dit que le cerveau n'est pas un organe sexuel.

    Fragonard a une manière plus moderne que néo-classique de dessiner, et certaines illustrations pour le célèbre "Roland furieux" de l'Arioste font penser à de la bande-dessinée, en raison de l'importance accordée au mouvement.

    + Chaque année, le festival d'Angoulême décerne un prix du fanzine, unique en son genre, à l'une des trentaines de publications amateur en lice, venant du monde entier. Le président du jury, Philippe Morin, lui-même vainqueur du 1er prix décerné en 1982 avec son fanzine PLGPPUR présente le prix, dit aussi de la "BD alternative", dans une petite interview qu'il donna en début d'année.

    + Nous signalions dans la précédente revue de presse l'expo. consacrée à Claire Bretécher par la bibliothèque du musée Pompidou. Plusieurs ateliers, rencontres et projection sont organisées autour de cette expo.

    En 1977, la dessinatrice donna à Claude Servan-Schreiber une interview ("Lire") qui éclaire ses mobiles et intentions, ainsi que son féminisme un peu particulier. Extrait :

    - Vous préférez juger les autres ?

    - Oui, probablement. C'est une revanche. Je me sens assez désarmée. Je suis incapable, dans une discussion, d'imposer ce que j'ai à dire. Je ne supporte pas d'entrer en conflit ouvert avec quelqu'un. Je ne peux pas. Ou je perds tout de suite, ou je m'en vais. C'est plus fort que moi. La seule façon que j'ai de répliquer, c'est de dessiner. J'ai toujours fait ça, même quand j'étais gosse. A chacun son truc, hein ? Oui, c'est une manière de revanche, absolument.

    + L'Enigmatique LB et votre serviteur apprécions beaucoup les BD de B-Gnet ; cet humoriste dans la lignée de Bretécher, qui publie dans "Fluide-Glacial" et dont "La Boîte à Bulles" a édité plusieurs albums, a récemment donné une interview à "Branchés Culture.com".

    + Ancien publicitaire, Maurice Sinet, alias Siné, a un style concis et efficace qui lui permet malgré son âge canonique et sa santé défaillante de continuer de signer les "Unes" de "Siné-Mensuel", fondé après le procès intenté par Philippe Val à son propre chroniqueur.

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