+ La Une de "Charlie-Hebdo" cette semaine par Foolz, comparant les Gilets jaunes aux Sans culottes, est plutôt surprenante. En effet depuis le début de ce soulèvement d'une partie de la population française, plusieurs caricatures parues dans cet hebdo satirique ont suggéré que le gilet jaune dissimule l'idéologie fachiste.
Les Sans culottes seraient-ils les ancêtres des Chemises noires de Mussolini ? Les références historiques pleuvent et se contredisent allègrement. Force est de constater que le roman français a du plomb dans l'aile. Il n'a jamais été autant question d'identité nationale ou de laïcité que depuis qu'elles ont cessé d'exister, dissoutes dans le plan plus large de la mondialisation.
+ Certes le rapprochement entre les doléances des Gilets Jaunes et celles de 1788 est tentant.
Parmi les doléances exprimées par le clergé catholique en 1788 dans les fameux Cahiers de doléance, la demande d'interdiction des journaux qui contredisaient la doctrine du clergé et représentaient une menace pour la morale du temps.
Aujourd'hui les médias, qui jouent un rôle analogue à celui du clergé à la fin du XVIIIe siècle, paraissent à leur tour à bout de souffle. Ils ne bénéficient pas de la dîme, mais d'exonérations fiscales et de subventions substantielles. L'internet et les "réseaux sociaux" représentent des concurrents sérieux pour ce "tiers-état" qui a majoritairement exprimé sa solidarité avec le gouvernement.
+ Le site "Acrimed" de critique des médias rappelle le large soutient de la presse et des journalistes à la répression sanglante de la Commune de Paris par le gouvernement Thiers (mai 1871), répression atroce qui fit plusieurs milliers de victimes (entre 8.000 et 30.000). Non seulement la presse catholique, mais aussi la majeure partie des titres de presse républicains : "Le bain de sang que le peuple de Paris vient de prendre était peut-être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres", réagit ainsi Emile Zola... soudain conservateur.
L'Acrimed bat ainsi en brèche la légende dorée d'une presse française amie de la démocratie et des révolutions sociales.
Cet article conclut que J. Jaurès fut l'artisan de la réconciliation ultérieure du mouvement ouvrier avec la République. Encore faut-il dire que cette réconciliation fut assez superficielle - un paragraphe du nouveau catéchisme républicain bien plus qu'une réalité. Comme l'Eglise romaine, la République française se montre peu avare de repentances.
+ Depuis quelques semaines, notre fanzine publie les caricatures de Laouber, dont la signature vient s'ajouter à celles de nos contributeurs réguliers. Nous profitons de cette revue de presse pour l'en remercier.
Caricature par Laouber.