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charlie-hebdo - Page 6

  • La Planète des Sciences*

    On observe la multiplication sur les étals des libraires des ouvrages de BD pédagogiques, mais rares sont leswebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,critique,fischetti,bouzard,sciences,charlie-hebdo,galilée,descartes,newton,pythagore,dargaud réussites dans ce domaine.

    Paradoxalement, plus la pédagogie enfle et les moyens investis dans l'enseignement augmentent, plus le niveau scolaire diminue. Petit à petit, la méthodologie a tendance à se substituer au contenu même de l'art ou de la science enseignée.

    Le premier reproche à faire à cet album de vulgarisation scientifique rédigé par Antonio Fischetti et illustré par Guillaume Bouzard est sa présentation. Au regard des explications érudites d'A. Fischetti, chercheur dans le domaine de l'acoustique et chroniqueur à "Charlie-Hebdo", G. Bouzard publie une planche de BD humoristique sur chacun des savants présentés. Outre que son humour est du niveau de l'almanach Vermot ou de Cyril Hanouna, on suggère de cette façon que la science est ennuyeuse ou amère, comme les médicaments qu'il faut enrober de sucre pour que les enfants puissent les avaler.

    A priori la science est quand même un sujet beaucoup moins fastidieux que le foot ou les mangas !

    - Un autre défaut, dont les auteurs essaient de se disculper dans la préface, consiste à faire passer ainsi l'histoire de la science pour une succession de découvertes géniales, à mettre au compte de génies. La pomme de Newton, les petites phrases de Galilée ou Descartes, ce sont là des images d'Epinal plus proches de la légende dorée que de l'histoire de la Science à travers ses différentes branches.

    Le choix des trente-sept savants portraiturés est plus arbitraire que scientifique. On trouve pèle-mêle Pythagore, Léonard de Vinci et Emmanuelle Charpentier. On ne voit pas ce qu'ils ont de "révolutionnaires", suivant le critère en principe retenu ?

    La science a d'ailleurs souvent progressé contre les institutions scientifiques elles-mêmes, et cet album ne rend pas bien compte de cet aspect.

    L'ambition de cet album fait penser à celle du programme de philosophie de classe terminale, spécialité française assez ubuesque puisque il s'agit en quelques mois d'étudier LA philosophie, alors que quelques mois seraient nécessaires pour étudier chacun des trente-six auteurs figurant dans l'index des manuels. Résultat : qui trop embrasse mal étreint.

    Il aurait sans doute été plus judicieux de se concentrer sur l'une des branches de la science ; qu'il s'agisse de l'astronomie, de l'archéologie ou de la médecine... le choix est large.

    L'histoire de la science ou ce qui passe pour tel soulève actuellement beaucoup de questions. En effet on a vu peu à peu au cours du XXe siècle la politique se résoudre entièrement à des questions économiques, et on peut se demander si la science n'est pas désormais, de façon similaire, réduite à des questions techniques. Certains indices le laissent penser, comme la spécialisation accrue de la recherche scientifique et la ramification de la science en branches toujours plus nombreuses ; ce phénomène reflète bien plus l'organisation technocratique de la recherche qu'il n'est "scientifique" à proprement parler.

    Comme certains réclament "la preuve de Dieu", les plus jeunes générations sont tentées de réclamer aujourd'hui "la preuve du Progrès" dans un monde qui semble plus en proie au chaos qu'au progrès.

    La Planète des Sciences, par A. Fischetti & G. Bouzard, éd. Dargaud 2019.

  • Revue de presse BD (303)

    + Bernard-Henri Lévy a repris son bâton de pèlerin pour prêcher l'Europe et ses valeurs aux Français dewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2019,bhl,bernard-henri lévy,fachisme,philippe val,lévinas,charlie-hebdo,onfray,cicéron,tacite,lumières plus en plus sceptiques vis-à-vis de ce séduisant projet d'abolition des frontières, de paix et de rayonnement culturel - en un mot de victoire contre le fachisme latent dans le peuple, tantôt à l'état pur, tantôt sous la forme non moins inquiétante de "l'islamo-fachisme" ou du "communisto-fachisme", voire du "twittéro-fachisme".

    Laissons de côté l'aspect économique et financier du projet européen, puisque BHL n'est pas un de ces banquiers internationaux cupides qui se complaisent dans l'onanique manipulation des chiffres et des statistiques. Tenons-nous en à la "culture européenne" au sens noble.

    Hélas cette notion de "culture européenne" est des plus obscures, un vrai trou noir ! BHL donne quelques exemples de ses auteurs préférés : Vargas-Llosa, Kundéra, Philippe Val, lui-même..., mais on a du mal à se faire une idée générale, ou même à dénicher dans cette liste un auteur satirique qui nous délivre de l'oppressant optimisme du totalitarisme.

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    M. Onfray caricaturé par Pancho ("Canard Enchaîné")

    + Il paraît que le monde et la philosophie modernes sont complexes, affaires de spécialistes. N'empêche que l'éthique de BHL (bon antifachiste contre méchant fachiste) est limpide comme de l'eau de roche ou comme un album de Tintin, infatigable héros cosmopolite défenseur du droit de certains peuples (chinois, amérindien, syldave...) à disposer d'eux-mêmes (tant que ça ne nuit pas aux intérêts belges).

    Frédéric Pagès pour sa part suggère un rapprochement entre la morale de Michel Onfray et la série "Alix" ("Canard Enchaîné", 17 janvier). En effet l'essayiste rival de BHL prône de son côté le retour de la vertu romaine : courage, fidélité, amitié, famille, patrie... dont le bavardage des théologiens chrétiens nous aurait éloigné.

    C'est bien beau la culture : Tintin, BHL, Onfray... mais le moins pragmatique des citoyens français devine que ça ne règle pas le problème des milliers de milliards de dettes accumulées par les élites politiques françaises, allemandes ou britanniques. Il faudra bien que quelqu'un paie.

    + A propos de culture -japonaise, cette fois-, on sait le rôle prépondérant de la télévision dans la mode webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2019,bhl,bernard-henri lévy,fachisme,philippe val,lévinas,charlie-hebdo,onfray,cicéron,tacite,lumières,frédéric pagès,rumiko takahashi,ranma,maison ikkoku,festival,angoulême,manga,tf1,delitoondes mangas en France. Les dessins-animés japonais ont été importés en France en raison de leurs faibles coûts de production, notamment par TF1 au début des années 80.

    TF1 se passionne encore en 2019 pour la culture asiatique puisque le groupe vient d'investir dans la "start-up" Delitoon, qui diffuse des mangas sur tablettes numériques selon un procédé de lecture en vogue en Corée du Sud. Delitoon, diffuseur de mangas traduits en français se targue de 400.000 abonnés.

    Le festival d'Angoulême fournit sa caution à cette mode asiatique, qui a cette année décerné son prix à la mangaka Rumiko Takahashi ("Ranma 1/2", "Maison Ikkoku").

    On voit ici à quel point l'idée de "culture européenne" est théorique voire dépassée. Toutes les politiques protectionnistes dans le domaine de la culture ont échoué face à une culture de plus en plus mondialisée.

    Il faut dire de cette culture de masse qu'elle est la moins "populaire" qui soit, contrairement à l'étiquette couramment apposée dessus, et la plus "élitiste" compte tenu de son mode de production industriel.

    Cette culture est aussi de plus en plus spécialisée (par sexe, voire par goût sexuel, mais aussi par tranche d'âge, passion pour telle ou telle pratique sportive...), et par conséquent de moins en moins "universelle" selon un terme galvaudé.

    (Vignette ci-contre extraite de "Juliette, je t'aime !" par Rumiko Takahashi.)

  • Revue de presse BD (302)

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    (Dessin de Coco dans le n° spécial "Retour de l'obscurantisme")

    + De façon surprenante on a pu voir le 21 janvier dernier sur les réseaux sociaux un certain nombre de Français exprimer leur nostalgie de l'Ancien régime à l'occasion de l'anniversaire de l'exécution du roi Louis XVI en 1793. Précisons : un roi idéalisé, dont les erreurs n'auraient pas entraîné la chute, suivie d'un demi-siècle de violences politiques extrêmes.

    Cela dit la culture laïque et républicaine n'est guère moins nostalgique. "Charlie-Hebdo" vient de publier un webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,caricature,actualité,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2019,charlie-hebdo,louis xvi,lumières,voltaire,diderot,nostalgie,giletss jaunes,titanic,sénégal,macron,british museum,beaux-arts,afrique,congo,tervuren,angoulême,festival,spirou,florence mixhel,riad sattouf,men onlynuméro spécial sur le retour de l'obscurantisme et des "antilumières" : il ignore apparemment que la France a connu, depuis les "Lumières" du XVIIIe siècle, un épisode dictatorial qui a anéanti l'espoir des Philosophes dans l'avènement d'une monarchie constitutionnelle sur le modèle britannique.

    L'invocation des Lumières par "Charlie-Hebdo" se situe donc aussi au niveau de l'incantation nostalgique. Même le principe laïc cher à "Charlie-Hebdo" est étranger à la laïcité souhaitée par Voltaire (elle aussi empruntée au modèle anglo-saxon). Voltaire et Diderot voulaient défaire le monopole des Jésuites dans le domaine scientifique, dont l'Education nationale a hérité, usant de méthodes similaires pour le préserver.

    - Il y a sans doute là une des clefs pour comprendre le soulèvement des Gilets jaunes ; cette nostalgie très française, que de nombreux courants idéologiques véhiculent, s'accommode mal des valeurs technocratiques de la caste dirigeante qui sont, elles, a contrario, "futuristes" - un futurisme qui a fait "krach" en 2008 au terme d'un nouvel épisode de spéculation capitaliste intense.

    La compétence technique, sur laquelle repose la légitimité de la caste dirigeante, a été remise en cause de la même façon que la compétence des commandants du "Titanic" quand ce navire heurta un iceberg.

    + Le magazine "Beaux-Arts" (janvier 2019) a enquêté sur la restitution aux pays africains des objets d'art accumulés dans les musées français, notamment
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    Cette restitution est au coeur de la diplomatie africaine du président Macron. D'autres puissances ont offert des musées (vides) à des pays africains, comme le Sénégal (Chine) et le Congo (Corée).

    Les pays d'Afrique subsaharienne sont ici concernés. La France détient la majeure partie du patrimoine artistique de ces régions avec le "British Museum" et "l'Africa Museum" de Tervuren en Belgique, qui caracole loin en tête.

    Les conservateurs de ces musées européens, hostiles à ces restitutions diplomatiques, invoquent plusieurs arguments dont le plus convaincant est le caractère éphémère d'une bonne partie des objets religieux collectés, qui n'étaient donc pas faits pour être conservés (ni profanés).

    Les potentats africains souhaitent quant à eux remplir leurs musées vides. On ne peut manquer d'observer que cette façon d'admirer et célébrer l'art, dans l'écrin des musées, édifices laïcs mais néanmoins religieux, est typiquement moderne et occidentale. On fait parfois remonter cette mode aux Lumières et à Diderot, pionnier de la critique d'art. En réalité le culte moderne de l'art doit beaucoup à l'Eglise romaine ; sur ce point encore la République perpétue l'Ancien régime.

    (Ci-contre statuette béninoise figurant un guerrier-léopard conservée au Musée Chirac du Quai Branly.)

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    (Fanzine "Men-Only" en lice au concours de fanzines du festival d'Angoulême.)

    + Le 46e Festival de BD d'Angoulême s'est ouvert dans un contexte de bénéfices commerciaux en trompe-l'oeil. En effet la vente de mangas et de quelques vieilles séries usées jusqu'à la corde dope les ventes. "L'Arabe du Futur" de Riad Sattouf est quasiment la seule création originale qui cartonne sans le renfort du matraquage publicitaire.

    En réalité la presse spécialisée d'où provient la recette et le succès de la BD franco-belge est à l'agonie. En jouant habilement avec la nostalgie de ses lecteurs, l'hebdomadaire "Spirou" parvenait à jouer les prolongations, mais Florence Mixhel, rédactrice en chef chargée de renouveler la formule, a vite été démise de ses fonctions. 

    Suivant une direction dont les Etats-Unis offrent l'exemple, la presse écrite est en passe de disparaître au profit des divertissements et médias audio-visuels.

    Le fanzine Zébra figure cette année encore parmi une trentaine de titres choisis pour participer au petit concours international organisé en marge du festival officiel.

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    (Portrait de Cavanna par Philgreff.)

    + La Sorbonne, amphi Richelieu (!) : drôle d'endroit pour honorer la mémoire de François Cavanna, fondateur de "Charlie-Hebo" disparu il y a cinq ans, choisi par une brochette de ses amis (29 janvier).

    Si Cavanna nourrissait quelque complexe d'infériorité vis-à-vis de la chose intellectuelle ou universitaire, cela se voyait moins que chez son successeur Philippe Val, d'abord chansonnier pour finir auteur d'essais pompeux.

  • Revue de presse BD (301)

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    + La Une de "Charlie-Hebdo" cette semaine par Foolz, comparant les Gilets jaunes aux Sans culottes, est plutôt surprenante. En effet depuis le début de ce soulèvement d'une partie de la population française, plusieurs caricatures parues dans cet hebdo satirique ont suggéré que le gilet jaune dissimule l'idéologie fachiste.

    Les Sans culottes seraient-ils les ancêtres des Chemises noires de Mussolini ? Les références historiques pleuvent et se contredisent allègrement. Force est de constater que le roman français a du plomb dans l'aile. Il n'a jamais été autant question d'identité nationale ou de laïcité que depuis qu'elles ont cessé d'exister, dissoutes dans le plan plus large de la mondialisation.

    + Certes le rapprochement entre les doléances des Gilets Jaunes et celles de 1788 est tentant.

    Parmi les doléances exprimées par le clergé catholique en 1788 dans les fameux Cahiers de doléance, la demande d'interdiction des journaux qui contredisaient la doctrine du clergé et représentaient une menace pour la morale du temps.

    Aujourd'hui les médias, qui jouent un rôle analogue à celui du clergé à la fin du XVIIIe siècle, paraissent à leur tour à bout de souffle. Ils ne bénéficient pas de la dîme, mais d'exonérations fiscales et de subventions substantielles. L'internet et les "réseaux sociaux" représentent des concurrents sérieux pour ce "tiers-état" qui a majoritairement exprimé sa solidarité avec le gouvernement.

    + Le site "Acrimed" de critique des médias rappelle le large soutient de la presse et des journalistes à la répression sanglante de la Commune de Paris par le gouvernement Thiers (mai 1871), répression atroce qui fit plusieurs milliers de victimes (entre 8.000 et 30.000). Non seulement la presse catholique, mais aussi la majeure partie des titres de presse républicains : "Le bain de sang que le peuple de Paris vient de prendre était peut-être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres", réagit ainsi Emile Zola... soudain conservateur.

    L'Acrimed bat ainsi en brèche la légende dorée d'une presse française amie de la démocratie et des révolutions sociales.

    Cet article conclut que J. Jaurès fut l'artisan de la réconciliation ultérieure du mouvement ouvrier avec la République. Encore faut-il dire que cette réconciliation fut assez superficielle - un paragraphe du nouveau catéchisme républicain bien plus qu'une réalité. Comme l'Eglise romaine, la République française se montre peu avare de repentances.

    + Depuis quelques semaines, notre fanzine publie les caricatures de Laouber, dont la signature vient s'ajouter à celles de nos contributeurs réguliers. Nous profitons de cette revue de presse pour l'en remercier.

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    Caricature par Laouber.

  • Revue de presse BD (299)

    + "Ces bouffeurs de flics ultra-violents." : Gérard Biard à propos des Gilets jaunes dans "Charlie-Hebdo" dewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,revue,presse,hebdomadaire,janvier,2019,charlie-hebdo,gilets jaunes,mai 68,gérard biard,gaulliste,jean-luc porquet,quinzaine littéraire,véronique cabut cette semaine.

    Cette déclaration sonne étrangement comme celle d'un journaliste gaulliste en "Mai 68". Un esprit satirique y verra la preuve que les étiquettes politiques n'indiquent rien que de très superficiel sur les hommes - des réflexes corporatistes le plus souvent. Les journalistes sont "de gauche" comme les médecins sont "de droite".

    - Le progrès du "réflexe", c'est-à-dire de "l'intelligence artificielle" sur la pensée, est sans aucun doute la marque de la technocratie qui s'étend - phénomène inquiétant car tous les régimes totalitaires s'appuient sur l'intelligence artificielle, chose que l'on admire quand on admire la belle organisation d'une fourmilière, l'optimisme inébranlable qui l'anime.

    L'intelligence artificielle est un domaine où l'humain est inférieur à l'animal, tandis que l'on dira au contraire que "l'humour est le propre de l'homme".

    + Cabu a les honneurs de la "La Quinzaine littéraire" (15 déc.-15 janv.), qui titre en Une : "Cabu, l'homme libre". Peut-être parce que "La Quinzaine" est un des rares titres de presse où l'on peut répéter l'opinion de Cabu selon laquelle la publicité commerciale tue le journalisme ?

    La parution d'un épais volume consacré à Cabu (384 p.), "Une vie de dessinateur" (Gallimard), rédigé par son ami Jean-Luc Porquet et approuvé par son épouse Véronique Cabut, a servi de prétexte à "La Quinzaine".

    Si l'on admire "l'artiste Cabu" et non spécialement l'homme, on trouvera l'ouvrage de J.-L. Porquet excessivement hagiographique.

    Cabu -à l'instar de L.-F. Céline- est un auteur satirique que l'on peut apprécier indépendamment de ses idées politiques. Les ouvrages polémiques de Céline (pour la plupart prohibés en France à cause de leur antisémitisme) représentent la part la plus politique de son oeuvre.

    Cabu se faisait rarement polémiste ; un ouvrage polémique contre la Guerre d'Algérie n'aurait sans doute pas eu autant d'effet que le personnage mi-comique, mi-réaliste, de l'adjudant Kronenbourg, contrepoids à la propagande républicaine vantant l'héroïsme des soldats et des policiers.

    De même Reiser se disait "viscéralement d'extrême-droite et raisonnablement de gauche", conscient du rôle de l'instinct dans l'idéologie et de l'effort que la satire exige au contraire pour dominer cet instinct.

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    + Le site Retronews.fr (émanant de la BNF) nous apprend que les "fake news" ou "fausses nouvelles" furent considérées et sanctionnées comme un délit dès 1849 en France.

    Il s'agissait alors d'encadrer la presse, en plein essor. Dès le début les journaux apparaissent, ainsi que le souligne la caricature ci-dessus (1815), comme un outil à double tranchant, susceptibles de contribuer au progrès comme de lui nuire.

    Lorsque un nouveau moyen d'exercer le pouvoir surgit, la possibilité d'en abuser n'est pas loin, tapie dans l'ombre. Depuis le XIXe siècle, la presse a autant servi la cause de la désinformation que celle de l'information.

    La télévision a plus récemment fait resurgir le même débat et les mêmes interrogations, bien que les limites des médias audio-visuels soient plus faciles à discerner. La vitesse de diffusion des informations, le manque de rigueur des témoignages et compte-rendus oraux, sont autant d'éléments qui facilitent la diffusion de rumeurs.

    La chasse aux "fake news" est actuellement un prétexte pour préserver le contrôle de la presse et des médias par l'Etat et quelques grands groupes industriels et bancaires ; ce monopole paraît en effet menacé par Internet, comme il fut auparavant par les "radios libres", rapidement transformées en radios commerciales diffusant de la musique du matin au soir.

  • Revue de presse BD (298)

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    Caricature de Souch (Réunion)

    + Le mouvement des Gilets jaunes a le don de souligner que la presse française est entièrement soumise à la règle du jeu politicien. Elle l'est en temps ordinaire, mais son rôle de dispersion de la foule, analogue au rôle dévolu aux forces de l'ordre, apparaît plus nettement en cette période de crise. Pas de grenades, mais des mots, des insultes pour disperser les plus impressionnables : "antisémite", "homophobe", "complotiste", "rouge-brun", tout l'arsenal y passe.

    Cette fonction assignée à la presse explique le désintérêt des Français à son égard, grandissant au cours des dernières décennies, et l'engouement pour les blogs et les "réseaux sociaux" qui jouent désormais le rôle d'agitateurs d'idées. Le polémiste réactionnaire Rivarol voyait à la fin du XVIIIe siècle dans la multiplication des "cafés" où l'on débattait librement un danger pour la monarchie française. Le même danger est pointé aujourd'hui dans les "réseaux sociaux" par les actionnaires du régime.

    Si la loi du marché s'appliquait, les étalages des kiosques à journaux seraient vides. "Le Parisien", journal parmi les plus conformistes qui soient, vient justement d'être renfloué à hauteur de 80 millions d'euros par son propriétaire LVMH.

    L'étiolement de la satire et de la caricature n'est donc pas le fruit du hasard. Non seulement la satire n'est pas adaptée à cette fonction de propagande, mais les directeurs des grands journaux se préoccupent peu d'avoir des lecteurs.

    Disons-le autrement : l'absence de réclames ne fait pas forcément un bon journal, mais un bon journal se passe de réclames, suivant la recette de "Charlie-Hebdo" à ses débuts.

    + A 86 ans, Tomi Ungerer prouve qu'il est toujours un aussi "bon client" en interview. Du long entretien webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,décembre,2018,gilets jaunes,lvmh,parisien,charlie-hebdo,tomi ungerer,the party,ni oui ni non,libération,irlande,apocalypse,satirequ'il a accordé à "Libération" (20 déc.) ressort l'attachement du dessinateur satirique à l'Irlande, son pays d'adoption : "Je me sens à l'étranger en France. Je l'ai quittée en 1956. Si je la critique beaucoup, je la préfère aux Etats-Unis. Je suis en Irlande depuis quarante-sept ans. C'est un pays sans arrogance, sans différence entre classes sociales. Vous pouvez parler avec un chirurgien ou un universitaire comme avec un paysan."

    Celui qui se dit tyrannisé par l'esprit créatif qui l'anime a publié au printemps dernier un petit traité philosophique à l'usage des enfants ("Ni oui ni non") ; parfaitement trilingue, il écrit toujours en anglais ses livres pour enfants.

    Il commente la réédition du recueil de dessins satiriques "The Party" (éds Les Cahiers dessinés) : "Ma deuxième femme aux Etats-Unis était une vraie snob littéraire. Deux à trois fois par semaine, on avait des party où j'ai rencontré tout le monde (...). Elles m'ont écoeuré et ce livre est inspiré des revues sur cette société (...). Mais il était trop féroce, je n'ai pas trouvé d'éditeur (...).

    - En combien de temps avez-vous réalisé "The Party" ?

    En une semaine, d'une seule traite. J'ai d'abord dessiné puis ajouté les textes. Je fais mes livres à toute vitesse pour m'en débarrasser. Après, je ne veux plus les voir.

    Pourquoi ?

    J'ai un complexe d'infériorité vis-à-vis de mon travail.

    T. Ungerer annonce en outre avoir renoncé au genre satirique et préparer un ouvrage sur l'Apocalypse : "Je suis allé aussi loin que possible dans la satire. (...) Il y a aussi le fait que nous sommes dans un monde irréparable, dans l'Apocalypse, sujet de mon prochain livre."

    Le prolongement de la satire par l'Apocalypse est assez logique, sachant que Tomi Ungerer cultive le désespoir : "Je vous assure qu'on pourrait remplacer toutes les muses par le désespoir."

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    (A noter l'expo-vente de dessins jusqu'au 12 janvier à la Galerie Martel-Paris 10e)

  • Revue de presse BD (297)

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    par BenJ pour "Zélium"

    + Un ami m'explique qu'il est hostile au mouvement des Gilets jaunes car il voit d'un mauvais oeil les "mouvements de foule". Cependant, de l'élection du président de la République au suffrage universel, en passant par la coupe du monde de foot jusqu'au "shopping" de Noël, qu'est-ce qui n'est pas "mouvement de foule" dans "une grande démocratie" ?

    C'est probablement le pire effet de l'élitisme contemporain : il rabaisse le peuple au niveau de la foule ou de la masse.

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    Illustration de l'essai de Georges Bernanos, "La France contre les Robots" (1947) ; cet essayiste inclassable y plaide que le caractère français est insoluble dans la technocratie et prédit que celle-ci se heurtera à des mouvements de rébellion. La faiblesse de l'argumentaire de Bernanos, qui s'appuie parfois sur une mystique catholique fantaisiste, est compensée par des formules décapantes : "Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même est déjà disposé à la trahir." 

    + Ce reportage sur "Charlie-Hebdo" par la télévision belge (52') permet de mieux comprendre ce qui distingue le "Charlie-Hebdo" de Cavanna & Choron du "Charlie-Hebdo" de P. Val & Cabu, grâce aux témoignages de ses auteurs. Puisque le mot n'est pas prononcé, disons-le : à partir de 1992, le second "Charlie-Hebdo" a perdu son caractère "populaire".

    Tous ne justifient pas le changement de "Charlie-Hebdo" de la même façon, mais tous sont conscients du changement. Ainsi Gérard Biard explique bizarrement que "l'époque a changé" - bizarrement car "Hara-Kiri" fut fondé contre son époque, marquée par une politique antiécologiste, militariste, colonialiste, et des médias serviles - toutes choses qui n'ont guère changé.

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    + Le caricaturiste Luz rapporte dans la BD qu'il consacre à ses années de formation à "Charlie-Hebdo" ("Indélébiles") que Cabu entraînait ses jeunes confrères à "La Grande Chaumière" (Paris VIe) pour y dessiner d'après le modèle vivant.

    Cette académie de dessin restée "dans son jus", où rodent encore les fantômes de Modigliani, Friesz, Foujita, Bourdelle... propose encore plusieurs cours par jour à une clientèle hétéroclite (vieillards qui viennent se rincer l'oeil, étudiants en art, touristes japonais, etc.) mais elle devra fermer en 2021 au terme d'un bail détenu par la même famille depuis le début du XXe siècle.

    La maîtrise du dessin permit à Cabu de s'approcher du large talent de Daumier.

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    (Topor : Piou-piou) 

    + "Douze possibilités d'échapper à Noël", par Roland Topor, est réédité par les éds Wombat à la suite du recueil de "100 bonnes raisons de me suicider tout de suite".

    La raison n°1 est déjà pas mal : - Pour m'assurer que je ne suis pas déjà mort.

    Pour un Noël qui sent le sapin, ce bouquin paraît le cadeau idéal.